jueves, 25 de diciembre de 2014

Bonjour et Mon parcours de foi (février 2014)

Guayaquil, jeudi 25 décembre 2015.

Bien chers/ères amis/es, bonsoir.
Je pense que vous allez bien.

Après un an de vacances (vu que je n'ai rien mis sur ce blog), je reprends la charrue.
En fait j'ai été agréablement surpris du nombre de visites... ce qui me dait dire que les documents servent à un certain nombre d'entre vous.
Je reprends donc mes apports... en vous souhaitant bonne lecture et bon courage dans vos activités.

Voici un texte qui vous dit où j'en suis au nieveau de ma foi et de mes options.

Je vous souhaite de bien terminer l'année 2014.

Bien fraternellement.
Pierre.


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Guayaquil, février 2014.

Bien chers/ères amis/es, bonjour.
Je pense que vous allez bien.

J’ai adressé le courrier ci-dessous à mon neveu, Rémi : il va se marier cet été prochain (août 2014) et m’a demandé de bénir son mariage. Pour parler un peu plus le même langage, je lui au envoyé mon parcours personnel au sujet de ma foi et mes options.
C’est avec plaisir que je vous le partage.

« …
La génération dont vous faites partie s’est éloignée de la religion chrétienne et de ses pratiques religieuses… ce que je comprends. Ce qui est inconnu pour moi, c’est : qu’avez-vous gardé de cette tradition religieuse ? Il doit rester quelque chose ou beaucoup ou même rien : cela se reflètera d’une façon ou d’une autre dans la célébration de votre mariage. Car je pense que vous ne voulez pas faire cette célébration parce que « ce n’est une pas mauvaise habitude ! », ni que « ça fait bien de passer à l’Eglise ! », ni que « ça fait plaisir à la famille ! », etc. Dans ces cas, nos « guitares » seraient plutôt « désaccordées »… et cela « sonnerait faux ».

Rémi, je voudrais te faire part de ma conception religieuse et ses conséquences dans mes options de vie. Je vais tâcher de faire simple et clair. Quels sont donc les grands axes qui guident ma vie, ma foi et mes engagements ?

1.      Je te dirai d’abord que je suis très loin de la religion de mon enfance.
-         Je ne vais pas te décrire les étapes par lesquelles je suis passé pour en arriver à ma foi d’aujourd’hui.
-         Je suis également très loin de beaucoup de  croyances et pratiques religieuses de l’Eglise catholique. C’est au Nicaragua, dans les années ’90 que je me suis dit : « Suivre aveuglement les normes du Vatican et des évêques : c’est fini ! » Alors, qui me guide ?

2.      Une nouvelle vision de Dieu
-         C’est un des grands changements qui de fait remet tout en cause, pour réorganiser l’ensemble de mes croyances. La crise généralisée de la foi m’a fait découvrir Dieu d’une autre manière.
-         Pour moi, Dieu n’est pas hors de nous ni hors du monde : les images du ciel où serait Dieu et de l’enfer où iraient les ‘méchants’ sont des mythes comme ceux des premières pages de la Bible sur la création du monde (Adam et Eve, le jardin, la désobéissance, le châtiment…).
-         Dieu est intérieur à nous et au monde, comme l’âme de l’univers, la source de l’Energie vitale et amoureuse qui nous habite.

Alors quelle a été ma boussole ? Réponse : Suivre le chemin des pauvres réunis dans ces groupes chrétiens appelés ‘Communautés Ecclésiales de Base’ (CEBs). Depuis cette époque (années ’90) je n’ai pas changé de « pôle » : en fait c’est plutôt le pôle sud que le pôle nord… (Déjà en Algérie, années 1965-67, j’avais lu un livre intitulé : « Les pauvres nous évangélisent »… sans tout comprendre).

3.      Ma vie, ma foi et mes engagements reprennent les manières de vivre, de croire et de lutter des pauvres engagés dans les CEBs et les organisations sociales (du moins j’essaye).

a)      Que sont les CEBs ?

-         Leurs manières de vivre.
Les membres des CEBs sont des chrétiens des secteurs pauvres de la campagne et de la ville qui ont trouvé dans leur foi en Jésus des motifs suffisants forts pour vivre la fraternité entre voisins, lutter contre leur pauvreté y s’engager pour une société plus juste. Jésus révèle un Dieu libérateur des pauvres.
Les CEBs sont formées de petits groupes principalement d’adultes (disons une quinzaine de voisins) qui se réunissent chaque semaine pour partager leur vie -joies, difficultés, évènements, projets, engagements…-, cherchent à éclairer ces situations à partir des expériences décrites dans la Bible, en tirer des conclusions qui changent leurs manières vivre, de croire et de transformer ce qui les dégrade y dégrade leur voisins.
Dans ces réunions hebdomadaires, il y a toujours une lecture d’un texte biblique, un moment de prière et souvent le partage de quelque chose à manger… C’est fraternel, vrai, joyeux.
Ma manière de vivre s’inspire des options que je viens de décrire. Quant aux pauvres, je suis arrivé à cette définition : Est pauvre celui qui n’exploite personne et partage ; est riche celui qui exploite et ne partage pas.

