miércoles, 6 de octubre de 2021

Haití: Douleur et espérance

 HAÏTI : LA RÉVOLUTION NIÉE ET CHATIÉE, Pedro Pierre.

Qui ne ressent pas une grande douleur en voyant, depuis plus de 10 ans, à quel point on laisse mourir un peuple châtié par les puissances occidentales y les catastrophes naturelles en Haïti ? Cependant, l'affirmation suivante semble toujours vraie : le fait que les Haïtiens résistent et veulent ‘vivre debout’ : « Les idéaux de liberté et d'anticolonialisme n'ont jamais cessé de faire partie de la conscience haïtienne » (Wikipédia), car c’est en Haïti qu’a eu lieu la première révolution des noirs, esclaves et pauvres des temps modernes. Aujourd'hui, ce sont les pays occidentaux - les Etats-Unis et l'Europe - qui ne veulent pas que ces « idéaux de liberté et d'anticolonialisme » se réalisent, ni soient connus ou reconnus.

Depuis a conquête, la révolution haïtienne est niée et combattue. C’était le premier mouvement révolutionnaire en Amérique latine et a obtenu son indépendance dans les colonies des Amériques du Nord, centrale et du Sud. De plus, les pays colonialistes ont tout fait pour cacher cette vérité historique, car elle a eu un impact mondial au-delà des Amériques et de l'Europe. C'est précisément pour cette raison qu’aujourd’hui encore ces pays font l'impossible pour qu'elle ne réveille pas, en Amérique latine, « les idéaux de liberté et d'anticolonialisme » des Haïtiens, ni que ces idéaux progressent dans les pays qui les mettent en pratique, comme Cuba et le Venezuela.

La révolution ‘haïtienne a duré 13 longues années de massacres constants : de 1791 à 1804. Pour défendre et augmenter leurs intérêts, les grandes puissances colonialistes de l'Occident y étaient impliquées : l'Espagne, la France, l'Angleterre et les États-Unis. À cette époque, Haïti était la possession coloniale française qui avait la plus grande exportation de richesses en sucre, café, tabac, coton et indigo. Par contre, comme à cette époque il s’agissait d’un ‘territoire français, Haïti a bénéficié de la déclaration de « liberté, égalité et fraternité » de la Révolution française de 1789, qui devait s’appliquer à tous les citoyens français. Pour être, d’une part, le premier pays des Caraïbes et d'Amérique latine à obtenir son indépendance et, d’autre part, la première république noire à abolir le système esclavagiste, les Haïtiens durent affronter les résistances et les attaques de la France, l'Espagne, l'Angleterre et les États-Unis . . . De cette révolution nous devons nommer la grande prêtresse vaudou, Cécile Fatiman, qui lors d'une cérémonie ancestrale fit la proclamation suivante : « Dieu qui est bon a créé la terre… Il nous regarde et nous éclaire… Notre Dieu ne nous demande que de bonnes œuvres… Il nous aidera… Écoutez la voix de la liberté qui parle dans le cœur de tous. »

La révolution haïtienne a également détruit les plans de Napoléon de rétablir l'esclavage dans les colonies françaises des Amériques, d'envahir l'Amérique du Nord et de reconquérir les États-Unis dans le cadre de la « nouvelle France ». La révolution haïtienne a effrayé les propriétaires d'esclaves du monde entier, provoquant des embargos intermittents contre Haïti tout au long du XIXe siècle. Le troisième président nord-américain, Thomas Jefferson (1801-1809), propriétaire d'esclaves, a fait en sorte que les États-Unis bloquent les influences révolutionnaires d'Haïti, affirmant même qu'il voulait que la nation haïtienne échoue.

Pendant leur indépendance, à plusieurs reprises, les dirigeants d'Haïti ont offert aide ou asile aux révolutionnaires libéraux du monde entier, tels que Simon Bolívar, les nationalistes mexicains pendant la guerre d'indépendance et même des Grecs qui avaient combattu les Turcs. Les contributions d'Haïti au mouvement anticolonial ont été très importantes. De nombreux révolutionnaires latino-américains se sont inspirés de l'indépendance d'Haïti, comme les cas de José de San Martín d'Argentine, José Martí de Cua, Ramon Emeterio de Porto Rico... De nombreux militants afro-américains des États-Unis ont trouvé en Haïti beaucoup d'inspiration pour leur défense des droits civiques, comme Malcolm X, Frederick Douglas ou Martin Luther King.

Avec tout cela, nous voyons, d'une part, jusqu'où peut aller la perversité humaine, hier et aujourd'hui et, d'autre part, à quel point la résistance à un tel mal est indéfinie. Nous sommes dans ce combat que nous devons gagner… Et si nous n'en voyons pas l'issue heureuse, ce combat en lui-même est déjà une victoire et c'est notre dignité. Si un si petit peuple, composé de pauvres, d'esclaves et de noirs, comme Haïti, a été capable de tels exploits, combien plus les peuples noirs, indigènes et pauvres de la Grande Patrie latino-américaine peuvent-ils les accomplir ! La victoire du petit David contre le géant Golias est un symbole universel qui nous le confirme.

Maintenant, par rapport à Haïti, nous devons vous demander si nous ne sommes pas en dette de gratitude et de solidarité. Actuellement la révolution haïtienne n’est-elle pas en marche dans presque tous les pays d'Amérique latine vers plus de liberté et de justice ? En Equateur notamment : pourquoi tant de haine de la Révolution Citoyenne et tant de prisonniers et d'exilés parmi ses membres ? N’est-ce pas parce que, il y a 14 ans, Rafeal Correa a fait tomber pour la première fois l'oligarchie équatorienne traditionnelle du pouvoir et des pillages ? Il a retiré l'impérialisme nord-américain de la base navale de Manta, il a démontré qu'il était possible de répartir la richesse nationale de manière plus équitable, il a mis en place la gratuité des services d'éducation et de la santé, il a restauré l'estime de soi des Équatoriens, il a réduit la pauvreté nationale de 20 %, etc.

Si le Dieu de la Bible est le défenseur des victimes, des plus pauvres et des plus méprisés, ne rêvera-t-il pas un nouvel « exode » pour Haïti et les peuples du continent ? Ne cherchera-t-il pas de "nouveaux Moises" pour l'Amérique latine et l'Equateur ?

Il faut aussi nous demander comment allons-nous être plus solidaires, d'abord, avec Haïti pour qu'elle se relève et marche selon son destin ; plus solidaires, ensuite, avec les pays qui secouent le joug de la domination capitaliste et plus solidaires enfin, les uns des autres pour hisser le drapeau de la liberté et de la décolonisation dans les pays qui en ont le plus besoin, l'Équateur en particulier.

 

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