miércoles, 31 de agosto de 2022

Le Royaume comme projet de vie et de société.

 

LECTURE SOCIO-POLITIQUE DE LA BIBLE

A partir de la Genèse 1 et 2.

Pedro Pierre, Guayaquil, août 2022.

CONTENU: Bible et Economie, polítique, ideologies ett spiritualité. 

La Bible nous présente l’histoire du petit peuple du Moyen Orient que fut le pays de Jésus de Nazareth. Le grand message de la Bible, c’est la découverte, par ce peuple, de la présence active de Dieu dans son histoire. La première caractéristique de cette révélation de Dieu est d’être avec les victimes de l’injustice comme un compagnon de route et de libération. 

Cet aspect n’est guère approfondi : Quelle fut la manière de ce petit peuple croyant en Dieu de vivre l’économie, la politique et les idéologies ? En voici une brève présentation pour que nous, les chrétiens, découvrions nos responsabilités dans ces domaines qui nous concernent tous. Jésus reprendra tout cela dans son projet du Royaume qu’il présenta à la synagogue de Nazareth (Luc 4,16-20).

En ces temps de crise sociale profonde et de recherche d'un nouveau modèle de société, nous allons approfondir ce que la Bible peut nous offrir aujourd'hui. Nous sommes habitués à penser que la Bible nous donne des réponses presque exclusivement religieuses à nos problèmes. Nous ne passons pas beaucoup de temps à découvrir comment était organisée la vie du peuple de Palestine qui nous a donné le livre le plus lu de la planète. La Bible ne nous donne pas la réponse immédiate à nos problèmes, mais elle peut nous donner des chemins et des critères qui confirment qu'une autre et meilleure façon de vivre en société est possible. Nous allons essayer de découvrir ce que le peuple de la Bible nous enseigne sur l'économie.

 1. ECONOMIE ET BIBLE

L’économie ne se limite pas seulement aux questions financières, mais surtout à la façon dont sont organisées la manière de vivre des personnes et des peuples, et la répartition des biens et des richesses sur terre selon une vie décente pour tous. L'histoire que la Bible nous raconte n'est pas seulement spirituelle mais aussi économique. Elle nous présente comment le peuple de Jésus dès ses débuts, Jésus lui-même et les premiers chrétiens, ont fait face à ce défi économique.

Les premiers ancêtres du Peuple de la Bible étaient un couple, Abraham et Sarah, qui ont décidé de quitter la terre où ils étaient nés et travaillaient. Ils étaient mécontents de l'organisation sociale des rois qui les maintenait dans l'exploitation ; de plus ces derniers la justifiaient grâce à la religion. Ils choisirent de chercher plus de chance ailleurs. Ils se rendirent compte que cette décision provenait d'un appel divin. Il s’agissait d’un groupe de familles cherchant à vivre dans une plus grande familiarité et une plus grande équité. Ils désiraient une distribution de biens matériels et de subsistance correspondant à la satisfaction des besoins fondamentaux de chaque famille. Dans cette migration, ils ont fait l'expérience d'un Dieu proche et ami. Partant de Mésopotamie ils sont arrivés sur les terres de la Palestine actuelle où eux et leurs descendants se sont installés.

Après plusieurs générations, une famine obligea ces descendants d'Abraham et de Sarah à se réfugier en Égypte, mais dans une situation d'esclavage qui dura plusieurs siècles. Durant tout ce temps-là, ils conservèrent la mémoire d'Abraham et de Sara ainsi que la dévotion au Dieu qu'ils leur avaient enseignée.

Cette mémoire et cette foi les ont aidés à sortir d'Égypte grâce à l’initiative d'un autre couple, Moïse et sa sœur Myriam (Exode 2,7-12). Comme leurs premiers ancêtres, ils décidèrent de retourner sur les terres de Canaan-Palestine. Ils reprirent donc le projet d'Abraham et Sarah : liberté collective, fraternité équitable et foi en un Dieu ami. Comme ce fut le cas pour Abraham et Sara, ils découvrirent que Dieu les accompagnait dans leur processus de libération et dans leur décision de vivre librement, fraternellement et équitablement.

