viernes, 29 de agosto de 2025

Arretons le génocide en Palestine

 ANTIFASCISME, SIONISME ET GÉNOCIDE À GAZA

 Pedro Pierre, mai 2025.

1. DATES DE L'INVASION CONTINUE DE LA PALESTINE PAR ISRAËL

        Avant 1947, les Britanniques colonisaient la Palestine. Les Juifs ne représentaient qu’un tiers de la population et possédaient 6 % des terres. Il n’y avait aucun problème de coexistence entre les trois religions : juive, chrétienne et musulmane.

        1947 : L'ONU (Organisation des Nations Unies), sans consulter les Palestiniens, accorde 56 % du territoire pour la création d'un État juif, qui devient l'État « reconnu » d'Israël, mais sans reconnaître la Palestine, une injustice flagrante qui perdure encore aujourd'hui. Jérusalem et Bethléem étaient divisées en secteurs séparés.

        1948 : Une guerre d'invasion israélienne réduit la Palestine à son strict minimum : Jérusalem divisée en deux, la Cisjordanie envahie par des colonies et Gaza contrôlée par Israël. Les hauteurs du Golan, à la frontière avec la Jordanie, ont été occupées par Israël à la Syrie lors de la guerre de 1967. La Palestine est devenue un vaste camp de concentration ‘digne d’Hitler’.

2. FASCISME SIONISTE ET GÉNOCIDE

        Le gouvernement israélien est gouverné par l’idéologie sioniste qui existe depuis le 19e siècle. Son objectif principal est de reconquérir le Grand Israël, qui s’étendrait du Nil en Égypte jusqu’à l’Euphrate en Irak.

        L’objectif de l’Europe en établissant Israël au Moyen-Orient était de contrôler la région et de bénéficier de son pétrole.

        Les colonies israéliennes en Palestine continuent d’exister et de se multiplier :  environ 475.000 Israéliens vivent dans des colonies en Cisjordanie, tandis que 230.000 Israéliens vivent à Jérusalem-Est, le secteur palestinien.  Les colonies ont augmenté de 250 % pendant la première administration de Trump !

        L’ONU maintient sa position selon laquelle les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés sont illégales et constituent une violation flagrante du droit international.

        L’actuelle guerre à Gaza a commencé le 7 octobre 2023 : deux ans et demi de bombardements sur la population civile. Selon les chiffres officiels du ministère de la Santé de Gaza, au 4 mars 2025, 61.709 personnes ont été tuées par les bombardements, principalement des civils, dont 17.492 enfants et plus de 10. 000 femmes. Le nombre de blessés s'élève à plus de 111.588 personnes. Les disparus sont plus de 14.222 personnes et enfants orphelins 40.000 !

        Les maladies infectieuses atteignent plus de 100 0.0 cas de diarrhée, 150.000 cas d’infections des voies respiratoires supérieures et de nombreux cas de méningite et d’éruptions cutanées. Les hôpitaux sont tous détruits. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la malnutrition a atteint des niveaux critiques chez 93 % de la population de Gaza. La revue médicale britannique The Lancet estime que le nombre réel de morts dans la bande de Gaza pourrait s’élever que 186.000, en prenant en compte les décès directs indirects causés par la guerre, comme le manque de soins médicaux et de nourriture. Une autre étude estime qu’au moins 62.413 personnes sont mortes de faim à Gaza et qu’au moins 5.000 personnes sont mortes par manque d’accès aux soins médicaux pour des maladies chroniques.

Un représentant des Nations Unies a résumé ainsi l'étendue des dégâts matériels : « L'enclave est actuellement ensevelie sous 40 à 50 millions de tonnes de gravats […] Il faudra environ 30 milliards de dollars pour reconstruire Gaza, où près de 70 % des infrastructures, 60 % des habitations et 65 % des routes ont été détruites. Selon l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme, le nombre de bombes larguées pendant les six premiers mois de la guerre est de 70.000 tonnes ! ». Quelle catastrophe ! Une honte pour toute l'humanité.

        À la fin de l’administration Biden , des pourparlers de paix avaient lieu. Sous la deuxième administration Trump, et avec son approbation, les bombardements ont repris et se sont étendus à la Cisjordanie... dans le but de chasser les Palestiniens de Gaza, d'exploiter le pétrole au large de ses côtes et de sécuriser un important oléoduc en provenance des pays du Golfe Persique.

        Le 19 juillet 2024, la Cour pénale internationale de La Haye , aux Pays-Bas, a statué que les colonies israéliennes « violent le droit international » car cela « équivaut à une annexion permanente qui entrave l'autodétermination palestinienne ». Il a donc ordonné à Israël de « cesser ses activités de colonisation et d’évacuer les colons ».

        En décembre 2023, l'Afrique du Sud avait dénoncé la guerre d’Israël comme un génocide, soutenue par un groupe de pays dont l'Organisation de la coopération islamique (OCI, 57 membres), dont l'Iran, l'Irak, le Liban et l'Arabie saoudite. Sept autres pays soutiennent également cette affirmation : la Bolivie, la Jordanie, la Malaisie, les Maldives, la Namibie, le Pakistan et la Turquie. La Colombie s’est également prononcée contre ce génocide.

3. LA LUTTE ANTIFASCISTE

        Le fascisme est le dernier recours du capitalisme néolibéral pour se maintenir. C’est pourquoi l’impérialisme américain encourage les gouvernements d’extrême droite sur tous les continents. À travers l’OTAN et la guerre en Ukraine, le fascisme se développe en Europe.

        Le président Noboa vient de rendre visite au Premier ministre israélien Netanyahu ! Depuis les trois derniers gouvernements, Israël aide l’Équateur à surveiller systématiquement électroniquement la population équatorienne.

- Des réunions de gouvernements fascistes ont lieu régulièrement en Europe et en Amérique latine. Cela est en route depuis les années 1970.

        Un élément supplémentaire étroitement lié à cette nouvelle reconfiguration du fascisme est l’expansion des églises évangéliques en Amérique latine et dans les Caraïbes. Dans certains pays d’Amérique centrale, elles constituent la majorité des paroissiens ; au Brésil elles sont environ un tiers et en Argentine environ 20 %. En Équateur, les évangéliques suivent les mêmes chemins. Ce pentecôtisme partisan de l’extrême droite est particulièrement actif lors des élections nationales. 

        Les manifestations antifascistes se multiplient en Europe et dans toute l’Amérique du Nord, centrale et du Sud. L’administration Trump poursuit les organisations et les universités qui soutiennent la cause palestinienne.

