lunes, 9 de noviembre de 2015

Présentation originale sur les femmes amoureuses et subversives dans la Bible



FEMMES  AMOUREUSES  ET  SUBVERSIVES  D’ ISRAËL,  Anne  Soupa.

Témoignage chrétien, 16 Août 2015.

La Bible regorge d’histoires d’amour, qui nous disent, chacune à leur façon, comment l’amour bouleverse, renforce, trouble, inquiète. Jusqu’à oser dire que cet amour est le propre de Dieu.

Quand la Bible parle d’amour, elle le fait à sa façon. Elle est discrète, pudique et, surtout, elle a l’amour large. Présent bien au-delà de la chambre des époux, l’amour se déploie dans le quotidien et ne peut éviter la rudesse des temps, ce qui, pour nous modernes, ne le rend pas toujours facile à déceler. Ainsi, l’impératif le plus catégorique d’une femme n’est pas de trouver l’âme-sœur, mais de donner des enfants à son mari, à sa tribu, à son peuple, de trouver des protecteurs, en particulier si elle est veuve ou étrangère, de sauver sa peau si elle se trouve au centre d’un conflit armé. C’est dans ce contexte que, bien souvent, l’amour se fait subversif.
La stérilité, qui humilie et pousse à la répudiation de la femme, est le fléau majeur rencontré par les couples. La solution ? Dans les familles aisées, la maîtresse a recours aux servantes. Sarah, la femme stérile d’Abraham, a dû inviter son mari à aller vers sa servante Agar afin qu’elle lui donne des fils.
Mais si cette pratique des «mères porteuses » était admise en Israël, la Bible en souligne aussi les limites: une fois enceinte, Agar oublie qu’elle a une maîtresse. Sarah, furieuse, se plaint à Abraham qui la soutient, et elle maltraite Agar tant et si bien que celle-ci s’enfuit au désert et que Dieu lui-même devra lui porter secours. Sarah exerce de manière subversive une sorte de «droit à l’enfant», ce que d’ailleurs la loi lui accordait; les enfants nés d’une servante étaient de plein droit ceux de l’épouse.

Travailler pour se marier
Pourtant la Bible connaît aussi le sentiment amoureux et sait très bien en rendre compte. Les premiers touchés sont Rachel et Jacob, le petit-fils de Sarah. Au puits où il rencontre Rachel, Jacob en tombe amoureux fou. Il lui «donne un baiser puis éclate en sanglots » (Gn 29,11). Sanglot qui trahit l’émotion de l’amour, mais en annonce aussi l’avenir douloureux. En effet, rien ne sera simple pour ces deux-là…
Regardons plutôt : pour la main de Rachel, Jacob s’offre à travailler sept années au service de Laban, son futur beau-père. Mais, au soir des noces, celui-ci met sa fille aînée dans le lit de son nouveau gendre. Il lui faudra une rude négociation avec son Laban et la promesse de sept autres années de travail pour pouvoir s’unir à celle qu’il aimait. Mais le lit conjugal reste partagé entre les deux sœurs… S’installe alors entre elles une sourde rivalité, rythmée par les cycles mensuels des deux femmes: enceinte, pas enceinte ? Cruel aiguillon sans cesse planté dans le cœur de Rachel, qui s’épuise en tentatives infructueuses, tandis que Léa est féconde… Enfin, après que Léa et les servantes ont donné dix fils à Jacob, Rachel accède enfin au statut de mère. Mais elle mourra en donnant naissance à son second fils, Benjamin. Rachel aura vraiment vécu sous un ciel plombé de nuages : son père, sa sœur, la stérilité, l’épuisement de son corps, tout se sera ligué contre elle… Cette figure souffrante est saisissante tant elle parvient à traduire le renoncement, la promesse impossible à tenir, l’incomplétude humaine, l’inévitable exil. Elle dit cette expérience humaine que l’on fait lorsqu’on s’approche des marges de l’humanité: l’amour ne peut tout. La subversion par l’amour ne serait pas, si elle ne craignait l’éventualité de l’échec.