Dans le désert du Sinaï, le plus grand défi était la survie : comment ne pas mourir en voulant le traverser ? Une expérience marquante leur a fait découvrir la nécessité d'organiser un partage équitable entre les familles. Sur la route du désert, ils ont trouvé une plante qui produisait des graines particulières. Elles étaient comestibles, mais ne se conservaient pas plus d'une journée. Ce fut l'expérience de la manne que nous raconte le livre de l'Exode (16,13-21). "Chacun ramassait ce qui était nécessaire aux gens dans sa tente... Quand ils le mesurèrent au décalitre, ni ceux qui avaient ramassé beaucoup n'avaient plus, ni ceux qui avaient ramassé peu avaient moins : chacun avait sa ration."

Dans cette traversée du désert qui dura 40 ans, soit le temps de toute une génération, le peuple de Moïse a vécu une expérience « économique » comme un signe de Dieu. Leur organisation « économique » de partage équitable les a amenés à reconnaître que le Dieu de leurs ancêtres continuait de les accompagner en ami, comme conseiller et libérateur avec eux, les esclaves d'Egypte et les pauvres du désert.

Une fois en Canaan, cette coutume de partage équitable fut complétée par des lois qui limitaient l'accumulation de terres et d'argent : « Il ne doit y avoir aucun pauvre parmi vous ». Tous les 7 ans, les dettes étaient remises à ceux qui ne pouvaient pas vraiment les payer : c'était la loi de l’année 'sabbatique'. Tous les 50 ans, les biens saisis ou vendus étaient restitués à leur premier propriétaire : c'était la loi de l’année "jubilaire" ou "l'année de grâce du Seigneur". Il faut savoir que, dès l'arrivée en Canaan, la distribution des terres favorisait chaque famille et la loi était que la terre ne s'achète ni ne se vend.

Quelques siècles plus tard, Jésus de Nazareth venu « annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres » reprend le projet de Moïse et Myriam et « proclamer l'année de grâce du Seigneur » (Luc 4,19). De plus, Jésus et le groupe des 12 apôtres, firent "sac commun". En leur enseignant la prière du Notre Père, Jésus les invite à demander : "Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien". Et l'Eucharistie allait être « la nouvelle manne descendue du ciel » : la nourriture du partage (Jean 6,31-34).

Dans la parabole des ouvriers engagés pour travailler dans une vigne (Matthieu 20,1), à la fin de la journée ils reçurent tous le même salaire, sans avoir travaillé le même temps, car le salaire doit couvrir le pain quotidien pour toute la famille. Quant aux premiers chrétiens, nous savons qu'"ils mettaient tout en commun : parmi eux il n'y avait personne dans le besoin" (Actes 4,32-34).

Il semble que beaucoup de baptisés dans la foi de Jésus ont complètement oublié ses paroles et ses pratiques, ainsi que celles des premières communautés chrétiennes... comme si nous n'étions pas les descendants d'Abraham et Sarah, de Moïse et Miriam et des premiers chrétiens. Pourquoi ne nous inspirons-nous pas des leçons économiques que nous donnent le peuple de la Bible, Jésus et les premiers chrétiens ? Nous enfouissons le Royaume dans les sacristies et « au ciel » ! alors que nous avons là des alternatives économiques à l’actuelle situation nationale tant désastreuse. Faisons honneur au nom de chrétiens que nous portons et soyons de dignes et courageux descendants d'Abraham, Sara, Moïse, Miriam et bien d'autres.

 2. POLITIQUE ET BIBLE

Le but de la politique est l'organisation harmonieuse de la coexistence nationale et le souci du bien commun. La Constitution est la norme la plus élevée qui guide toutes les lois, définit les institutions et relie tous les citoyens. La Cour constitutionnelle définit l'interprétation de la Constitution. L'ensemble des institutions et entités nationales s'appelle « l'État » et est dirigé par cinq pouvoirs indépendants : le pouvoir législatif, l’exécutif, le judiciaire, le citoyen et l’électoral. Le pouvoir législatif est composé de membres élus qui forment l'Assemblée législative, chargée d’élaborer les lois et de superviser le pouvoir exécutif. Le pouvoir exécutif est constitué par le gouvernement qui comprend le président, le vice-président, les ministres et les gouverneurs de province. Le pouvoir judiciaire est constitué par la Cour nationale de justice qui interprète les lois, veille à leur application et nomme les juges ; les avocats aident à défendre les droits des citoyens. Le pouvoir citoyen nomme et contrôle les directeurs des différentes institutions et entités étatiques, surveille et sanctionne les auteurs et complices de la corruption ; ses membres sont élus au suffrage universel. Le pouvoir électoral reconnaît les mouvements et partis politiques, organise les élections nationales, provinciales et locales, compte les voix et proclame les candidats.

