jueves, 23 de julio de 2020

Vivre notre bapteme comme pretres, prophetes et rois


LA  SPIRITUALITÉ DES BAPTISÉS
A partir de l’expérience des CEBs d’Amérique Latine

« La spiritualité est comme un feu qui nous soulève pour la libération »

INDICE
Introduction
1e partie : Le sacerdoce des baptisés doit se substituer au sacerdoce ordonné (septembre de 2019).
2e partie : La triple mission de chaque baptisés et de toute la Communauté chrétienne.
-        Comme personnes individuelles nous sommes des ‘prophètes’ et comme CEBs nous sommes un ‘prophétie’ vivante.
-        Comme personnes individuelles nous sommes des ‘prêtres’ et comme CEBs nous sommes le ‘sacerdoce’ de Jésus-Christ.
-        Comme personnes individuelles nous sommes des ‘rois-bergers’ et comme CEBs nous sommes le Royaume de Dieu.
Annexe : Lettre Encyclique du pape Paul VI ‘L’Annonce de l’Evangile’ (1975 – Extraits).
3e partie : « Chère Amazonie », Lettre pleine d’espérance du pape François sur l’Amazonie. (Commentaires).

Guayaquil, Pedro Pierre, avril de 2020.
‘CEBs’ signifie ‘Communautés Ecclésiales de Base’.


INTRODUCTION

La spiritualité chrétienne commence avec de notre baptême quand on nous a dit, en nous marquant avec le chrisme sur nos fronts: "Vous êtes prophète, prêtre et roi-berger." En plus d'être individuelle, la spiritualité a une dimension collective. En tant que CEB, nous sommes une prophétie vivante, nous sommes le sacerdoce du Christ et nous sommes le Royaume de Dieu. Nous allons développer ce thème selon 3 aspects:
1.      Le sacerdoce baptismal doit remplacer le sacerdoce ordonné. Septembre 2019.
2.      La spiritualité qui nous guide est dans la triple mission qui part de notre baptême.
3.      "Chère Amazonie": Lettre pleine d'espoir du Pape François sur l'Amazonie. Mars 2020.



1e partie : LE SACERDOCE DES BAPTISÉS DOIT SUBSTITUER LA SACERDOCE ORDONNÉ
Aout 2019.

1. REVENIR AU SACERDOCE DES BAPTISÉS.

Il y a quelques jours, le pape François a reçu une délégation de l'Association internationale des prêtres mariés. D'un autre côté, il y a le Synode sur l'Amazonie d'octobre prochain: le Document de travail fait plusieurs propositions face à la pénurie de prêtres: ordonner prêtres des hommes mariés et ordonner diacres des femmes. Peut-être devrions-nous approfondir ces aspects parce que d'autres alternatives sont déjà en marche: pourquoi continuer avec les prêtres ordonnés et tous les problèmes qui sont apparu, si on peut résoudre les besoins avec le sacerdoce baptismal ...? Le pape François a déclaré que, sur ces questions, il était ouvert aux propositions des conférences épiscopales des différents pays et continents.
Voici quelques réflexions qui confirment de nouvelles formes d'expression du sacerdoce.

1.      La crise de notre Église, principalement du clergé, est très grave. Les temps changent rapidement et si nous restons dans le passé, nous nous retrouverons avec des communautés chrétiennes marginalisées et marginalisées.

2.      Concernant la prêtrise, je demande: la prêtrise ordonnée telle que nous la connaissons est-elle nécessaire? Je réponds personnellement non. Il me semble que pour éliminer "le cancer du cléricalisme" (le pape François), il faut éliminer le sacerdoce ordonné: c'est l'une des plus grandes conséquences de l'assimilation de la hiérarchie à l'Empire romain à l'époque de Constantin il y a 17 siècles. Le sacerdoce ordonné a épousé le pouvoir impérial: "L'argent et le pouvoir corrompent". Nous sommes donc dans ce que nous avons préparé !