        Actuellement, la lutte antifasciste en Amérique latine est menée par le gouvernement vénézuélien. Depuis septembre dernier, plusieurs rassemblements internationaux antifascistes ont eu lieu à Caracas : rassemblements de mouvements sociaux et de partis de gauche, d' organisations de femmes et de la jeunesse. Une coordination internationale de ces organisations est en train de s'organiser. Des instituts de formation sont créés à Caracas pour faire face au fascisme.

        Au niveau de l' Église catholique, le pape François a condamné les bombardements à Gaza et en Cisjordanie et qualifié la guerre israélienne de génocide. Le pape Léon 14 a déjà prôné la paix en Palestine. 

4. LA PALESTINE VAINCRA LE FASCISME ET SERA À NOUVEAU LIBRE ET GRANDE

            La mort de dizaines de milliers de Palestiniens, les centaines de milliers de blessés et les souffrances de millions de personnes, en particulier des femmes et des enfants, ne sont pas vains. La Palestine se dresse a la face du monde entier qui est complice de sa destruction… Mais la solidarité internationale grandit… car elle est la tendresse des peuples et elle est invincible. La puissance du bien vaincra la honte du mal.

Merci pour votre solidarité avec la Palestine ; c'est une manifestation de la tendresse des peuples et de l’amour de Dieu pour tant de victimes innocentes.

Palestine, peuple de feu et antifasciste

Dans l’arène brûlante de la résistance,

des voix s'élevèrent en toute conscience.

Palestine, blessée, mais jamais vaincue :

elle a courageusement brodé sa flamme ardente.

Il n’y a pas de mur qui emprisonne la dignité,

ni d’armée pour écraser la vérité.

Avec des pierres, avec des larmes, avec des mains ouvertes,

ils sont en train de briser les chaînes et de franchir les frontières.

Antifascistes de la terre et du feu,

Ils n’ont pas détenu leur marche ferme et décidée.

Révolution dans l'histoire enregistrée,

avec du sang et de l'espoir, ils ne seront jamais réduits au silence.

Aujourd’hui, sa liberté n’est pas seulement son histoire :

C'est le cri du peuple, c'est un chant de gloire.

Car à chaque étape est la lutte frontale pour la liberté,

Vive la Palestine… libre, immortelle !

Jenny Arana Borja – Poète palestinienne – Guayaquil, mai 2025

'Pour une pratique chrétiienne de la politique' - Engagement personnel

LES CHRÉTIENS DANS LA POLITIQUE PARTISTIQUE

Témoignage personnel

 Pedro Pierre, Guayaquil, février 2025.

Avec les mouvements politiques.

JE SUIS PEDRO PIERRE

C'est comme ça qu'ils m'appellent par ici. Je suis né en France il y a 82 ans de parents petits paysans dans la région montagneuse du centre-sud de la France. J’ai été ordonné prêtre en 1969 dans la capitale départementale.

A l'invitation d'un ami prêtre équatorien, je suis arrivé à Guayaquil en 1976 et j'ai travaillé avec lui à El Guasmo quand le secteur commençait à être envahie, puis à Saint Martín de Porres, dans le bidonville près du pont de Portete.

Nous étions 7 paroisses travaillant dans la ligne de la théologie de la libération sous l’option de monseigneur Leonidas Proaño. Nous nous organisions à travers les Communautés Ecclésiales de Base (CEB), qui ont émergé dans toute l’Amérique Latine et existent sur tous les continents dans les zones pauvres des villes, de la campagne et des peuples indigènes.

Nous croyons que « la politique est la plus haute forme de charité », comme l’a dit le pape Pie XI en 1927 et comme l’a réitéré récemment le pape François. Nous avons découvert que la politique est l’organisation harmonieuse d’une nation, fondée sur le respect, l’organisation et la participation de tous ses citoyens, en particulier les plus pauvres.

Nous optons pour la politique partisane parce que les riches sont incapables d’organiser une société qui englobe tout le monde. C’est pourquoi nous choisissons de soutenir les partis de gauche.

LES RAISONS POUR LESQUELLES JE ME SUIS ENGAGÉ EN POLITIQUE

Si la politique est ce qu’il y a de plus précieux, c’est parce qu’elle est enracinée dans l’identité de tous les êtres humains, qu’elle s’inscrit également dans un grand mouvement cosmique et qu’elle trouve son soutien dans la foi chrétienne.

1.         Je choisis la politique, d’abord parce que je suis humaniste

Les valeurs humaines sont présentes en chaque être humain, notamment la compassion et la solidarité.

-        Nous souffrons quand d’autre souffrent parce que nous sommes tous faits de la même chair, des mêmes os et du même sang. Nous ne sommes pas avant tout des individus indépendants, mais une communauté de vie et de destin. C’est pourquoi nous sommes compatissants les uns envers les autres.

-        Cette compassion nous conduit à aider ceux qui souffrent, surtout lorsque cette souffrance est injuste. En tant qu’êtres humains, nous ne restons pas insensibles ou indifférents au sort des pauvres parce qu’ils sont des victimes innocentes d’un système qui les appauvrit et les tue.

-        En ne restant pas indifférents, nous devenons solidaires de ceux qui souffrent, les aidant à sortir de leur prostration. La pauvreté est un appauvrissement, donc une injustice qui nous appelle à la surmonter avec ceux qui en souffrent. Cet appel à la solidarité vient de l’intérieur de nous, mais il vient d’au-delà de nous.

2.         Je choisis la politique parce qu’elle fait partie de la mystique inscrite dans l'univers

-        La compassion et la solidarité sont au cœur de la mystique du cosmos, car le cosmos n’est pas un univers mort ; c'est la matrice de notre humanité. Dans le cosmos se trouve la graine de la compassion et de la solidarité, car le cosmos est vie, amour et bonheur si nous prenons le temps de l'explorer.

-        Le cosmos, la nature et l’humanité sont une seule unité faite de vie, d’amour et de bonheur. C'est inscrit dans notre ADN. Beaucoup ont perdu ces valeurs, notamment à cause d’ un système social qui nous détruit de l’intérieur. Ce système nous est imposé dès la famille, dans l’éducation scolaire, dans la culture ambiante, dans les religions.

-        Heureux ceux d'entre nous qui ont eu la chance de découvrir et de développer cette mystique, car c'est l'héritage que nous ont donné les personnes que nous avons côtoyées, dans la nature qui nous entoure et le cosmos qui prend soin de nous !

