viernes, 29 de agosto de 2025

 B I B L E   E T   P O L I T I Q U E

La dimension politique de la foi chrétienne

 Guayaquil, révisé : Janvier 2025. Pedro Pierre.

            CONTENU

Introduction

1.      L'image de ‘l'Arbre de Vie’ en plénitude (Genèse 1 et 2)

2.      L'organisation politique du Peuple de la Bible

        Le projet politique du Peuple de Moïse

        L'organisation politique de la Palestine au temps de Jésus

        Les temps mouvementés des premières Communautés Chrétiennes

        Citations bibliques issues d'une lecture politique de la Bible

3.      Conclusions

        Document d’Aparecida (2007, numéros 209-210).

        « La politique au service de la Maison commune », pape François (1er janvier 2019).


REVENONS AUX SOURCES BIBLIQUES ET AUX RÉFÉRENCES ABSOLUES DU ROYAUME INAUGURÉ

POUR JÉSUS QUI GUIDE NOTRE FOI ET INSPIRE LA JUSTICE ET LE DROIT.

En ce moment, les Équatoriens vivent une campagne électorale tendue a cause de la situation sociopolitique caractérisée par la corruption, le mensonge, la frustration et un chômage massif. Comme toujours, la religion catholique sera utilisée en faveur d'une ligne politique conservatrice. On connaît les options conservatrices de la hiérarchie catholique et du clergé en général. Les médias commerciaux aux mains de l’oligarchie iront dans la même direction. Par contre les CEBs (Communautés Ecclésiales de Base) feront l’option d’appuyer les partis politique favorable aux intérêts des pauvres. La grande majorité des candidats sont conservateurs et se battront pour faire approuver le libéralisme qu’ils souhaitent consolider et approfondir au profit de leurs intérêts personnels.

Dans cette situation de manipulation de la foi chrétienne en faveur de partis politiques conservateurs, nous nous aiderons des orientations claires et énergiques du pape François. Les chrétiens conscients de la réalité et engagés dans l'option prioritaire pour les pauvres vont approfondir la Bible pour découvrir le projet de Dieu et l’engagement politique des chrétiens.

INTRODUCTION

Si nous commençons à regarder comment le Peuple de la Bible était organisé, nous découvrirons qu'ils avaient les mêmes structures que tous les pays et tous les peuples : économiques, politiques, socioculturelles et religieuses. Pour comprendre cette organisation sociale, nous allons commencer par les premiers chapitres de la Bible qui nous décrivent quel est le plan de Dieu pour l'humanité non seulement au plan religieux mais aussi sur l'économie, la politique, les idéologies et les aspects socioculturels.

Ce projet de Dieu commence avec Abraham et Sara qui, avec leur clan familial, sont mécontents de l'organisation esclavagiste des petits royaumes de cette époque qui profitait de la religion pour justifier leur pouvoir d'exploitation et leurs privilèges. Abraham et Sarah recherchent une vie collective avec plus de liberté et d'égalité. Dans cette recherche, ils feront l’expérience d’un Dieu proche, ami et compagnon de voyage.

Quelques siècles plus tard, Moïse et Miriam, inspirés par leurs ancêtres Abraham et Sara, reprendront leur projet de sortir les descendants d’Abraham et Sara de l’esclave de l’Egypte et entreprendre un projet de société avec un triple objectif : être un peuple qui vit dans la liberté, dans l'équité et la foi en un Dieu libérateur. Plus tard, les « Juges », les Prophètes et les Sages continueront dans cette même direction. Jésus de Nazareth, dans son projet messianique, reprendra ces 3 bases bibliques pour mener à bien sa mission de faire advenir le Royaume de Dieu en Palestine, au service de toute l'Humanité.

Pour comprendre ce projet de Dieu qui culmine avec le Royaume, nous allons commencer par l'image d'un arbre que nous appellerons « l'Arbre de Vie en plénitude » inspiré des chapitres 1 et 2 de la Genèse.