La démocratie participative repose sur l'égalité de tous les citoyens, la participation aux pouvoirs de l'Etat, le respect des droits de l’homme et la défense des victimes d'abus et de maltraitance. La démocratie ne fonctionne pas, d'une part, lorsque le gouvernement, dépassant ses attributions, intervient dans les autres pouvoirs de l'État, favorise la corruption, bafoue les droits humains, facilite l'accumulation des richesses et des biens, contrôle les médias. D'autre part, la démocratie ne fonctionne pas lorsque nous, citoyens, nous désintéressons de l'organisation de notre pays, de nos droits inscrits dans la Constitution, et surtout lorsque nous ne participons pas aux espaces offerts par les différents pouvoirs de l'Etat. Un pays a le gouvernement qu'il mérite et un gouvernement fait ce que nous lui permettons en tant que citoyens. La plupart de nos maux proviennent de notre désintérêt, de notre individualisme et de notre passivité.

Si nous lisons attentivement la Bible, nous découvrirons qu’elle nous parle de l'organisation politique du Peuple de Moïse et de Sara. Les 10 commandements sont le résumé de son projet politique : Ce sont les 10 points majeurs de sa Magna Carta, c'est-à-dire les fondements de sa Constitution. Nous avons fait des 10 commandements de simples normes individuelles, déformant leur objectif initial, qui était et est la défense de l'organisation et des institutions du Peuple de Jésus.

Dans les premiers commandements, il nous avertit que la vision de Dieu détermine l'organisation sociale. En croyant en un seul Dieu créateur de l'humanité, il s’avère que tous les humains sont égaux et ont des droits et des devoirs égaux. En croyant en un Dieu libérateur, les membres du Peuple de Dieu en ont déduit la perversité de l'esclavage, qui naît principalement de l'accumulation des biens et de la domination des propriétaires sur les non-propriétaires. Les autres commandements traitent de la coexistence harmonieuse entre tous grâce au respect de la vie, de la famille, de la vérité, du repos hebdomadaire, des outils de travail.

Grâce à l'expérience des peuples du désert du Sinaï, Moïse et Myriam ont organisé la décentralisation des décisions. Le beau-père de Moïse leur proposa de s'organiser en groupes avec un responsable ayant pouvoir de décision : « Tu choisiras du milieu du peuple des hommes de valeur qui craignent Dieu, des hommes sincères qui refusent de se laisser corrompre, et tu les mettras à leur tête comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante et chefs de dix. Ils rendront la justice dans ton peuple en tout temps et, s’il y a une affaire importante, ils te la présenteront. Mais ils jugeront les petites affaires, et ta charge sera moins lourde car ils la porteront avec toi » (Exode 18,21-22). Qu'est-ce qu'on est loin de cette organisation "biblique" ! Quelle tristesse de ne pas trouver de mouvements ou de partis politiques où des chrétiens sont épris de la Bible et décidés à pratiquer ce modèle participatif d'organisation politique ! Combien peu de disciples de Jésus de Nazareth sont conséquents pour revendiquer leurs droits ou pour s’indigner du choix de personnes responsables, sans critères sociaux, par un petit groupe de prétendus animateurs de partis qui décident selon leurs intérêts matériels !

En son temps, Jésus reprit ce projet de Moïse et Myriam : il l'appela le Royaume de Dieu. De plus, il a clairement dénoncé les 3 tentations qui finissent par renier Dieu en transformant l'organisation sociale en domination de quelques-uns sur la grande majorité. Ces 3 tentations sont la recherche du pouvoir sans participation, de l'argent sans limite et de la renommée sans engagement. À ses apôtres, il les a avertis : « Ceux qui font figure de chefs se conduisent en dictateurs, et les grands personnages abusent de leur autorité. Cela ne devra pas être ainsi entre vous. Si l’un d’entre vous veut être grand, qu’il se fasse serviteur » (Marc 10,42-43). Combien avons-nous besoin de revenir à la vision politique de la Bible pour dénoncer au nom de Dieu les responsables de la misère que nos autorités nous imposent, de la marginalisation à laquelle elles nous condamnent, de la confusion qu'elles entretiennent, de la violence ils provoquent ! Il est plus que temps de se réveiller et de décider de vivre humainement et fraternellement.