3.         Je choisis la politique parce que Jésus de Nazareth est venu construire un monde fraternel et juste.

a)     L'héritage de mes parents

-        Mes parents étaient honnêtes, rebelles contre l'injustice et chrétiens .

-        Ils n’aimaient pas une foi soumise. Ils parlaient peu, mais ils me disaient : « Le plus important, ce ne sont pas les normes, mais la fraternité. »

-        Mes parents n'aimaient pas l'injustice, c'est pourquoi ils ont toujours aimé l'organisation, aidé les faibles, partagé.

-        Leur foi avait une dimension collective, joyeuse et ouverte à la nouveauté. 

b)     À l’école, j’ai vécu la camaraderie et la découverte de la Bible

-        A l'école primaire et secondaire, nous avions une majorité de maitres d’école humanistes qui nous ouvraient aux problèmes du pays et aux courants de pensée sociale.

-        Comme j'étudiais dans une école catholique, j'ai appris à lire la Bible avec un professeur qui nous disait : « Le peuple de Jésus était un peuple rebelle, et Jésus n'aimait pas l'injustice. »

-        Au grand séminaire, nous formions des groupes de réflexion et nous faisions des visiter les malades, aux personnes âgées, aux gens dans le besoin. Il y avait aussi la solidarité avec les pauvres d’Afrique.

c)      Le service des autre dans mon travail sacerdotal

-        Je vois mon sacerdoce comme l’occasion d’aider les autres à développer tous leurs talents et à s’organiser pour être plus efficaces tant sur le plan personnel que collectif et social.

-        Je me laisse guider par les paroles de Jean-Baptiste à propos de Jésus, qu’il vient de rencontrer et de reconnaître comme le Messie : « Qu’il croisse, et que moi je diminue ! », c’est-à-dire que le peuple des pauvres croisse, et que moi je diminue ! »

-        Je suis également aidé par le critère suivant du pape François : « Le pasteur doit être parfois devant le troupeau, parfois au milieu et d’autres fois derrière. » Le protagoniste principal est le peuple conscient, organisé et actif.

-         L'option de Jésus pour les pauvres développe 3 critères :

1.      Une vie de pauvreté digne, faite de simplicité et d’austérité,

2.      Une insertion parmi les pauvres pour penser, agir et croire à leur manière, faire miennes leurs causes, leurs projets et leurs luttes, et

3.      Une lutte inlassable contre la pauvreté et les structures qui la provoquent.

d)     Ici en Équateur, j'ai découvert une foi libératrice

Les évêques d’Amérique Latine ont tenu plusieurs réunions. Ils y définissent les lignes directrices pour les diocèses et les paroisses.

-        Lors de leur réunion à Medellín en 1968, ils ont déclaré que ‘la pauvreté est un appauvrissement causé par un système et des structures de péché auxquelles il faut faire face avec les pauvres en communautés ».

-        En 1979, à Puebla, au Mexique, les évêques parlèrent d'engagement politique : « Il y a des chrétiens, ainsi que des prêtres et des religieux, qui annoncent un Évangile sans implications économiques, sociales, culturelles ou politiques. Cette mutilation équivaut à une certaine collusion (ou complicité) avec l'ordre établi », c’est-à-dire le ‘désordre’ établi.

Tout cela m’a fait découvrir la dimension politique de la foi chrétienne , et nous avons commencé à participer aux marches du 1er mai, aux marches de solidarité, aux manifestations, etc. et à approfondir cet aspect de la foi et de la politique, à être une voix et une lumière, avec d’autres, dans les campagnes pour les élections locales et nationales.

L'OPTION POUR UN ENGAGEMENT POLITIQUE PARTISAN

1.       En plus de l'Équateur, j'ai passé 8 ans dans une paroisse rurale au Nicaragua

-        C'était à la fin du gouvernement sandiniste , alors que la guerre contre-révolutionnaire financée par le gouvernement des États-Unis se poursuivait.

-        Avec le gouvernement sandiniste, j’ai découvert les bénéfices d’une organisation socialiste de la société, qui s’inspirait de l’expérience cubaine.

-        J'ai fait l'expérience de l'Église des Pauvres, c'est-à-dire une Église aux mains des laïcs organisés en d'innombrables ministères ecclésiaux et activités sociales et politiques.

2.       Une nouveau ecclésiale: Le soutien officiel de l'Église du Nicaragua au socialisme

-        Il faut dire que de nombreux chrétiens et prêtres nicaraguayens ont, d'une part, participé à la guérilla du Front sandiniste pour renverser la dictature de Somoza. D’autre part, ils ont également participé au gouvernement sandiniste.

-        Pour toutes ces raisons, les évêques du Nicaragua ont écrit une lettre encourageant les chrétiens à soutenir le socialisme. Ils écrivaient en novembre 1979, quelques mois après le triomphe de la révolution sandiniste. Ils déclarent ce qui suit :

« Si le socialisme signifie la prééminence des intérêts de la majorité des Nicaraguayens et un modèle d’économie nationale planifiée, solidaire et progressivement participative, nous n’avons aucune objection.

Un projet de société qui garantisse le destin commun des biens et des ressources du pays et qui permet, sur cette base de satisfaction des besoins fondamentaux de tous, l’avancement de la qualité de vie humaine, nous paraît juste.

Si le socialisme implique une réduction croissante des injustices et des inégalités traditionnelles entre les villes et les campagnes, entre la rémunération du travail intellectuel et du travail manuel ; s’il s’agit de la participation du travailleur aux produits de son travail, en surmontant l’aliénation économique, il n’y a rien dans le christianisme qui implique une contradiction avec ce processus.

Si le socialisme implique un pouvoir exercé du point de vue de la grande majorité et de plus en plus partagé par le peuple organisé, conduisant à un véritable transfert de pouvoir aux classes travailleuses, alors une fois de plus il ne trouvera dans la foi que motivation et soutien.

Si le socialisme conduit à des processus culturels qui éveillent la dignité de notre peuple et lui donnent le courage d’assumer ses responsabilités et de revendiquer ses droits, c’est une humanisation qui converge avec la dignité humaine proclamée par notre foi.

En ce qui concerne la lutte entre les classes sociales, nous pensons que la nature dynamique de la lutte des classes, qui doit conduire à une juste transformation des structures, est une chose, et la haine de classe, qui est dirigée contre les individus et contredit radicalement le devoir chrétien d’être gouverné par l’amour, en est une autre. »

3.       L’option partisane d’un groupe d’évêques brésilien

A l’occasion de l’élection présidentielle en 2023, des évêques organisés dans le groupe « Evêques du dialogue pour le Royaume » prenaient une position partisane, sans le nommer, pour Lula da Silva. Voici quelques extraits de leur communiqué.

