NOUS, LES CEBs, SOMMES « UN EXEMPLE D’ÉGLISE SYNODALE »
Pedro
Pierre, Guayaquil, le 14 juin 2025.
‘CEBs’
es Communautés Ecclésiales de Base.
CONTENU
1. Avec les
CEBs, nous revenons à l’essentiel du message de Jésus de Nazareth
2. Comme CEBs,
nous sommes ‘sel, lumière et levain’ au service du Royaume
3. Le
Jubilé nous fait « Pèlerins d’espérance pour le Royaume »
Prière pour le Royaume
Grace aux CEBs nous pénétrons au cœur de
la foi, pour comprendre le message de Jésus et pour nous engager concrètement.
D'une part, elles nous permettent de découvrir les trois piliers de notre
foi : Jésus, le Royaume et la Communauté. D'autre part, elles nous aident à
être « sel, lumière et levain » du Royaume, individuellement et
collectivement.
I. AVEC LES CEBS NOUS REVENONS
À L'ESSENTIEL
1.
La première communauté chrétienne : Actes
2, 42-47 et 4, 32-37
La première communauté chrétienne est le
modèle pour ceux qui voulons suivre Jésus. Les premiers chrétiens avaient deux
types d’activités : l’une spirituelle et l’autre sociale.
- Activités
spirituelles : l’enseignement des apôtres, la prière et la fraction du
pain ou Eucharistie.
- Activités
sociales : vivre fraternellement ensemble et avec les autres,
partager leurs biens entre eux.
Jésus, ses disciples et ses compatriotes
avaient une longue tradition de partage et de vie communautaire, remontant à
Moïse avec l’expérience de la manne comme critère d’équité, l’organisation
sociale participative et l’équité avec les lois du sabbat et du jubilé qui
confirmaient l’égalité et éliminaient l’accumulation, d’exploitation et
d’esclavage.
Parmi nous équatoriens, les peuples indiens
sont très proches de ces pratiques des premiers chrétiens : la communauté est
première, la propriété foncière collective, les travaux communautaires, les
décisions prises en commun, l'entraide constante...
2.
Les 3 piliers de notre foi : Jésus, le
Royaume et la Communauté
La première communauté chrétienne nous aide
à comprendre les trois piliers de notre foi : pour les premiers chrétiens Jésus
était le centre de tout ; ils s’unirent pour continuer la mission de Jésus et
formèrent des Communautés pour atteindre ces 2 objectifs.
-
Jésus est au centre de tout. Être
chrétien, c'est suivre le Christ. Il s'agit de le connaître en son temps et de
le reconnaître vivant parmi nous. Nous connaîtrons Jésus si nous lisons et
relisons sa vie, ses paroles, ses actes, sa mort et sa résurrection, tant
personnellement qu'en communauté. C'est lui l’essentiel.
-
Collaborer à l’instauration du Royaume de
Dieu. Telle était la mission première de Jésus. « Cherchez
d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste suivra de soi »
(Matthieu 6, 33) : « Seul le Royaume est absolu ; tout le reste est relatif »
(Pape Paul VI, 1975).
Jésus est venu nous enseigner le chemin du salut et du véritable
bonheur. Le salut se trouve dans la pratique de son unique commandement : «
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15, 12-17),
c'est-à-dire, ‘Unissez-vous pour vivre dans l'amour’. Le véritable bonheur
réside dans la pratique de la fraternité et de la justice, tel que nous le
présente Jésus dans les Béatitudes (Matthieu 5, 3-12 et Luc 6, 21-26).
- Vivre
en communautés. La communauté est le critère définitif de nos décisions,
de notre façon de vivre et de croire. Seuls, nous nous décourageons, nous
faisons des erreurs, nous nous perdons. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons
comprendre le vrai sens de la vie et y de garder la direction correcte.
II. COMME CEBs, NOUS SOMME « SEL,
LUMIÈRE ET LEVAIN », AU SERVICE DU ROYAUME
1.
Nous, les CEB, sommes comme l’escargot :
nous nous ‘déroulons’ et se développons sans cesse.
Le but de la vie est de travailler à la
construction du Royaume de Dieu à travers la fraternité
et la justice.
-
Nous commençons personnellement : Nous répondons
personnellement à l’appel de Jésus et nous le suivons en communautés.
-
Ensuite, nous incluons la famille dans
cette suite de Jésus.
-
Nous continuons avec le quartier, car
d'autres doivent entrer dans cette dynamique.
-
Vient ensuite l'intégration dans les organisations
locales de la ville, de la commune et de la province.