I. L'IMAGE DE « L'ARBRE DE VIE EN PLÉNITUDE »

DIEU, en tant que source, est la racine et l'origine de tout le cosmos, c'est-à-dire de tout ce qui existe.

En créant l’univers, Dieu partage ce qu’il est, c'est-à-dire la VIE, l'AMOUR et la communion ou COMMUNAUTÉ, à travers une création continue. Voir Genèse, chap. 1 et 2.

1.     Avec Dieu et à son image naît l'HARMONIE, qui est un dynamisme de continuité et de progrès du cosmos. C'est le domaine de l'ÉCOLOGIE qui nous invite à respecter ce double processus. Le mal intervient pour détourner ou détruire ce dynamisme. Genèse 2:14… C'est notre spiritualité.

2. Les 4 éléments émergent, puis les végétaux et les animaux. C'est la NATURE dont le destin est de partager tous ces biens pour le bénéfice de tous. C'est le domaine de l'ÉCONOMIE, c'est-à-dire l'organisation de nos relations avec la nature à travers le partage de tous les biens naturels et produits. Le mal est dans l'accumulation. Voir Exode 16:14 ; Matthieu 20 : 1 ; Actes 2, 42...

3.     Ensuite surgit l'HUMANITÉ dont l'objectif est de coexister. C'est le domaine de la POLITIQUE, c'est-à-dire l'organisation des relations de tous les peuples, de la vie ensemble et avec tous les groupes ethniques de la nation. Ici, le mal consiste à dominer. Voir Exode 18 :13 ; 1 Samuel 8 ; Marc 10:42…

4.     Chez les êtres humains, a émergé la conscience de la SAGESSE du cosmos afin que nous puissions nous exprimer de multiples manières et ainsi nous enrichir mutuellement. C'est le domaine des IDÉOLOGIES , c'est-à-dire l'organisation des différentes propositions pour s'exprimer et organiser l'économie et la politique. Le mal est dans la tromperie. Voir Daniel 2 ; Luc 4:16 ; 1 Corinthiens 1:27…

Tout cela est le RÊVE DE DIEU, son plan pour la vie, l'amour et le bonheur. Jésus fera de cet ‘Arbre de Vie en plénitude’ une réalité à travers sa proposition du Royaume de Dieu. Il nous l'a laissé pour le continuer et le compléter.

Nous analyserons les aspects politiques de l'organisation du Peuple de la Bible depuis Moïse dans l'Ancien Testament, puis la Palestine au temps de Jésus et des premières Communautés chrétiennes. Nous nous limiterons ici à l'aspect de la politique qui traite de l'organisation harmonieuse des relations entre les personnes, situation dans laquelle nous sommes tous impliqués.

II. ORGANISATION POLITIQUE DU PEUPLE DE LA BIBLE 

            Nous suivrons par 3 étapes : l'Ancien Testament, le temps de Jésus et le temps des premières communautés chrétiennes.

A. LE PROJET POLITIQUE DU PEUPLE DE MOÏSE

Nous allons approfondir l'organisation décentralisée dans le désert, les 10 commandements, les lois sur les années sabbatiques et jubilaires, et les critères utilisés par les « juges », ou dirigeants, une fois arrivés en Palestine.

1.     ORGANISATION DANS LE DÉSERT. Exode 18 : 13-27 : Conseils de Getro à Moïse.

« Le fardeau est trop lourd pour toi et tu ne peux pas le porter seul.

Écoute-moi, je vais te donner des conseils et Dieu sera avec toi.

Choisis parmi le peuple des hommes qui ont de la valeur et qui craignent Dieu, sont intègres et ne se laissent pas corrompre, et tu les mettras a la tête comme chefs de mille, de cent, de cinquante ou de dix.

Ils serviront de juges pour le peuple à tout moment.

Ils te présenteront les sujets les plus importants. »

C'est l'expérience de la décentralisation du pouvoir qui est partagé et indépendant à différents niveaux.

