domingo, 2 de septiembre de 2012

Première Lecture de la Bible


L I R E   L A   B I B L E   U N E   P R E M I E R E   F O I S
Guide  de  lecture  à  partir  de  l’Amérique  Latine

 

Equateur, 2011. PR.

INDEX

Introduction

1.       Le temps des ancêtres

2.       La Terre Promise

3.       Le temps des rois et des prophètes

4.       Le temps des sages

5.       Le temps de Jésus et des Premières Communautés chrétiennes

Annexe : Jésus-Christ est le Seigneur. PR.

 

Que ceci nous aide à découvrir que le temps des hommes n’est autre que le temps de Dieu, hier, aujourd’hui et demain, parce que son Royaume est notre héritage, si nous le voulons ainsi.

 

 

 INTRODUCTION.

 

 

  1. La Bible est divisée en 2 parties à partir de Jésus : avant et avec lui.

-          Avant lui, c’est l’Ancien Testament ou Ancienne Alliance, en référence à l’Alliance de Dieu avec Moïse.

-          Avec Jésus, c’est le Nouveau Testament ou Nouvelle Alliance.

  1. A leur tour chacune de ces 2 parties a différentes sections, appelées « livres ».

-          Ces livres sont divisés en chapitres et versets (ou ligne).

-          Les titres de chaque livre sont souvent abrégés.

-          Exemple : Gn 11,1, signifie : livre de la Genèse chapitre 11, verset 1.

 

 

 I .  LE  TEMPS  DES  ANCÊTRES,  DES  FONDATEURS  ET  DES  LÉGENDES  CORRESPONDANTES.

 

 

A. LES 5 PREMIERS LIVRES DE LA BIBLES ONT ÉTÉ COMPOSÉS À PARTIR DE LÉGENDES

  1. Ce sont les libres de la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.
  2. Ce sont des légendes à partir de souvenirs historiques.
  3. Ils racontent les origines du peuple de Jésus avec le souci d’expliquer et de justifier les croyances.
  4. Ce bloc de 5 livres est appelé le « Pentateuque ». Ils ont été écrits dans les années 600 avant Jésus-Christ (aC.).

 

 

B. LES PREMIERS ANCÊTRES : Genèse 12-50

 

  1. Les fondateurs et fondatrices

a)    Abraham et Sara

-          Il s’agit des patriarches et matriarches. Abraham, Sara et leurs descendants vécurent entre les fleuves Le Tigre et l’Euphrate, dans les pays qui s’appelle aujourd’hui l’Iran et l’Irak.

-          Nous sommes dans les années 1850 aC. (Genèse 12…). Bien avant existaient les premières grandes civilisations.

-          Abraham et Sara sont le signe d’une rupture dans les croyances et l’organisation sociale de l’époque.

. Dieu a l’initiative de la communication.

. Il se révèle comme une divinité unique et exclusive.

. La conséquence est l’égalité entre les membres du « clan » (plusieurs familles) d’Abraham.

. La foi d’Abraham est partagée par d’autres clans, comme par exemple, celui de Melquisédec (Gn. 14,14).

-          Abraham a d’abord eu un fils avec son esclave, Agar : c’est Ismaël (Gn. 16). Cette naissance explique l’origine des Arabes, peuple frère des Juifs, mais de mère différente.

-          Le fils « légitime » d’Abraham et de Sara s’appelle Isaac (Gn. 21).

-          Ce sont des « Hébreux », c’est-à-dire des « gens du désert ».

 

  1. Isaac et Rebecca (Gn. 25,1)

-          Ils eurent des jumeaux : Esaü et Jacob.

-          Esaü est le « père » des Edomites, peuple voisin des Juifs.

-          Jacob eut 12 fils qui sont reconnus comme les ancêtres des 12 tribus du peuple juif.

-          Joseph (Gn. 37), l’un des fils de Jacob, est le plus connu : vendu par ses frères il devient le premier ministre du Pharaon (roi) d’Egypte.

-          C’est du temps de Joseph que les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob -les Hébreux-, s’établissent en Egypte où, après la mort de Joseph, ils deviennent esclaves durant plus de 2 siècles.

 

  1. Les mythes de l’origine du monde selon les Hébreux (et leurs voisins)

a).   Ce sont les premiers chapitres de la Genèse : 1 à 11.

b).   Ce sont des mythes, c’est-à-dire des constructions imaginaires qui cherchent à expliquer les grandes questions sur la personne humaine, Dieu, la vie, le mal, la mort… à partir des cultures du Moyen-Orient :

-          Qui est Dieu et quel son projet sur l’humanité et le monde : ce sont les 2 poèmes de la création (Gn 1-2).

-          L’origine du mal avec le mythe du premier péché… qui n’a jamais existé vu que la création est en fait un processus d’évolution incessante (Gn. 3).

-          Autres mythes pour interpréter la violence (Caïn et Abel : Gn 4), les catastrophes naturelles (le déluge : Gn 6,5), les révoltes des esclaves (la tour de Babel : Gn. 11).

 

 

B. MOÏSE, LE FONDATEUR DU PEUPLE JUIF : livre de l’Exode

 

  1. Quelques précisions

a).  L’esclavage des Hébreux

-          Nous sommes en Egypte, pays de l’esclavage, vers les années 1200 aC.

-          Jusqu’à Moïse, les Hébreux restent esclaves plus de 200 ans en Egypte.

b).   Moïse

-          Rappelons qu’il s’agit de souvenirs légendaires à base historique.

-          Moïse fut un hébreux adopté par le Pharaon comme son fils, mais qui conserva ses racines y la solidarité avec son peuple d’origine (assassinat d’un égyptien).

-          La triple mission de Moïse : 1. Libérer son peuple de l’esclavage. 2. Renouveler l’alliance avec Dieu (libérateur). 3. S’organiser équitablement pour exclure l’esclavage. Cette dernière est sans doute la plus importante.

c).   L’Exode est un montage religieux…

-          L’Exode ou plutôt des Exodes successifs ont bien eut lieu. Dieu est certainement intervenu. Moïse a dû exister comme leader d’un de ces groupes… Ces groupes de « déserteurs » (c’est le cas de le dire : ceux qui fuient au « désert ») n’étaient sans doute pas très nombreux. Ils allaient se réfugier en Canaan, ou Palestine.

-          C’est bien plus tard que ces exodes se sont unifiés autour d’un personnage emblématique : Moïse.