« Le second tour des élections présidentielles de 2022 nous présente un défi dramatique. Nous devons choisir consciemment et sereinement, car il n'y a pas de place pour la neutralité lorsqu'il s'agit de décider de deux projets pour le Brésil, l'un démocratique et l'autre autoritaire ; l’un engagé dans la défense de la vie, en commençant par les pauvres, l’autre engagé dans « l’économie qui tue »; un qui s'occupe de l'éducation, de la santé, du travail, de l'alimentation, de la culture, un autre qui méprise les politiques publiques, parce qu'il méprise les pauvres. Les deux candidats ont déjà gouverné le Brésil et ont donné des résultats différents pour le peuple et pour la nature, que nous pouvons analyser.

Éclairés par les exigences sociales et politiques de notre foi chrétienne et par la doctrine sociale de l’Église catholique, nous devons parler clairement et directement des véritables enjeux du moment. Jésus nous a commandé d'être « la lumière du monde » et la lumière ne doit pas être cachée (Mt 5, 15).

Nous sommes témoins que le gouvernement actuel, qui brigue sa réélection, a tourné le dos aux populations les plus nécessiteuses, surtout en temps de pandémie. Juste à la veille des élections, il a lancé un programme temporaire pour aider ceux qui en ont besoin… La vie n'est pas une priorité pour ce gouvernement...

Nous avons vécu quatre ans sous le règne du mensonge, du secret et des fausses informations. Les fausses nouvelles (fausses nouvelles diffusées comme si elles étaient vraies) sont devenues la forme « officielle » de communication entre le gouvernement et la population. Cela viole le 8e commandement, celui de ne pas rendre de faux témoignage, mais cela montre également qui est le véritable « seigneur » de ceux qui, de manière perverse, se consacrent à répandre des mensonges et à cacher des informations d’intérêt public. Jésus dit que le Diable est le père du mensonge (Jn 8,44), alors qu'Il est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).

Les chrétiens sont capables d’analyser lequel des deux projets en conflit est le plus proche des principes humanistes et de l’écologie intégrale. Il suffit d'analyser avec des données et des chiffres et de se demander : lequel des candidats en compétition a le plus valorisé la santé, l'éducation et la lutte contre la pauvreté et la misère et lequel a retiré les fonds du ‘Système de Santé’, de l'éducation et a mis fin aux programmes sociaux ? Qui a pris soin de la nature, en particulier de l’Amazonie, et qui a encouragé le brûlage des forêts, le trafic illégal de bois et l’exploitation minière sur les terres indigènes ?

Il ne s’agit pas d’une querelle religieuse, ni d’une simple option partisane, ni de l’élection du candidat parfait, mais d’une décision concernant l’avenir de notre pays, de la démocratie et du peuple. »

4.       En union avec les organisations sociales et politiques

L’engagement politique doit se faire avec les partis de gauche, car ils sont les seuls à présenter des propositions et des alternatives viables au système néolibéral fasciste que nous connaissons actuellement.

-        Mes espaces de formation sont, d’une part, les CEB en Équateur et en Amérique latine, et, d’autre part, ma relation avec divers espaces de théologie de la libération.

-        Tout cela explique pourquoi je fais partie de plusieurs organisations sociales et mouvements politiques. Monseigneur Leonidas Proaño déclarait que « les CEB marchent avec les deux pieds : le pied de la Communauté chrétienne et le pied de l’Organisation populaire ».

-        Personnellement, je pense que les organisations sociales et populaires devraient être le berceau des partis politiques afin qu'ils puissent véritablement représenter les intérêts de la majorité du pays.

DANS LA PERSPECTIVE DU 2E TOUR DES ELECTIONS,

… il est nécessaire et indispensable :

-        Promouvoir l’unité de la gauche et renforcer leurs relations avec les mouvements sociaux.

-        Dénoncer le gouvernement fasciste de Noboa.

-        Dénoncez ceux qui ont voté pour Noboa parce qu’ils recherchent un avancement financier personnel.

-        Donner aux pauvres les moyens d’accéder à la conscience, à la dignité et à l’autonomie : c’est cela le « pouvoir du peuple ».

-        Prendre position en faveur la candidate de la Révolution Citoyenne Luisa Gonzalez, qui a participé au gouvernement de Rafael Correa et dont les bienfaits sont connus partout.

J'apprécie votre amitié, je vous félicite pour votre engagement.

et je suis heureux de pouvoir apprendre de vous.

 B I B L E   E T   P O L I T I Q U E

La dimension politique de la foi chrétienne

 Guayaquil, révisé : Janvier 2025. Pedro Pierre.

            CONTENU

Introduction

1.      L'image de ‘l'Arbre de Vie’ en plénitude (Genèse 1 et 2)

2.      L'organisation politique du Peuple de la Bible

        Le projet politique du Peuple de Moïse

        L'organisation politique de la Palestine au temps de Jésus

        Les temps mouvementés des premières Communautés Chrétiennes

        Citations bibliques issues d'une lecture politique de la Bible

3.      Conclusions

        Document d’Aparecida (2007, numéros 209-210).

        « La politique au service de la Maison commune », pape François (1er janvier 2019).


REVENONS AUX SOURCES BIBLIQUES ET AUX RÉFÉRENCES ABSOLUES DU ROYAUME INAUGURÉ

POUR JÉSUS QUI GUIDE NOTRE FOI ET INSPIRE LA JUSTICE ET LE DROIT.

En ce moment, les Équatoriens vivent une campagne électorale tendue a cause de la situation sociopolitique caractérisée par la corruption, le mensonge, la frustration et un chômage massif. Comme toujours, la religion catholique sera utilisée en faveur d'une ligne politique conservatrice. On connaît les options conservatrices de la hiérarchie catholique et du clergé en général. Les médias commerciaux aux mains de l’oligarchie iront dans la même direction. Par contre les CEBs (Communautés Ecclésiales de Base) feront l’option d’appuyer les partis politique favorable aux intérêts des pauvres. La grande majorité des candidats sont conservateurs et se battront pour faire approuver le libéralisme qu’ils souhaitent consolider et approfondir au profit de leurs intérêts personnels.