3.      Doit cesser la marginalisation et l’élimination du sacerdoce baptismal par le clergé… depuis l’empereur Constantin. Maintenant, le cléricalisme est plus évident et destructif que jamais.
-        L'expérience latino-américaine des CEBs nous fait voir que les prêtres ordonnés sont «un parmi d’autres» entre les baptisés. Ceux-ci peuvent très bien assumer leur sacerdoce qui inclut le nôtre.
-        Le Concile Vatican II nous a dit que le sacerdoce baptismal était le premier (LG 9) et que le sacerdoce ordonné était à son service: un grand pas pour l'époque, qui à mon avis n'a pas été mis en pratique. On entend dire que le prêtre ordonné, étant un sacrement, est garant et confirmation du sacerdoce baptismal.
-        Le sacerdoce baptismal n'a besoin ni de garantie ni de confirmation, il suffit de le laisser s'exprimer pour ce qu'il est: un sacerdoce complet, tel qu'il était pratiqué dans les premières communautés chrétiennes et tel qu'il se pratique dans les groupes chrétiens où, parmi les baptisés, "la Cène du Seigneur" est célébrée sans la présence d'un prêtre ordonné.

4.      L’ordination d’hommes mariés, selon certaines propositions du Synode sur l'Amazonie, sont un palliatif qui reporte le problème sans le résoudre, car il retombe dans les limites actuelles. Pourquoi, une fois pour toutes, les baptisés ne sont-ils pas reconnus, hommes et femmes, avec leur sacerdoce originel qui leur permet de présider à la «fraction du pain», ou l'Eucharistie, comme le faisaient les premiers chrétiens?

5.      Il en va de même pour l'ordination de femmes prêtres ...
-        Disons d’abord que c’est une grande injustice que les femmes aient été éliminées en tant que prêtres, car elles ont présidé la «Cène du Seigneur» dans l’Eglise primitive. C'est un autre outrage du cléricalisme patriarcal.
-        La dite justification de réserver le sacerdoce exclusivement à des hommes parce que Jésus était un homme est une erreur, car être un homme n'est pas un caractère essentiel pour la prêtrise. Jésus était juif: selon la même logique, seuls les juifs pouvaient être acceptés comme prêtres catholiques !
-        Dans les premières communautés, les femmes ont célébré la « fraction du pain – Eucharistie » dans les maisons, et on nous dit même récemment dans un livre, qu'elles ont assumé la charge de l'évêque, selon diverses mosaïques des premiers siècles.
-        Le sacerdoce actuellement ordonné arrête l'avancée de l'Église et de sa mission de libération en raison de son cléricalisme, de son patriarcat, son autoritarisme ... et d'autres abus scandaleux. L'ordination de femmes avec les mêmes caractéristiques que le sacerdoce ordonné actuel, aggraverait la situation des femmes et des communautés chrétiennes.
-        Il en va de même pour l'ordination des femmes diacres. Le diaconat actuel n'est pas baptismal, mais clérical : le diacre remplace presque toujours le prêtre ordonné. Il ne valorise pas les femmes mais continue de la reconnaître comme inférieure aux hommes.

CONCLUSION
La proposition alternative reprend le vrai traditionalisme: réévaluer et exprimer la dimension sacerdotale de tous les baptisés comme aux origines. Nous devons prendre conscience de l’identité profonde de notre baptême et l'exercer dans son intégralité, c'est-à-dire, entre autre, présider l'Eucharistie.
Ainsi s’ouvrirait la voie vers un avenir en toute fidélité au Mouvement de Jésus pour le Royaume. De plus en plus, il est admis que Jésus n'a pas ordonné de prêtres ni n'a fondé aucune Église. Jésus est venu pour le Royaume. Si, jadis, les chrétiens pensaient que le sacerdoce ordonné et les Églises telles qu'ils se sont organisés jusqu'à présent pouvaient être des moyens adéquats de construire le Royaume, nous constatons aujourd'hui que cette réalité existe de moins en moins et est une erreur. Il est temps de revenir aux pratiques de Jésus et des premières communautés chrétiennes. Le Synode pour l'Amazonie est une bonne occasion de surmonter le cléricalisme et l'enfermement ecclésial aujourd'hui.

Nous sommes dans une nouvelle ère: "A vin nouveau, outres neuves!" (Marc 2:22).