-          Il s’agit d’un montage théologique : l’auteur veut d’abord confirmer l’origine religieuse du peuple hébreu, insister sur l’aspect libérateur de Dieu, magnifier la geste du fondateur du peuple hébreu (Moïse), justifier les lois qui en naquirent lors de l’Alliance du Sinaï (les 10 commandements)…

 

  1. Les principaux thèmes du livre de l’Exode

a).   La situation d’esclavages en Egypte (Ex 1). Remarquer les formes de résistance : la sagacité des femmes, et plus loin le culte de l’agneau pascal.

b).   Moïse, pour défendre un hébreu, assassine l’égyptien qui le maltraitait (Ex 2,11). Pour cette raison il doit fuir au désert du Sinaï, où il rencontre femme, Dieu (et sa mission) et un espace pour organiser son peuple.

c).   Le processus de libération

-          Le Dieu de Moïse (et d’Abraham) se solidarise avec un peuple qui décide de se libérer (Ex 3). Son nom signifie « je suis avec toi » comme libérateur : Dieu n’est pas neutre ; il se solidarise aves les victimes de l’injustice.

-          Moïse reçoit l’appui de son frère (prêtre : Ex 4,10) Aaron pour convaincre les Hébreux et obliger Pharaon (Ex 5) à les laisser partir pour réaliser un culte à leur Dieu.

-          La violence avant la sortie d’Egypte : l’assassinat systématique des premiers-nés (Ex 12,29).

-          Les astuces du passage de la mer Rouge : des gués qui se transforment en sépulture pour les chars de guerre du Pharaon (Ex 14).

-          Myriam (même mot que Marie), la sœur de Moïse, prend l’initiative de la célébration de la sortie victorieuse d’Egypte (Ex 15,20).

d).   Le processus d’organisation sociale

-          Equité au niveau économique : l’expérience de la « manne » (Ex 16,18 : reprise dans la prière du Notre Père -Matthieu 6,11-, le sens de l’Eucharistie -Jean 6,58-, la première Communauté chrétienne (Actes 2,45 et 4,35 et le partage entre Eglises avec saint Paul -2 Corinthiens 8,15) : permettre que chacun accède à ce dont il a besoin, ce qui empêche l’accaparement et l’accumulation par la propriété privée (… de tout contrôle).

-          Partage et séparation du pouvoir de décision au niveau politique (Ex 18,15) : avec le principe que nous appelons de « subsidiarité » qui veut que chacun décide à son niveau de responsabilité sans intromission du niveau « supérieur ». Cette organisation politique est copiée sur l’organisation du peuple dont est originaire la femme de Moïse.

-          Légalité juridique qui confirme le projet populaire nouveau : les 10 commandements (Ex 20). Ce projet s’est construit peu à peu et s’est institutionnalisé comme « la Constitution » du peuple hébreu. C’est un résumé des premiers « droits de l’homme ». Les « droits de Dieu » rappellent la dimension transcendantale de l’existence collective.

-          Célébration religieuse populaire (Ex 24,3) : célébration de la vie, participation de tous, symboles, engagement…

e).   Les difficultés et les joies du chemin

-          Le veau d’or (Ex 32) : la tentation de se faire une religion et une divinité à taille humaine.

-          « Dieu de tendresse et d’amour » (Ex 34,6) : Dieu est à la fois le « Très-Haut » et le « Très-Bas », le Tout-Proche et le Tout-Autre.

-          La mort de Moïse est racontée à la fin du livre du Deutéronome (34) : il y est appelé « prophète » que Dieu « connaissait face à face ».

f).    Les 10 commandements ont d’abord un objectif collectif : la défense du projet égalitaire et équitable de Moïse (20,1-17), opposé à l’esclavage connu en Egypte (20,2), esclavage justifiée par la religion. Trois commandements traitent des relations avec Dieu et 7 des relations entre les personnes

1.       « Tu ne feras pas de statue et tu ne te prosterneras pas devant elles ». Tu ne te feras pas une religion à ton image et selon tes intérêts.

2.       « Tu ne feras pas mauvais usage du nom de Dieu ». Pharaon utilisait la religion pour justifier une organisation sociale esclavagiste. Yahvé est le Dieu libérateur des opprimés. Tu n’utiliseras pas le nom de Dieu pour exploiter personne.

3.       « Souviens-toi du jour du sabbat (samedi) et sanctifie-le : pendant 6 jours tu feras ton travail, mais le 7e jour est un repos en l’honneur de Yahvé ». En Egypte, il n’y avait pas de jour de repos : il fallait produire sans cesse. Parce que tu es libre, tu ne travailleras pas 7 jours sur 7, mais tu te reposeras et tu te rappelleras de Dieu qui t’a appelé et aidé à être libre. Le travail n’est pas le plus important de la vie…

4.       « Entoure d’égard ton père et ta mère ». En Egypte, Pharaon était le père de tous, à obéir en toute circonstance. Tu respecteras les pères et mères de familles car ils t’enseignent une nouvelle manière de croire et de vivre personnellement et en société.

5.       « Tu ne tueras pas ». En Egypte, Pharaon avait droit de vie et de mort sur tous ses sujets. Tu respecteras la vie sous toutes ses formes, car la vie est détruite non seulement par les crimes et la violence individuelle, mais aussi par la faim, les maladies, l’analphabétisme, l’humiliation, le manque d’amour…

6.       « Tu ne commettras pas d’adultère », car tu ne respectes pas la femme. Ce commandement est un rappel de l’égalité entre l’homme et la femme.

7.       « Tu ne voleras pas ». En Egypte, les esclaves n’avaient aucun droit : on pouvait tout leur quitter. Tu n’enlèveras à personne ses moyens de vivre dignement : ses biens les plus indispensables, ni ses instruments de travail.

8.       « Tu ne porteras pas de faux témoignage ». Les bases du système social égyptien étaient le mensonge, la tromperie et la corruption. Dans tes relations, tu respecteras la vérité, la transparence et la dignité de chaque personne, en particulier dans les procès et devant les tribunaux.

9.       y 10. « Tu ne désireras rien de ce qui appartient à ton prochain ». La domination, la possession et accumulation des biens et propriétés étaient la règle en Egypte. Tu partageras et vivra dans l’égalité, en évitant l’accumulation et la possession indéfinies : tu désireras que tous aient autant que toi.

Il serait bon de reprendre la traduction française pour voir comment les 10 commandements originaux ont été trahis de diverses manières.

 

 

C. DEUX LIVRES DE LOIS ET UN DE COMPTABILITÉ…

… Avec quelques passages bien intéressants.

 

  1. Dans le Lévitique

a).   La raison d’une coutume juive : « Personne ne mangera du sang… car l’âme de tout être vivant est dans le sang » (17,11).

b).  Une leçon d’humanité (19,9).

c).  L’offrande des « prémices » ou des premiers fruits de la récolte (23,9)… pour ne pas oublier les dons de Dieu.

d).  Les Lois sociales : les Dix Commandements avaient une dimension collective mais ne précisaient pas les critères pour conserver la pratique de l’équité et l’égalité. Les lois sabbatiques et jubilaires s’en chargent.

-          Il y avait 3 « lois sabbatiques » s’appliquaient tous les 7 ans (en principe) : la terre cessait d’être cultivée pendant un an, les dettes étaient pardonnées et les étrangers esclaves pouvaient rentrer chez eux.