2.     LES 10 COMMANDEMENTS. Exode 20 : 1-17 : Ils sont le résumé de la Magna Carta du peuple de Moïse.

Les 10 commandements sont d'abord la défense et la promotion de cette organisation égalitaire à fondement religieux (Carlos Mesters : « Les 10 commandements, un outil de la Communauté »). Ces commandements renforcent la liberté, l’égalité-équité et la foi.

Les 10 commandements étaient la manière institutionnalisée de dire « non à l'esclavage » de l'Égypte et « oui » à une nouvelle forme d'organisation égalitaire et équitative au nom de Dieu : « Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t'ai fait sortir de l'esclavage d’Égypte» (Exode 20 : 1). Dans ce « Décalogue », 3 commandements font référence à Dieu et 7 à la Communauté :

1.     « Ne prononce pas le nom de Yahweh ton Dieu en vain ». Pharaon utilisait la religion pour opprimer. Yahvé est le libérateur des pauvres : son nom ne sera pas utilisé pour opprimer ou réprimer, exploiter ou tromper.

2.     « Ne fais pas de statues de quoi que ce soit ni de personne ». Les images soutenaient la magie, qui était un moyen de faire pression et d'acheter la divinité pour qu'elle obéisse au suppliant. Dieu ne sera pas réduit à obéir aux seuls intérêts individuels.

3.     « Souviens-toi du sabbat : travaille 6 jours, mais le 7e jour est un jour de repos consacré à Yahvé, ton Dieu. Que personne ne travaille ». Dans l’esclavage égyptien, le travail était de tous les jours ‘sans dimanche’ : la production était la chose la plus importante. En tant que Peuple nouveau, cette situation devait changer : ce n’est pas le travail qui prime, mais la dignité de chacun, la fraternité et la foi.

4.     « Respectez père et mère ». Au pays du Pharaon, la hiérarchie devait être respectée : il y en a certains plus grands que d'autres. Moïse enseigne à respecter les pères de famille et les « pères » et « mères » de la Communauté, les anciens, les sages, car ils ont enseigné une nouvelle façon de croire et de vivre : ils sont les garants d'une Communauté vivante.

5.     “Tu ne tueras pas ». En Egypte, la vie des pauvres ne valait rien ; les gens étaient tués et la peine de mort a été appliquée pour quelque raison que ce soit. La nouvelle loi vous invite à respecter la vie personnelle et celle de la Communauté. Car la vie est détruite non seulement par le crime et la guerre, mais aussi par la faim, la maladie, l’analphabétisme, l’humiliation et le manque d’amour.

6.     « Ne commets pas d'adultère ».' En allant avec plusieurs femmes, il se commet une double discrimination : contre l’épouse et contre l’autre femme en les utilisant d’abord pour le seul plaisir. L'interdiction de l'adultère visait à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes, car nous sommes tous égaux.

7.     « Tu ne voleras pas ». Les esclaves n'avaient ni droits ni propriétés : rien ne leur appartenait ; tout pourrait leur être enlevé. « Ne pas voler » signifie « ne pas prendre à autrui ses moyens de subsistance » : sa terre, ses animaux, ses outils…

8.     « Ne porte pas de faux témoignage contre ton prochain ». Le système social égyptien était basé la tromperie et la corruption. Une nouvelle vie communautaire implique des relations de vérité, de respect et de transparence dans les décisions et les jugements.

9.   et 10.  « Ne convoite rien de ce qui appartient à ton prochain ». La possession et l'accumulation de terres et de biens constituaient la force et les bases du pouvoir du Pharaon et de sa cour. Promouvoir le partage et l’égalité implique l’interdiction de l’accumulation et donc la domination des uns sur les autres.

Parfois, nous nous sentons vraiment désespérés. Parmi nous, une situation similaire à celle de l’Égypte perdure : oppression dans les foyers contre les femmes et les travailleurs/ses domestiques, dans les entreprises aux bas salaires et mauvais traitements. En raison du manque de soins médicaux et éducatifs, beaucoup d’entre nous sont esclaves de la maladie et de l’analphabétisme. En raison de la dette extérieure et de la domination internationale, la faim et la mort hantent de nombreux foyers.