Une «prostituée» rusée
Dès la génération suivante, des descendants d’Abraham surgit un autre type de subversion, elle aussi aimantée par la question de la descendance. On la doit à l’un des fils de Léa, Juda, héros bien malgré lui d’une ruse qui sera «féconde». Juda perd son fils aîné. Conformément à la loi, la jeune veuve, Tamar, peut épouser le frère du défunt, afin d’être protégée du dénuement. Mais celui-ci meurt à son tour. Juda, inquiet, refuse à Tamar, malgré la loi, son troisième et dernier fils, de peur que lui aussi ne meure.
Un beau jour, Juda, devenu veuf à son tour, croise sur son chemin une femme voilée, signe distinctif des prostituées, et il sollicite ses faveurs. «Que me donneras-tu ?», dit la femme. Judas donne son sceau, son cordon et sa canne. Quelques mois après, Juda, ayant appris que sa belle-fille était enceinte, demande… qu’elle soit brûlée vive! Tamar -car c’était elle qui s’était déguisée en prostituée- fait savoir que le père de l’enfant est celui à qui appartiennent le sceau, le cordon et la canne qu’elle présente alors. Juda est démasqué. «Elle est plus juste que moi», reconnaît-il humblement. Les jumeaux nés de cette union seront comptés comme fils de Juda. Tamar restera toujours leur mère.
Par le détour de la prostitution, subversion s’il en est, mais avec la loi de son pays comme appui, cette femme démunie a exercé son droit à la conjugalité. Passant par le déshonneur, Tamar a sauvé son honneur. Voici un bel exemple de relativisation des interdits sociaux lorsqu’un intérêt supérieur est en jeu.
C’est encore l’histoire d’une périlleuse relation entre une mère et son enfant qu’illustre le récit de l’enfance de Moïse. Devant la condamnation à mort de tous les enfants mâles des Hébreux, une femme, ayant accouché d’un fort bel enfant, le cache puis met au point un subterfuge pour qu’il vive. Elle l’abandonne sur une nacelle qu’elle laisse dériver sur le Nil jusqu’à ce que la fille de Pharaon aperçoive l’enfant et, bien sûr, veuille le sauver. La sœur de Moïse, qui -comme par hasard- traînait dans les parages, propose une nourrice qui sera… la vraie mère de l’enfant. Tendre et riche histoire, qui montre qu’une mère peut aimer au point de renoncer à son statut de mère. Celle qui a enfanté à présent accepte de n’être que la servante… Il y faut pas mal d’abnégation. Subversion douce, dépossession aimante.
Il faudrait encore parler de Rahab, la prostituée de Jéricho, qui abrite les envoyés des Hébreux et en eut la vie sauve; de Bethsabée qui conquiert le cœur de David et pour laquelle celui-ci commet un crime odieux; de Ruth l’étrangère démunie qui, par amour de sa belle-mère, accepte de rester en Israël alors qu’elle vient d’un pays honni. Tamar, Rahab, Ruth et Bethsabée sont les seules femmes à figurer dans la liste des ancêtres de Jésus (Mt 1,1-17). Signe évident que la bienséance, la pureté du sang, la conformité à la Loi ne suffisent pas à donner la vie.

Subversion de l’amour
Il y a davantage encore en matière de subversion par l’amour. Il suffit pour s’en rendre compte de lire le récit de feu des deux amants du Cantique des cantiques. L’érotisme qui s’y exprime est libéré de tout tabou: baisers de la bouche, caresses meilleures que le vin, lèvres au ruban écarlate, seins comme des faons, ventre qui s’émeut, abdomen comme un monceau de blé… Les corps chantent et, hors ce «Cantique des corps», rien, ni parents, ni chômage, ni soucis d’argent, ne vient entraver le libre jeu de l’amour: les amoureux sont seuls au monde. Sommes-nous ici à l’acmé de la subversion par l’amour ? Oui, à condition d’observer, comme l’a fait magistralement Nicole Jeammet(1), que cet amour va passer au feu de la forge. D’un amour passion, en miroir, idéalisé, il va devenir au fil des chants un amour fait de l’acceptation heureuse de l’autre et de sa nécessaire distance. Une fois ceci observé, il reste enfin à se demander si la subversion la plus inouïe n’est pas encore à découvrir.
Si ce livre aussi osé a été accepté dans le Canon des Écritures juives et chrétiennes -après bien des débats- c’est parce qu’on a vu dans l’amour du couple la métaphore de l’amour de Dieu et du croyant, ou de l’Église. Dieu aime comme un homme aime une femme, ou comme une femme aime un homme. Si l’amour humain devient capable de signifier l’amour de Dieu, n’avons-nous pas atteint l’absolu de la subversion par l’amour ? Plus encore, si l’amour est placé en Dieu même, est-il encore subversif ? Ce qui est devenu le langage même de Dieu n’est-il pas devenu, en quelque sorte, le bien commun?