-          La « loi jubilaire » (tous les 50 ans, soit 7 semaines d’années : 7 x 7) reprenait les lois sabbatiques et organisait la révision de la propriété familiale qui ne pouvait se perdre ni se vendre.

 

  1. Dans le Deutéronome

-          Le nom de ce livre signifie « 2e loi » ou 2e série de lois.

-          La loi la plus importante : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes des forces » (6,5).

-          « L’homme ne vit pas seulement de pain ; tout ce qui sort de la bouche de Dieu est vie pour l’homme » (8,3b).

-          « Si un homme vient tout juste de se marier, il ne partira pas à la guerre » (24,5).

-          « On ne prendra pas en gage le moulin ni même la meule de dessus, car ce serait prendre ne gage la vie elle-même » (24,6)… « Si c’est un homme pauvre, tu lui rendras son gage avant le coucher du soleil (24,12)… et tu lui verseras son salaire le jour même » (24,15)

-          « Mon père était un araméen nomade… » (26,5).

-          « Cette parole est toute proche de toi… Je place devant toi la vie et la mort… Choisis donc la vie » (30,14,15,19).

 

  1. Dans les Nombres

a).   Il s’agit d’un livre de « recensements » et de souvenirs du temps de Moïse. Parmi ces souvenirs, il faut noter les moments de résistance et d’opposition à Moïse, ainsi que les déviations : visions réalistes d’un projet de société qui se construit au milieu de difficultés… normales.

b).   Curieux épisodes

-          « Le serpent de bronze (21,4-8) » qui avait la capacité de guérir ceux qui étaient mordue par un serpent. Aucune religion n’est totalement pure. Cette image du « serpent de bronze » est appliquée à Jésus en croix (Jean 3,14).

-          « L’ânesse » d’un « sorcier » étranger au peuple hébreu et qui lui voulait du mal, « voit » un ange envoyé par Dieu (22,23)… Et la malédiction termine par une bénédiction (24,15) ! Une façon surprenante de dire que le mal n’aura pas le dernier mot.

 

 

 II .  LE  TEMPS  DE  L’INVASION  ET  ORGANISATION  DE  LA  TERRE  PROMISE.

 

 

A. LES LIVRES APPELÉS « HISTORIQUES »

-          Ce sont les 4 livres de Josué, des Juges et les 2 livres de Samuel.

-          C’est l’époque où le projet socio-économique et politique de Moïse se met en route et arrive à un avoir un certain succès.

-          Cette histoire est enjolivée pour justifier une certaine idée du projet politique et religieux de l’époque où ces livres ont été écrits.

 

 

B. LE LIVRE DE JOSUÉ

 

  1. Aspects importants

-          Josué, l’adjoint de Moïse  (1) fut l’auteur du début de la conquête de la Terre Promise

-          Lorsque les Hébreux arrivèrent –par vagues successives– à la Terre dite « Promise » par Dieu, celle-ci était habitée, cultivée et organisée : c’était le pays de Canaan. Il s’agit donc d’une conquête progressive ou d’une invasion larvée et souvent violente.

-          Les premières lignes du livre de Josué (chapitre 1) sont la justification religieuse de la conquête du pays de Canaan.

-          De la prise de Jéricho (6) et de Gabaon (10), villes fortifiées qui barraient l’entrée au pays des Cananéens, on ne retient souvent que les murailles qui tombent comme par enchantement et du soleil qui s’arrête pour permettre la victoire des Hébreux. On oublie les massacres sin pitié (6,1 et 10,20,26).

-          Le renouvellement de l’Alliance (24) organisé par Josué a un double but : l’alliance avec Dieu ne peut être séparée de l’alliance entre les personnes. Ces assemblées populaires étaient également des lieux de décision.

 

  1. Leçons à tirer

a).   Pour exister comme nation, il faut 3 conditions. Ces mêmes conditions sont nécessaires si l’on veut changer la société et l’Eglise catholique.

-          Avoir un projet suffisamment défini pour mettre en marche une organisation différente de celle qui existe.

-          Etre un peuple suffisamment uni et motivé pour se donner les moyens de mettre en marche un projet commun.

-          Avoir un espace géographique ou physique pour la réalisation, organisation et structuration du projet en question.

b).   On peut faire un lien entre cette conquête par Josué et la conquête-invasion des Amériques par les pays européens il y a 400 ans. Les morts et les assassinats  se justifiaient « parce que les habitants n’étaient pas chrétiens » ou parce qu’on avait décidé « qu’ils n’étaient pas des personnes humaines »…

c).   Quant aux massacres fait au nom de Dieu… ce sont bien sûr des justifications a posteriori. On prête à Dieu des intentions… pas très catholiques. Rappelons les corrections qu’a apportées Jésus : « Celui qui frappe par l’épée, mourra par l’épée » (Matthieu 26,52).

d).   Un nouveau projet de société a besoin d’une base collective qui commence à le vivre et d’une spiritualité qui le motive et le justifie.

 

 

C. LE LIVRE DES JUGES

-          On pourrait appeler ces personnages des « héros et héroïnes », c’est-à-dire ceux et celles qui ont permis au peuple de Moïse de garder ou de retrouver le cap ou ses objectifs fondamentaux de liberté, foi et égalité-équité.

-          La « conquête » de la Terre Promise s’est faite progressivement, au long de plusieurs siècles.

-          Comme ailleurs, ces récits mêlent histoires et légendes.

-          Notons la place d’une héroïne (4), Déborah, appelée prophétesse, à côté d’une autre femme présentée comme un danger (Dalila pour Sanson, 16).

 

 

D. LES 2 LIVRES DE SAMUEL

-          Ce livre marque la fin d’une étape qui est en même temps la fin du projet socio-économique et politico-religieux de Moïse.

-          Samuel est le dernier des héros de l’époque tribale, qui me peut empêcher l’échec de la continuité du rêve de Moïse.

-          C’est le début de la monarchie avec Saül et David, les premiers rois, qui reviendront au projet hiérarchique de Pharaon et ses divinités.

 

  1. La fin d’une époque qui a su s’organiser -avec bien des erreurs- autour de 7 critères fondamentaux.

1. Face à la hiérarchie des divinités égyptiennes qui justifiaient la domination de quelques-uns sur une masse d’esclave, se confirme la foi en un Dieu unique qui, à son tour, fonde l’égalité des personnes et l’équité dans les relations.

2. En Egypte les terres étaient aux de quelques propriétaires (ou du seul Pharaon). Pour les Hébreux, la terre appartient à Dieu seul qui la donne, la prête à chaque famille : cela lui permet de vivre dignement et de n’être esclave de personne. La propriété familiale ne peut se perdre ; si elle est donnée en gage, elle est récupérée au bout d’une génération (50 ans : année jubilaire). Cela empêchait l’accumulation et l’exploitation.

3. Pharaon avait lui seul tous les pouvoirs et tous les droits. Les Hébreux, en s’organisant en clans (plusieurs familles) et en tribus (plusieurs clans), avaient leurs représentants à différents niveaux de décision. Cela empêchait tout dictateur, les pouvoirs absolus et les décisions sans control.