L'expérience de l'Exode nous fait discerner aujourd'hui la présence de Dieu, libérateur des pauvres. C'est dans notre situation que Dieu maintient vivant son projet commencé avec Abraham et Sara, mis en œuvre par Moïse et Myriam, et confirmé par Jésus. Le Royaume de Dieu est et sera, comme hier, l'œuvre des pauvres, des esclaves et des misérables, à condition que nous sachions écouter l'appel de Dieu, comme au temps d'Abraham, de Moïse et de Jésus.

3.     LOIS SUR L’ANNÉE SABBATIQUE ET LE JUBILAIRE. Lévitique 25 :1-34 : la défense des droits des pauvres.

Ces lois sur les congés sabbatiques et jubilaires visent à approfondir la justice sociale au sein du peuple de la Bible.

a)     L'année sabbatique : Tous les 7 ans, 3 engagements devaient être pris.

-        Que la terre repose pendant un an (Exode 23:10-11),

-        Pardonner les dettes (Deutéronome 15,1-3) et

-        Libérez les esclaves (Deutéronome 15,12-18).

La raison d'une telle procédure est claire : « Il ne doit y avoir aucun pauvre parmi vous » (Deutéronome 15 : 4).

b)     L'année jubilaire : Tous les 50 ans (7 semaines d'années), la libération était proclamée pour tous, c'est-à-dire, le retour aux objectifs de l'Alliance du Sinaï avec Moïse et Sarah.

-        Les lois de l'année sabbatique étaient appliquées (Lévitique 25 :1-7) et avait lieu

-        La récupération de leurs terres par les familles qui les avaient perdues ou mises en gage (Lévitique 25 :8-13).

La raison de cette pratique est claire : « La terre appartient à Dieu : elle ne peut être vendue ni achetée » (Lévitique 25 :23).

c)      L'objectif poursuivi par ces lois sociales au nom de l'Alliance avec Dieu est triple :

-        Égalité : Ils ont empêché l’accumulation pour protéger les pauvres et les faibles,

-        Justice : Les biens et les richesses sont un bien commun qui doit bénéficier à tous,

-        La joie et la célébration collectives ont été le fruit des réalisations précédentes.

La mission de Jésus est directement liée à l'année jubilaire.

Au début de sa mission de Messie du Royaume, Jésus fait référence à l'année jubilaire dans son premier discours à la synagogue de Nazareth, où il proclame qu'il vient « proclamer l'année de grâce du Seigneur » (Luc 4, 19), c'est-à-dire la célébration d'une année jubilaire.

4.      LES 7 CRITERES DES « JUGES » EN PALESTINE

      Ces critères sont nés peu à peu au temps des Juges, de la pratique du Peuple de Moïse pour perfectionner son projet de société. Ils s'opposent à l'esclavage vécu en Egypte et sont en accord avec les expériences libératrices du temps de la traversée du désert du Sinaí. Ces 7 principes de l’organisation égalitaire et participative du Peuple de Moïse ont fermé la voie à l’esclavage, à l’inégalité et à la perte de la foi en un Dieu libérateur.

1.     Contre la hiérarchie des dieux égyptiens qui justifiait la domination des uns sur les autres, la foi est promue en un Dieu unique qui établit l'égalité entre tous.

2.     En Égypte, les terres étaient entre les mains des dirigeants afin de tout contrôler. Pour les Hébreux, la terre appartient à Dieu qui l'a donnée à chaque famille pour y vivre et coexister. Celle-ci ne se commercialise pas et si une famille avait dû le mettre en gage, tous les 50 ans elle revient à son propriétaire d'origine : cela empêchait l'accumulation de terres et de richesses (Lévitique 25).

3.     Pharaon seul détenait le pouvoir sur tout et sur tous. Les Hébreux étaient organisés en clans (plusieurs familles) et en tribus (plusieurs clans), avec leurs représentants correspondants. Un « juge » était élu lors des assemblées générales de toute la communauté. Cela empêchait la possibilité de dictateurs.