Dans cette situation de manipulation de la foi chrétienne en faveur de partis politiques conservateurs, nous nous aiderons des orientations claires et énergiques du pape François. Les chrétiens conscients de la réalité et engagés dans l'option prioritaire pour les pauvres vont approfondir la Bible pour découvrir le projet de Dieu et l’engagement politique des chrétiens.

INTRODUCTION

Si nous commençons à regarder comment le Peuple de la Bible était organisé, nous découvrirons qu'ils avaient les mêmes structures que tous les pays et tous les peuples : économiques, politiques, socioculturelles et religieuses. Pour comprendre cette organisation sociale, nous allons commencer par les premiers chapitres de la Bible qui nous décrivent quel est le plan de Dieu pour l'humanité non seulement au plan religieux mais aussi sur l'économie, la politique, les idéologies et les aspects socioculturels.

Ce projet de Dieu commence avec Abraham et Sara qui, avec leur clan familial, sont mécontents de l'organisation esclavagiste des petits royaumes de cette époque qui profitait de la religion pour justifier leur pouvoir d'exploitation et leurs privilèges. Abraham et Sarah recherchent une vie collective avec plus de liberté et d'égalité. Dans cette recherche, ils feront l’expérience d’un Dieu proche, ami et compagnon de voyage.

Quelques siècles plus tard, Moïse et Miriam, inspirés par leurs ancêtres Abraham et Sara, reprendront leur projet de sortir les descendants d’Abraham et Sara de l’esclave de l’Egypte et entreprendre un projet de société avec un triple objectif : être un peuple qui vit dans la liberté, dans l'équité et la foi en un Dieu libérateur. Plus tard, les « Juges », les Prophètes et les Sages continueront dans cette même direction. Jésus de Nazareth, dans son projet messianique, reprendra ces 3 bases bibliques pour mener à bien sa mission de faire advenir le Royaume de Dieu en Palestine, au service de toute l'Humanité.

Pour comprendre ce projet de Dieu qui culmine avec le Royaume, nous allons commencer par l'image d'un arbre que nous appellerons « l'Arbre de Vie en plénitude » inspiré des chapitres 1 et 2 de la Genèse.

I. L'IMAGE DE « L'ARBRE DE VIE EN PLÉNITUDE »

DIEU, en tant que source, est la racine et l'origine de tout le cosmos, c'est-à-dire de tout ce qui existe.

En créant l’univers, Dieu partage ce qu’il est, c'est-à-dire la VIE, l'AMOUR et la communion ou COMMUNAUTÉ, à travers une création continue. Voir Genèse, chap. 1 et 2.

1.     Avec Dieu et à son image naît l'HARMONIE, qui est un dynamisme de continuité et de progrès du cosmos. C'est le domaine de l'ÉCOLOGIE qui nous invite à respecter ce double processus. Le mal intervient pour détourner ou détruire ce dynamisme. Genèse 2:14… C'est notre spiritualité.

2. Les 4 éléments émergent, puis les végétaux et les animaux. C'est la NATURE dont le destin est de partager tous ces biens pour le bénéfice de tous. C'est le domaine de l'ÉCONOMIE, c'est-à-dire l'organisation de nos relations avec la nature à travers le partage de tous les biens naturels et produits. Le mal est dans l'accumulation. Voir Exode 16:14 ; Matthieu 20 : 1 ; Actes 2, 42...

3.     Ensuite surgit l'HUMANITÉ dont l'objectif est de coexister. C'est le domaine de la POLITIQUE, c'est-à-dire l'organisation des relations de tous les peuples, de la vie ensemble et avec tous les groupes ethniques de la nation. Ici, le mal consiste à dominer. Voir Exode 18 :13 ; 1 Samuel 8 ; Marc 10:42…

4.     Chez les êtres humains, a émergé la conscience de la SAGESSE du cosmos afin que nous puissions nous exprimer de multiples manières et ainsi nous enrichir mutuellement. C'est le domaine des IDÉOLOGIES , c'est-à-dire l'organisation des différentes propositions pour s'exprimer et organiser l'économie et la politique. Le mal est dans la tromperie. Voir Daniel 2 ; Luc 4:16 ; 1 Corinthiens 1:27…

Tout cela est le RÊVE DE DIEU, son plan pour la vie, l'amour et le bonheur. Jésus fera de cet ‘Arbre de Vie en plénitude’ une réalité à travers sa proposition du Royaume de Dieu. Il nous l'a laissé pour le continuer et le compléter.

Nous analyserons les aspects politiques de l'organisation du Peuple de la Bible depuis Moïse dans l'Ancien Testament, puis la Palestine au temps de Jésus et des premières Communautés chrétiennes. Nous nous limiterons ici à l'aspect de la politique qui traite de l'organisation harmonieuse des relations entre les personnes, situation dans laquelle nous sommes tous impliqués.

II. ORGANISATION POLITIQUE DU PEUPLE DE LA BIBLE 

            Nous suivrons par 3 étapes : l'Ancien Testament, le temps de Jésus et le temps des premières communautés chrétiennes.

A. LE PROJET POLITIQUE DU PEUPLE DE MOÏSE

Nous allons approfondir l'organisation décentralisée dans le désert, les 10 commandements, les lois sur les années sabbatiques et jubilaires, et les critères utilisés par les « juges », ou dirigeants, une fois arrivés en Palestine.

1.     ORGANISATION DANS LE DÉSERT. Exode 18 : 13-27 : Conseils de Getro à Moïse.

« Le fardeau est trop lourd pour toi et tu ne peux pas le porter seul.

Écoute-moi, je vais te donner des conseils et Dieu sera avec toi.

Choisis parmi le peuple des hommes qui ont de la valeur et qui craignent Dieu, sont intègres et ne se laissent pas corrompre, et tu les mettras a la tête comme chefs de mille, de cent, de cinquante ou de dix.

Ils serviront de juges pour le peuple à tout moment.

Ils te présenteront les sujets les plus importants. »

C'est l'expérience de la décentralisation du pouvoir qui est partagé et indépendant à différents niveaux.

2.     LES 10 COMMANDEMENTS. Exode 20 : 1-17 : Ils sont le résumé de la Magna Carta du peuple de Moïse.

Les 10 commandements sont d'abord la défense et la promotion de cette organisation égalitaire à fondement religieux (Carlos Mesters : « Les 10 commandements, un outil de la Communauté »). Ces commandements renforcent la liberté, l’égalité-équité et la foi.

