martes, 30 de agosto de 2011

5 Le ROYAUME dans la Biblia. PR.

L E   R O Y A U M E   D A N S   L A   B I B L E


Guayaquil, janvier 2011. PR.
Traduction de Pierre Bioteau, mars 2011.


CONTENU

Introduction: l’Arbre du Royaume (Genèse 1-2).
  1. Le Royaume dans l’Ancien Testament
-          La double intuition d’Abraham
-          La triple mission de Moïse
-          Les premières bases de l’organisation sociale de Moïse
-          L’organisation tribale à l’époque des Juges
-          Les prophètes défendent le projet de Moïse contre les rois
-          Les livres sapientiaux sont une résistance idéologique
  1. Le Royaume dans le Nouveau Testament
-          L’organisation politique du pays de Jésus
-          Le Royaume qu’a voulu Jésus
-          La pratique de Jésus a repris le projet de Moïse
-          Les premiers chrétiens ont continué le projet de Royaume
Conclusion: Suivre Jésus personnellement et collectivement.
Annexe : « Seul le Royaume est absolu », pape Paul 6.




INTRODUCTION :  LE  DESSIN  ET  L’ EXPLICATION  DE L’ « ARBRE  DU  ROYAUME ».

            Le Royaume est devenu ma passion, depuis la lecture du nº 8 de la lettre encyclique du pape Paul 6 (voir en Annexe) : « Seul le Royaume est absolu », lue en 1975, la veille de mon départ pour l’Amérique Latine.
Deuxième évènement : « l’Arbre du Royaume ». Ce dessin et son commentaire (ci-dessous) me suivent depuis plus de 30 ans. C’est le résumé du Projet de Dieu sur la Création ; c’est l’Arbre de la Vie, du Bien et du Mal, du Royaume inauguré par Jésus. Seul le Royaume nous fait comprendre la dimension politique de la foi chrétienne (mais c’est un autre sujet… que je vous enverrai).

            En faisant le dessin, on explique, pas à pas, le sens de la création et du projet de Dieu (Genèse 1 y 2).

·         DIEU est à la racine et à l’origine de toute la création.
·         En créant, Dieu partage ce qu’il est, c’est-à-dire, vie, amour et communauté. Pour lui et à son image, l’harmonie est l’axe et le but de tout l’univers.
·         Dieu a d’abord créé les 4 éléments, puis les végétaux et les animaux: cela c’est la NATURE dont le destin est, selon Dieu, dêtre partagée pour le bien de tous. Tout cela va constituer le domaine de l’ÉCONOMIE, qui est l’organisation des relations de l’être humain avec la nature, basée sur le partage de toutes les richesses nationales. Dans cette partie, le péché consiste à accumuler. Voir Exode 16,14; Matthieu 20,1; Actes 2, 42 ...
·         Ensuite, Dieu a créé  l’HUMANITÉ dont l’objectif est de vivre ensemble. Cela va être le domaine de la POLITIQUE, qui est l’organisation des relations entre toutes les personnes, c’est-à-dire cohabiter entre soi et avec tous les groupes ethniques de la nation. Là le péché consiste à dominer. Voir Exode 18,13; 1° Samuel 8; Marc 10,42…
·         Enfin, Dieu a communiqué à l’être humain sa SAGESSE pour que nous puissions nous exprimer de nombreuses manières et, ainsi, nous enrichir par l’apport de tous et de toutes. Cela va être le domaine des IDÉOLOGIES, qui est l’organisation des diverses façons de nous exprimer et d’organiser l’économie et la politique. Le péché dans ce domaine est la tromperie et le mensonge. Voir Daniel 2; Luc 4,16; 1° Corinthiens 1,27…

Voilà le RÊVE DE DIEU, son plan de vie, d’amour et de bonheur. C’est le Royaume que Jésus va faire advenir et qu’il va nous confier pour le continuer, le compléter, l’actualiser.

-          “Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. Ce que je te prescris aujourd’hui c’est d’aimer Yahvé, ton Dieu, et de marcher dans ses voies” (Deutéronome 30,15).
-          “Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît” (Matthieu 6.33).




 I .  LE  ROYAUME  DE  DIEU  DANS  L’ ANCIEN  TESTAMENT.


Concrètement, le Royaume a commencé avec Abraham et Moïse, et puis a continué avec les Prophètes et les Sages.

A. LA DOUBLE INTUITION D’ABRAHAM: Genèse 12.
Le projet du Royaume a commencé à se réaliser avec Abraham qui, en quittant sa terre, a entrepris un double projet social et religieux. Il y a 4.000 ans, avec l’appel de Dieu, Abraham a ouvert un nouveau chemin de foi: Dieu unique et ami des pauvres. Cette nouveauté religieuse ouvre un nouveau projet d’organisation sociale: de libération, de fraternité et d’égalité, en opposition avec le système dominateur des rois de l’époque, et vu dans la perspective des opprimés. Mais les descendants d’Abraham ont fini esclaves en Egypte.