2. L’ÉGLISE – PEUPLE DE DIEU AUX MAINS DES LAÏQUES

Dans nos Églises depuis le Concile Vatican II, le protagonisme des laïcs s’est exprimé avec force, en particulier de la part des femmes, malgré les limites imposées par le clergé et l'organisation institutionnelle de l'Église. Cette place des laïques doit être généralisée pour une plus grande fidélité à Jésus, une plus grande croissance ecclésiale et une plus grande gloire de Dieu. C'est ainsi qu’apparaitra l’Eglise telle qu’elle est définie par le Concile Vatican II: « Peuple de Dieu ».

A. LES 3 MALADIES INDIQUEES PAR MARTÍN LASARTE DURANT LE SYNODE DOIVENT ETRE GUÉRIES

1.      L'anthropologie religieuse, ou réduction de l'évangélisation aux services sociaux, sera combattue par la centralité de Jésus à la fois dans la vie personnelle et dans l'Église.
2.      Le moralisme social, ou réduction de l'évangélisation à un catalogue de lois à accomplir, sera combattue pour la priorité absolue du Royaume.
3.      La sécularisation, ou réduction de l'évangélisation à un humanisme sans spiritualité, sera combattue par le renforcement de la spiritualité chrétienne et du dialogue interculturel.

B. LES LAÏCS SERONT LES PROTAGONISTES DE CES TROIS CONVERSIONS

-        La centralité de Jésus unit l'action à la contemplation et la foi à l'engagement politique. Jésus est le modèle de tous les évangélisateurs.
-        La priorité absolue du Royaume oblige à tout mettre, dans l’Eglise, au service de sa croissance. "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et le reste viendra en plus" (Matthieu 6.33).
-        L'interculturalité ou dialogue et partage des cultures, consiste à se concentrer sur la spiritualité chrétienne qui place les pauvres comme sujets à la fois dans l'Église et dans la société. Grace au dialogue et au partage avec d’autres cultures, nous nous enrichissons des spiritualités des autres religions.

C. JÉSUS ÉTAIT LAÏC ET, DANS SON MOUVEMENT POUR LE ROYAUME, LES LAÏQUES DOIVENT ÊTRE SES PROTAGONISTES.
Les ministères à développer partent de notre baptême qui nous fait prophètes, prêtres et rois-bergers. De cette triple identité naissent 3 classes de ministères.

1.      Les ministères prophétiques sont au service de la parole. Celui-ci, d'une part, en paroles et en actes, dénonce tout ce qui empêche ou détruit le Royaume de Dieu et, d'autre part, annonce tout ce qui le révèle et le favorise.
2.      Les ministères sacerdotaux sont au service de la relation individuelle et collective avec Dieu: prières, célébrations, sacrements, dévotions populaires ...
3.      Les ministères royaux, c'est-à-dire les ministères pastoraux, sont au service de l'organisation, de la fraternité, de la justice, de la participation politique, des droits de l'homme, des peuples et de la nature.

Malgré les fortes résistances, ce processus d'une Eglise - Peuple de Dieu avance. Les laïcs sont le cœur de l'Église. Il faut ajouter plus de collaborateurs laïques soucieux du présent et de l'avenir que du passé. Dieu est toujours nouveau et son Esprit ne cesse de fonctionner.


2e  partie : LA SPIRITUALITÉ PROVIENT DE NOTRE TRIPLE MISSION DE BAPTISÉS

Revu en avril de 2020.

La triple mission que nait de notre baptême nous donne ‘l’esprit’ dans lequel nous devons travailler. Nous sommes tout à la fois prophètes et prophétie, prêtres et sacerdoce, et rois-pasteurs et Royaume de Dieu.

A. COMME PERSONNES INDIVIDUELLES NOUS SOMMES ‘PROPHETES’ ET COMME CEBs NOUS SOMMES UNE ‘PROPHÉTIE’

1.      INDIVIDUELLEMENT NOUS SOMMES PROPHETES

a)     Apprendre à discerner
-        Le prophète est celui qui parle, mais pour parler, il faut savoir discerner. C'est pourquoi Jésus a invité ses disciples à discerner «les signes des temps», expression reprise par le pape Jean 23 au début du Concile Vatican II (1962). "Vous connaissez et interprétez donc les aspects du ciel, et n'avez-vous pas la capacité pour les signes des temps?" (Matthieu 16.3). Nous apprenons à discerner en regardant, en écoutant, en réfléchissant, en priant, en lisant ... et surtout grâce à la Communauté.
-        Le prophète n'est pas celui qui devine le futur, mais celui qui regarde plus loin et plus profondément, pour comprendre le sens de la vie et des événements: Où est le Royaume? Où est-il absent et détruit ? Où sont les appels de Dieu? Où la résurrection de Jésus est-elle rendue présente aujourd’hui? Où travaille l'Esprit? Et moi où suis-je?

