viernes, 7 de marzo de 2025

Articles hebdomadaires de février 2025

 ÉLECTIONS : LE TRIOMPHE DE L'INCONSCIENCE, Pierre Pierre

                Le manque de conscience a été plus fort que la lutte pour la dignité, la vie et la souveraineté du peuple équatorien. La perversité d’un système de mort a été plus forte que la construction d’un avenir meilleur pour l’Équateur. La ‘poupée en carton’ dont faisait cadeau le candidat-président (sa propre image plus grande que lui !) a été plus forte que le désir d’un changement nécessaire. La cécité a succombé à une manipulation flagrante…

               Les données, non encore officielles, des élections du dimanche 9 février sont les suivantes. Pour la présidence, Daniel Noboa (parti ADN) a 44% des voix et Luisa González (parti RC) 43%. Pour les membres de l'assemblée législative, la Révolution Citoyenne (de l’ex-président Rafael Correa) en aurait 68, ADN (le parti de l’actuel président Noboa) : 65 ; PC : 9 ; PSC : 5 et 1 : PSP, Accord Citoyen, SUR, Construire et Nous sommes Carchenses. Votes blancs : 2,16% ; votes nuls : 6,8% et n'a pas voté : 17,73%.

Nous pouvons faire plusieurs commentaires. Premièrement, 2 candidats ont recueilli 80% des votes valides et 7 partis sur 16 n'ont eu que 18 députés sur 151. D'autre part, il est à noter que toutes les provinces de la Côte ont voté pour Luisa et que toutes les provinces de la Cordillère des Andes sauf Pichincha (où est la capitale) ont voté pour Noboa ; en Amazonie, 4 provinces ont voté pour Noboa et 2 (Sucumbíos et Orellana) ont voté pour Luisa.

On parle désormais des Alliances pour le 2e tour. Toute la droite va soutenir Noboa. Et qui de la ‘gauche’ va soutenir Luisa ? Les indigènes avec Pachakutik vont consulter leurs bases… Rappelons que ces bases ont rejeté l’Alliance avec la Révolution Citoyenne pour le 1er tour des élections : La Révolution Citoyenne avait offert a Leonidas Iza, candidat de Pachakutik, la vice-présidence du gouvernement et la présidence de l’Assemblée ! … Quelqu’un commentait qu’ ‘il n’y a plus de gauche parce que tout le monde s’est vendu à Moreno ou à Lasso’, les 2 précédents présidents de l’Equateur…

Revenons aux élections du 9 février. Les résultats révèlent un réel manque de conscience : il semble incroyable que Noboa ait plus de voix que Luisa ! J'ai aimé l'explication suivante : « Tous celles et ceux qui rêvent d'augmenter leur richesse financière votent pour Noboa parce qu’ils le considèrent comme symbole de la réussite financière individuelle ou parce qu’elles veulent satisfaire leur ego féminin qui veut ressembler à ladite ‘première dame de l’Equateur’ ... Bien sûr, c'est de l'« inconscience caractérisée » mais avec une motivation bien réelle que peu de personnes veut reconnaître. Cela devrait être un aspect à révéler et à combattre.

               Ce manque de conscience vient principalement de l’éducation scolaire, qui n’apprend pas à vivre ou à coexister, mais plutôt à rivaliser et à gagner à tout prix. Dans les familles, on encourage souvent les enfants à exercer une profession qui leur assurera beaucoup d’argent. Les Églises ont une grande responsabilité dans tout cela car, étant majoritairement conservatrices, elles soutiennent consciemment et inconsciemment la droite. Elles se réfugient dans un faux spiritualisme et un manque de solidarité avec les pauvres, ce qui les rend complices de leurs défaites électorales et de leur appauvrissement. Les évêques latino-américains avaient déjà souligné cette complicité inconsciente lors de leur réunion de Puebla (Mexique, 1979) : « Cette instrumentalisation (de l’Église)… peut venir des chrétiens eux-mêmes et même des prêtres et des religieux, quand ils annoncent un Évangile sans implications économiques, sociales, culturelles et politiques. En pratique, cette mutilation équivaut à une certaine collusion (ou complicité) – bien qu’inconsciente – avec l’ordre établi » (558).