4. Les lois égyptiennes changeaient selon les besoins du Pharaon. Les Hébreux se donnèrent le Décalogue, c’est-à-dire une dizaine de lois permanentes qui soutenaient leur organisation sociale et religieuse.

5. En Egypte, l’éducation étaient le fait d’une minorité : la famille du Pharaon et de sa cour. Pour que chaque famille puisse accéder à « l’école » (les femmes en furent exclues), les Hébreux inventèrent une nouvelle écriture à l’exemple et grâce aux peuples voisins.

6. L’armée égyptienne était une organisation permanente de soldats payés qui pouvaient être égyptiens ou étrangers. Les Hébreux s’organisaient pour une autodéfense volontaire dans chaque clan, puis par tribu et enfin entre tribus, lorsqu’il y avait danger d’invasion et sujet de guerre. Tous défendaient ce qui était à tous, et il n’y avait pas de guerre d’agression.

7. En Egypte, les prêtres étaient des fonctionnaires rétribués par Pharaon ; ils possédaient de grandes propriétés et intégraient dans leur culte les sacrifices humains. Entre les Hébreux, les prêtres étaient originaires d’une des tribus, celle de Lévi (d’où les « lévites ») ; ils n’avaient pas de propriété terrienne, mais recevaient « dîmes et prémices ». Leur culte consistait à rappeler les récits fondateurs et célébrer la présence libératrice de leur Dieu.

 

  1. Les raisons des changements de cap et de l’échec du projet de Moïse

Une double organisation s’est fait sentir pour des besoins internes et des situations externes nouvelles.

-          Il fallait une résistance plus forte aux invasions des peuples voisins, et

-          La mise en route du commerce des produits avec les peuples voisins, vue l’augmentation de la production agricole et minière.

-          Ceci provoqua une centralisation des pouvoirs, des décisions et du culte. Le nouveau modèle n’assumait plus les mêmes orientations équitables, participatives et religieuses du projet de Moïse.

 

  1. Le prophète Samuel et les premiers rois

-          Le cantique d’Anne (2) inspira le Magnificat, la profession de foi que Luc (1,46) a mise sur les lèvres de Marie.

-          L’appel de Samuel, encore jeune, à être prophète (3) est une belle page.

-          Dans un premier temps (8), Samuel refuse la demande des anciens du peuple d’avoir en roi pour toutes les conséquences négatives qui peuvent en découler.

-          Samuel consacre Saül (9,11) comme premier roi. On est ver l’an 1000 aC.

-          Vient l’histoire de David (16) qui sera le 2e roi. C’est lui qui refera l’unité des tribus, la capitale et le temple Jérusalem. Est bien connue l’amitié entre David et Jonathan (2e livre de Samuel 1,5).

 

  1. Les 2 livres des Chroniques sont une nouvelle façon de présenter l’histoire du peuple de Jésus depuis le livre de la Genèse jusqu’au temps des rois.

 

 

 III .  LE  TEMPS  DES  ROIS  ET  DES  PROPHÈTES.

 

 

A. HISTOIRE DES ROIS

-          Cette période durera quelques 4 siècles.

-          La plupart des rois ne respecteront pas l’alliance conclue avec Moïse au Sinaï.

-          Les prophètes seront les gardiens du projet de l’alliance.

-          A la mort de Salomon (931 aC.), le 3e roi, fils de David, a lieu une division en 2 royaumes.

-          Le royaume du nord prend pour capitale Samarie. Il cessera d’exister 2 siècles plus tard.

-          Le royaume du sud, appelé « Juda » se maintiendra jusqu’en 587 aC., année de la destruction de Jérusalem par les Babyloniens et de l’exil à Babylone.

-          Cette division est à l’origine de l’opposition, jusqu’aux temps de Jésus, entre les juifs de Jérusalem et les Samaritains.

 

 

B. ASPECTS IMPORTANTS

-          La sagesse de Salomon est bien connue (2 Rois 3,4-28).

-          Le temple décidé par David fut construit par Salomon (2 Rois 1,6).

-          Salomon fut celui qui entreprit de favoriser le commerce avec les peuples voisins. La reine de Saba (2 Rois 10) vient du sud de l’Arabie (Yémen actuel).

-          L’exil à Babylone est la grande épreuve : sont déportés les autorités et les artisans. Il durera 50 ans : 587-538 aC.

 

 

C. MESSAGES DES PROPHÈTES ET DES PROPHÉTESSES

 

  1. Les premiers prophètes

-          Le prophète Elie était considéré, au temps de Jésus, comme le plus grand des prophètes.

-          On voit son souci des pauvres dans l’épisode de la veuve de Sarepta (1 Rois 17).

-          Sa rencontre au Sinaï avec Dieu par le signe d’une brise légère est célèbre (1 Rois 19,12).

-          C’est pour cette raison qu’il apparait dans l’épisode de la transfiguration de Jésus (Marcos 9,4).

-          C’est le prophète Elisée qui succède à Elie (2 Rois 2,13).

 

  1. Les « grands » prophètes

Les prophètes furent « les sentinelles et les gardiens de l’alliance”. Ils préparaient ainsi le Royaume de Dieu annoncé par Jésus qui reprendra le projet de Moïse.

a).   Isaïe fut le prophète du Messie.

-          « De leurs épées ils feront des socs de charrue… » (2,4).

-          « Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile… » (5,1).

-          « Malheur à vous les riches… » (5,1 et 10,1).

-          « Je suis un homme aux lèvres impures… » (6,5).

-          « Une jeune fille enfante un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel… » (7,14).

-          « Oui, un enfant nous est né… » (9,5).

-          « Le loup habitera avec l’agneau… » (11,6).

-          « Le Seigneur effacera les larmes sur tous les visages… ».

b).   Jérémie fut le prophète de la vérité.

-          Sa vocation : « Tu construiras y tu détruiras » (1,4-10).

-          Ne pas se tromper de religion (7,1-24) : « le temple : refuge de voleurs ? – Je n’ai pas demandé des holocaustes ni des sacrifices ».

-          « Pourquoi donc ma douleur est-elle continuelle ? » (15,10-21).

-          « Tu m’as séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire » (20,7-13).

-          Une nouvelle alliance (31,31-34 y 32,36-44).

c).   Ezéquiel fut le prophète de l’espérance parmi les exilés.

-          « Prophétise contre les bergers d’Israël » (34,1…).

-          « Ces ossements sont la maison d’Israël » (37.1…).

-          « Je vous donnerai un cœur nouveau » (36,24-30).

d).   Daniel est le prophète de l’annonce du royaume de Dieu.

-          Cette pierre qui détruit ce système de mort, c’est le Peuple des pauvres (2,44-45).

-          Prophétie du « Fils de l’homme » (7,9-14).

-          L’histoire de la belle Suzanne (13).

e).   Osée fut le prophète de la tendresse de Dieu.