Les 10 commandements étaient la manière institutionnalisée de dire « non à l'esclavage » de l'Égypte et « oui » à une nouvelle forme d'organisation égalitaire et équitative au nom de Dieu : « Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t'ai fait sortir de l'esclavage d’Égypte» (Exode 20 : 1). Dans ce « Décalogue », 3 commandements font référence à Dieu et 7 à la Communauté :

1.     « Ne prononce pas le nom de Yahweh ton Dieu en vain ». Pharaon utilisait la religion pour opprimer. Yahvé est le libérateur des pauvres : son nom ne sera pas utilisé pour opprimer ou réprimer, exploiter ou tromper.

2.     « Ne fais pas de statues de quoi que ce soit ni de personne ». Les images soutenaient la magie, qui était un moyen de faire pression et d'acheter la divinité pour qu'elle obéisse au suppliant. Dieu ne sera pas réduit à obéir aux seuls intérêts individuels.

3.     « Souviens-toi du sabbat : travaille 6 jours, mais le 7e jour est un jour de repos consacré à Yahvé, ton Dieu. Que personne ne travaille ». Dans l’esclavage égyptien, le travail était de tous les jours ‘sans dimanche’ : la production était la chose la plus importante. En tant que Peuple nouveau, cette situation devait changer : ce n’est pas le travail qui prime, mais la dignité de chacun, la fraternité et la foi.

4.     « Respectez père et mère ». Au pays du Pharaon, la hiérarchie devait être respectée : il y en a certains plus grands que d'autres. Moïse enseigne à respecter les pères de famille et les « pères » et « mères » de la Communauté, les anciens, les sages, car ils ont enseigné une nouvelle façon de croire et de vivre : ils sont les garants d'une Communauté vivante.

5.     “Tu ne tueras pas ». En Egypte, la vie des pauvres ne valait rien ; les gens étaient tués et la peine de mort a été appliquée pour quelque raison que ce soit. La nouvelle loi vous invite à respecter la vie personnelle et celle de la Communauté. Car la vie est détruite non seulement par le crime et la guerre, mais aussi par la faim, la maladie, l’analphabétisme, l’humiliation et le manque d’amour.

6.     « Ne commets pas d'adultère ».' En allant avec plusieurs femmes, il se commet une double discrimination : contre l’épouse et contre l’autre femme en les utilisant d’abord pour le seul plaisir. L'interdiction de l'adultère visait à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes, car nous sommes tous égaux.

7.     « Tu ne voleras pas ». Les esclaves n'avaient ni droits ni propriétés : rien ne leur appartenait ; tout pourrait leur être enlevé. « Ne pas voler » signifie « ne pas prendre à autrui ses moyens de subsistance » : sa terre, ses animaux, ses outils…

8.     « Ne porte pas de faux témoignage contre ton prochain ». Le système social égyptien était basé la tromperie et la corruption. Une nouvelle vie communautaire implique des relations de vérité, de respect et de transparence dans les décisions et les jugements.

9.   et 10.  « Ne convoite rien de ce qui appartient à ton prochain ». La possession et l'accumulation de terres et de biens constituaient la force et les bases du pouvoir du Pharaon et de sa cour. Promouvoir le partage et l’égalité implique l’interdiction de l’accumulation et donc la domination des uns sur les autres.

Parfois, nous nous sentons vraiment désespérés. Parmi nous, une situation similaire à celle de l’Égypte perdure : oppression dans les foyers contre les femmes et les travailleurs/ses domestiques, dans les entreprises aux bas salaires et mauvais traitements. En raison du manque de soins médicaux et éducatifs, beaucoup d’entre nous sont esclaves de la maladie et de l’analphabétisme. En raison de la dette extérieure et de la domination internationale, la faim et la mort hantent de nombreux foyers.

L'expérience de l'Exode nous fait discerner aujourd'hui la présence de Dieu, libérateur des pauvres. C'est dans notre situation que Dieu maintient vivant son projet commencé avec Abraham et Sara, mis en œuvre par Moïse et Myriam, et confirmé par Jésus. Le Royaume de Dieu est et sera, comme hier, l'œuvre des pauvres, des esclaves et des misérables, à condition que nous sachions écouter l'appel de Dieu, comme au temps d'Abraham, de Moïse et de Jésus.

3.     LOIS SUR L’ANNÉE SABBATIQUE ET LE JUBILAIRE. Lévitique 25 :1-34 : la défense des droits des pauvres.

Ces lois sur les congés sabbatiques et jubilaires visent à approfondir la justice sociale au sein du peuple de la Bible.

a)     L'année sabbatique : Tous les 7 ans, 3 engagements devaient être pris.

-        Que la terre repose pendant un an (Exode 23:10-11),

-        Pardonner les dettes (Deutéronome 15,1-3) et

-        Libérez les esclaves (Deutéronome 15,12-18).

La raison d'une telle procédure est claire : « Il ne doit y avoir aucun pauvre parmi vous » (Deutéronome 15 : 4).

b)     L'année jubilaire : Tous les 50 ans (7 semaines d'années), la libération était proclamée pour tous, c'est-à-dire, le retour aux objectifs de l'Alliance du Sinaï avec Moïse et Sarah.

-        Les lois de l'année sabbatique étaient appliquées (Lévitique 25 :1-7) et avait lieu

-        La récupération de leurs terres par les familles qui les avaient perdues ou mises en gage (Lévitique 25 :8-13).

La raison de cette pratique est claire : « La terre appartient à Dieu : elle ne peut être vendue ni achetée » (Lévitique 25 :23).

c)      L'objectif poursuivi par ces lois sociales au nom de l'Alliance avec Dieu est triple :

-        Égalité : Ils ont empêché l’accumulation pour protéger les pauvres et les faibles,

-        Justice : Les biens et les richesses sont un bien commun qui doit bénéficier à tous,

-        La joie et la célébration collectives ont été le fruit des réalisations précédentes.

La mission de Jésus est directement liée à l'année jubilaire.

Au début de sa mission de Messie du Royaume, Jésus fait référence à l'année jubilaire dans son premier discours à la synagogue de Nazareth, où il proclame qu'il vient « proclamer l'année de grâce du Seigneur » (Luc 4, 19), c'est-à-dire la célébration d'une année jubilaire.

4.      LES 7 CRITERES DES « JUGES » EN PALESTINE

      Ces critères sont nés peu à peu au temps des Juges, de la pratique du Peuple de Moïse pour perfectionner son projet de société. Ils s'opposent à l'esclavage vécu en Egypte et sont en accord avec les expériences libératrices du temps de la traversée du désert du Sinaí. Ces 7 principes de l’organisation égalitaire et participative du Peuple de Moïse ont fermé la voie à l’esclavage, à l’inégalité et à la perte de la foi en un Dieu libérateur.