(1) Nicole Jeammet, Amour, sexualité, tendresse : la réconciliation ?, Éd. Odile Jacob, 2005, 256 p. 23,90 €.

martes, 26 de mayo de 2015

Bienvenue aux immigrants!!!



EQUATORIENS  EXPLOITÉS  EN  FRANCE
Une  saison  en  enfer

LE MONDE - 14.04.2015 à 11h23 - Mis à jour le 14.04.2015 à 20h 37 – Par Jean-Baptiste Chastand.

Ce 7 juillet 2011, il fait une chaleur caniculaire dans la vallée du Rhône. Au Domaine des Sources à Maillane, une petite commune de la plaine de la Durance au sud d’Avignon, le thermomètre de Météo France indique jusqu’à 34°C à l’ombre. Après une journée de travail harassante à ramasser des fruits, Iban Elio Granda Maldonado s’effondre. Déshydratation sévère. La logique aurait voulu que les secours soient immédiatement appelés. Mais l’homme âgé de 33 ans est équatorien, arrivé depuis seulement quelques semaines en France et employé par une société d’intérim espagnole basée en Andalousie.
Après de longues minutes, un responsable de la société d’intérim finit par arriver et emmène discrètement Iban à l’hôpital d’Avignon. Il y décédera quatre jours plus tard. Si l’hôpital n’avait pas prévenu la gendarmerie, une enquête n’aurait probablement jamais été ouverte. Procureur à Tarascon, Christian Pasta se souvient très bien de cette affaire. « C’est à partir de là qu’on a découvert Terra Fecundis. » Spécialisée dans la main-d’œuvre agricole sud-américaine, cette société d’intérim est déjà présente depuis dix ans dans tout le sud de la France.
Mais elle connaît alors une progression fulgurante qui continue aujourd’hui. Des Landes à la Drôme, mais aussi jusqu’en Anjou et en Bourgogne, l’entreprise fait désormais travailler dans les campagnes françaises jusqu’à 5.000 ouvriers agricoles, en très grande majorité équatoriens, mais aussi des Boliviens, selon l’inspection du travail. L’entreprise évoque de son côté le chiffre de 3.500. Des Sud-Américains dans les champs ? Les agriculteurs en ont pris l’habitude. « Ils sont toujours au travail et contents de travailler », vante un producteur d’asperges des Landes, qui a massivement recours à leurs services depuis trois ans.

L’ENTREPRISE FACTURE ENTRE 14 ET 15 EUROS L’HEURE DE TRAVAIL AUX AGRICULTEURS. C’EST UN PEU PLUS CHER QU’EN EMPLOYANT DES SALARIÉS FRANÇAIS, MAIS LES AGRICULTEURS N’ONT À SE SOUCIER DE RIEN
L’entreprise facture entre 14 et 15 euros l’heure de travail aux agriculteurs. C’est un peu plus cher qu’en employant des salariés français, mais les agriculteurs n’ont à se soucier de rien. « Au final ça revient moins cher parce qu’ils sont plus vaillants », se félicite ce producteur. Un problème ? Le salarié est remplacé dans la journée. « Les Equatoriens ont la réputation d’être des gens bosseurs et de tenir la route. On peut les faire travailler la journée entière », abonde une autre productrice landaise, Cécile Cheri, qui dit pourtant refuser d’y avoir recours. « On fait un produit du terroir sur une petite exploitation, ce n’est pas pour faire venir des gens de l’autre bout du monde pour les ramasser. » Mais la FNSEA des Landes défend sans ciller la pratique.
Après avoir ramassé des asperges dans les Landes en mars, les salariés de Terra Fecundis iront récolter des fruits l’été dans la vallée du Rhône, puis faire les vendanges en Bourgogne ou en Italie. Pour gérer tous ces déplacements, l’entreprise a même mis en place sa propre compagnie de bus. Les « Terra Bus » sillonnent les petites routes de ferme en ferme, emmènent les Equatoriens au supermarché le week-end. Et entre deux transports d’ouvriers, il leur arrive même d’assurer le transport scolaire de certains établissements privés des Bouches-du-Rhône. « Les chauffeurs ne parlent même pas français », lâche, désabusé, le conducteur d’une compagnie concurrente.