B. LA TRIPLE MISSION DE MOÏSE
Moïse fut un hébreu de la tribu sacerdotale de Levi. Dans le désert du Sinaï, Dieu l’a appelé depuis un ‘buisson ardent qui ne se consumait pas’ et lui a confié une triple mission (Exode 3,1-15):

  1. Libérer ses compatriotes esclaves en Egypte (liberté),
  2. Sceller une alliance du Peuple avec Dieu (foi) et
  3. Mettre en marche une organisation égalitaire qui rende impossible l’esclavage (égalité). Le plus spectaculaire fut d’entreprendre une organisation sociale égalitaire (Exode 20-23). Au sortir de l’esclavage, Moïse et les Hébreux décidèrent de s’organiser de telle sorte que l’esclavage soit impossible entre eux. Les 10 commandements sont la Constitution de ce nouveau Peuple: la base indispensable du rejet de l’esclavage par la décision de vivre dans l’égalité, au nom du Dieu avec qui ils venaient de faire alliance.

C. LES PREMIERES BASES DE L’ORGANISATION SOCIALE DE MOÏSE

  1. L’expérience fondatrice de la ‘manne’ (Exode 16,1-36)
-          Yahvé ‘Recueillez-en chacun selon ce qu’il peut manger. Vous en prendrez chacun selon le nombre de personnes qu’il a dans sa tente’ (v. 16). Et la réalité démontre que ‘ni ceux qui avaient amassé beaucoup avaient davantage, ni ceux qui avaient ramassé peu avaient moins. Chacun avait le nécessaire pour sa consommation’ (v. 18).
-          La recommandation de Moïse était que ‘personne n’en mette en réserve jusqu’au lendemain’ (v. 19). De fait, pour ceux qui ne l’écoutèrent pas, ce qu’ils avaient gardé ‘devint infect’ (v. 20).
-          Ce fut une longue expérience. Les versets 35-36 disent que ‘les fils d’Israël mangèrent de la manne pendant 40 ans, jusqu’à ce qu’ils parvinrent au pays de Canaan’.
-          Jésus nous fait demander dans le Notre Père: ‘Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour’ (Matthieu 6,11); Jésus lui-même compare l’Eucharistie à la manne (Jean 6,32) et Saint Paul s’est référé à la manne pour justifier la collecte au bénéfice des chrétiens de Jérusalem (1 Corinthiens 8,13).
-          La grande exigence de Dieu était l’éradication de la pauvreté: “Qu’il n’y ait donc pas de pauvre chez toi” (Deutéronome 15,4). L’Église des Pauvres témoigne de cette exigence.

  1. Dix lois stables. Les 10 commandements (Exode 20,1-17) constituent d’abord la défense et la promotion de cette organisation égalitaire sur une base religieuse. Les 10 commandements furent la manière institutionnalisée de dire ‘non à l’esclavage’ d’Égypte et ‘oui’ à une nouvelle forme d’organisation égalitaire au nom de Dieu: ‘Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude’ (Exode 20,1). Dans ce ‘Décalogue’, 3 commandements se réfèrent à Dieu et 7 à la Communauté.
-          La finalité recherchée, c’est l’égalité (Lévitique 19,9-18) et la solidarité (Deutéronome 24,5-22).
-          Le pouvoir central est partagé, déjà au temps de Moïse, puis au temps des Juges en Palestine : il s’agit d’une organisation communautaire dont la base est l’union des familles en clans, et l’union des clans en tribus, grâce à leurs représentants.
Voici le sens original des 10 commandements.
  1. « Tu n’utiliseras pas en vain le nom de Dieu ». Le pharaon utilisait la religion égyptienne pour justifier l’oppression et l’esclavage. Yahvé est le libérateur des Hébreux : « Tu n’utiliseras pas le nom de Dieu pour opprimer, réprimer, exploiter ou tromper.
  2. « Tu ne te feras pas de statue ni de choses ni d’animaux ni de personnes ». Les statues et leur dévotion représentent des modèles et des symboles religieux, à obéir et à acheter pour que la divinité soit favorable à son dévot. Mais, vous les Hébreux, « vous ne réduirez pas Dieu à obéir à vos exigences ».
  3. « N’oublie pas de respecter le sabbat : travaille durant 6 jours ; le 7e est un jour de repos dédié a Yahvé, ton Dieu ». Au temps de l’esclavage en Egypte, il fallait travailler 7 jours sur 7 : la rentabilité était le plus important de tout. Mais un peuple libre doit rompre avec cette tyrannie : le travail n’est pas la priorité ; c’est la dignité des personnes, la fraternité et la foi. « Rappelle-toi, durant un jour, que tu n’es plus esclave ».
  4. « Honore ton père et ta mère ». Au pays du pharaon, il fallait respecter l’autorité suprême, la hiérarchie. Moïse invite ses compatriotes à respecter les parents, mais aussi les « pères et mères » de la Communauté : les vieux, les sages, car ils ont légués une manière de vivre et de croire. Ils sont les garants d’une vie nouvelle.
  5. « Tu ne tueras pas ». En Egypte la vie ne comptait pas : toutes les raisons étaient bonnes pour tuer des esclaves ; la peine de mort était monnaie courante. Désormais, il s’agit de respecter la vie : la vie personnelle et la manière de vivre en communauté, car la vie se détruit non seulement par l’assassinat et la guerre, mais aussi par la faim, la maladie, l’analphabétisme, les traitements humiliants, le manque d’amour…
  6. « Tu ne commettras pas d’adultère », c’est-à-dire, tu n’auras qu’une seule épouse et tu ne la tromperas pas, car avec l’adultère tu ne respectes pas la dignité ni les droits de la femme : tu abuses d’elles. L’interdiction de l’adultère repose sur l’égalité et le respect entre l’homme et la femme.
  7. « Tu ne voleras pas ». Les esclaves en Egypte n’avaient aucun droit de propriété : rien ne leur appartenait ; on pouvait tout leur enlever. Ne pas voler signifie : n’enlève à personne ce qui leur permet de manger et de vivre, comme ses terres, ses animaux, ses outils, sa maison… Egalement, le vol détruit la vie communautaire.
  8. « Ne porte pas faux témoignage contre ton prochain ». Le système social égyptien était basé sur la mensonge et la corruption. Une vie communautaire repose sur des relations de vérité, de respect, de transparence dans les décisions et les jugements.
9 et 10.      « N’envie pas ce qui appartient à ton prochain ». La propriété absolue et l’accumulation illimitée de biens faisaient la force du pouvoir du pharaon et de sa cour. Pour avancer vers le partage et l’égalité, il faut limiter le droit de propriété et éliminer l’accumulation (ce que font les lois sabbatiques et jubilaires).