              Reprenons notre bâton des « pèlerins de l’espérance ». Jésus de Nazareth nous dit que le salut vient des pauvres, unis, organisés, conscients, courageux, amoureux de Dieu. C'est ensemble avec ces gens pauvres et dignes que nous pouvons changer notre pays. Pour leur dignité et protagonisme, nous devons travailler et lutter sans relâche. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés ni regarder ailleurs, alors que les trois quarts de notre pays souffrent de la faim et de la pauvreté. Le chômage et l’inconscience sont les deux plus grands ennemis de notre pays… Au cours des 8 dernières années, nous les avons laissés prospérer de manière incontrôlée. Voici les batailles que nous devons mener si nous voulons parvenir à un changement significatif : donner aux pauvres les moyens de prendre leur destin en main. C’est la tâche qui nous attend. Le Parti de la Révolution Citoyenne est plus apte que celui de Noboa à progresser vers ces objectifs.

Tout cela exige de nous un plus grand engagement humain et chrétien dans les domaines sociaux et politiques. Nous devons dénoncer la perversité de la droite avec ses mensonges flagrants et son exploitation criminelle. Nous devons découvrir les motivations cachées et inconscientes qui nous poussent à avoir plus au lieu d’être plus et meilleur. Nous devons examiner les implications du Royaume dans les circonstances actuelles du pays, afin de ne pas devenir complices de malheurs plus pauvres. Nous devons continuer à aider les pauvres à ouvrir les yeux sur les causes structurelles de leur appauvrissement, à réveiller leur dignité endormie, à revendiquer leurs droits et à s’approprier le rôle qui leur revient, car « leur appartient le Royaume de Dieu » qui commence sur la terre.

 

AVEC HOMERO PARIANT EN GRAND, Pedro Pierre 

Mon meilleur ami équatorien, Homero Poveda Muñoz, qui fut mon maître tant dans le domaine ecclésiastique que social, vient de décéder. Il était originaire de Riobamba. Je l'ai rencontré il y a exactement 60 ans lorsqu'il est arrivé au grand séminaire où j'ai étudié pendant 5 ans. C'était dans la capitale de la région montagneuse du centre-sud de la France, l'Auvergne, où je suis né de parents petits paysans qui parlaient l'occitan. Je suis devenu ami de cœur avec Homero. Quelques années après avoir été ordonné prêtre, il m’a invité à aller travailler avec lui à Guayaquil, où je suis arrivé en 1976.

Nous avons rejoint un groupe de 6 paroisses qui travaillaient dans la ligne pastorale de Monseigneur Leonidas Proaño. Le Concile Vatican II avait été pour lui l’occasion d’un grand changement : le service de l’Église des Pauvres en Amérique Latine. Avec Homero, nous avions vécu ce changement dans les dernières années du séminaire. Ensemble, nous approfondissions le Concile qui, sous la conduite du Pape Jean XXIII, a guidé l’Église catholique à revenir à ses sources : Jésus de Nazareth, le Royaume et les premières communautés chrétiennes. Jean 23 voulait que toute l’Église « soit l’Église des pauvres », dépouillée de toute richesse et au service de l’humanisation de toute l’Humanité.

Homero me fit rencontrer et connaître Monseigneur Proaño, qui s'engageait depuis son diocèse de Chimborazo à promouvoir les Communautés Ecclésiales de Base (CEBs) dans tout le pays. Son objectif était que l'Église d'Équateur fasse de l'option pour les pauvres, c'est-à-dire une option pour une pauvreté digne, pour les causes des pauvres et pour la lutte contre la misère. Monseigneur Proaño nous montrait le chemin : « Les CEBs marchent avec leurs deux pieds : celui de la Communauté Chrétienne et celui de l’Organisation Populaire ». En 1979, la première réunion nationale des CEBs urbaines avait lieu à Riobamba et, dans les années suivantes, s’intégraient les CEBs rurales, indiennes et noires. En 1984, la 2e Rencontre Continentale des CEBs avait lieu à Cuenca, en Equateur.