« AVEC LES MAROCAINS [SOUS CONTRAT FRANÇAIS], IL FALLAIT PRÉVOIR DES DATES DE RÉCOLTE. AVEC [LES SUD-AMÉRICAINS], C’EST BEAUCOUP PLUS SIMPLE », EXPLIQUE RÉMY ROUX, REPRÉSENTANT LOCAL DE LA FNSEA.
Sur les seuls départements de la Drôme, des Bouches-du-Rhône et du Gard, l’inspection du travail estimait en 2014 que près de 300 agriculteurs avaient fait appel aux services de ceux qu’on appelle ici les« Latinos ». Le représentant local de la FNSEA, également encarté au FN, Rémy Roux, n’y voit pas d’inconvénient : « Avec les Marocains [sous contrat français], il fallait prévoir des dates de récolte. Avec eux c’est beaucoup plus simple. »
Les agriculteurs avouent ne pas connaître le fonctionnement réel de Terra Fecundis et surtout les conditions de travail des salariés, qui intriguent depuis plusieurs années l’inspection du travail et la justice. « C’est impossible d’avoir des infos, c’est un peu le régime de la terreur », lâche Nicolas Duntze, représentant de la Confédération paysanne dans le Gard. Tous les ouvriers de Terra Fecundis sont sous contrat espagnol et présents en France sous le statut de travailleur détaché. Ce statut permet de payer les cotisations en Espagne, mais le droit du travail français est censé s’appliquer. « Beaucoup ne restent qu’entre huit et dix mois en France, avant d’être renvoyés en Espagne. Nous avons des contrats à durée indéterminée mais sans heures garanties », explique Ricardo (les prénoms des salariés ont été modifiés), qui ne témoigne qu’avec grand-peur, persuadé qu’il perdra immédiatement son travail s’il est identifié. 
La société a recours à des contrats « permanents intermittents », confirme Celedonio Perea, PDG espagnol de Terra Fecundis. Basé à Murcie, en Andalousie, il utilise ces contrats pour ne pas avoir à payer les salariés quand il n’a pas de travail à leur fournir. M. Perea affirme que tout cela est parfaitement légal. « On a eu des centaines d’inspections et il n’y a jamais eu aucune sanction. »

