domingo, 1 de enero de 2017

Voeux pour l'année 2017

 L’ E S P É R A N C E   V I V A N T E   E T   S Û R E.

« L'espoir est ce qui meurt en dernier » dit le proverbe : cela nous encourage en ces temps de chaos global à discerner des chemins d'espérance et à les entreprendre collectivement. Ce chaos mondial est semé principalement par le système néolibéral actuel. C'est pour cette raison que le pape François est si dur contre ce système, bien plus que les papes précédents. Ce système bénéficie également de notre complicité souvent inconsciente. Cependant, derrière les nuages de la cruelle réalité dont nous souffrons, l’étoile de l’espérance nous fait un clin d'œil.
Nous avons besoin d'une vision claire qui nous fasse sentir cette espérance sûre : elle est en nous, auprès de nous. C’est la présence du Royaume à reconnaître et renforcer. L’espérance nous attend à chaque pas, chaque étape, chaque lutte. L’essentiel du système néolibéral est de donner une valeur marchande à tout ce qui existe, de telle façon que celui qui n'a rien ou ne produit rien, ne vaut rien. Heureusement la résistance vient de partout et plus particulièrement des pays du Sud. Nous sommes tous impliqués dans cette double dynamique : soit nous laisser emporter par l'accumulation de biens qui nous fait perdre le sens de notre dignité et de la valeur de la fraternité soit puiser dans le trésor des cultures et des religions pour revenir à la vérité de la vie : seul l'amour va nous sauver, l'amour avec les autres et l'amour de la nature. Alors nous comprenons la raison des guerres en cours : contrôler l'accumulation de biens et privilèges favorisant la mort, la destruction et le génocide. La technologie des ordinateurs, des téléphones « intelligents », nous contrôlent de plus en plus. La course à la recherche du profit illimité produit les inégalités les plus horribles au sein des pays et entre les continents. Les conséquences sont la faim, la migration et « l'invasion » actuelle de l'Europe... Les médias sont la nouvelle religion, leurs messages sont les nouveaux crédos : ils nous font croire que les biens matériels vont nous donner le bonheur et le salut éternel.
Heureusement contre ces catastrophes scandaleuses et mortelles se présentent beaucoup d’alternatives prometteuses à portée de main si nous savons les reconnaître, les adapter et les socialiser. Au sein des pays du Nord des voix, des groupes, des mouvements, des réalisations nous avertissent des pièges tendus. Ils dénoncent les mensonges de ce système pervers. Ils ouvrent de nouvelles voies qui nous donnent le vrai sens de la vérité, du bonheur, du salut. Les pays du Sud trouvent dans leurs cultures, leurs visions du monde et leurs pratiques anciennes la force de dire non à ces illusions et nous proposent des solutions au suicide collectif de plus en plus réel. Ces propositions de nouvelles conditions de vie nous viennent des populations autochtones des Amériques du Nord, du Centre et du Sud. En Afrique, malgré le pillage systématique, apparaissent des propositions de coexistence pacifique et d'avenir plus heureux. Les cultures asiatiques nous révèlent les chemins d’une vie plus harmonieuse.
Le christianisme retrouve ses racines et cherche chez le prophète de Nazareth l'essence de son message et sa mission. Son projet du Royaume, plus qu’une religion, est un mouvement qui met la fraternité dans le centre de la vie individuelle et sociale, dont les pauvres sont les gardiens... Tout cela vient de Dieu. Des milliers de communautés dans tous les continents ont déjà pris cette voie à partir de leur culture et de l'histoire. Les résistances ne manquent pas au sein des Églises et des pouvoirs financiers et guerriers qui veulent tout contrôler pour leur propre bénéfice.
Nous sommes tous impliqués dans ces changements tumultueux : les nuages et les ouragans ne manquent pas ; mais ils ne détruisent pas le soleil qui nous illumine et nous réchauffe. La tentation de se décourager est présente. Nos groupes, les communautés, les associations sont la garantie que nous ne nous trompons pas dans nos décisions, nos luttes à entreprendre et les certitudes qui apparaissent le long du chemin. Nous qui vivons en Amérique Latine, nous nous rendons compte de la force de cette espérance qui grandit peu à peu. Pendant 500 ans, les peuples indiens n’ont cessé de résister à la fois contre la domination des empires du Nord et contre la complicité des Églises avec eux. Nombre d’hommes et de femmes ont misé sur le respect des cultures, la fraternité des peuples, les richesses des sagesses et la valeur des religions indigènes et noires au cours de ces cinq siècles. Les 50 dernières années marquent une renaissance de l'espoir : « Un autre monde est possible, nécessaire et urgent » ; il se construit en nous et entre nous. Ils sont nombreux ceux qui ont donné leur vie pour cet autre monde possible, qu’ils soient Indiens, chrétiens ou athées. Ils sont les guides qui marquent la direction.
Confirmons la route ouverte par le passé et le présent, l'éthique et la foi, l'espérance et la lutte, la spiritualité et le partage. La tâche commence par chacun de nous. Soyons de plus en plus humain ; grandissons dans la dignité, la coexistence fraternelle, le respect de la nature. Centrons-nous sur le grand mystère de la vie et de l'amour que nous appelons Dieu. L'ordre qui nous rend heureux est celui qui met les choses, les biens, l'économie au service des gens. La politique n'est rien de plus que le souci des autres et l'union de solidarité sans frontière. La foi, ce n’est pas croire en Jésus, mais avoir la foi de Jésus : la foi en un Dieu miséricordieux, une foi liée à la justice pour tout le monde. Tout cela n’est pas loin de nous, ni impossible à faire : tout est en nous et à notre portée. Nous avons commencé à l'accomplir dans des petites actions et activités. Il s’agit de poursuivre le chemin, l‘agrandir, l’améliorer, le célébrer. Il ne s’agit pas de courir, mais de faire de petits pas sans s’arrêter et de nous rendre compte ce ces multiples efforts faits sans bruit par beaucoup de gens : c’est le monde nouveau qui jaillit de nos efforts communs. La puissance de Dieu nous accompagne comme à l'époque de Jésus, comme au cours des siècles et pour les années à venir.

Pedro Pierre, avec Equipes Enseignantes.
Paris, septembre 2016.