Homero et moi n’avons jamais cessé de nous soutenir mutuellement pour multiplier les CEBs au niveau national et aider les pauvres à sortir de leur misère. Les CEBs se sont développées dans 12 villes du pays et dans les campagnes de 12 provinces, dans les communautés indigènes du pays où elles s'appelant « Églises Vivantes », parmi les noirs d'Esmeraldas et partout où ils ont migré. En 2021, l’Assemblée ecclésiale d’Amérique Latine et des Caraïbes a reconnu que les CEBs sont « une expérience d’Église synodale », modèles pour le renouveau de l’Église entière. Cette année, nous allons célébrer le 50e anniversaire des CEB d'Équateur à Riobamba. Malheureusement, Homero ne sera pas physiquement présent…

Avec Homero nous avons développé l’engagement social de la foi et l’engagement politique des chrétiens. Depuis 1979, avec le retour de la démocratie en Équateur, les CEBs ont découvert l’importance de la politique comme service du bien commun et la coexistence nationale. Nous avons appris à connaître les partis politiques et leurs idéologies, la nouveauté de la vision indigène du Bien Vivre, la nécessité d’être « sel, lumière et levain » pour un Équateur plus fraternel, plus équitable et plus inclusif. Monseigneur Proaño reconnaissait que « les pauvres, avec les peuples indigènes, sont porteur d’un projet alternatif de société. »

Homero lisait beaucoup et connaissait plusieurs langues en plus du français. Il n’a jamais cessé de lire pour connaitre et partager l’actualité ecclésiastique et sociale. Il s'est montré enthousiasmé par la lettre des évêques nicaraguayens de novembre 1979 encourageant les chrétiens à soutenir le socialisme du gouvernement sandiniste :

« Si le socialisme signifie la prééminence des intérêts de la majorité des Nicaraguayens et un modèle d’économie nationale planifiée, solidaire et progressivement participative, nous n’avons aucune objection. Un projet de société qui garantisse le destin commun des biens et des ressources du pays et qui permet, sur cette base de satisfaction des besoins fondamentaux de tous, de progresser la qualité de vie humaine, nous paraît juste.

Si le socialisme implique un pouvoir exercé à partir de la perspective des grandes majorités et de plus en plus partagé par le peuple organisé, de sorte qu’il va vers un véritable transfert du pouvoir aux classes populaires, il ne trouvera à nouveau dans la foi que motivation et soutien.

Si le socialisme conduit à des processus culturels qui éveillent la dignité de nos masses et leur donnent le courage d’assumer leurs responsabilités et de revendiquer leurs droits, c’est une humanisation qui converge avec la dignité humaine proclamée par notre foi.

En ce qui concerne la lutte entre les classes sociales, nous croyons qu’une chose est le fait dynamique de la lutte des classes, qui doit conduire à une juste transformation des structures ; une autre est la haine de classe, qui est dirigée contre les personnes et contredit radicalement le devoir chrétien d’être gouverné par l’amour. »

               Homero nous laisse un grand héritage qui nous éclaire dans les temps actuels pour nous confirmer dans la nécessité de faire nôtres les causes des pauvres, à la fois pour renouveler nos Églises et pour construire un Équateur meilleur. Il éclaire notre engagement envers les pauvres et les peuples autochtones en faveur d’un éco-socialisme du Bien Vivre indien qui restitue à tous, et en particulier à la grande majorité, leur dignité et leurs droits à vivre mieux.