-          « C’est l’amour sincère que je veux et non les sacrifices » (6,6).

-          « Je les conduisais avec des liens d’amour » (11,4 et 14,5).

f).    Amos fut le prophète de la justice sociale.

-          « Malheur à qui prononce, au lieu du droit, une sentence amère, et qui piétine la justice » (5,10).

-          « Fais que le jugement coule comme l’eau et la justice comme un torrent jamais à sec » (5,24).

 

  1. Les autres prophètes appelés « mineurs », ceux dont les écrits sont moins importants.

-          Joël : « Je répandrai mon Esprit sur tous les vivants » (3,1), ce qui eut lieu le jour de Pentecôte.

-          Michée : Bethleem, ville du bon pasteur (5,1-4). « Yahvé attend de toi rien d’autre que ceci : accomplir la justice, aimer la bonté et marcher humblement avec ton Dieu » (6,8).

-          Habacuc : « Pourquoi me fais-tu voir l’injustice » (1,3).

-          Sophonie : « Je laisserai subsister au milieu de toi un peuple humble et pauvre qui mettra sa confiance en Dieu » (3,12) : c’est l’Eglise des Pauvres souhaitée par le pape Jean 23.

-          Zacharie : « Ton roi vient à toi, humble, monté sur un ânon » (9,9) : Jésus entrera dans Jérusalem monté sur un âne.

-          Malachie : « Voici que j’envoie mon messager pour aplanir le chemin devant moi » (3,1) : annonce appliquée à Jean Baptiste.

 

  1. Conclusions

-          Jésus fut le plus grand prophète : celui de la réalisation du Royaume de Dieu à partir des pauvres.

-          Par notre baptême, nous avons la triple mission d’être « prophètes, prêtres et rois-pasteurs ». Nos groupes et nos Communautés chrétiennes ont également la mission d’être collectivement « une prophétie, un sacerdoce y les témoins du Royaume ».

-          Depuis Esdras et Néhémie les juifs d’Israël n’ont guère changé de statut « religieux » : il s’agit encore malheureusement d’une théocratie fondamentaliste et raciste.

 

 

 IV .  LE  TEMPS  DES  SAGES.

 

 

                Peut-être que les sages sont aussi importants que les prophètes… La sagesse est l’héritage et l’identité d’un peuple, l’expression vivante de sa culture. C’est ce qui lui permet de résister et d’être créatif. Rappelons ce qu’écrit saint Jacques : « La sagesse est noble, pacifique, capable de comprendre les autres et d’obéir, pleine d’indulgence et de bonnes initiatives ; elle est impartiale et jamais hypocrite » (3,17).

                La Bible regroupe en 2 parties la Sagesse et la Poésie du peuple de Jésus : une série de 6 livres sapientiaux et une autre de 6 contes. Elle y inclut 4 livres d’histoire.

-          Les 6 livres de Sagesse sont : les Proverbes, la Sagesse, l’Ecclésiaste ou Quohélet, le Cantique des Cantiques, le Siracide ou Ecclésiastique et les Psaumes,

-          Les 6 livres de contes sont : Job, Judith, Ester, Ruth, Jonas et Tobie.

-          Les 4 livres d’histoire sont ceux d’Esdras et Néhémie, ainsi que les 2 livres des Macchabées.

 

 

A. COMMENÇONS PAR QUELQUES DATES

 

538 :      Retour de l’exil de Babylone.

330 :      Invasion d’Alexandre le Grand (Grèce).

167 :      Résistance armée des Macchabées.

63 :         Invasion romaine avec le général Pompée.

44-4 :     Règne d’Hérode, nommé par les Romains.

6 :           Naissance probable de Jésus.

 

 

B. LES LIVRES DE SAGESSE

 

  1. Le livre des Proverbes réunit des dictons, des sentences, des présentations littéraires d’origine populaire, mais aussi empruntés à d’autres peuples : égyptiens et arabes.

-          Le mot juif « Quohélet » signifie « voix de la communauté ». Il s’agit d’un long discours qui anime la résistance aux impositions culturelles et religieuses des grecs.

-          « Sois fidèles à la compagne de tes premières amours » (4,15.20).

-          « Marchez sur les sentiers de la vérité » (9,1-6).

  1. Le livre de la Sagesse (70 aC.) veut aider à un discernement des évènements à la lumière de la foi.

-          « Les âmes des justes sont entre les mains de Dieu » (3,1-12).

-          « La beauté des créatures révèle la grandeur de Dieu » (13,1-5).

-          « Seigneur, donne-moi la sagesse » (9,1-18).

  1. Le Quohélet ou Ecclésiaste  (250 aC.) rejette la sagesse intellectuelle des grecs pour approfondir  la fraternité (11,2) et la relation avec Dieu.

-          « Tout est vanité » (3,1-9).

-          « Profite du moment présent » (8,7-12).

-          « N’oublie jamais ton créateur » (12).

  1. Le Cantique des cantiques est un hymne à l’amour : un livre « érotique » (1,2) de 2 amoureux qui s’expriment en toute liberté et poésie, où le nom de Dieu n’apparaît pas… C’est la valorisation de la femme et de l’amour physique.
  2. Le Siracide ou Ecclésiastique (180 aC.) insiste sur l’importance de l’identité religieuse.

-          « N’oublie jamais les pauvres » (4,1-10).

-          « L’ami fidèle est un vrai trésor » (6,5-17).

-          « Ne sois pas l’ami des riches » (13,1-14).

-          « faisons l’éloge des aïeux » (44,1-15).

  1. Les Psaumes

-          Nous y trouvons l’expression de la prière juive : se rappeler les merveilles de Dieu, crier son désarroi, rendre grâce, supplier.

-          On peut regrouper ces psaumes autour de 10 thèmes : l’histoire, le conflit entre la foi et la réalité, la souffrance, la loi de Dieu, les fêtes populaires, la recherche de Dieu, la nostalgie, le repentir, la nature et l’espérance.

-          Notons que le 1º psaume nous invite à la recherche du bien et le dernier à la fête.

 

 

C. LES LIVRES DE CONTES

 

  1. Judith (100 aC.). C’est l’histoire d’une femme qui n’accepte pas passivement les revers de la vie et de l’histoire (8,24 et chap. 13).
  2. Esther. Une femme juive, concubine du roi des perses, sauve les juifs exilés à Babylone de l’extermination. L’auteur veut confirmer la confiance en Dieu.
  3. Ruth nous raconte l’histoire de cette étrangère au peuple juif qui assume la religion juive pour les liens qui l’unissent à son amie (juive) Noémie : « Là où tu iras j’irai, là où tu resteras je resterai. Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » (1,16).
  4. Job, qui n’appartient pas au peuple juif (1,1), nous aide à réfléchir sur le problème de la souffrance des innocents. Est particulièrement surprenante pour l’époque la déclaration de Job sur la résurrection des morts (19,23-29).
  5. Jonas : Sa mission, contre son gré, est de sauver une ville étrangère : Ninive (1,2…), car Dieu aime tous les peuples (4,11). Jésus reprendra cela avec la Samaritaine (Juan 4,23).
  6. Tobie est l’exemple de fidélité dans la foi. Belle prière du couple la première nuit de noce : 8,4-9.