1.     Contre la hiérarchie des dieux égyptiens qui justifiait la domination des uns sur les autres, la foi est promue en un Dieu unique qui établit l'égalité entre tous.

2.     En Égypte, les terres étaient entre les mains des dirigeants afin de tout contrôler. Pour les Hébreux, la terre appartient à Dieu qui l'a donnée à chaque famille pour y vivre et coexister. Celle-ci ne se commercialise pas et si une famille avait dû le mettre en gage, tous les 50 ans elle revient à son propriétaire d'origine : cela empêchait l'accumulation de terres et de richesses (Lévitique 25).

3.     Pharaon seul détenait le pouvoir sur tout et sur tous. Les Hébreux étaient organisés en clans (plusieurs familles) et en tribus (plusieurs clans), avec leurs représentants correspondants. Un « juge » était élu lors des assemblées générales de toute la communauté. Cela empêchait la possibilité de dictateurs.

4.     En Égypte, les lois changeaient avec chaque pharaon et selon ses intérêts du moment. Moïse a donné à son peuple 10 lois permanentes qui constituaient la défense institutionnalisée de son organisation égalitaire.

5.     En Égypte, l'éducation n'était accessible qu'à la famille et aux amis du Pharaon. Chez les Hébreux, pour que chaque famille puisse accéder à l'éducation (les femmes étaient marginalisées), un alphabet plus simple fut. L’éducation permettait une conscience commune, une identité et une cohésion de l'ensemble du Peuple.

6.     L'armée égyptienne était permanente, salariée et mercenaire, c'est-à-dire ouverte à tous, égyptiens et étrangers, et rémunérée. Au contraire, les Hébreux s'organisaient, lorsque cela était nécessaire, en légitime défense volontaire par clans, par tribus et entre toutes les tribus. Tout le monde défendait les intérêts de chacun et il n’y avait aucune possibilité de guerre d’agression.

7.     En Égypte, les prêtres faisaient partie de la cour du Pharaon, étaient de grands propriétaires terriens et officiaient un culte basé sur les sacrifices humains. Chez les Hébreux, les prêtres n'avaient pas de propriété, mais ils étaient soutenus par la dîme et les prémice . Leur culte consistait principalement à se souvenir des événements fondateurs du Peuple et à célébrer la présence libératrice de Dieu en lui.

B. ORGANISATION POLITIQUE DE LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS

1.     Au temps de Jésus, la Palestine était sous la domination militaire des Romains.

-        Les Romains venaient de Rome (Italie) et imposaient des impôts très élevés à toutes les familles, procédant régulièrement à des recensements pour mettre à jour le nombre de personnes. La famille de Jésus était enregistrée à Bethléem, où Jésus est né.

-        Le pouvoir suprême était assumé par le gouverneur romain Ponce Pilate, qui résidait à Jérusalem, la capitale de la Palestina.

-        Les autorités juives avaient pu préserver une certaine liberté de culte, mais elles devaient tout s'en remettre au gouverneur romain.

-        Les prêtres constituaient la plus haute autorité avec le Grand Prêtre, nommé par les Romains.

-        Il y avait aussi un Conseil des Anciens, ou Sanhédrin, qui devait approuver les décisions, comme dans le cas de la condamnation à mort de Jésus.

-        Tout tournait autour du temple de Jérusalem : le pouvoir religieux des prêtres contrôlait les pouvoirs politique de décision, le pouvoir économique avec les impôts et taxes du culte, le pouvoir policier pour maintenir l'ordre établi. C’est pour cette raison que Jésus, à l’âge de 12 ans, décide de rester plusieurs jours dans le temple pour comprendre l’organisation de son pays.

2.      L'impact « politique » sur le ministère de Jésus

 

a)      Le chant de Marie : Luc 1,46-56.

        « Le Tout-Puissant… montre sa miséricorde siècle après siècle à tous ceux qui vivent en sa présence.

Il frappa de toute sa puissance : il défait les orgueilleux et leurs projets.

Il a fait tomber les puissants de leurs trônes et a exalté les humbles.

Il a comblé de bonnes choses les affamés et a renvoyé les riches les mains vides. »

        Marie a très bien compris le projet de Dieu dans l'Ancien Testament, projet que son fils Jésus allait réaliser... Et elle l'a préparé à cette mission.

b)      Les premières places : Marc 10,35-45.

        « Jésus appela ses apôtres et leur dit : 'Comme vous le savez, ceux qui se considèrent comme des chefs de nations agissent comme des dictateurs, et ceux qui sont au pouvoir abusent de leur autorité.

        Mais ce ne sera pas comme ça entre vous. Au contraire, celui qui veut être le plus important d'entre vous doit devenir le serviteur de tous, le plus important d'entre vous, et celui qui veut être le premier deviendra l'esclave de tous. »

Jésus savait que le pouvoir et l’argent corrompent les gens et il a prévenu ses disciples.

 c)      À César à propos de César : Matthieu 22 : 15-22.

A l’occasion de l’impôt dû à l’empereur romain, une polémique surgit :

        « ‘Montrez-moi la monnaie’. Et les pharisiens lui montrèrent un denier.

        Alors Jésus demanda : ‘À qui est ce visage et le nom écrit dessus ?’ Ils répondirent : ‘À César.

        Jésus leur répondit : ‘Rendez donc a César ce qui est de César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu’. »

 d)      Pilate : « Qu'est-ce que la vérité ? Jean 18 :38.

        Le gouverneur romain Ponce Pilate, qui a ordonné que Jésus soit crucifié, n'a pas attendu la réponse de Jésus.

        Van der Meersch, célèbre écrivain belge, a bien compris la réponse à la question de Pilate : La vérité était le témoignage que Jésus a donné par sa vie.

        « La vérité, Pilate, est la suivante : 'Être du côté des pauvres et des humbles !' »

 Commentaires sur « À César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

1.      César n'est ni un dieu ni aucune divinité, comme le proclamaient les Romains : telle fut la grande affirmation de Jésus, dépouillant César de son pouvoir divin. Mais cela ne veut pas dire que César n’a aucun pouvoir.

2.     Le domaine de César est l'ensemble de l'organisation sociale, c'est-à-dire économique, politique et socioculturelle. Il ne peut pas s’élever au niveau de Dieu, ni le marginaliser, encore moins le remplacer.