  1. Les lois sociales des années sabbatiques et jubilaires
Le rythme lunaire était important pour les Hébreux (voir le poème de la création en 7 jours). Les années sabbatiques (tous les 7 ans) étaient l’occasion d’une révision des engagements pris au désert du Sinaï avec les 10 commandements et les années jubilaires, tous les 50 ans (après 7 « semaines » d’années), encore d’avantage.
a).  Pour l’année sabbatique, il y avait 3 obligations :
-          Laisser la terre se reposer, c’est-à-dire, ne pas la cultiver : Exode 23,10-11.
-          Pardonner les dettes impayées : Deutéronome 15,1-3.
-          Libérer les esclaves (le plus souvent des étrangers) : Deutéronome 15,12-18.
On trouve la raison de tout cela dans le Deutéronome 15,4 : « Il n’y aura pas de pauvre chez toi ».
b).  Pour l’année jubilaire, il y avait une obligation supplémentaire :
-          On accomplissait les obligations de l’année sabbatique : Lévitique 25,1-7.
-          S’y ajoutait la restitution de la propriété ancestrale que des familles pouvaient avoir perdue : Lévitique 25,8-13.
c).  Ces lois poursuivaient un triple objectif :
-          L’égalité, car elles protégeaient les petites gens, en empêchant l’accumulation des biens.
-          La justice, car la production de richesses est un bien commun qui doit servir à tous.
-          La fête, car celle-ci pour être vraie doit être le fruit de la justice et de l’égalité.
Remarquons que Jésus, lors de son premier discours à Nazareth (Lucas 4,19) fait directement référence à l’année jubilaire (« l’Année de la Grâce de Dieu ») ; c’est tout le sens qu’il vaut donner à sa mission : la réalisation effective du Royaume.

C. L’ORGANISATION TRIBALE DE L’ÉPOQUE DES JUGES
Rappelons que la conquête de la Terre Promise se selle par ce que l’on pourrait appeler une « Réforme Agraire », c’est-à-dire une répartition équitable des terres à chaque famille (par l’intermédiaire des clans et des tribus) et l’interdiction de les vendre ou les acheter pour toujours.
En même temps, sept principes ou critères naissent peu à peu de la pratique du Peuple de Moïse en fonction de son souvenir de l’époque de ses ancêtres, opposée à l’esclavage vécu en Égypte et conformément à des expériences libératrices de Peuples rencontrés lors de sa traversée du désert.