 

“G1, G2, G3 Y G4”, Pedro Pierre

L'expression originale est « G7 », qui désigne le « Groupe des 7 pays les plus industrialisés » de la planète, c'est-à-dire ceux qui décident de la direction de l'économie mondiale… pour leur propre bénéfice. Tout change lorsque Donald Trump devient président des États-Unis lorsqu’il déclare « Amérique du Nord, Première ! », car depuis plusieurs années, l’hégémonie américaine s’effondre dans tous les domaines : politiquement, de plus en plus de pays s’affranchissent de la domination nordaméricaine, économiquement, la Chine est devenue la première puissance commerciale; militairement, la Russie possède les armes les plus sophistiquées et les plus avancées ; et socialement, la situation est de plus en plus chaotique à cause du chômage, de la violence, du racisme, de la perte de valeur du dollar… Trump veut être le « G1 », c’est-à-dire celui tout seul qui rendra l’hégémonie mondiale à l’empire américain…

Les présidents américains précédents voulaient détruire l’économie russe avec le soutien de l’OTAN (Organisation du Traité -militaire- de l’Atlantique Nord) et de l’Europe. C’est pourquoi ils lancent une guerre entre l’Ukraine et la Russie, avec d’un côté l’aide militaire et financière des États-Unis et de l’Europe, et d’un autre avec des sanctions économiques contre la Russie, la destruction de l’oléoduc russe qui amenait le pétrole et le gaz en Europe, etc. … Mais la Russie montre que son économie est toujours en croissance, que les armes américaines et européennes sont le blanc toujours détruit de l’armée russe… et les Ukrainiens paient le prix fort en morts, en destruction et en perte de plusieurs régions pour la folie de leur président nazi… Trump promeut exclusivement le « G2 », c’est-à-dire, le « Groupe des 2 », lui et le président russe Poutine pour parvenir à la fin de la guerre, en humiliant les dirigeants européens qui ne participent pas aux pourparlers de paix (« Le diable paie toujours mal ses fidèles ! »)… Trump veut aussi rouvrir le commerce avec la Russie sur les « terres rares » nécessaires aux appareils technologiques actuels et à d’autres matériaux comme les diamants… et certaines technologies russes.

Quant au « G3 », c’est avec la Chine. La guerre en Ukraine a été programmée pour affaiblir la Russie (et soumettre l’Europe), mais aussi pour obliger Poutine à mettre un terme à son alliance avec la Chine. En réalité, le lien entre la Chine et la Russie a été renforcé, par exemple grâce à l’oléoduc russe de 4 000 km qui transporte du pétrole et du gaz vers la Chine. Après la fin de la guerre en Ukraine, Trump prévoit de rencontrer la Chine pour harmoniser les tarifs douaniers et les échanges commerciaux entre les deux nations. C'est pourquoi Trump tente de déstabiliser leur économie en sa faveur... mais ce n'est pas si facile : jusqu'à présent, « beaucoup de bruit pour bien peu ! » La Chine est actuellement la plus grande puissance commerciale et diplomatique qui parvient à conclure des accords avec de nombreux pays. Le « G3 », USA-Russie-Chine, est plus que nécessaire en ce moment pour les États-Unis.

Et le « G4 » ? Les États-Unis devront faire face à un nouveau groupe commercial et économique composé à l'origine de quatre pays : les « BRICS », conformés par la Chine, la Russie, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud. Ces pays paient déjà leurs échanges en monnaies nationales ou avec le yuan chinois… ce qui élimine le dollar. Une dizaine de pays supplémentaires rejoignent le groupe des « BRICS » (le Venezuela, Cuba... ont demandé leur inclusion). Nous ne sommes plus dans un monde « unipolaire », c’est-à-dire avec un seul pôle, qui serait les États-Unis. Le monde a changé et Trump ne pourra guère inverser la marche en avant d'un monde « multipolaire », c'est-à-dire de plusieurs « pôles », rivaux entre eux : la Chine, la Russie, les BRICS et les USA. Le « G4 » est déjà une réalité.