3. L'IDÉOLOGIE ET ​​LA BIBLE

Les idéologies expriment les différents projets sociaux qui guident l'économie et la politique. Ils sont issus de 5 espaces sociaux : l'enseignement scolaire, les cultures, les médias, les mouvements et partis politiques et les religions. Nous avons tous notre idéologie consciente ou inconsciente, car nous recevons tous en permanence les influences de ces 5 espaces. Les idéologies se divisent en 2 principales : celle des gouvernants riches et celle des dépossédés. Nous entrons tous dans l'une de ces 2 idéologies : nous sommes soit en faveur des riches, soit en faveur des pauvres’

Les riches imposent l'idéologie capitaliste, c'est-à-dire l'accumulation de biens et de richesses sans limites entre leurs mains. Cette situation crée la pauvreté qui est causée par l'exploitation et l’appauvrissement des travailleurs. Le système capitaliste est une violence permanente : C’est le moyen qu’il utilise pour se maintenir. Les travailleurs ont toujours cherché à se débarrasser de la domination des riches. Dans les temps modernes, 2 idéologies alternatives anticapitalistes ont émergé : le socialisme et le Bien Vivre. L'idéologie communiste est une branche plus radicale du socialisme. Le système capitaliste est un système esclavagiste qui a duré sans grande opposition depuis l'époque de la Révolution française en 1789 : Celle-ci a marqué la fin de l'ère féodale. Quant à l'Église catholique, elle a pris ses distances avec le capitalisme il y a à peine 70 ans avec le renouveau produit par le Concile Vatican II.

Le mot « socialisme » fut utilisé pour la première fois en 1766 par le moine italien Ferdinando Facchinei lorsqu'il reprenait les propositions de 2 personnalités françaises célèbres, idéologues de la Révolution française, qui lui étaient contemporaines. L'un est l'écrivain Jean Jacques Rousseau qui a proposé un "contrat social" entre l'État et la nation, fondé sur la liberté et l'égalité sociale. L'autre était le philosophe Henri de Saint-Simon, considéré comme le « père du socialisme », qui proposait une répartition plus équitable de la richesse nationale comme tâche de l'État.

On peut reprendre ici la lettre des évêques nicaraguayens, datée de novembre 1979, en faveur du socialisme, qui était l'option du gouvernement sandiniste : « Si le socialisme signifie la prééminence des intérêts de la majorité des Nicaraguayens et un modèle d'économie planifiée, avec la solidarité nationale et progressivement participative, nous n'avons rien à redire. Si le socialisme implique une diminution croissante des injustices et des inégalités traditionnelles entre les villes et les campagnes, entre la rémunération du travail intellectuel et manuel ; s'il signifie participation du travailleur, aux produits de son travail, dépassement de l'aliénation économique, il n'y a rien dans le christianisme qui implique une contradiction avec ce processus. Si le socialisme suppose un pouvoir exercé dans la perspective de la grande majorité et de plus en plus partagé par le peuple organisé, pour qu'il aille vers un véritable transfert de pouvoir aux classes populaires, là encore il ne trouvera que motivation et appui dans la foi chrétienne. Si le socialisme conduit à des processus culturels qui éveillent la dignité de nos peuples et leur donnent le courage d'assumer des responsabilités et de revendiquer leurs droits, c'est une humanisation qui converge avec la dignité humaine que notre foi proclame ».

Actuellement, la vision du Bien Vivre social des peuples indiens est devenue une proposition universelle de changement social qui promeut le protagonisme organisé des pauvres et la coexistence harmonieuse avec la nature : « Nous offrons au monde la culture de la vie, c'est-à-dire le chemin de la vie heureuse", selon les mots du vice-président bolivien, David Choquehuanca. Les grands axes du Bien Vivre sont : Le travail au service du bien-être de tous, l'identité comme première source de dignité, une vie collective équilibrée suscitant la justice sociale, la liberté naissant de la solidarité, l'harmonie avec la nature assurant la santé, l'éducation communautaire comme mère de la sagesse.