  1. Contre la hiérarchie des dieux égyptiens qui justifiait la domination des uns sur les autres, on retrouve la foi en un seul Dieu qui fonde l’égalité entre tous et toutes.
  2. En Égypte, les terres étaient aux mains de quelques-uns, afin de tout contrôler. Pour les Hébreux, la terre appartient à Dieu qui l’a donnée à chaque famille pour vivre et cohabiter. Celle-ci ne se marchande pas et si une famille avait été contrainte de s’en dessaisir, tous les 50 ans elle revenait à son propriétaire initial: ceci empêchait l’accumulation de terre et de richesses (Lévitique 25).
  3. Pharaon détenait seul tout le pouvoir sur tout et sur tous. Les Hébreux s’organisèrent en clans (plusieurs familles) et tribus (plusieurs clans), avec leurs représentants respectifs. Un ‘juge’, doté de pouvoir moral, était élu lors d’Assemblées générales de tout le peuple (Josué 24). Ceci empêchait la possibilité de dictateurs.
  4. En Égypte, les lois changeaient avec chaque Pharaon et selon ses intérêts du moment. Moïse donna à son Peuple 10 lois permanentes qui étaient la défense institutionnalisée de son organisation égalitaire.
  5. En Égypte, l’éducation n’était accessible qu’aux parents et aux proches du Pharaon. Chez les Hébreux, pour que chaque famille puisse accéder à l’éducation (les femmes restèrent marginalisées), on créa un nouvel abécédaire qui permit une conscience commune, une identité propre et une cohésion de tout le Peuple.
  6. L’armée égyptienne était permanente, mercenaire et salariée, c’est-à-dire, ouverte à tous, égyptiens et étrangers, et rémunérée. Au contraire, les Hébreux s’organisaient, quand c’était nécessaire, en autodéfense volontaire par clans, tribu et entre tribus. Tous défendaient ce qui était à tous et il n’y avait pas de possibilité d’une guerre d’agression.
  7. En Égypte, les prêtres faisaient partie de la cour du Pharaon, c’étaient de grands propriétaires terriens et ils célébraient un culte basé sur les sacrifices humains. Chez les Hébreux, les prêtres, issus de la tribu de Levi, n’avaient pas de propriétés, mais, en revanche, ils étaient soutenus par les dîmes et les prémices. Leur culte consistait principalement à faire mémoire des actes fondateurs du Peuple et célébrer la présence libératrice de Dieu en eux.

D. LES PROPHETES DÉFENDENT CE PROJET DE MOÏSE CONTRE LES ROIS

Le temps des Rois a marqué une rupture dans la réalisation, même imparfaite, du projet de Dieu mis en marche par Moïse et poursuivi par les Juges. Les Prophètes vont être les gardiens de la fidélité et la mémoire du projet de Dieu. Les prophètes sont les sentinelles du projet de Dieu, les sentinelles du Royaume.
  1. Isaïe est le prophète du Messie: un “nouveau Moïse” viendra réaliser le projet de Dieu.
  2. Ezéchiel est le prophète de l’espérance pour les exilés à Babylone.
  3. Jérémie est le prophète de la vérité: il dénonce les fausses assurances comme le temple et les rites vides.
  4. Osée est le prophète de la tendresse de Dieu, qui est toujours fidèle à son peuple malgré ses infidélités.
  5. Amos est le prophète de la justice sociale: on ne peut aimer Dieu si on ne pratique pas la justice entre compatriotes.
  6. Déborah est la grande femme prophétesse: elle sait entraîner son peuple dans les moments de désespoir.
  7. Daniel est le prophète du Royaume de Dieu: ce Royaume naît du peuple des pauvres.
  8. Habacuc est le prophète des Exclus: ¿Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité? (1,1-3).
  9. Sophonie est le prophète de l’espérance: l’Église des Pauvres est l’héritière et la détentrice du projet de Dieu (3,12).

E. LES LIVRES SAPIENTIAUX SONT UNE RÉSISTANCE IDÉOLOGIQUE
Au milieu de tant de dominations de la part  de l’Egypte, de la Perse, de l’Assyrie, de Damas, de la Grèce, de Rome… le Peuple hébreu a toujours su conserver des espaces de fraternité interne, de foi vive et de solidarité ouverte. A une époque où nous-mêmes sommes envahis par les images culturelles des empires modernes, en particulier l’américain, la méditation des livres sapientiaux peut nous apporter de nombreux éléments de conscience critique, de résistance, d’alternatives et d’espérance. Ceci nous aidera peut-être à apprécier les proverbes d’aujourd’hui afin de ne pas nous laisser confondre, mais plutôt de nous permettre de retrouver une identité oubliée dans la sagesse populaire.

  1. Daniel 2: le Peuples des Pauvres est capable de renverser tous les empires.
  2. Sirach: La gloire de Dieu se manifeste dans la nature et dans l’histoire du Peuple de Dieu.
  3. Sagesse: C’est un traité destiné aux Juifs exilés en Egypte pour les aider à résister aux persécutions et à conserver la foi des ancêtres.
  4. Les contes populaires furent l’expression de la vie et de la résistance du Peuple de Dieu.
-          Rôle de la femme: Ruth, Judith, Esther, les femmes paysannes (Néhémie 5,1-5), la Sulamite du Cantique des Cantiques, Suzanne (Daniel 13).
-          La Communauté comme lieu de renouvellement. La famille, la maison et la Communauté sont les lieux à partir desquels se renforce le projet original de Dieu.
  1. Les Psaumes nous offrent des prières en abondance. Longues ou courtes, ces prières personnelles et collectives expriment la foi en la présence immédiate de Dieu parce qu’il ‘écoute la clameur des affligés’ dans le temple et n’importe où.



 II .  LE  ROYAUME DE DIEU  DANS  LE  NOUVEAU  TESTAMENT.