 

 

D. LES LIVRES D’ESDRAS ET DE NEHEMIE

-          Ce sont 2 livres historiques qui nous racontent la reconstruction du pays après le retour de l’exil à Babylone (538 aC.). Celui-ci dura une cinquantaine d’années. Un certain nombre de juifs restèrent à Babylone. D’autres revinrent et se mirent à reconstruire Jérusalem et le temple.

-          Ce travail fut organisé par 2 prêtres : Esdras et Néhémie. La loi de Moïse fut prise comme le centre de toute l’organisation sociale. C’est le début d’une théocratie : le pouvoir est centralisé par les prêtres, les lois sont exclusivement religieuses, l’insistance est mise sur la pureté de la race juive.

-          Notons que Néhémie utilisa les lois sabbatiques et jubilaires (chapitre 5) pour que soient possibles non seulement la reconstruction du pays mais aussi l’unité nationales entre ceux, les plus pauvres, qui étaient restés et ceux qui revenaient de l’exil : remise des dettes, libération des esclaves, récupération de la propriété familiale,

-          C’est cette situation que rencontrera Jésus et à laquelle il s’affrontera, car elle s’était transformée en domination et exploitation de l’immense majorité de la population.

 

 

E. LES 2 LIVRES DES MACCHABÉES

-          Il s’agit de la résistance armée (3,1-3) à l’invasion grecque (170-130 aC.).

-          La Bible fait de cette famille de résistant juifs des héros nationaux (2e livre 8,1-7).

 

 

 V .  LE  TEMPS  DE  JÉSUS  ET  DES  PREMIÈRES  COMMUNAUTÉS  CHRÉTIENNES.

 

 

A. JÉSUS EST AVANT TOUT LE PROHÈTE DU ROYAUME

 

  1. Revenir au Jésus des Evangiles et des premières Communautés chrétiennes

-          L’Eglise telle que nous la connaissons aujourd’hui a été fondée par l’Empereur Constantin au 4e siècle.

-          Jésus est venu pour l’établissement du Royaume de Dieu, c’est-à-dire un monde fraternel, juste et libre, à la suite du projet de Moïse. Le pape Paul 6 rappela clairement cet aspect dans sa lettre encyclique « L’Evangélisation des peuples » (8) en 1975 : « le Royaume est l’unique absolu ; tout le reste est relatif (Matthieu 6,33) ».

-          Les Evangiles sont le miroir de ce que vécurent 4 Communautés chrétiennes du premier siècle de notre ère en fidélité à la parole et la vie de Jésus.

-          A l’exemple des premières Communautés chrétiennes, nous avons à inventer notre manière personnelle et collective de suivre Jésus pour continuer sa mission : la croissance du Royaume à partir des pauvres (Luc 6,21) et de ceux qui optons pour leurs causes (Matthieu 5,3).

 

  1. Quatre manières de suivre Jésus en construisant le Royaume : les 4 Evangiles

-          Il nous est resté seulement 4 exemples écrits de la manière de suivre Jésus et construire son Royaume : les Communautés de Pierre (Evangile de Marc), de Paul (Evangile de Luc), de Jérusalem (Evangile de Matthieu) et de Jean. Les expériences des autres apôtres se sont perdues, encore qu’il reste au Moyen Orient (de l’Egypte à Irak) beaucoup d’Eglise en lien avec Rome qui se réclament descendants des apôtres.

-          Ces écrits furent rédigés 50 ans et plus après la mort et résurrection de Jésus. Ils reflètent l’expérience des Communautés correspondantes à leurs auteurs. Il ne s’agit pas d’une vie de Jésus, mais de 4 formes différentes de construire son Royaume.

-          C’est une manière de suivre le Jésus historique, pour corriger les présentations intellectuelles de saint Paul… qui ne parle pas du Royaume ni du Jésus historique !! (sauf quand il écrit « né d’une femme » Galates 4,4).

 

a)       L’Evangile de Marc

-          C’est le plus simple à lire, le plus ancien et le plus court.

-          Il reprend surtout l’itinéraire de Pierre, c’est-à- dire, la Communauté chrétienne de Rome.

-          Voici un plan de lecture : 1. Qui est Jésus (1,2-13). 2. Jésus au milieu du peuple (1,14-5,43). 3. Jésus défend la vie (8,22-9,12). 4. Jésus prépare ses disciples (9,11-10,52). 5. Les grands axes du Royaume: la vie et l’amour (11,1-13,33). 6 Jésus est le Messie et le Serviteur souffrant (14,1-15,47). 7. La mort n’est pas la fin de l’histoire (16,1-20).

b)       L’Evangile de Matthieu

-          Il s’adresse aux Juifs de Palestine pour démontrer que Jésus est le Messie annoncé dans l’Ancien Testament.

-          Il retrace, ainsi que Luc, la naissance et les premières années de Jésus, mais tous les 2 ont un but théologique et non pas historique.

-          Voici un plan de lecture : 1. La justice du royaume (les béatitudes ; 3-7). 2. Une justice qui libère les pauvres (8-10). 3. Une justice qui provoque des conflits (11,1-13,52). 4. Le nouveau peuple de Dieu (13,53-18,35). 5. L’entrée définitive du Royaume (19.25). 6. La pâque qui libère (26-28).

c)       L’Evangile de Luc

-          Les Communautés de saint Paul sont dispersées dans tout l’empire romain : elles sont surtout urbaines, réunissent des riches et des pauvres, où il y a beaucoup de convertis, où les femmes ont un rôle important ; à une époque de découragement et de rébellion.

-          Voici un plan de lecture : 1. Mission de Jésus en Galilée (4,13-9,50). 2. La montée à Jérusalem (comment suivre Jésus : 9,51-18,27). 3. A Jérusalem (le conflit mortel et les apparitions : 19,28-24,53).

d)       L’Evangile de Jean

-          La Communauté de Jean est itinérante, pauvre, pluriculturelle, persécutée ; elle s’organise autour du « disciple bien-aimé » dont l’autorité est indépendante et même supérieure à celle de Pierre.

-          Voici un plan de lecture : 1. Les signes de Dieu (au nombre de 7 :1,19-11,54). 2. L’exaltation (« l’heure » de Jésus de se révéler -« Je suis… »- : 13,1-20,31). 3. Le prologue (1,1-18) et l’épilogue (21,1-25) sont des ajouts postérieurs intéressants.

 

Voir en Annexe un « Profil de Jésus » : Jésus-Christ est le Seigneur du Royaume.

 

 

B. LES PREMIERES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES

 

  1. La foi de des premières Communautés : « Jésus-Christ est le Seigneur ».

-          Le point de départ des premières Communautés chrétiennes a été une relecture de la passion et la mort de Jésus.