-         Leurs manières de croire.
En lisant la Bible, ce qui a attiré l’attention des membres de CEBs, c’est principalement 3 aspects majeurs :
1.      La découverte de Jésus comme homme dont les 2 qualités principales sont la compassion (envers ceux qui souffrent) et la révolte (contre un système religieux et politique qui produit et organise leur situation de souffrance et de misère). En cela, Jésus est la révélation de Dieu, miséricordieux et rebelle.
2.      L’importance de l’évènement appelé ‘l’exode’, c’est-à-dire, la sortie des Hébreux (les premiers aïeux de Jésus : 1.200 ans auparavant) de l’esclavage d’Egypte grâce à leur leader Moise. Ils décrivent Dieu comme celui qui les pousse et les accompagne à se libérer. Cela marque le début du peuple de Jésus qui s’organise de telle façon que soit impossible entre eux l’esclavage.
3.      Le message des prophètes (dans les années de 1.000 à 500 avant Jésus-Christ), ces hommes et femmes qui dénoncent les injustices causées par les déviations des autorités de l´époque qui reviennent au temps de l’esclavage…, c’est-à-dire l’exploitation, la domination, la violence…
A son époque, Jésus s’inspirera de ces 2 évènements pour entreprendre un mouvement de transformation des personnes (conversion), transformation des pauvres comme auteurs des changements autant au plan religieux que politique et économique, transformation des structures religieuses et sociales de son époque : Jésus appela cela ‘le Royaume’ que souhaite Dieu.
Ma foi est donc celle-là : Jésus un homme exceptionnel (parmi d’autres) ; la vie, une lutte contre les injustices et pour le Royaume, c’est-à-dire, pour une nouvelle façon de s’organiser en société et en Eglise comme disciples de Jésus.

-         Leur manière de lutter.
Les gens des CEBs découvrent que la récupération de leur dignité passe par un double changement : changement religieux et changement social, dont ils sont les artisans (avec d’autres). Celui-ci commence par des changements personnels, puis familiaux et professionnels. Ils apprennent à s’organiser entre voisins pour plus de fraternité, de partage, de conscience et de respect de leurs droits. Viennent ensuite des engagements dans des organisations sociales, des syndicats, des mouvements politiques…
Aujourd’hui (en Equateur les CEBs ont 40 ans d’expérience, une expérience partagée au niveau de toute l’Amérique Latine), beaucoup de gens des CEBs sont dans des postes de responsabilité au niveau social et politique.
Toutes ces ‘nouveautés’ ont été systématisées et écrites dans de nombreux livres qui forment de qu’on appelle « la théologie de la libération ».
Mes engagements vont donc dans cette direction : intégration, accompagnement, solidarité, manifestations, capacitation… avec les pauvres organisés dans les CEBs et les organisations sociales, pour une nouvelle manière de vivre en société… afin que les personnes et les structures religieuses et sociales changent.

4.      La dimension religieuse de ma vie et de ma foi
-         Je me sens toujours ‘catholique’, puisque j’assume le message, l’exemple et le projet de Jésus (le Royaume), transmis par l’Eglise catholique.
-         Je me sens ‘prêtre’, puisque je conçois le sacerdoce comme un double service :
. D’une part aider les chrétiens à se convertir à Jésus (d’abord un homme), à former des Communautés chrétiennes fraternelles et solidaires, et célébrer avec eux la présence du Royaume en marche dans nos vies et nos activités.
. Et d’autre part, confirmer et me solidariser tous les gens qui vivent et luttent pour la fraternité, la justice, l’équité, la beauté… comme offrandes agréables à Dieu.
Ces options ont été définies, dans leurs grandes lignes, para les évêques latino-américains lors d’une leur réunion en 1968 (à Medellin en Colombie), pour appliquer les orientations de l’Eglise catholique définies dans une réunion mondiale des évêques : le Concile, convoquée au Vatican en 1962-65. Cette réunion de Medellin est « la boussole des chrétiens du pôle sud ».

En arrivant en Equateur en 1976, je suis rentré dans ce chemin-là.

Actuellement le pape François, originaire d’Argentine, connaît bien ce chemin : en 2.007, il était le secrétaire de la dernière (la 5e) réunion des évêques latino-américains, au Brésil. Il s’en inspire pour une transformation de l’Eglise catholique.
… »

               Bonne lecture… en attendant vos commentaires.
               Bien fraternellement.

Pierre

PS. Je vous joins un document sur l’Eglise des pauvres en français qui m’a agréablement plu.