Les mêmes tendances se dessinent en Équateur. Le « sauveur » d’un « Nouvel Équateur » est le porte-parole de la « minorité prétendument blanche », la plus riche du pays. L'ennemi à éliminer à tout prix est le corréisme, d'où les campagnes de haine, de mensonges, de calomnies, de persécutions, de procès, d'emprisonnements, d'exils... en abusant du pouvoir, des lois, de la Constitution et en achetant la soumission des différentes entités étatiques et des médias commerciaux. Parallèlement, de nouveaux pouvoirs émergent à travers la coordination des mouvements sociaux et populaires, de l’information alternative et de la recherche dans les médias numériques, ainsi que des Églises engagées auprès des secteurs populaires, par exemple l’Église des pauvres de Communautés Ecclésiales de Base et certains secteurs des Églises anglicanes et évangéliques. La droite et l’extrême droite équatoriennes deviennent plus violentes et fascistes à mesure que la résistance et les propositions alternatives pour la société augmentent et les déplacent.

Nous sommes dans un pays en dispute : D’un côté, la domination et l'exploitation des grands riches représentés par Daniel Noboa continuent et s'approfondissent, de l’autre, l’option pour une société alternative où il y a une plus grande distribution des biens et des richesses nationales, où les services sociaux de santé et d'éducation sont renforcés, où les emplois sont multipliés grâce aux investissements étatiques, privés et internationaux, où la corruption et le trafic de drogue sont stoppés en luttant contre le blanchiment d'argent dans les banques et la fuite des dollars vers les paradis fiscaux... comme le propose le plan de gouvernement de la Révolution Citoyenne avec Luisa González et Diego Borja.

Nous, chrétiens, cessons de soutenir ceux que Jésus dénonçait : « Ils se croient chefs des nations et agissent en dictateurs ; ils occupent des positions élevées et abusent de leur autorité. » Cessons de confirmer nos exploiteurs qui se déguisent en « doux moutons » alors qu’ils sont en fait des « loups féroces ». Comme le dit le cardinal évêque de Guayaquil, monseigneur Gerardo Cabrera, lorsque nous irons voter : « Faisons une bonne croix au bon endroit, car ensuite nous devrons la porter ! »

 

CARÊME POUR TOUS, Pierre Pierre

                Le pape François, dans son bref « Message de Carême », pose très justement le défi du moment à toute personne qui cherche un sens à sa vie : « Nous sommes tous des pèlerins dans la vie… (sur) le difficile chemin de l'esclavage à la liberté… Chacun peut se demander : suis-je vraiment en chemin ou un peu paralysé, statique, apeuré et sans espoir ; ou satisfait dans ma zone de confort ? Est-ce que je cherche des chemins de libération des situations de péché et de manque de dignité ? » Le Pape nous pose la question que nous nous sommes tous posés, chrétiens et non-chrétiens, à un moment donné : Que vais-je faire de ma vie ? Si nous ne réagissons pas clairement, d’autres réagiront à notre place afin de nous conduire dans une direction qui leur est bénéfique.

               « Nous sommes de la poussière d'étoiles ! » Durant le temps du Carême, les chrétiens se donnent environ 40 jours par an pour répondre à la question sur le sens de la vie à la lumière de Jésus-Christ. Les musulmans, deuxième religion du monde avec 1,9 milliard de fidèles, prennent un mois de jeune chaque année. En tant que chrétiens, nous centrons notre foi sur la Pâques de Jésus, c'est-à-dire sur son expérience de mort et de résurrection. « Mort et résurrection » sont les deux pôles de toute vie, tant pour les humains que pour la nature et le cosmos. Nous sommes en état de création permanente, un renouvellement constant de notre personne et de notre existence : les cellules meurent pour faire place à de nouvelles. C'est un processus permanent de « mort et de résurrection ». C'est pour la continuité de la vie sur la planète et l'univers, c'est le sens du mot « Pâques ».

               Chez l’homme, ce processus « pascal » s’applique à notre mode de vie : comment renforcer les forces de vie et de résurrection sur les forces de mort et de destruction. Notre défi est d’être « poussières d’étoiles ». D'un côté, nous sommes « poussières », c'est-à-dire faibles, limités, mauvais, mortels... De l'autre, nous sommes « poussières d'étoile », c'est-à-dire partie du processus créatif de l'univers en mouvement constant pour donner naissance à la vie et l'améliorer. C’est à cela que nous sommes appelés. C'est notre vocation ou notre défi : vivre consciemment et collectivement le processus vital de création permanente vers une vie meilleure. C'est « la mort et la résurrection », pour notre bonheur ou notre malheur si nous laissons la « mort » éteindre la « résurrection ».