4.     En Égypte, les lois changeaient avec chaque pharaon et selon ses intérêts du moment. Moïse a donné à son peuple 10 lois permanentes qui constituaient la défense institutionnalisée de son organisation égalitaire.

5.     En Égypte, l'éducation n'était accessible qu'à la famille et aux amis du Pharaon. Chez les Hébreux, pour que chaque famille puisse accéder à l'éducation (les femmes étaient marginalisées), un alphabet plus simple fut. L’éducation permettait une conscience commune, une identité et une cohésion de l'ensemble du Peuple.

6.     L'armée égyptienne était permanente, salariée et mercenaire, c'est-à-dire ouverte à tous, égyptiens et étrangers, et rémunérée. Au contraire, les Hébreux s'organisaient, lorsque cela était nécessaire, en légitime défense volontaire par clans, par tribus et entre toutes les tribus. Tout le monde défendait les intérêts de chacun et il n’y avait aucune possibilité de guerre d’agression.

7.     En Égypte, les prêtres faisaient partie de la cour du Pharaon, étaient de grands propriétaires terriens et officiaient un culte basé sur les sacrifices humains. Chez les Hébreux, les prêtres n'avaient pas de propriété, mais ils étaient soutenus par la dîme et les prémice . Leur culte consistait principalement à se souvenir des événements fondateurs du Peuple et à célébrer la présence libératrice de Dieu en lui.

B. ORGANISATION POLITIQUE DE LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS

1.     Au temps de Jésus, la Palestine était sous la domination militaire des Romains.

-        Les Romains venaient de Rome (Italie) et imposaient des impôts très élevés à toutes les familles, procédant régulièrement à des recensements pour mettre à jour le nombre de personnes. La famille de Jésus était enregistrée à Bethléem, où Jésus est né.

-        Le pouvoir suprême était assumé par le gouverneur romain Ponce Pilate, qui résidait à Jérusalem, la capitale de la Palestina.

-        Les autorités juives avaient pu préserver une certaine liberté de culte, mais elles devaient tout s'en remettre au gouverneur romain.

-        Les prêtres constituaient la plus haute autorité avec le Grand Prêtre, nommé par les Romains.

-        Il y avait aussi un Conseil des Anciens, ou Sanhédrin, qui devait approuver les décisions, comme dans le cas de la condamnation à mort de Jésus.

-        Tout tournait autour du temple de Jérusalem : le pouvoir religieux des prêtres contrôlait les pouvoirs politique de décision, le pouvoir économique avec les impôts et taxes du culte, le pouvoir policier pour maintenir l'ordre établi. C’est pour cette raison que Jésus, à l’âge de 12 ans, décide de rester plusieurs jours dans le temple pour comprendre l’organisation de son pays.

2.      L'impact « politique » sur le ministère de Jésus

 

a)      Le chant de Marie : Luc 1,46-56.

        « Le Tout-Puissant… montre sa miséricorde siècle après siècle à tous ceux qui vivent en sa présence.

Il frappa de toute sa puissance : il défait les orgueilleux et leurs projets.

Il a fait tomber les puissants de leurs trônes et a exalté les humbles.

Il a comblé de bonnes choses les affamés et a renvoyé les riches les mains vides. »

        Marie a très bien compris le projet de Dieu dans l'Ancien Testament, projet que son fils Jésus allait réaliser... Et elle l'a préparé à cette mission.

b)      Les premières places : Marc 10,35-45.

        « Jésus appela ses apôtres et leur dit : 'Comme vous le savez, ceux qui se considèrent comme des chefs de nations agissent comme des dictateurs, et ceux qui sont au pouvoir abusent de leur autorité.

        Mais ce ne sera pas comme ça entre vous. Au contraire, celui qui veut être le plus important d'entre vous doit devenir le serviteur de tous, le plus important d'entre vous, et celui qui veut être le premier deviendra l'esclave de tous. »

Jésus savait que le pouvoir et l’argent corrompent les gens et il a prévenu ses disciples.

 c)      À César à propos de César : Matthieu 22 : 15-22.