A. L’ORGANISATION POLITIQUE DU PAYS DE JÉSUS
Á l’époque de Jésus, l’empire romain avait envahi la Palestine.

  1. Les Romains occupaient le pays de Jésus, percevant des impôts et contrôlant toutes les décisions. L’empereur, à Rome, le César, était considéré comme dieu. Son représentant en Palestine était Ponce Pilate.
  2. Les Autorités juives devaient toujours en référer au gouverneur romain avant de prendre une décision.
-          Le roi Hérode était chargé par les Romains de la province du nord appelée Galilée.
-          Les grands propriétaires, formaient le Conseil des Anciens qui était consulté en certaines occasions.
-          Les prêtres élisaient le Grand Prêtre qui était la plus haute autorité, soutenu par une police et un tribunal appelé Sanhédrin.
-          Tout tournait autour du temple de Jérusalem: les Romains permettaient une certaine indépendance religieuse.
  1. Le message et la pratique de Jésus. Dans son premier discours à Nazareth Jésus a repris l’alliance du Sinaï et le songe de Moïse (Luc 4,16-21), c’est-à-dire le Royaume de Dieu.

  1. Avec Jean Baptiste et les Apôtres
a).  Jean Baptiste allait déjà dans cette direction: il prêcha la conversion, la justice, le partage (Luc 3,11) afin d’éviter le châtiment divin. Jean Baptiste insistait sur le péché.
b).  Jésus va plus loin et est plus concret: il part de la souffrance, plus que du péché.
-          Le salut vient des pauvres et de ceux qui se font pauvres avec eux, seuls capables de construire le Royaume de Dieu.
-          Il forme une Communauté stable qui vit ce que prêche Jésus.
-          Il insiste beaucoup sur l’usage de l’argent. Son groupe faisait bourse commune (Jean 12,6). A plusieurs reprises, il multiplia les pains (Matthieu 14,13 et 15,32), pour bien montrer que toute personne a le droit de manger et de manger selon ses besoins (Matthieu 6,11). Pour Jésus, l’argent est quelque chose de ‘maudit’ (Luc 6,24-25) qu’il faut utiliser pour se faire des amis de tous (Luc 16,9). Le salaire doit couvrir les besoins familiaux (Matthieu 20,1-16).
c).  Les apôtres et les premiers chrétiens mirent leurs biens en commun et se les répartissaient selon leurs besoins (Actes 2,42 y 4,32). Saint Paul insista sur la solidarité et le partage entre communautés et Églises (2° Corinthiens 8 y 9), et invita à éliminer l’esclavage dans la lettre à son ami Philémon.

  1. Jésus eut à affronter de nombreux conflits à cause de sa prédication et de la réalisation du Royaume
-          En plus de ses familiers et des apôtres, Jésus entra en conflit avec ces différents pouvoirs: le pouvoir militaire avec les envahisseurs romains et le pouvoir religieux avec les autorités juives, parce qu’ils n’étaient pas au service du Peuple, mais qu’au contraire ils le dominaient, l’exploitaient et le trompaient.
-          Jésus annonçait un Dieu qui aime tout le monde, mais qui défend prioritairement les pauvres, les femmes, les maltraités car ils sont victimes de l’injustice: c’est le protecteur et le libérateur des pauvres, des orphelins, des veuves...
-          Son Royaume appartient aux pauvres (Luc 6,20) et à ceux qui choisissent d’avoir l’esprit des pauvres et de faire leurs causes (Matthieu 5,3).
  1. Marie a confirmé cette vision du plan de Dieu dans son chant du Magnificat (Luc 1,51-54).

B. LE ROYAUME QU’A VOULU JÉSUS

  1. Les conceptions des différents groupes religieux contemporains de Jésus
-          Pour les Prêtres, les Pharisiens, les Docteurs de la Loi, le Royaume consistait dans la stricte application de la Loi.
-          Pour les Esséniens, le Royaume était purement spirituel et devait arriver d’un moment à l’autre.
-          Pour les Zélotes, le Royaume appartenait exclusivement aux juifs et il fallait expulser les Romains qui salissaient ce projet divin: Simon le Zélote et Simon Pierre avaient des contacts avec ces groupes.
-          Pour Jean Baptiste, le Royaume supposait la conversion personnelle et la pratique de la justice.

  1. La conception originale de Jésus par rapport au Royaume
a).  Jésus est le Prophète du Royaume: c’est le mot que les évangélistes mettent le plus dans la bouche de Jésus (quelque 100 fois).
-          La plupart de ses paraboles concernent le Royaume.
-          Pour Jésus il était évident que le Royaume appartenait aux pauvres.
-          La loi du Royaume est l’amour personnel, collectif et social (Jean 13,34 y 15,17), à partir de la compassion.
-          Le Royaume a une triple dimension: il est en nous, entre nous et doit se manifester dans sa plénitude. C’est une façon de vivre: en nous valorisant personnellement et collectivement -le Royaume est dignité-, en partageant équitablement les biens de la création – il est justice-, en vivant ensemble comme frères et sœurs –il est fraternité-, et en célébrant sa présence au milieu de nous –il est beauté.
b). Le Royaume est décrit dans l’Apocalypse comme le triomphe d’une femme sur le mal (12,1-10) – dont le fruit est l’Église des Pauvres- et comme une cité de fraternité et d’allégresse (21,1-8) -la nouvelle société dont nous sommes le fruit -; le centre de tout est Dieu. Les pouvoirs du mal ne parviendront pas à détruire ce Royaume de Dieu, lequel triomphera définitivement de tous. L’Arbre de la Vie, central dans la Genèse et signe de destruction du mal sur la croix de Jésus, est évoqué à la fin de l’Apocalypse comme récompense de ceux qui auront été fidèles à Dieu, à son projet, à son Royaume (22,14).
Le Royaume c’est nous lorsque nous vivons ce qu’a inauguré Jésus, personnellement, collectivement et socialement: ‘en anticipant déjà l’avenir la fête que vient’, comme Moïse l’a imaginé, comme Jésus l’a réalisé et comme l’Apocalypse le prophétise.