LES SALARIÉS RENCONTRÉS PAR « LE MONDE » ASSURENT NE PAS TOUCHER PLUS DE 7 EUROS NET PAR HEURE, TRAVAILLER SOUVENT LE DIMANCHE, SANS JAMAIS AUCUNE MAJORATION.
Pour en convaincre la presse et l’inspection du travail, il a même récemment recours aux services d’une pointure des relations publiques: l’ancienne communicante de Xavier Bertrand au ministère du travail, Gwladys Huré. Mais cette stratégie n’a pas réussi à lever les soupçons des autorités françaises. « Les salariés n’ont apparemment pas de congés payés et le décompte de la durée du travail ne permet pas de s’assurer que les heures supplémentaires sont majorées », explique un inspecteur du travail, sous couvert d’anonymat, regrettant que les contrôles soient rendus très difficile faute de fiches de paye détaillées.
Les salariés rencontrés par Le Monde assurent ne pas toucher plus de 7 euros net par heure, travailler souvent le dimanche, sans jamais aucune majoration. « S’il y a une urgence, on peut travailler douze, treize heures par jour, le maximum que j’ai travaillé c’est même quatorze heures », témoigne Francesca, une autre salariée qui a quitté l’entreprise.
Des points fermement contestés par Celedonio Perea. « S’ils travaillent le dimanche, c’est parce qu’il a plu dans la semaine et que le client a décidé de reporter une journée de travail. Et nous entendons que les heures supplémentaires soient respectées, jusqu’à présent on n’a pas eu de réclamation des salariés », affirme-t-il. Pendant la présence en France, ses cadres, baptisés « encalcados » (responsables), sont chargés aussi bien du contact avec les agriculteurs que de la surveillance des travailleurs. Ils donnent uniquement 150 euros toutes les deux semaines aux salariés pour faire leurs courses.
En juillet 2014, une salariée espagnole a témoigné sur un site d’information espagnol des conditions déplorables d’hébergement dans une exploitation, « sans eau, ni électricité, ni fenêtre, avec des matelas pisseux ». Mais pour partir avant la fin de la campagne, Terra Fecundis lui réclamait, par contrat, 200 euros « d’amende ». « Nous avons vu deux ou trois clients où les logements n’étaient pas corrects, convient le PDG. Mais s’il y a un employé qui ne finit pas son travail et veut partir, il paye son retour, c’est logique. »
Officiellement, Terra Fecundis fournit une carte européenne d’assurance-maladie à ses salariés. Mais Francesca comme Ricardo assurent que dès qu’un salarié est blessé, il est rapatrié immédiatement en Espagne. Cela aurait été le cas pour une travailleuse à moitié écrasée par une camionnette. « C’est juste que notre mutuelle décide en cas d’accident du travail si le salarié est opérable en France ou en Espagne », conteste M. Perea.
Si les salariés de Terra Fecundis galèrent pour quelques euros de l’heure, les affaires de Celedonio Perea sont florissantes. En 2012, la société a déclaré 41,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, réalisé à plus de 60% en France, et a engrangé 6,2 millions d’euros de bénéfice. Ces deux chiffres avaient plus que doublé en trois ans.
A travers sa filiale d’investissement immobilier, Terra Fecundis promet même désormais aux Equatoriens d’acheter une maison à crédit, qu’il faudra ensuite rembourser avec leurs salaires. La société se vante également de donner des bourses aux enfants et des cours de français, mais les salariés interrogés par Le Monde n’ont pas vu la trace de ces avantages. « Si je pouvais aller voir ailleurs, j’irais. Et tout le monde chez Terra Fecundis ferait ça », assure au contraire Ricardo.

POUR ÉVITER TOUTE RÉBELLION, TERRA FECUNDIS RECOMMANDERAIT AUX AGRICULTEURS DE SÉPARER LES GROUPES DE TRAVAILLEURS LOCAUX ET ÉQUATORIENS POUR QU’ILS NE COMMUNIQUENT PAS.
Sur le plan économique, Terra Fecundis est en train de déstabiliser le marché du travail agricole en concurrençant toujours plus les travailleurs sous contrat français. Selon Jean-Yves Constantin, syndicaliste de la CFDT spécialisé dans le secteur agricole, la société fournit désormais plus de 20 % de la main-d’œuvre des Bouches-du-Rhône. « Il y a même des lycées qui sont en train de se demander s’il faut continuer à former des CAP. » Pour éviter toute rébellion, la société recommande aux agriculteurs de « séparer les groupes de travailleurs locaux et équatoriens pour qu’ils ne communiquent pas », selon Francesca.
Cela n’a pas suffi à empêcher plusieurs affrontements cet été entre travailleurs équatoriens et marocains. « On leur dit qu’il n’y a plus de travail pour [ces derniers] », s’inquiète Ursula Warnbrodt, une militante associative du droit des étrangers. Selon M. Perea, tous les Equatoriens étaient déjà présents sur le territoire espagnol avant d’être recrutés, mais les salariés interrogés, tout comme l’inspection du travail, assurent qu’une partie d’entre eux arrivent directement depuis l’Equateur.
Saisie depuis plusieurs années, la justice française semble avancer au ralenti sur ce dossier rendu très complexe du fait du recours au détachement depuis l’Espagne, où l’inspection du travail du pays ne semble pas préoccupée du problème. Après de longs débats juridiques entre parquets, une enquête préliminaire pour « travail dissimulé en bande organisée » a finalement été ouverte en septembre 2014 à la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, qui centralise désormais les investigations.
L’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre le travail illégal, qui tente de démontrer l’illégalité des prestations de Terra Fecundis. De l’autre côté, l’information judiciaire pour homicide involontaire ouverte à Tarascon sur le décès d’Iban Elio Granda Maldonado est au point mort, après quatre changements de juge d’instruction en trois ans. « C’est un scandale, en se mettant en spectatrice passive de la mort d’un salarié agricole, la justice française couvre des employeurs, puisqu’il ne s’agit que d’un “pauvre” ouvrier latino », dénonce Jean-Yves Constantin, qui s’est porté partie civile.
Les abus des travailleurs immigrés ne sont certes pas nouveaux dans l’embouchure du Rhône, qui a une longue histoire en la matière. Mais le syndicaliste l’assure : jamais il n’a vu de système « d’une perversité aussi redoutable » que celui de Terra Fecundis.