-
Nous portons également le souci de notre pays,
notamment en période électorale, mais aussi par solidarité pour le bien commun,
les droits de l'homme, la protection de l’environnement... c'est-à-dire tout ce
qui contribue au Royaume de Dieu et en luttant contre tout ce qui le détruit.
2.
Le Royaume de Dieu englobe tous les aspects
de la vie personnelle et sociale
Nous ne pouvons pas nous limiter uniquement au religieux.
-
Le Royaume exige que nous d’orienter l’économique selon
le partage, l’honnêteté, l’équité, c’est-à-dire que chacun ait ce dont il a
besoin pour vivre dans la dignité…
-
Le
Royaume exige de mettre en pratique une organisation politique du
pays, qui inclut notre participation comme citoyens à tout ce qui nous touche à
l’organisation : élections conscientes, participation aux prises de décision,
mise en œuvre des projets sociaux, contrôle fiscal, etc.
-
Le Royaume nous aide à discerner la validité des choix
idéologiques, c'est-à-dire les choix des partis politiques, les
orientations des gouvernements, les options des organisations sociales…
-
Le Royaume exige que nous prenions soin de l'écologie, c'est-à-dire
de l'environnement, pour vivre plus sainement, car tous les êtres nous participons
à la même vie et avons le même destin. Prendre soin de la nature, c'est
protéger notre vie personnelle et collective.
3.
Il s’agit que nous soyons « sel, lumière et
levain » au service du Royaume
-
Le sel donne du goût aux aliments : En ‘nous aimant les uns
les autres’ dans la fraternité et la justice, nous « donnerons du goût à la vie
» de manière individuelle et organisée.
-
Nous serons ‘lumière’ pour discerner et comprendre ce qui se
passe autour de nous et dans notre pays entoure. Ainsi nous découvrirons ce qui
favorise le Royaume de Dieu et ce qui le détruit.
-
La levure transforme la pâte à pain en quelque chose
d'utile pour notre nutrition : comme elle, nous transformerons nos relations
pour qu’elles soient orientées à une meilleure et plus grande harmonie et
collaboration.
Grace aux CEBs nous trouvons la force pour
accomplir la mission que Jésus nous a confiée et qui naît de notre baptême :
Être prêtres, prophètes et rois-pasteurs au service du Royaume. C'est pourquoi,
lors de leur Assemblée générale de 2021 au Mexique, nos évêques
latino-américains ont reconnu que les CEBs sommes « un exemple
d'Église synodale ». Autrement dit, nous répondons, comme
chrétiens, au souhait du pape François de revenir, en tant qu'Église
universelle, à la mission de Jésus, qui est le Royaume, et à la pratique des
premières communautés chrétiennes au service de la fraternité, la justice, le
partage de plus en plus universel.
III.
LE JUBILÉ : SOYONS « PÈLERINS DE L’ESPÉRANCE AU SERVICE DU ROYAUME ».
Les
lois relatives au Jubilée sont précisées dans 2 livres de la Bible : le Lévitique
(chapitre 25) et le Deutéronome (15,1.18). Dans le Deutéronome
(15, 4), Dieu rappelle sa volonté au peuple de Moïse et Sara qui avait décidé
de sortir de l’esclavage de l’Egypte et le bannir entre eux : « Il
n’y aura pas de pauvres entre vous ». En effet la misère est la première
forme de l’esclavage : les uns, minoritaires, accaparent au détriment des
autres, la grande majorité.
1.
Le Jubilée nous renvoie à la vie sociale
équitable du Peuple de Jésus
-
Notre foi est
née avec Abraham et Sara qui se sont rebellés contre
l'exploitation des rois de leur temps et l’utilisation de la religion comme
justification.
-
Avec leurs familles, ils ont décidé d’émigrer pour adopter un nouveau
mode de vie sociale plus fraternel et plus juste. Dans cette
expérience, ils ont découvert un Dieu proche et bienveillant.
-
Les Hébreux,
descendants d'Abraham et de Sara, tombèrent en esclavage en Égypte. Après 250
ans, ils décidèrent, avec Moïse et Myriam, de fuir
l'esclavage et de revenir à l’expérience d'Abraham et de Sara :
Entreprendre un chemin de liberté et d’ égalité en alliance avec Dieu.
2.