C. LA PRATIQUE DE JÉSUS A REPRIS LE PROJET DE MOÏSE
Jésus a réduit à 2 les 10 commandements de l’Ancien Testament: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain comme  toi-même’ (Matthieu 22,37 y 39). Par ailleurs, Jésus nous a donné son propre commandement: ‘Je vous donne un commandement nouveau: aimez-vous les uns les autres: vous devez vous aimer comme moi je vous ai aimé. C’est à cela que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples: au fait que vous vous aimez les uns les autres’ (répété 3 fois chez Jean 13,34-35, et 15,12 et 17). Notons que tous les commandements se réduisent ou  s’ouvrent sur un seul: celui d’un amour collectif entre les humains et dont le modèle est l’amour que Jésus a montré envers nous.

  1. La pratique libératrice de Jésus. Jésus a grandi et a vécu dans une réalité très conflictuelle. Il a décidé d’aider tout le monde à se libérer de toutes les formes d’oppression et de destruction: spirituelle, individuelle, collective, sociale.
  2. Jésus s’est présenté comme le ‘Prophète du Royaume’. Toute sa prédication, tous ses miracles, sa vie et sa mort ont eu comme axe principal l’inauguration du Royaume de Dieu.
  3. Pour construire le Royaume, Jésus s’est mis du côté des exclus et c’est parmi eux qu’il a choisi ses apôtres et ses disciples.
  4. Jésus a refusé et combattu toutes les divisions créées par les hommes: entre pauvres et exploiteurs, entre juifs et païens, entre profane et sacré, entre pur et impur; il a proclamé que les lois étaient au service de l’être humain et non le contraire…
  5. Jésus a combattu les maux qui affectent la vie humaine: la faim, les maladies, la peur, les mauvais esprits, la mort…Il a affronté les difficultés de la nature, comme la tempête… Il a lutté contre l’ignorance, le mensonge, l’hypocrisie, la prépotence, la mauvaise interprétation de Dieu…
  6. Jésus a ouvert le chemin d’un nouvel ordre social
-          Si Dieu est notre Père, nous devons tous vivre en égaux,
-          Le pouvoir est service du bien commun, et favorise prioritairement les plus nécessiteux,
-          Les lois sont au service du bien-être de tous les êtres humains,
-          L’amour de Dieu et du prochain sont comme les 2 faces d’une même monnaie,
-          El Royaume, c’est-à-dire le salut, appartient aux pauvres conscients, unis et organisés, et à ceux qui ont l’esprit des pauvres,
-          Pour Jésus, les derniers sont les premiers, et les premiers les derniers…
  1. Avec Jésus, tout a été rénové pour notre bonheur: la manière de croire en Dieu -‘Père de tous’-, les relations humaines – nous sommes tous égaux-, la société – dont les pauvres organisés sont les bases et son avenir…

D. LES PREMIERS CHRÉTIENS ONT POURSUIVI LE PROJET DU ROYAUME

  1. Les Premières Communautés ont une organisation propre conforme au projet de Jésus.
-          Actes 2,42 y 4,32: La Première Communauté a repris le projet de Moïse, confirmé par Jésus, en particulier le partage des biens.
-          Actes 6.5-6: Les diacres sont nommés par la Communauté et présentés aux apôtres.
  1. Les Apôtres
-          Corinthiens 1,27-29: Dieu a choisi les pauvres pour son projet.
-          Ephésiens 6,10-17: Notre combat est contre les forces surnaturelles du mal qui s’incarnent dans les autorités du monde.
-          2 Corinthiens 8,7: La collecte pour les chrétiens de Jérusalem se fait en référence à la manne.
-          Jacques 5,1-6: ¡Malheur à vous les riches!
  1. Les Communautés Chrétiennes à la fin du premier siècle: l’Apocalypse chante la force victorieuse des pauvres sur l’empire romain, capables de construire un monde selon Dieu.



 IIIª  partie :  AUJOURD’HUI  NOUS,  PERSONNELLEMENT  ET  COMME  ÉGLISE.


A. NOUS SOMMES TÉMOINS DU ROYAUME DE DIEU

            Notre mission est triple:
-          D’abord reconnaître Jésus et son Royaume présents parmi nous, comme l’ont reconnu les disciples d’Emmaüs et Paul lui-même sur le chemin de Damas.
-          Ensuite, communiquer cette reconnaissance du ressuscité et cette force du Royaume aujourd’hui.
-          Enfin, le célébrer humainement et chrétiennement.