b)     Mission du prophète
-        Nous sommes tous des prophètes: les pères et mères avec leur famille, nous entre frères, amis, voisins, professionnels, dans les activités ecclésiales et sociales ... Telle est notre vocation et notre première mission.
-        Le prophète a trois tâches devant lui:
1. Reconnaitre la voix de Dieu dans la vie de tous les jours
2. Dénoncer ce qui appauvrit, empêche et détruit le Royaume de Dieu.
3. Annoncer ce Royaume en paroles, en actes, en témoignage de vie et dans nos célébrations.

Conclusion: En tant que prophètes, nous sommes une voix d'alerte, de dénonciation et d'annonce, par rapport au Royaume.

2.      EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES UNE PROPHÉTIE VIVANTE
-        Les autres nous regardent et écoutent non seulement en tant que personnes, mais aussi en tant que communauté: ensemble, que faisons-nous, que disons-nous, que montrons-nous?
-        Demandons-nous: quel est le témoignage collectif que nous donnons pour nos actions communes, nos activités communautaires, nos positions collectives ...? En tant que CEBs, sommes-nous la voix de Jésus, la présence du Royaume de Dieu, la manifestation d'une Église renouvelée et d'une nouvelle société?

B. COMME PERSONNES INDIVIDUELLES NOUS SOMMES ‘PRETRES’ ET COMME CEBs NOUS SOMMES UNE PROPHÉTIE

1.      JESUS FUT LAÏQUE TOUTE SA VIE
Il n’était pas de la tribu des ‘lévites’ ni faisait partie des prêtres du Temple de Jérusalem.

a)     Le sacerdoce dans le peuple de Jésus
-        Aux origines, le père de famille assumait le rôle de prêtre, dans sa maison: il priait, annonçait la Parole de Dieu (les Écritures), vivait la volonté de Dieu…
-        Lorsque les Hébreux sont sortis de l'esclavage en Égypte, s’est mise en place une organisation sacerdotale. Les responsables de la foi, de la prière et des actes religieux étaient les hommes de la tribu Lévi, appelés «Lévites». Notons que les Lévites n'avaient aucune propriété; ils étaient entretenus par la dîme et les prémices.
-        Avec la construction du temple de Jérusalem (vers l'an 1.000 avant Jésus), une nouvelle organisation sacerdotale est apparue. Après l'exil babylonien (vers 500 ans avant Jésus), ils ont entrepris la reconstruction de Jérusalem et de la Palestine… et ils ont gardé le pouvoir, l’argent et les privilèges.

b)     Le sacerdoce dans le Nouveau Testament
-        Le mot ‘prêtre’ appliqué individuellement aux premiers chrétiens n’apparait pas dans le Nouveau Testament. Les auteurs parlent collectivement d’une Communauté sacerdotale.
-        Les apôtres ne sont pas appelés "prêtres", afin de ne pas être identifiés aux prêtres juifs qui avaient participé à la condamnation à mort de Jésus.
-        Seulement dans les dernières lettres de Paul (ou plutôt de ses disciples), les coordinateurs des Communautés sont appelés «évêques et prêtres».
-        Pour les célébrations de la «fraction du pain» ou de l’eucharistie, le ‘maitre ou la maitresse de maison’, homme ou femme indistinctement, présidait la ‘fraction du pain’.

c)      Le sacerdoce tel que nous le connaissons est développé avec l'empereur Constantin au IIIe siècle de notre ère
-        Les évêques et les prêtres alliés de l’empereur sont devenus responsables du culte et des actes religieux lorsque le christianisme est devenu la religion de l'Empire romain avec Constantin.
-        Les empereurs leur ont donné les temples, les vêtements, les privilèges de la religion païenne et le droit de l'empire.

