miércoles, 29 de mayo de 2013

La vitalité des Communautés Ecclésiales de Base



ACTUALITE DES COMMUNAUTES DE BASE EN AMERIQUE LATINE
Pierre Riouffrait, prêtre sans frontière.

Les Communautés Ecclésiales de Base (CEBs) sont nées au Brésil dans les années ’50 : des chrétiens de secteurs pauvres de la ville et de la campagne se réunissent pour lire la Bible et trouver un éclairage religieux pour vivre plus dignement comme personne, plus fraternellement entre les membres de leur CEB, plus solidairement avec leur voisin et pour changer leur situation. Les CEBs se sont multipliées très rapidement dans tous les pays d’Amérique Latine.
Il y a 50 ans le Concile Vatican II reconnaissait leur importance. Lors de leur réunion en 1968 à Medellín, en Colombie, les évêques latino t -américains les définissaient comme un espace complet d’Eglise, semblable a celui de la paroisse et le diocèse. L’engouement des premières décennies baissa lorsque beaucoup d’évêques et de prêtres découvrirent que la pauvreté et l’option pour la cause des pauvres les engageaient également.
A partir des années ’80, les critiques à la théologie de la libération y les poursuites à plus de 140 théologiens de la libération de la part du cardinal Joseph Ratzinger justifia dans beaucoup de diocèses d’Amérique Latine l’abandon de lignes pastorales en faveur des CEBs ; dans les grands séminaires, l’étude des Documents-Conclusions des réunions épiscopales latino-américaines et de la théologie de la libération fut interdite. Depuis ces années-là, les nouveaux prêtres ignorent ces aspects importants du Magistère Latino-américain et considèrent les CEBs et la théologie de la libération comme un danger pour l’Eglise. Dans le même temps les nouveaux évêques furent systématiquement choisis parmi les plus traditionalistes. Le résultat fut une persécution aux CEBs et aux prêtres, religieux et religieuses qui les accompagnaient. Cette situation continue jusqu’à nos jours.
Actuellement les CEBs continuent actives et enthousiastes, et la théologie de la libération qu’elles ont suscitée ne cesse de se développer dans tous les continents. Comme « moteur d’évangélisation et de libération », les CEBs latino-américaines résistent face aux difficultés qu’elles rencontrent à l’intérieur de l’Eglise, elles témoignent de la Bonne Nouvelle du Royaume dans les secteurs et quartiers où elles sont implantées et provoquent les Eglises et la société à être au service des pauvres et des droits de l’homme en général.

LES CEBs RÉSISTENT
Parce qu’elles questionnent les institutions ecclésiales et politiques dominatrices, les CEBs sont persécutées à la fois par le clergé et les gouvernements. En Equateur par exemple, depuis plus de 2 ans un conflit ecclésial oppose la nonciature et les évêques de l’opus dei aux chrétiens du diocèse de Sucumbíos qui n’acceptent pas que soit détruit leur travail pastoral libérateur légitimé par 40 années d’efforts missionnaires selon les orientations des Magistères latino-américains et universel. Cette situation s’est produite dans la plupart des diocèses d’Amérique Latine qui avaient adopté cette nouvelle forme d’évangélisation malgré les protestations locales et la solidarité nationale et internationale.
Dès 1980 et ensuite tous les 4 ans, les CEBs ont tenu leurs réunions latino-américaines. Depuis 2005 une articulation existe au niveau de tout le continent. Depuis plus d’un an cette articulation organise une formation biblique et pastorale par internet à laquelle participent responsables de CEBs et accompagnateurs de tous les pays latino-américains.
Dans les années 2005, le CELAM (Conseil Episcopal Latino-Américain, à Bogota en Colombie), reconnaissait l’importance des CEBs dans tout le continent pour l’évangélisation des secteurs populaires et lançait dans tous les pays une campagne en leur faveur. Un des meilleurs résultats a été leur confirmation dans le Document-Conclusions de la 5e réunion des évêques à Aparecida au Brésil en 2007, malgré les censures apportés au Document après son passage au Vatican. Par contre les conférences épiscopales et la plupart des évêques n’en ont tenu aucun compte de ses orientations sur les CEBs, l’option pour les pauvres, l’inculturation de la foi…
La dernière réunion latino-américaine des CEBs qui a eu lieu au Honduras l’an dernier a démontré leur vitalité et la constitution dans divers pays de CEBs juvéniles.
Les CEBs résistent et se maintiennent : elles accomplissent la parole de Jésus disant que « celui qui a mis la main la charrue ne fait pas marche arrière ».

LES CEBs TÉMOIGNENT DE LA FORCE DU ROYAUME.
C’est sans la passion pour le Royaume qui caractérise les CEBs : « Cherchez d’abord le Royaume et sa justice ; le reste viendra par surcroît ». L’objectif d’actualiser le Royaume se transforme en une vie pleinement réussi, au niveau personnel, social et religieux. Quels changements dans la vie personnelle des membres des CEBs. La vie en communauté est leur référence permanente pour découvrir leur dignité et discerner les chemins d’une vie fraternelle et solidaire. Ceci se doit à la méthodologie utilisée dans les réunions : on commence de parler de la réalité nous qui touche directement, on l’illumine avec la Parole de Dieu et les Documents de l’Eglise et on prend de petits engagements individuels et collectifs pour changer ce qui ne correspond pas aux valeurs du Royaume.
La vie ensemble et le souci pour les autres prennent une nouvelle dimension : il s’agit de construire la grande famille humaine à partir des relations de tous les jours. Viennent alors les actions de solidarité pour changer ce qui détruit la vie et la convivialité. Les engagements se font plus grands et touchent la dimension politique, économique, culturelle et sociale, pour transformer des structures qui sont au service de l’argent et non du bien commun.
Les CEBs sont un facteur de vitalité pour les paroisses et les diocèses. Elles témoignent d’un Jésus présent dans la vie quotidienne, transformateur des personnes et des institutions ankylosées dans des siècles de répétitions passives des mêmes gestes et paroles. Certainement les CEBs en Amérique Latine ont été la portion de l’Eglise qui a pris le plus en sérieux le Concile Vatican II. Elles en ont payé le prix fort avec ses milliers de martyres par tout le continent.
Les CEBs sont les témoins d’une Eglise renouvelée, tranquille devant les défis des cultures nouvelles et décidée à témoigner du Royaume devant tous les aréopages modernes.
Elles nous font dire comme Jésus : « Je te bénis, Père, car tu as révélé ces choses (du Royaume) aux petits et aux humbles ».

Quito, Equateur, février 2013.

Pierre Riouffrait est prêtre diocésain originaire de Haute Loire. Arrivé en Equateur en 1976 con prêtre « Fidei donum » (sans frontière), il a travaillé dans des paroisses pauvres de la ville et la campagne comme accompagnateur des CEBs et chargé de leur formation au niveau national. Il fait partie de l’équipe latino-américaine de l’Ecole Biblique virtuelle dont le siège est au Mexique.

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