-          La 2e étape fut le souvenir de ses paroles qu’elles écrivirent, mais qui se sont perdues (on en retrouve quelques-unes dans les Evangiles).

-          C’est seulement avec la 2e génération de chrétiens (après la mort des témoins directs de Jésus) que des auteurs écrivirent ce qui, de Jésus, les inspirait le plus pour suivre son exemple.

  1. La rupture des années 70

-          C’est en 70 que l’armée romaine détruit Jérusalem et oblige les juifs et les chrétiens à émigrer dans différents pays du bassin méditerranéen. C’est la fin la nation juive (reconstruite artificiellement en 1948 par les occidentaux).

-          C’est la destruction des Communautés chrétiennes de Palestine (Jérusalem, Samarie et Galilée).

-          Cette situation donne plus de force et d’importance aux Communautés fondées par saint Paul.

  1. Les formes d’Eglises de ces Communautés

-          Ce qui frappe le plus dans les Actes des Apôtres et les lettres de saint Paul, c’est la créativité et la diversité des formes d’Eglises et de ministères, où l’initiative des femmes fut prépondérante.

-          L’Apocalypse est encore un exemple de la diversité des Eglises d’Asie Mineure en proie aux persécutions romaines.

  1. Une invitation à la créativité

-          Laisser de côté les dogmes, les définitions, les morales… Le Concile de Nicée (325) curieusement ne dit rien de la vie de Jésus comme prophète du Royaume.

-          Construire ensemble le Royaume à partir des Evangiles, des expériences des premières Communautés et des exemples de 20 siècles qui peuvent nous servir aujourd’hui.

 

 

C. LES EGLISES DES ACTES DES APÔTRES

 

  1. Saint Luc nous présente une réflexion sur la vitalité et les difficultés (internes et externes) des premières Communautés chrétiennes, en particulier leur expansion progressive.
  2. Voici un plan de lecture

-          La Communauté chrétienne modèle (1-5) : c’est l’idéal des commencements.

-          La première évangélisation (6-9) : la Parole s’ouvre un chemin.

-          L’échec de l’évangélisation des juifs de la diaspora (10-13).

-          La fondation des premières Communautés en Europe (Grèce ; 14-18).

-          La croissance dans tout l’empire romain (19-22) : à Rome et en Espagne.

  1. Réflexions

-          Le modèle de Communauté chrétienne est toujours la référence incontournable : 2,42-47 et 4,32-37.

-          Les élections d’un remplaçant à Judas et des premiers diacres sont également une référence obligatoire, même si elle a été oubliée depuis : 1,15-26 et 6,1-7.

-          L’ouverture aux étrangers est notoire : Philippe baptise un éthiopien (8,26) et Pierre un romain (10,1).

-          Un Concile, le premier, confirme la caducité des lois juives (15,23-29) : le Concile est l’autorité suprême de l’Eglise.

-          La 2e partie du livre a Paul comme protagoniste presque unique, pour l’extension de l’Eglise dans le monde méditerranéen.

-          Les maisons particulières sont les lieux naturels de rencontres des premières Communautés chrétiennes.

-          Signalons le conflit entre Pierre et Paul qui permet à Pierre de corriger son erreur (Galates 2,10).

-          Notons également qu’il n’y avait pas de « culte » rendu à Jésus comme personne : l’important était la continuité de sa mission.

 

 

D. LES EGLISES DE SAINT PAUL

                Voici, à partir d’une neuvaine faite pour les Communautés Ecclésiales de Base, la vie et la mission de saint Paul…

 

  1. La vie et la mission de Paul (Philipiens 3,4-11).
  2. Un converti passionné de Jésus-Christ (28-41 ans).

-          La conversion de Paul : rupture et continuité (Actes 9,1 ; 22,4 ; 26,9).

-          Sa spiritualité grandit dans l’Eglise de Damas (Actes 9,1-19).

  1. Un missionnaire infatigable (durant 12 ans)

-          Ses 3 grands voyages missionnaires (Romains 15,18-21 ; 2 Corinthiens 11,23-30).

-          Un évangélisateur qui vivait du travail de ses mains (1 Corinthiens 4,10-14 ; 1 Thessaloniciens 4,11-12).

-          Le premier Concile à Jérusalem confirme les options de Paul (Actes 15).

-          Les femmes dans les communautés chrétiennes fondées par Paul (1 Tes. 2,7 ; Gal. 4,19 ; 1 Cor. 3,2 ; 2 Cor. 12,15 ; Php. 1,18).

  1. Prisonnier en Palestine et à Rome, il continue la coordination des Eglises qu’il a fondées (53 à 62 ans).

-          Grand organisateur des Communautés chrétiennes (Galates 2,8-10 ; 2 Cor. 11,28-29 ; 1 Cor. 9,22-23).

-          Ses conflits avec l’empire romain et son exécution à Rome (Actes 23,25-35).

 

 

E. LES EGLISES DE L’APOCALYPSE

 

  1. Précisions

-          Il s’agit d’un message d’espérance aux Eglises d’Asie Mineure, la Turquie actuelle, fondées par Jean, un disciple autre que l’évangéliste.

-          Ces Eglises s’affrontent aux terribles persécutions de l’empire romain dont elles réussiront à triompher par leur foi, leur résistance et le martyre.

 

  1. Poème d’Adelino Cordeiro, paysan brésilien, sur l’Apocalypse

« Regardons le futur que nous présente Jean:

Il est la création en ses commencements.

Ont disparu les pleurs, la mort et ses malédictions;

Notre fraternité, fruit d'organisation,

Est notre paradis en alliance avec Dieu.

Cette ville bénie est plus belle à ses yeux

Que la fiancée parée, aux bras de son époux:

Victorieuse du mal et du diable jaloux.

La douleur et la mort, le mal et la tristesse

Ont fait place à la vie, l'amour et la sagesse.

L'oppresseur offrira tout son or, mais en vain;

Pour lui un triste jour se lèvera demain.

Nous sommes Apocalypse, cité d'un Peuple fier,

Heureux, pauvre, frère et grand comme la mer.

Dieu veille, maternel, et Jésus, le Seigneur,

Etendent sur nous la paix, la fête et le bonheur.

Luttons tous bien unis, mais sans peur et sans haine;

Dieu couronne déjà nos efforts et nos peines ».

 

3.       Conclusion de Carlos Mesters, grand bibliste latino-américain (du Brésil).

« Jean a eu beaucoup de talent, de foi et de courage pour avoir su interpréter ainsi les évènements de son temps et en délivrer le message d'espérance et de lutte: il y voyait le Dieu de Jésus-Christ, fidèle et libérateur. Il sait que ce livre va rencontrer des interprétations erronées et des oppositions farouches, en particulier de la part de tous les empires et leurs complices. Mais heureux sommes-nous de pouvoir, avec le peuple des pauvres, comprendre un tel message et nous bénéficier! ».