B. ÊTRE ARTISANS DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION (NE)

  1. La vieille évangélisation est “passée à une vie meilleure” (St. Dominique 24): Quel est le modèle d’évangélisation qui est devenu vieux et inutile? En voici quelques caractéristiques:
-          Penser que nous emportons Dieu et son Royaume là où nous allons comme missionnaires.
-          Nous n’allons pas rechercher la conversion de ‘possibles païens’…
-          Nous n’allons pas implanter des églises ni des institutions catholiques.
-          Cesser d’être arrogants et orgueilleux en pensant que nous sommes les meilleurs ou les seuls élus.
-          Ne pas condamner ce que nous ne comprenons pas encore.
-          Ne pas vivre dans le luxe ni dans des postes de pouvoir ou de service dominateurs…

  1. Brève histoire de la Nouvelle Évangélisation

a).  La NE est née au concile Vatican II (1962 à 1965). Il a été demandé d’être ouverts à toutes les valeurs humaines; on a parlé de la valeur qu’avait toute religion -les ‘Semences du Verbe’-, comme rencontre de Dieu et chemin de salut.
b).  A Medellín (1968), pour appliquer le Concile dans la situation de l’Amérique Latine, les évêques invitaient  les catholiques d’Amérique Latine à ‘mettre en marche une nouvelle manière d’annoncer l’Évangile, que parte de la réalité, spécialement des secteurs pauvres’ (Catéchèse).
c).  A Puebla (1979) les évêques réitèrent la dénonciation de la pauvreté faite à Medellín, et expliquent que cet appauvrissement a des causes personnelles et structurelles, et que tant la misère que les mécanismes qui la produisent sont des péchés: c’est le péché social. L’option pour les pauvres est l’objectif de la pratique de toute l’Église (1134).
d).  En 1984, le Pape Jean-Paul II, lors de son voyage à Saint Domingue (République Dominicaine), a invité officiellement à ‘une Nouvelle Évangélisation’ en Amérique Latine, et a expliqué en quoi elle doit être nouvelle “dans son ardeur, dans sa méthode et dans son expression”.

  1. Les trois orientations papales pour réussir la Nouvelle Évangélisation

a).  Elle doit être ‘nouvelle dans son ardeur’
-          En approfondissant la pratique de Jésus et des Apôtres, en particulier vis-à-vis des Romains, des Samaritains et des étrangers.
-          En redécouvrant la pratique exemplaire de tel ou tel des premiers évangélisateurs du continent (Bartolomé de las Casas).
b)      Elle doit être ‘nouvelle dans sa méthode’ avec ses 4 temps: ‘Voir, Juger, Agir et Célébrer (Luc 24,13-35).
c).  Elle doit être ‘nouvelle dans son expression’. Pour évangéliser d’une manière nouvelle, il faut tout ré-exprimer à partir de l’histoire, les cultures et la réalité latino-américaine. Il faut inculturer la liturgie, l’Église, l’Évangile et la foi déjà en marche parmi nous (Document de Saint Domingue).

C. LA NE  EXIGE QUE NOUS SOYONS L’ÉGLISE DES PAUVRES

  1. Origine récente de l’expression ‘Église des pauvres’
-          Le pape Jean XXIII fut le premier à reprendre cette expression à la veille du Concile (1961): ‘Face aux pays sous-développés, l’Église se présente telle quelle est et veut être: l’Église de tous et plus particulièrement l’Église des Pauvres’.
-          Pendant le Concile Vatican II (1962-65), quelques  évêques latino-américains plus engagés se sont autoproclamés ‘Église des Pauvres’ et ont signé le “Pacte des Catacombes” pour vivre pauvres et au service des pauvres.
-          Le pape Jean-Paul II a confirmé l’expression dans sa Lettre Encyclique sur “Le travail humain’ (1981): ‘L’Église est vivement engagée dans cette cause (de la solidarité), parce qu’elle la considère comme sa mission, son service, comme l’illustration de sa fidélité au Christ, pour pouvoir être vraiment ´Église des pauvres´” (8).
-          Nous ne pouvons oublier tous nos héros et martyrs latino-américains: le plus connu est Monseigneur Oscar Romero de l’Équateur, le prophète de l’Église des Pauvres. Souvenons-nous aussi de Monseigneur Leonidas Proaño et de combien d’autres chrétiens et chrétiennes, martyrs inconnus dont nous garder vivant le souvenir.

  1. La spiritualité de l’Église des Pauvres, dans les documents de l’Église latino-américaine

a).  Medellín (Colombie, 1968) où les évêques définissent les pauvres comme les appauvris par le système capitaliste, et avec lesquels ils nous invitent à nous solidariser.
b). Puebla (Mexique, 1979), où ils nous invitent à “faire nôtre la cause des pauvres parce que c’est la cause de Jésus-Christ” et à faire le choix des Communautés Ecclésiales de Base (Message 8 et nº 1134).
c). Saint Domingue (République Dominicaine, 1992), dont les 3 thèmes sont ‘la Nouvelle Évangélisation, la Promotion de l’Homme et l’Inculturation’.
d). Aparecida (Brésil, 2007) a confirmé la validité des CEBs (178) et de l’option pour les pauvres pour entreprendre une grande mission de renouvellement de toute l’Église.
Gustavo Gutiérrez a résumé cette spiritualité dans son célèbre livre: ‘Boire à son propre puits’ (Lima 1983).