3.      Dieu est plus grand que César, mais il ne le supprime ni ne le remplace. César a son champ autonome, c'est-à-dire séparé, le sien, mais non indépendant de Dieu.

4.      Dieu laisse à César son espace, c'est-à-dire qu'il respecte sa responsabilité de gouverner, de guider l'économie et d'avoir ses options idéologiques ; Dieu accepte ses fautes et l’invite à les corriger.

5.      César est autonome, mais il n'est pas indépendant de Dieu. Dieu ne s’impose pas à César, mais César ne peut l’ignorer. Les critères du bien et du mal appartiennent à Dieu (c'est le sens de l'Arbre du Paradis).

6.     Dieu, avec sa Parole et à partir de la sagesse du Peuple, donne des critères et des valeurs pour guider les actions et les juger, mais il ne les impose pas. Le but et la référence définitive sont le Royaume, c'est-à-dire la croissance harmonieuse et intégrale des personnes et des peuples, en particulier des plus pauvres et des plus démunis.

 Conclusions : « Ensemble, mais pas mélangés ! »

        Tout est au service de l'humanisation de chacun, ce que nous, chrétiens, appelons le Royaume.

        Nous devons tous connaître la réalité économique, politique et socioculturelle de notre pays et y participer, afin de collaborer pour le bien commun de tous, en particulier des plus démunis.

        La politique est le domaine de tous les baptisés, laïcs et membres du clergé. La politique des partis est le domaine particulier des profanes. Le clergé ne peut pas utiliser ses événements et ses espaces religieux à des fins de propagande partisane.

        Le clergé doit dénoncer les violations des droits de l'homme et de la nature. Il doit également accompagner les laïcs dans leur formation politique et soutenir leur intégration dans les mouvements et partis politiques.

        La foi et la politique doivent se compléter, chacune restant dans son domaine, sans s'opposer ni imposer. Ce sont les deux faces d’une même médaille : tous deux sont au service du Royaume et s’entraident pour le rendre plus présent parmi nous.

        Notre mission est d'être des témoins communautaires du Royaume.

C. LES TEMPS TURBULENTS DES PREMIÈRES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES

1.      La force des pauvres : 1 Corinthiens 1,26-29.

        « Regardez, frères, vous, les élus de Dieu : combien d'entre vous ont de grandes connaissances humaines ou sont issus de familles nobles et influentes ?

        Dieu a choisi ce que le monde considère comme insensé pour faire honte aux sages, et a pris ce qui est faible dans ce monde pour confondre ce qui est fort.

        Dieu a choisi ce qui est commun et méprisé dans ce monde, ce qui n'est rien, pour réduire à néant ce qui est. »

C'est ce qu'on appelle « l'option pour les pauvres » : Vers tous, depuis les pauvres.

2.      Les forces obscures qui nous dominent : Éphésiens 6 :10-17.

        « Emportez avec vous toutes les armes de Dieu pour pouvoir résister aux manœuvres du diable…

        Nous ne sommes pas confrontés à des forces humaines, mais aux puissances et autorités qui dirigent ce monde et ses forces obscures, les esprits et les forces maléfiques du monde d'en haut. »

Il existe une incarnation du mal dans les personnes, les groupes, les entreprises et les structures qui doivent être dénoncées et remplacées par la force de la foi.

      3.      La « bête » ou le « dragon » est le système dominant : Apocalypse 12 : 1-10.

        « Alors une bataille éclata dans le ciel : Michel et ses anges combattirent contre le dragon.

        Ils le combattirent victorieusement : il n'y avait plus de place pour eux au ciel.

-      Le grand dragon, l'ancien serpent, connu sous le nom de Diable ou Satan, a été expulsé. »

Aux premiers temps chrétiens, la « bête » ou le « dragon » était l’empire romain. Aujourd’hui, c’est le néolibéralisme.

4.      « Les nouveaux cieux et la nouvelle terre » : Apocalypse 21 : 1-7.

        « Et je vis la Ville Sainte, la nouvelle Jérusalem…

        J'entendis une voix crier depuis le trône : ¡Ici est la demeure de Dieu avec les hommes ; il habitera parmi eux ; ils seront son peuple et il sera Dieu avec eux’.

        ‘Maintenant, je fais tout nouveau’. »

Le « nouveau ciel » et la « nouvelle terre » commencent parmi nous.

D. CITATIONS BIBLIQUES D'UNE LECTURE POLITIQUE DE LA BIBLE

1.      Ancien Testament : Exode 18 :13 : Institution des premiers « juges ». Exode 20 : 1 : Les 10 principes de base de la Magna Carta. Deutéronome 15 : 7 : Pauvres et esclaves. Deutéronome 22 : 1 : Si vous trouvez un objet perdu. Josué 13 : Division de la Palestine entre les 12 tribus. 1er Samuel 8 : Samuel dénonce la future dictature. 1 Samuel 17 : 4 : David fait face à Goliath. 1ers Rois 19,1 : Établir et déposer les autorités. Ézéchiel 34 :1-10 : Mauvais bergers.

2.      Nouveau Testament : Luc 23 :2 : Jésus est accusé d'encourager le non-paiement des impôts à César (les 5 types d'impôts : sur la production, sur la richesse, sur les douanes, pour le temple et les Lévites). Marc 10 :42 : Le plus grand est celui qui sert. Matthieu 22 : 17 : « Rendez à César ce qui est à César. » Apocalypse 12 : Aujourd'hui, la « bête » est le système néolibéral.

III. CONCLUSIONS

1.      DOCUMENT DE NOS ÉVÊQUES D'AMÉRIQUE LATINE À APARECIDA (Brésil, 2007)

« Les chrétiens incorporés au Christ par le baptême forment le peuple de Dieu et participent aux fonctions du Christ : prêtre, prophète et roi.

Ils réalisent, selon leur condition, la mission de tout chrétien dans l’Église et dans le monde : ils sont « hommes d’Église au cœur du monde, et hommes du monde au cœur de l’Église ».

Leur mission propre et spécifique s'accomplit dans le monde, de telle manière qu'avec leur témoignage et leur activité, ils contribuent à la transformation des réalités et à la création de structures justes selon les critères de l'Évangile » (209-210).

 2.      LA POLITIQUE AU SERVICE DE LA PAIX, Pape François, 1er janvier 2019.

Document particulièrement clair sur la politique, les hommes politiques et l'engagement politique des chrétiens.