Conclusion: Avec Constantin, il y a eu, scandaleusement, un pacte de la hiérarchie chrétienne avec ceux qui avaient condamné Jésus à mort sur une croix. Au même moment ils sont retournés au sacerdoce juif de l'Ancien Testament. Telle est aujourd’hui encore la réalité du sacerdoce ordonné !!

2.      LA VIE DE JÉSUS AVAIT UN CARACTÈRE SACERDOTAL
C'est le thème de la Lettre aux Hébreux.
-        Dans la Lettre aux Hébreux, Jésus est reconnu prêtre, ou plus exactement ‘Grand Prêtre’ : "Nous avons un souverain sacrificateur exceptionnel" (5,14): "Vous êtes prêtre pour toujours à l'image de Melchisédech" (5,6 et Genèse 14,18-20).
-        C'est la vie et la mort de Jésus qui avaient un caractère sacerdotal parce que ce fut une offrande agréable à Dieu. C'est pourquoi Paul a écrit aux Romains: "Offrez-vous comme un culte agréable à Dieu" (12,1).
-        La lettre aux Hébreux affirme que Jésus a l’exclusivité de ce sacerdoce et que son offrande sur la croix est unique et ne peut pas se répéter. Par sa vie, sa mort et sa résurrection, Jésus nous a ouvert la voie du salut: c'est le Royaume. Jésus nous sauve si nous suivons son exemple.
-        L'adoration que Dieu veut est notre façon de vivre communautaire agréable à Dieu, c'est-à-dire, être sa famille, une fraternité universelle.

3.      INDIVIDUELLEMENT NOUS SOMME TOUS PRETRES
-        Jésus nous a fait découvrir que nous sommes directement liés à Dieu, sans le besoin d’intermédiaires: "Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité" (Jean 4,23-24), sans avoir besoin de prêtres ni de rites comme intermédiaires obligés.
-        Jésus lui-même a dit: "Quand 2 ou 3 sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu de vous" (Matthieu 18:20).
-        Nous sommes prêtres lorsque nous nous aidons à nous relier à Dieu, à prier ensemble, à nous bénir, à bénir le pain et la nourriture, à réaliser nos dévotions, à fraterniser avec tous, à bâtir le Royaume, à nous présenter comme une offrande agréable en famille... Cela n’est réservé à personne en particulier ; c’est propriété et exigence de tous les baptisés.

4.      EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES LE SACERDOCE DU CHRIST
-        Collectivement, nous continuons la vie, la mission, la mort et la résurrection de Jésus: nous sommes le "corps mystique" du Christ.
-        Nous sommes collectivement le sacerdoce du Christ lorsque, dans nos communautés ou organisations, nous nous unissons pour nous offrir au Père comme l’unique culte agréable à Dieu.
-        La fraternité est le meilleur culte que nous pouvons présenter à Dieu: Les prêtres que Dieu veut, sont tous les baptisés que construisent et offrent la fraternité à Dieu, c'est-à-dire, quand nous nous offrons comme Royaume de Dieu sur cette terre.
-        C'est pourquoi nous sommes individuellement et collectivement une bénédiction de Dieu: un autre acte sacerdotal.

CONCLUSION
Le sacerdoce ordonné n'a d'autre mission que d'édifier le Royaume, d'éveiller le sacerdoce des baptisés et d'établir des Communautés fraternelles sans frontières qui s'offrent comme le meilleur culte de Dieu.

C. EN TANT QUE PERSONNES INDIVIDUELLES NOUS SOMMES ‘ROIS PASTEURS’ ET COMME CEBs NOUS SOMMES LE ROYAUME DE DIEU AUJOURD’HUI

Nous nous souvenons que Jésus n’aimait pas qu’il soit fait ou nommé «roi». «Es-tu roi?» avait demandé Pilate. Ce a quoi Jésus répondit : "Oui, mais pas à la manière des rois de ce monde" (Jean 18:36). Jésus préférait le terme "berger": "Je suis le bon berger" (Jean 10,11). Cette comparaison nous aide à comprendre notre mission aujourd'hui: nous organiser en Communautés au service du Royaume.