 

 

CONCLUSION GÉNÉRALE

 

            Notre plus grand défi est d’être une Communauté chrétienne qui soit une expression vivante du Royaume inauguré par Jésus : il se construit avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté comme la fraternité universelle à partir des pauvres et à l’exemple de Jésus.

 

 

 

 Annexe :  JESUS – CHRIST  EST  LE  SEIGNEUR  DU  ROYAUME.

 

 

                Il ne s’agit pas seulement de connaître qui fut Jésus, mais surtout de le reconnaître vivant aujourd’hui dans toutes celles et tous ceux qui construisent son Royaume. A partir de cette expérience on peut mieux comprendre qui fut Jésus il y a 2000 ans, en quoi il a été le prophète du Royaume et que veut dire sa résurrection.

 

  1. L’homme Jésus de Nazareth

-          Il est originaire de Galilée, une région marginal de Palestine, connue pour son indépendance et ses nombreuses rébellions. Sa famille est pauvre : Joseph est menuisier de village en village.

-          Il continue le métier de son père, ce qui lui permet de connaître la géographie de sa région, ses gens, leurs coutumes, la domination romaine, la pauvreté des paysans sans terre, la religion juive et ses excès, les nombreux mouvements de résistance…

-          Le témoignage de Jean Baptiste est décisif : il continuera ce qu’il a commencé, non pour condamner, mais pour faire des pauvres les protagonistes du Royaume.

Humain, Jésus le restera toute sa vie, connaissant la soif, la fatigue, la solitude, l’amitié, les pleurs, la trahition, la torture et une mort ignoble, à cause de son option pour le Royaume de Dieu à partir des pauvres…

 

  1. Le Messie-Prophète du Royaume

Jésus se caractérise par la compassion, la miséricorde en faveur des pauvres. Cela lui révèle le sens de sa mission : construire le Royaume avec les pauvres. Un Royaume qui change les personnes, les relations entre personnes, en particulier avec les autorités religieuses (les juifs) et militaires (les romains) et l’organisation sociale en général. On ne lui laissera que 3 ans pour ce ministère itinérant.

-          Trois ans de paroles. Des paroles et des paraboles simples et profondes qui disent qui est Dieu -un père maternel-, ce qu’il veut -une peuple de frères et sœurs entre tous les humains. Pour lui, c’est cela être heureux dès aujourd’hui : c’est sa Bonne Nouvelle. Il va à la rencontre des plus pauvres ; il accueille tous ceux qu’il croise en chemin ou qui viennent à lui ; il parle de la vie, de la nature, des évènements ; il s’exprime surtout en paraboles, avec leurs images simples et toujours ouvertes ; il ne condamne personne ; il invite à vivre personnellement et en groupe ce qu’il annonce.

-          Trois ans de « miracles » comme présences du Royaume. Le projet de Dieu fait son chemin toujours et partout. Jésus va le manifester par ses miracles, c’est-à-dire, son activité transformatrice des personnes et libératrice de tout ce qui nous limite et nous détruit. Les miracles nous disent qu’une autre manière de vie personnelle, sociale et religieuse est possible, et que le mal n’aura pas le dernier mot. Ils nous montrent comment Dieu veut un monde de partage, de justice et de vie. Ceci sera le résultat d’une conversion personnelle et de changements socio-politiques et économiques qui permettent l’harmonie avec soi-même, les autres, la nature et Dieu. Les miracles de Jésus anticipent cette réalité.

-          Trois ans de conflits qui terminent par sa mort violente et injuste. Le mal et la méchanceté des hommes et des institutions ne se laissent pas vaincre sans luttes acharnées. Tout au long de sa vie Jésus affronte des conflits : avec sa famille qui le croit fou, avec ses voisins de Nazareth qui veulent le lancer dans un ravin, avec ses apôtres qui ne comprennent pas un royaume qui se construit à partir des pauvres, avec les autorités religieuses qui n’acceptent pas perdre leurs privilèges, avec l’envahisseur romain qui préfère la paix des cimetières…

Ces 3 ans de conflits, de miracles et de bonne nouvelles terminent par la mort en croix, qui n’est en fait qu’un échec apparent.

 

  1. Jésus-Christ est le Seigneur… du Royaume

Après la mort de Jésus, l’expérience de ses apôtres et disciples fut que l’amour était plus fort que la mort, la vérité plus que le mensonge, le service plus que l’injustice, la pardon plus que la haine… Jésus avait permis tout cela : il était ressuscité, vivant et actif dans les Communautés qui continuait son message, son exemple et sa mission. A partir de cette foi-là, tout change : il n’y plus de place pour le désespoir et la tristesse, ni pour des vies et des morts inutiles. Le mieux vivre est possible : c’est la culture de l’espérance, la foi, la fraternité, la justice, la paix, la joie… Jésus est à jamais le Seigneur de la vie et le chemin du Royaume. La présence de l’Esprit de Jésus transforme tout : le sens de la Bible, des paroles et des actions de Jésus, sa mort et sa vision du Royaume. C’est donc cela qu’il faut continuer pour vivre et faire vivre vraiment.

 

  1. Ensemble avec Jésus ressuscité nous sommes les témoins de son Royaume

C’est à nous maintenant d’être l’expression de Jésus et de sa Communauté de témoins. Ensemble nous pouvons être sa Bonne Nouvelle, renouveler ses miracles, passer de la mort à la vie, célébrer sa résurrection et manifester la présence de son Esprit. Cela se réalise d’une triple manière :

-          D’abord rencontrer ce Jésus à la manière de Paul sur le chemin de Damas : dans les exclus d’aujourd’hui et tous les groupes et les organisations qui construisent une monde meilleur. C’est là qu’il nous donne rendez-vous.

-          Ensuite communiquer cette foi-là : Jésus est vivant parmi nous et continue la construction de son Royaume grâce à nous et à toutes les femmes et les hommes engagés dans la défense et la promotion de la vie sous toutes ses formes : individuelle, collective et institutionnelle. Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin du Royaume qui n’a pas d’autre frontière que le mal sous toutes ses formes… L’Esprit est à l’œuvre partout où naît et croît la vie, l’amour, la justice…

-          Enfin célébrer les avancées du Royaume, dans des signes humains, chrétiens et religieux, adaptés à notre époque et à toutes les cultures. Ces avancées sont grandes et petites, visibles et cachées, quotidiennes et surprenantes… Elles sont le fruit de nos efforts et de nos luttes. C’est le temps de la fête, de l’amitié célébrée, du pain rompu sur la table du monde, de la vie donnée. Ces célébrations révèlent la dimension transcendantale de nos vies, de nos paroles et de nos activités ; elles nous réunissent dans une communauté humaine et croyante au-delà de toute barrière.

 

Aujourd’hui et chaque jour, Jésus-Christ nous dit et redit: « Confiance, j’ai vaincu le monde »… Construisons ensemble et avec lui le Royaume, parce que nous savons qu’il est le Seigneur du Royaume.