A l’occasion de l’impôt dû à l’empereur romain, une polémique surgit :

        « ‘Montrez-moi la monnaie’. Et les pharisiens lui montrèrent un denier.

        Alors Jésus demanda : ‘À qui est ce visage et le nom écrit dessus ?’ Ils répondirent : ‘À César.

        Jésus leur répondit : ‘Rendez donc a César ce qui est de César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu’. »

 d)      Pilate : « Qu'est-ce que la vérité ? Jean 18 :38.

        Le gouverneur romain Ponce Pilate, qui a ordonné que Jésus soit crucifié, n'a pas attendu la réponse de Jésus.

        Van der Meersch, célèbre écrivain belge, a bien compris la réponse à la question de Pilate : La vérité était le témoignage que Jésus a donné par sa vie.

        « La vérité, Pilate, est la suivante : 'Être du côté des pauvres et des humbles !' »

 Commentaires sur « À César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

1.      César n'est ni un dieu ni aucune divinité, comme le proclamaient les Romains : telle fut la grande affirmation de Jésus, dépouillant César de son pouvoir divin. Mais cela ne veut pas dire que César n’a aucun pouvoir.

2.     Le domaine de César est l'ensemble de l'organisation sociale, c'est-à-dire économique, politique et socioculturelle. Il ne peut pas s’élever au niveau de Dieu, ni le marginaliser, encore moins le remplacer.

3.      Dieu est plus grand que César, mais il ne le supprime ni ne le remplace. César a son champ autonome, c'est-à-dire séparé, le sien, mais non indépendant de Dieu.

4.      Dieu laisse à César son espace, c'est-à-dire qu'il respecte sa responsabilité de gouverner, de guider l'économie et d'avoir ses options idéologiques ; Dieu accepte ses fautes et l’invite à les corriger.

5.      César est autonome, mais il n'est pas indépendant de Dieu. Dieu ne s’impose pas à César, mais César ne peut l’ignorer. Les critères du bien et du mal appartiennent à Dieu (c'est le sens de l'Arbre du Paradis).

6.     Dieu, avec sa Parole et à partir de la sagesse du Peuple, donne des critères et des valeurs pour guider les actions et les juger, mais il ne les impose pas. Le but et la référence définitive sont le Royaume, c'est-à-dire la croissance harmonieuse et intégrale des personnes et des peuples, en particulier des plus pauvres et des plus démunis.

 Conclusions : « Ensemble, mais pas mélangés ! »

        Tout est au service de l'humanisation de chacun, ce que nous, chrétiens, appelons le Royaume.

        Nous devons tous connaître la réalité économique, politique et socioculturelle de notre pays et y participer, afin de collaborer pour le bien commun de tous, en particulier des plus démunis.

        La politique est le domaine de tous les baptisés, laïcs et membres du clergé. La politique des partis est le domaine particulier des profanes. Le clergé ne peut pas utiliser ses événements et ses espaces religieux à des fins de propagande partisane.

        Le clergé doit dénoncer les violations des droits de l'homme et de la nature. Il doit également accompagner les laïcs dans leur formation politique et soutenir leur intégration dans les mouvements et partis politiques.

        La foi et la politique doivent se compléter, chacune restant dans son domaine, sans s'opposer ni imposer. Ce sont les deux faces d’une même médaille : tous deux sont au service du Royaume et s’entraident pour le rendre plus présent parmi nous.

        Notre mission est d'être des témoins communautaires du Royaume.

C. LES TEMPS TURBULENTS DES PREMIÈRES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES

1.      La force des pauvres : 1 Corinthiens 1,26-29.

        « Regardez, frères, vous, les élus de Dieu : combien d'entre vous ont de grandes connaissances humaines ou sont issus de familles nobles et influentes ?

        Dieu a choisi ce que le monde considère comme insensé pour faire honte aux sages, et a pris ce qui est faible dans ce monde pour confondre ce qui est fort.