1.      DANS L’ANCIEN TESTAMENT, ÊTRE «ROI BERGER», C’ÉTAIT DÉFENDRE LES PAUVRES

a)     Psaume 72: Le roi est le défenseur des pauvres.
"Ô Dieu, communique au roi ton jugement et ta justice à ce fils du roi,
afin qu'il juge votre peuple avec justice et vos pauvres dans les jugements qu'ils exigent ...
Il jugera le petit peuple avec justice, il sauvera les enfants des pauvres, car il écrasera l'oppresseur ...
Car il délivrera le mendiant qui crie vers lui, le petit qui n'a de soutien pour personne;
il a pitié des faibles et des pauvres, il sauvera la vie des pauvres;
de l'oppression violente sauve sa vie et son sang précieux sous ses yeux.

2.      LES TÂCHES DU BERGER (Jean 10,1-16)
-        Entrer par la porte de la bergerie… pour que les moutons entendent sa voix et le suivent.
-        Appeler chacun par son nom.
-        Aller faire paitre en marchant au premier rang.
-        ... pour que tous aient la vie et la vie en abondance.
-        Donner sa vie pour les autres.
-        Avoir le souci de ceux que sont ailleurs.
Le pape François a dit que le berger-pasteur devait être "non seulement devant, mais aussi au milieu et derrière le troupeau".

3.      ÊTRE «ROI-BERGER», C’EST CONSTRUIRE LE ROYAUME DE DIEU.
Extraits de la conférence du père Joseph Comblin au Chili, décembre 2010 ...

« Participant: Enfin, j'ai besoin de savoir ... Une dernière question : Qu'est-ce que le royaume de Dieu? Qu'est-ce que le Royaume de Dieu? S'il vous plait...
Joseph Comblin: Bon, c’est-à-dire… Qu'est-ce que ‘règner’ dans la Bible? Régner, c'est combattre les dirigeants pour sauver les pauvres. C'est ce qui justifie l'autorité. Le rôle de l'autorité est de combattre les puissants pour sauver les dominés. Dans le psaume 72, le rôle du roi est donc clair. Et le Royaume de Dieu c’est que Dieu vient pour faire cela. Et maintenant, Dieu commence à faire cela : Combattre les dominateurs, être contre les puissants et soulever les opprimés, les rejetés. Voilà donc ce qu’est le Royaume de Dieu. « (Applaudissements). »

4. NOUS SOMMES INDIVIDUELLEMENT DES ROIS BERGERS AU SERVICE DU ROYAUME

a)     La première mission de chaque baptisé est de bâtir le Royaume de Dieu.
-        Jésus nous dit: «Cherchez d'abord le Royaume de Dieu. Le reste viendra en plus » (Matthieu 6.33).
-        Pape Paul VI: «L'annonce du royaume de Dieu. 8.… Seul le royaume est donc absolu et tout le reste est relatif (Cf. Matthieu 6.33). »

b)     Le Royaume est le résultat de nouvelles relations à tous les niveaux
-        De nouvelles relations avec soi-même: Le Royaume est dignité et croissance.
-        De nouvelles relations entre nous: Le Royaume est fraternité.
-        De nouvelles relations dans les structures: le Royaume est justice.
-        De nouvelles relations avec la nature: Le Royaume est l'harmonie.
-        De nouvelles relations avec Dieu: le Royaume est communion.

5.      EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES LE ROYAUME DE DIEU: C'EST NOTRE TÂCHE COLLECTIVE.
Paul VI: «L'annonce de la libération du salut. 30. L'Église, répètent les évêques, a le devoir d'annoncer la libération de millions d'êtres humains, parmi lesquels il y a beaucoup de leurs enfants; le devoir d'aider à réaliser cette libération, d'en témoigner, de la rendre totale. Tout cela n'est pas étranger à l'évangélisation. » (L’Annonce de l’Evangile)

6.      EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES L'ÉGLISE DES PAUVRES.
-        Nous sommes l'Église à la base de la société, une Église complète, sœur autonome de la paroisse: «La communauté chrétienne de base est donc le premier et le noyau ecclésial fondamental, qui doit, à son niveau, être responsable de la richesse et de l'expansion de la foi, ainsi que l'adoration qui en est l'expression. Elle est donc la cellule initiale de la structuration ecclésiale, le foyer de l'évangélisation, et actuellement un facteur primordial de promotion et de développement humains » (1968, Document de Medellín 15,10).
-        Pape Jean XXIII: "L'Église est et doit être l'Église des pauvres" (1961, à la veille du Concile Vatican II).
-        Pape Jean-Paul II (1981) «L'Église est profondément attachée à cette cause (solidarité), car elle la considère comme sa mission, son service, comme vérification de sa fidélité au Christ, afin d'être véritablement« l'Église de la pauvres »» (Lettre «Le travail humain», 8).