Rappelons-nous les 3 piliers de l'organisation du Peuple de Jésus tels que nous les transmet la Bible : liberté collective, équité, et foi en un Dieu libérateur. Jésus de Nazareth reprendra ces 3 voies pour la réalisation du Royaume de Dieu. Son option idéologique est que tout cela soit l'œuvre de pauvres conscients, organisés et déterminés. « Heureux les pauvres car le Royaume de Dieu est à eux ! » (Luc 6,20). Saint Paul confirme cette option lorsqu'il écrit aux chrétiens de Corinthe : « Dieu a choisi ce que le monde considère comme ridicule pour ridiculiser les sages, et il a pris ce qui est faible en ce monde pour humilier les forts. Dieu a choisi ce qui est commun et méprisé en ce monde, ce qui ne compte pas, pour réduire à rien tout ce qui compte » (1 Corinthiens 127-29). Pour ces raisons, le pape François rencontre régulièrement les grands mouvements sociaux mondiaux, car il les considère comme les principaux protagonistes d'une organisation sociale plus conforme à la dignité humaine, à la coexistence sociale et aux droits de la nature. Dans sa Lettre encyclique « Nous sommes tous frères et sœurs », il nous exhorte à construire « la fraternité universelle par la fraternité sans frontières, l'amitié sociale, l'amour politique et une spiritualité libératrice ».

Nous, les chrétiens, devons nous décider à faire une lecture économique, politique et idéologique de la Bible, car c'est l'histoire d'un peuple pauvre qui a décidé de vivre dans la liberté, la fraternité et l’équité au nom de sa foi en un Dieu ami, compagnon et libérateur. De cette façon, nous pourrons apporter plus efficacement notre grain de sable à la construction d'un pays et d'un monde plus humains et plus heureux. Si, entre nous tous, nous prenons la vie au sérieux, respectons les autres et la nature, nous léguerons un monde habitable aux générations futures.

Nous devons tirer les conséquences de notre idéologie personnelle, consciente ou inconsciente, car nous collaborons tous soit au chaos de notre pays, soit à sa résurgence harmonieuse selon notre manière de vivre et de croire. La mise en place d'un pays digne et heureux est entre nos mains.

 CONCLUSION : “L’ARBRE DU ROYAUME” ou « DE LA VIE EN PLÉNITUD »

Avec l'image l'un arbre nous pouvons visualiser une analyse de la réalité à la lumière de la Bible. Les chapitres 1 et 2 de la Genèse nous présentent « la création du monde », ou plutôt le projet de Dieu sur le monde.

Dans sa lettre encyclique de 1975 sur « L'évangélisation des peuples », le Pape Paul VI a écrit une phrase lapidaire : « Le Royaume est le seul absolu » (8). De fait, le mot 'Royaume' est le plus utilisé par Jésus, selon les Evangiles : Une centaine de fois. Jésus est venu pour l’instauration du Royaume et il peut très bien être défini comme 'Le Prophète du Royaume'. 

Voyons les différentes étapes du récit biblique de la création pour comprendre le projet de Dieu, son rêve, que Jésus a appelé le Royaume, c'est-à-dire un monde de fraternité.

 

- Dieu est à la racine et à l'origine de toute la création.

- En créant, Dieu partage ce qu’il est, c'est-à-dire Vie, Amour et Communauté. 

- Pour lui et à son image, l'HARMONIE est l'axe et le but de l'univers tout entier. La mal detruit cette harmonie quand cessons de la respecter et la promouvir. C'est l'espace de notre spiritualité.

- Dieu a d'abord créé les 4 éléments, puis les plantes et les animaux : c'est la NATURE dont le destin est, selon Dieu, d’être partagée entre tous les humains pour le bien de tous. Tout cela va être le domaine de l'ÉCONOMIE (voir note CH plus bas), c'est-à-dire l'organisation des liens de l'être humain avec la nature et du partage de toutes les richesses nationales. Dans cet espace, le mal s'introduit avec l'accumulation. Voir Exode 16,14; Matthieu 20,1; Actes 2, 42...

- Dieu créa ensuite l'HUMANITÉ dont l'objectif est de vivre ensemble en convivialité. Cela est le domaine de la POLITIQUE, c'est-à-dire l'organisation de bonnes relations entre les personnes et avec tous les peuples. Le mal s'introduit avec la domination. Voir Exode 18,13; 1 Samuel 8 ; Marc 10,42…

- Enfin Dieu a communiqué la SAGESSE aux êtres humains afin que nous puissions nous exprimer de multiples façons et, ainsi, nous enrichir de l'apport de chacun. Cela est le domaine de l'IDÉOLOGIE, c'est-à-dire l'organisation des différentes propositions pour s'exprimer, pour organiser l'économie et la politique. Le mal s'introduit avec le mensonge. Voir Daniel 2 ; Luc 4,16; 1 Corinthiens 1,27…

 Tel est LE RÊVE DE DIEU selon le poème de la création, son plan de vie, d'amour et de bonheur. C'est l'arbre du Royaume, que Jésus rendra présent, et qu'il nous remettra pour le continuer et le compléter. Comme on le voit, le Royaume englobe toute la vie personnelle et sociale : l'Économie, la Politique et les Idéologies. Cette vision intégrale englobe l’écologie qui est présente dans ces 3 aspects majeurs de l’organisation sociale.