Jean-Baptiste Chastand, journaliste en charge du social et de l'emploi.

sábado, 4 de abril de 2015

Le "Pacte des Catacombes" de 40 évêques latinoaméricains à la fin du Concile



L E   « P A C T E   D E S   C A T A C O M B E S »


Le 16 novembre 1965, peu avant la clôture de Vatican II, une quarantaine d’évêques, dont les noms ne sont pas connus, se réunirent dans la Catacombe de Ste. Domitilla et signèrent un pacte concernant la richesse, les pompes et les cérémonies dans l’Eglise catholique. Le 7 décembre 1965, la veille de la clôture officielle du Concile Vatican II, ils diffusèrent parmi leurs confrères, ce qu’ils appelèrent le « Schéma XIV », allusion aux 13 « schémas » préparatoires des grands textes, lignes directrices que la Curie avait distribuées aux « Pères conciliaires » avant les Assemblées délibératives.


Nous, évêques réunis au Concile Vatican ; ayant été éclairés sur les déficiences de notre vie de pauvreté selon l’Evangile ; encouragés les uns par les autres, dans une démarche où chacun de nous voudrait éviter la singularité et la présomption ; unis à tous nos frères dans l’Episcopat ; comptant surtout sur la force et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, sur la prière des fidèles et des prêtres de nos diocèses respectifs ; nous plaçant par la pensée et la prière, devant la Trinité, devant l’Eglise du Christ, devant les prêtres et les fidèles de nos diocèses, dans l’humilité et la conscience de notre faiblesse mais aussi avec toute la détermination et la force dont Dieu veut bien nous donner la grâce, nous nous engageons à ce qui suit :