               « Nous sommes des pèlerins », dit le pape François, « sur le chemin difficile de l’esclavage à la liberté » : « L’esclavage », c’est lorsque nous nous laissons vaincre par les forces du mal et de la mort ; la « liberté », c’est lorsque nous collaborons avec les forces de vie et de résurrection qui nous habitent et qui habitent l’univers. Ce progrès créatif constant est contredit et combattu par les forces du mal en chacun de nous et dans la société. À quoi et à qui donnons-nous la priorité ? Ou bien nous suivons le mode de vie ambient ou bien nous choisissons le processus de la vie et du bonheur ? La réalité est qu’il existe de nombreux courants mauvais : les projets de mort sont très bien implantés en nous, parmi nous, dans la société et dans le monde dans son ensemble. Ce sont des « structures de péché » et des « péchés sociaux » qui nous dominent si nous ne les combattons pas individuellement et collectivement.

               Soit nous choisissons consciemment et collectivement un projet de vie, soit nous nous laissons emporter et nous nous perdons dans des projets de mort dont nous nous faisons complices. Un projet de vie implique de défendre notre dignité d’êtres humains et de renforcer les relations de fraternité et de justice. C’est « l’appel des étoiles », de l’univers pour que la vie naisse et progresse sans cesse… Des appels qui attendent notre réponse, notre décision d’entrer dans cette dynamique de vie, de fraternité et de justice. La vie est une lutte continue pour la préserver et l’améliorer. Celui qui ne lutte pas pour cela a déjà perdu la bataille car il se laisse pousser par les forces et les projets de mort.

C’est pourquoi la vie de beaucoup est « une vie sans vie ! », parce qu’ils ont fait le mauvais choix ou qui permettent que d’autres choisissent peur eux ; ainsi ils restent dans des situations de destruction et de mort. Le christianisme est né d'une lutte pour la liberté, lorsque Moïse et sa masse d'esclaves décidèrent de quitter l'esclavage de l'Égypte et s’organisèrent pour conformer un peuple libre et équitable. Dans cette dynamique, ils ont fait l’expérience d’un Dieu proche, ami et compagnon de leur libération. Jésus de Nazareth a repris cette histoire et l’a confirmée dans son projet du Royaume. Telle était sa mission : construire un monde fraternel et équitable au nom du Dieu trouvé par ses ancêtres et suivi par ses compatriotes. Dans ce processus, Jésus a dû affronter les forces de la mort, tant religieuses juives que militaires romaines... qui ont gagné la bataille en le crucifiant, mais ont « perdu la guerre » parce qu'il est ressuscité dans les premières communautés chrétiennes qui ont continué son projet de Royaume... jusqu'à aujourd'hui.

« Mort et résurrection », tel est le défi actuel : un défi individuel qu’il faut assumer contre les forces du mal qui habitent en nous ainsi qu’un défi collectif, car les forces de mort sont collectivement organisées en structures et systèmes de domination. Le message du pape François est clair : « Chacun peut se demander : suis-je vraiment sur le chemin ou suis-je un peu paralysé, statique, apeuré et sans espoir ? ou satisfait dans ma zone de confort ? Est-ce que je cherche des chemins de libération des situations de péché et de manque de dignité ? »

La foi chrétienne est à la fois spirituelle et temporelle, c’est-à-dire propre au temps dans lequel nous vivons. Elle est aussi individuelle et collective : elle est personnelle et sociale avec une dimension et un impact politique, car la politique est le soin et le renforcement du bien commun d’une nation. Choisissons les forces de la vie, de la fraternité et de l’équité… ainsi nous rencontrerons Dieu qui nous aidera à faire de notre vie un chemin de résurrection permanente.

 

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