        Dieu a choisi ce qui est commun et méprisé dans ce monde, ce qui n'est rien, pour réduire à néant ce qui est. »

C'est ce qu'on appelle « l'option pour les pauvres » : Vers tous, depuis les pauvres.

2.      Les forces obscures qui nous dominent : Éphésiens 6 :10-17.

        « Emportez avec vous toutes les armes de Dieu pour pouvoir résister aux manœuvres du diable…

        Nous ne sommes pas confrontés à des forces humaines, mais aux puissances et autorités qui dirigent ce monde et ses forces obscures, les esprits et les forces maléfiques du monde d'en haut. »

Il existe une incarnation du mal dans les personnes, les groupes, les entreprises et les structures qui doivent être dénoncées et remplacées par la force de la foi.

      3.      La « bête » ou le « dragon » est le système dominant : Apocalypse 12 : 1-10.

        « Alors une bataille éclata dans le ciel : Michel et ses anges combattirent contre le dragon.

        Ils le combattirent victorieusement : il n'y avait plus de place pour eux au ciel.

-      Le grand dragon, l'ancien serpent, connu sous le nom de Diable ou Satan, a été expulsé. »

Aux premiers temps chrétiens, la « bête » ou le « dragon » était l’empire romain. Aujourd’hui, c’est le néolibéralisme.

4.      « Les nouveaux cieux et la nouvelle terre » : Apocalypse 21 : 1-7.

        « Et je vis la Ville Sainte, la nouvelle Jérusalem…

        J'entendis une voix crier depuis le trône : ¡Ici est la demeure de Dieu avec les hommes ; il habitera parmi eux ; ils seront son peuple et il sera Dieu avec eux’.

        ‘Maintenant, je fais tout nouveau’. »

Le « nouveau ciel » et la « nouvelle terre » commencent parmi nous.

D. CITATIONS BIBLIQUES D'UNE LECTURE POLITIQUE DE LA BIBLE

1.      Ancien Testament : Exode 18 :13 : Institution des premiers « juges ». Exode 20 : 1 : Les 10 principes de base de la Magna Carta. Deutéronome 15 : 7 : Pauvres et esclaves. Deutéronome 22 : 1 : Si vous trouvez un objet perdu. Josué 13 : Division de la Palestine entre les 12 tribus. 1er Samuel 8 : Samuel dénonce la future dictature. 1 Samuel 17 : 4 : David fait face à Goliath. 1ers Rois 19,1 : Établir et déposer les autorités. Ézéchiel 34 :1-10 : Mauvais bergers.

2.      Nouveau Testament : Luc 23 :2 : Jésus est accusé d'encourager le non-paiement des impôts à César (les 5 types d'impôts : sur la production, sur la richesse, sur les douanes, pour le temple et les Lévites). Marc 10 :42 : Le plus grand est celui qui sert. Matthieu 22 : 17 : « Rendez à César ce qui est à César. » Apocalypse 12 : Aujourd'hui, la « bête » est le système néolibéral.

III. CONCLUSIONS

1.      DOCUMENT DE NOS ÉVÊQUES D'AMÉRIQUE LATINE À APARECIDA (Brésil, 2007)

« Les chrétiens incorporés au Christ par le baptême forment le peuple de Dieu et participent aux fonctions du Christ : prêtre, prophète et roi.

Ils réalisent, selon leur condition, la mission de tout chrétien dans l’Église et dans le monde : ils sont « hommes d’Église au cœur du monde, et hommes du monde au cœur de l’Église ».

Leur mission propre et spécifique s'accomplit dans le monde, de telle manière qu'avec leur témoignage et leur activité, ils contribuent à la transformation des réalités et à la création de structures justes selon les critères de l'Évangile » (209-210).

 2.      LA POLITIQUE AU SERVICE DE LA PAIX, Pape François, 1er janvier 2019.

Document particulièrement clair sur la politique, les hommes politiques et l'engagement politique des chrétiens.

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