Rien n'échappe au Royaume : Si les choses tournent mal, c'est parce que nous, les humains, n’avons pas suffisamment tenu compte de ce projet divin ou parce que nous collaborons à sa destruction. Si nous nous en désintéressons, nous devenons complices de sa dégradation. Or, notre mission est de l’améliorer sans cesse.




Genèse 1 et 2 : LE PROJET DE DIEU, LE ROYAUME, L’ABRE D’UNE VIE EN PLÉNITUDE

 

L’ARBRE  DU  ROYAUME :  EXPLICATION

La  dimension  politique  de  la  foi

 Guayaquil, Pedro Pierre, 2022.

A. L’ARBRE DU ROYAUME, à partir des 2 premiers chapitres de La Genèse

            Dans sa lettre encyclique de 1975 sur « L’évangélisation des peuples » le pape Paul VI écrivait : « Le royaume est l’unique absolu ; tout le reste est relatif ». De fait le mot ‘royaume’ est celui le plus utilisé par Jésus dans les Evangiles. Pour comprendre le royaume, c’est-à-dire, le projet de Dieu sur le monde, partons des 2 premiers chapitres du livre de la Genèse.

Note : On fait le dessin d’un grand arbre et on écrit pas à pas à partir de sa racine…

      1.     Dieu est à l’origine, à la racine de la création.

2.    Dieu partage avec sa création ce qu’il est : Vie, Amour, Communauté. Son projet est un monde d’HARMONIE dans toutes ses dimensions : matérielle, humaines, sociale… C’est l’espace de la Spiritualité.

3.     Dieu a créé d’abord la NATURE. Dieu donne la nature, ses biens, ses produits à tous les êtres humains : il s’agit de tout partager pour le bienêtre de tous. Tout cela est le champ de l’ECONOMIE, c'est-à-dire, de l’organisation de nos relations harmonieuses avec la nature et ses biens selon le partage équitable pour que chacun puisse avoir accès à ce dont il a besoin pour vivre dignement. Le péché qui contredit ce projet divin est l’accumulation des biens de la nature. Voici quelques textes bibliques sur ‘l’économie : Exode 16,14… Matthieu 20,1… Actes des Apôtres 2,42…

4.     Ensuite Dieu créa l’HUMANITÉ, c’est-à-dire la personne humaine, « homme et femme, il les créa », avec l’objectif de la convivialité. Ceci est le champ de la POLITIQUE, c’est-à-dire, l’organisation des relations harmonieuses entre les êtres humains et les peuples de la planète.

Le péché qui contredit ce projet divin, c’est la domination des uns sur les autres. Voici quelques textes bibliques sur la politique : Exode 18,13… 1 Samuel 8. Marc 10,42…

5.     Dieu communiqua ensuite à l’être humain sa SAGESSE pour que nous puissions nous exprimer et communiquer d’une façon créative entre les personnes et les peuples. Ceci est le champ des IDEOLOGIES, c’est-à-dire, l’organisation des différents projets et expressions qui vont orienter l’économie et la politique. On trouve ces ‘idées’ dans l’éducation, les cultures, les moyens de communication, les religions… Voici quelques textes bibliques : Daniel 2. Luc 4,16… 1 Corinthiens 1,27…

 B. CONCLUSIONS

Tout ceci est le projet de Dieu, son ‘rêve’ de vie, d’amour, de bonheur pour toute la création, que Jésus a appelé le Royaume. Ce projet du Royaume englobe toute la vie et son organisation économique, politique et idéologique. C’est nous qui en sommes responsables, ensemble, organisés et actifs.

Le texte du Deutéronome 30,15-20 peut nous aider à nous engager individuellement et ensemble dans l’accomplissement de ce projet : « Je mets devant toi la vie et la mort… Je t’invite à choisir la vie ».