L’organisation sociale du peuple de Moïse
et de Sarah pendant la traversée du désert… sur 40 ans
-
Le partage de la nourriture avec
l’expérience de la ‘manne’ (Exode 16:16-18) : « Yahvé
ordonne que chacun ramasse ce qu'il lui faut pour sa nourriture ; chacun
ramassera ce qu'il faut pour les personnes qui vivent dans sa tente. Quelques-uns
ramassèrent beaucoup, et d'autres moins. Mais lorsqu'ils mesurèrent avec un
demi-décalitre : Ni celui qui ramassa beaucoup n'eut plus, ni celui qui
ramassa peu n'eut moins ; chacun eut sa part. »
-
Le partage des responsabilités sociales (Exode
18:21-22) : « Choisis parmi le peuple des hommes dignes, craignant Dieu,
intègres et incorruptibles. Tu les établiras chefs de milliers, de centaines,
de cinquantaines et de dizaines. Ils jugeront ton peuple en tout temps ; ils te
soumettront les affaires les plus graves, et ils trancheront eux-mêmes les
affaires mineures. »
-
L'Alliance avec Dieu scellée par les Dix
Commandements (Exode 20:1-17) : Ces commandements constituent le résumé
de la « Constitution » du peuple de Moïse et de Sara. Quatre de ces
commandements font référence à Dieu, et six à la coexistence fraternelle,
c'est-à-dire à l'organisation sociale en harmonie entre tous.
3.
Les lois sociales de Canaan-Palestine ou
lois du sabbat et du jubilé
a)
Arrivés à la « Terre promise d’Abraham
et de Sara », c'est-à-dire en Canaan-Palestine, les Hébreux
s'organisèrent en familles et formèrent des clans ; ces clans
s'unirent pour former douze tribus. Ils désignèrent à leur tête un juge,
capable de les unifier et de les guider. Chaque année, ils se réunissaient en
assemblée pour prendre les décisions nécessaires. « Il n'y aura pas de
pauvre parmi vous » (Deut. 15:4), telle était l’objectif.
b)
La terre avait été
distribuée par tribu. Chaque tribu donnait des
terres aux clans, et les clans les donnaient à chaque famille, avec la
recommandation suivante : « La terre appartient à Dieu : elle ne
peut être ni achetée ni vendue. » Ainsi, chaque famille pouvait survivre avec
sa propre parcelle de terre.
c)
L’ élaboration de lois pour
réviser cette organisation tous les 7 ans et tous les 50 ans (Lévitique
25 et Deutéronome 15).
-
Tous les 7 ans, les lois dites sabbatique étaient révisées ;
elles étaient au nombre de 3 :
1. Libérez
les esclaves
2. Pardonner
les dettes
3. Laissez
la terre reposer pendant un an.
-
Tous les 50 ans était
révisée la loi du Jubilé ou jubilaire, qui consistait, en plus des
trois lois du sabbat, à restituer la parcelle de terre aux familles qui
l'avaient perdue.
d)
Jésus a repris la proposition
de l'année jubilaire
-
C'est à Nazareth que Jésus expliqua à ses compatriotes en
quoi consisterait sa mission (Luc 4, 18-21) : « L'Esprit du Seigneur est sur
moi. Il m'a oint pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, pour proclamer aux
captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer
libres les opprimés, et pour proclamer une année de grâce du Seigneur…
Vous apprenez aujourd'hui comment ces paroles prophétiques s'accomplissent. »
-
Le verset 19 fait référence à la loi de l’année jubilaire
: « pour proclamer l’année de grâce du Seigneur. »
Nous
retrouvons tout cela dans « La Doctrine sociale de l’Église », qui
commence avec le pape Léon XIII en 1891, lorsqu’il publia sa Lettre encyclique
‘Rerum novarum’ sur la situation d’exploitation des ouvriers.
PRIÈRE
DU ROYAUME
Dieu,
notre Père et notre Mère, toi qui es sur cette terre :
Ton
fils Jésus a planté la foi en nous
et ton
Esprit-Saint a infusé l’amour dans nos cœurs :
Réveille
en nous l’espérance dans la présence de ton Royaume.
Que
ta grâce nous transforme en travailleurs dévoués des semences de l’Évangile.
Que
l’humanité et le cosmos fermentent comme une terre nouvelle et des cieux
nouveaux,
où
nous soyons vainqueurs des forces du mal et manifestions ta gloire.
Que
l’expérience du Jubilée ravive en nous, pèlerins de l’espérance,
le
désir d'une vie renouvelée, l'engagement pour la paix dans le monde
et
la fraternité des Peuples selon les critères du Royaume.
À
toi, Dieu Père et Mère, à ton Fils Jésus notre frère
et
au Saint-Esprit notre guide,
notre
action de grâce pour toujours et à jamais. Amen.
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