  1. Les paroles du prophète Sophonie sont très éclairantes (3,11-17).
‘Je ne laisserai subsister en ton sein qu’un peuple humble et modeste’. L’Église des pauvres est ce Peuple humble et modeste qui reste fidèle à Dieu et manifeste su présence libératrice, tout comme hier et avant-hier. Nous pouvons dire que, en Amérique Latine, ceux qui constituent cette Église des Pauvres, ce sont principalement le Peuple des Pauvres qui s’organise en Communautés Ecclésiales de Base et en Groupes Chrétiens qui font le choix de la pauvreté et qui s’identifient avec les causes des pauvres.

D. NOUS, LES CEBs, SOMMES FERMENT D’UN MONDE NOUVEAU

  1. Nous sommes la classe populaire, la classe opprimée, capable de renouveler l’Église et la société.
  2. Nos évêques appellent à un changement personnel, religieux et social.
  3. Nous vivons déjà quelque chose de différent comme Église et société: nous sommes l’Église des Pauvres qu’a voulu Jésus et la semence du monde nouveau plus conforme au Royaume.
  4. Nous sommes un Royaume de fraternité et de liberté, par notre propre baptême qui nous fait prophètes, prêtres et rois-pasteurs.




 CONCLUSION : SUIVRE JÉSUS PERSONNELLEMENT ET COLLECTIVEMENT.


A. SUIVRE PERSONNELLEMENT LE CHRIST COMME BAPTISÉ ET BAPTISÉE

-          D’abord, être prophète et prophétie: le prophète est celui qui parle au nom de Dieu, que ce soit pour annoncer et être bonne nouvelle ou pour dénoncer la méchanceté, sans crainte, parce qu’il sent que c’est son devoir (Jérémie 1,7-19). Dans nos Communautés, nous sommes prophétie vivante.
-          Ensuite, être prêtre et sacerdoce du Christ aujourd’hui: le prêtre est celui qui offre, bénit, consacre. C’est aussi notre tâche, à chacune et chacun d’entre nous (Exode 19,6). Dans les Communautés, nous actualisons  le sacerdoce du Christ.
-          Enfin, être roi-pasteur et le Royaume de Dieu: Jésus préférait le titre de ‘Pasteur’, moins ambigu. Le Pasteur est celui que rassemble son troupeau et veille sur lui, en le défendant au prix de sa propre vie (Jean 10,11). Dans nos communautés, nous rendons présent le Royaume de Dieu.

B. SUIVRE  JÉSUS COLLECTIVEMENT, EN ÉGLISE

-          Isaïe 52,13-53,12: Le serviteur souffrant ne représente pas seulement Jésus, mais tout le Peuple de Jésus, et aujourd’hui les femmes et les hommes de notre temps: le Peuple des Pauvres qui, d’une part, à travers nos souffrances, annonçons un salut et, par ailleurs, dénonçons le mystère du mal présent dans notre monde. Tous ensemble nous sommes une prophétie vivante.
-          Romains 12,1: ‘Offrez vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu: c’est là le culte spirituel que nous avons à rendre’. Tous ensemble nous nous offrons au Seigneur avec toute notre vie et notre activité communautaire; nous offrons toutes les personnes avec qui nous travaillons. Ensemble nous sommes un sacerdoce.
-          Apocalypse 1,6 et 1 Pierre 2,9-10: ‘Il nous a purifié faisant de nous un royaume… Avant vous n’étiez pas son Peuple, mais maintenant vous êtes le Peuple de Dieu…’ Comme chrétiens, notre caractéristique est d’être un Peuple, c’est-à-dire une fraternité, une seule famille qui montre que Dieu est Père à travers notre fraternité. Ensemble nous sommes déjà la preuve du Royaume de Dieu.



A N N E X E


“ SEUL  LE  ROYAUME  EST  ABSOLU ”,  pape  Pau l VI,  1975.
Lettre encyclique “l’Évangélisation des Peuples”, 8.

       “Christ, en tant qu’évangélisateur, annonce avant tout un Royaume, le Royaume de Dieu; si important que, par rapport à lui, tout devient ‘le reste’ qui est donné par surcroît (Matthieu 6,33). Seul le Royaume est donc absolu et tout le reste est relatif. Le Seigneur se complaira à décrire de bien des manières le bonheur d’appartenir à ce Royaume, un bonheur paradoxal fait de choses que le monde rejette (Matthieu 5,3-12); les exigences du Royaume et ses préceptes (Matthieu 5-7), les porte-parole du Royaume (Matthieu 10), les mystères de ce dernier (Matthieu 13), ses enfants (Matthieu 18), la vigilance et la fidélité requise de qui attend son retour définitif (Matthieu 24-25)”.