1)     Nous essayerons de vivre selon le mode ordinaire de notre population en ce qui concerne l’habitation, la nourriture, les moyens de locomotion et tout ce qui s’ensuit.
2)     Nous renonçons pour toujours à l’apparence et à la réalité de richesse spécialement dans les habits (étoffes riches et couleurs voyantes), les insignes en matière précieuse : ces insignes doivent être en effet évangéliques.
3)     Nous ne posséderons ni immeubles, ni meubles ni comptes en banque, etc., en notre propre nom ; et s’il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des œuvres sociales ou caritatives.
4)     Nous confierons, chaque fois qu’il est possible, la gestion financière er matérielle, dans nos diocèses, à un comité de laïcs compétents et conscients de leur rôle apostolique, en vue d’être moins des administrateurs que des pasteurs et apôtres.
5)     Nous refusons d’être appelés oralement ou par écrit des noms et des titres signifiant la grandeur et la puissance (Eminence, Excellence, Monseigneur). Nous préférons être appelés du nom évangélique de Père.
6)     Nous éviterons dans notre comportement, nos relations sociales, ce qui peut sembler donner des privilèges, des priorités ou même une préférence quelconque aux riches et aux puissants (ex. : banquets offerts ou acceptés, classes dans les services religieux).
7)     Nous éviterons d’encourager ou de flatter la vanité de quiconque en vue de récompenser ou de solliciter les dons, ou pour toute autre raison. Nous inviterons nos fidèles à considérer leurs dons comme une participation normale au culte, à l’apostolat et à l’action sociale.
8)     Nous donnerons tout ce qui est nécessaire de notre temps, réflexion, cœur, moyens, etc., au service apostolique et pastoral des personnes et des groupes laborieux et économiquement faibles et sous-développés, sans que cela nuise aux autres personnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons les laïcs, religieux, diacres ou prêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers en partageant la vie ouvrière et le travail.
9)     Conscients des exigences de la justice et de la charité et de leurs rapports mutuels, nous essayerons de transformer les œuvres de « bienfaisance » en œuvres sociales basées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de toutes les exigences, comme un humble service des organismes publics compétents.
10)  Nous mettrons tout en œuvre pour que les responsables de notre gouvernement et de nos services publics décident et mettent en application les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l’égalité et au développement harmonisé et total de tout l’homme chez tous les hommes et par là l’avènement d’un autre ordre social, nouveau, digne des fils de l’homme et des fils de Dieu.
11)  La collégialité des évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise en charge commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale – les 2/3 de l’humanité- nous nous engageons :
-        à participer, selon nos moyens, aux investissements urgents des épiscopats des nations pauvres ;
-        à acquérir ensemble, au plan des organismes internationaux mais en témoignant de l’Evangile, comme le pape Paul VI à l’O.N.U., la mise en place de structures économiques  et culturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de plus en plus riche, mais qui permettent aux masses pauvres de sortir de leur misère.
12)  Nous nous engageons à partager dans la charité pastorale notre vie avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs pour que notre ministère soit un vrai service ; ainsi :
-        nous nous efforcerons de « réviser notre vie » avec eux ;
-        nous susciterons des collaborateurs pour être davantage des animateurs selon l’Esprit, que des chefs selon le monde ;
-        nous chercherons à être plus humainement présents, accueillants ;
-        nous nous montrerons ouverts à tous, quelle que soit leur religion ;
13)  Revenus dans nos diocèses respectifs, nous ferons connaître à nos diocésains notre résolution, les priant de nous aider de leur compréhension, leur concours et leurs prières.
Que Dieu nous aide à être fidèles.

Source : Informations catholiques internationales, 1er janvier 1966.
Édité ces jours (22 février 2015) par www.baptises.fr
Voir aussi: http://nsae.fr/2010/01/31/le-%C2%AB-pacte-des-catacombes-%C2%BB/#sthash.HXH6muRU.dpuf
(www.nsae.fr es le site de ‘Nous Sommes Aussi l’Eglise’).



Más datos

E L   P A C T O   D E   L A S   C A T A C U M B A S

¡Magnífico y evangélico! este pacto de las catacumbas de estos cerca de 40 obispos, liderados por Hélder Cámara. Gestos como éstos se echan muy en falta en los pastores de hoy, tan preocupados por otras cosas… (Redacción de R.C.).
Un grupo de obispos durante el Concilio Vaticano II, en 1965, reunidos en la catacumba de Santa Domitila, suscribieron el Pacto de las Catacumbas, con el liderazgo de Dom Hélder Câmara, en un intento valeroso de tratar de reflejar mejor la Iglesia de Jesús, comunidad de los creyentes.
El 16 de noviembre de 1965, pocos días antes de la clausura del Concilio, cerca de 40 padres conciliares celebraron una eucaristía en las catacumbas de santa Domitila. Pidieron “ser fieles al espíritu de Jesús”, y al terminar la celebración firmaron lo que llamaron “el pacto de las catacumbas”.
El “pacto” es una invitación a los “hermanos en el episcopado” a llevar una “vida de pobreza” y a ser una Iglesia “servidora y pobre” como lo quería Juan XXIII. Los firmantes -entre ellos muchos latinoamericanos y brasileños, a los que después se unieron otros- se comprometían a vivir en pobreza, a rechazar todos los símbolos o privilegios de poder y a colocar a los pobres en el centro de su ministerio pastoral.

http://diegodemedellin.cl/iglesias/