CONCLUSION
1.      A l'exemple de Jésus, la spiritualité de libération nous provoque de l'intérieur de nous-mêmes.
2.      Cette spiritualité a une dimension individuelle et collective.
3.      Les CEBs réunissent ceux d'entre nous qui vivons cette spiritualité libératrice pour nous-mêmes, les autres, notre Eglise et l'ensemble de la société.
4.      La passion pour le Royaume est au cœur de cette spiritualité.
5.      La spiritualité libératrice est la caractéristique de l'Église des pauvres.


Annexe: ROYAUME ET LIBÉRATION selon Paul VI (‘L’Annonce de l’Evangile’, 1975).

Le pape Paul 6 ° dans sa lettre encyclique ‘L’Annonce de l’Evangile’ (1975) écrit:
-        8: «Seul le Royaume est donc absolu»…
-        9: «Le salut… est la libération de tout ce qui opprime l'homme»…
-        30: «L’Eglise… a le devoir d’annoncer… et de faire que cette libération naisse»…
-        58: «Les CEBs… s'épanouissent»…

1.      «L'annonce du Royaume de Dieu
8. Le Christ, en tant qu'évangélisateur, annonce tout d'abord un royaume, si important que, par rapport à lui, tout devient "le reste", qui est donné en plus (Matthieu 6.33). Seul le royaume est donc absolu et tout le reste est relatif. Le Seigneur se fera un plaisir de le décrire de différentes manières… »

2.      « L'annonce de la libération du salut
9. En tant que noyau et centre de sa Bonne Nouvelle, Jésus annonce le salut, ce grand don de Dieu qui est la libération de tout ce qui opprime l'homme, mais qui est avant tout la libération du péché et du mal, dans la joie de connaitre Dieu et d’être connu de lui, de le voir, de s'abandonner à lui ; tout cela prend son origine dans la vie de Christ et se réalise définitivement par sa mort et sa résurrection; mais doit être patiemment poursuivi au long de l'histoire jusqu'à ce que ce soit pleinement réalisé le jour de la venue définitive du Christ lui-même… »

3.      « Un message de libération
30. Il est bien connu en quels termes de nombreux évêques de tous les continents et surtout les évêques du Tiers-Monde, ont pris la parole lors du récent synode, avec un accent pastoral dans lequel s’expriment les voix de millions d'enfants de l'Église… Ces peuples, nous le savons déjà, sont engagés avec toutes leurs énergies dans l'effort et dans la lutte pour vaincre tout ce qui les condamne à être en marge de la vie: faim, maladies chroniques, analphabétisme, appauvrissement, injustice dans les relations internationales et, surtout, dans les échanges commerciaux, les situations de néocolonialisme économique et culturel, parfois aussi tant cruelles comme celles de la politique, etc. »

4.      « Communautés ecclésiales de base
58. Le Synode a largement traité de ces "petites communautés" ou "communautés de base", car elles sont fréquemment mentionnées dans l'Église aujourd'hui. Que sont-elles et pourquoi devraient-elles être les destinataires privilégies de l'évangélisation et en même temps qu’elles sont évangélisatrices? Elles fleurissent un peu partout dans l'Église, selon les différents témoignages entendus lors du Synode, et elles sont assez différents les uns des autres même au sein d'une même région, et bien plus d'une région à l'autre… »


3e partie: « CHERE AMAZONIE », LETTRE D’ESPÉRANCE DU PAPE FRANCOIS SUR L’AMAZONIE

Mars 2020.

Les grands moyens de communications ont réduit la récente lettre apostolique du pape François sur l'Amazonie à un titre négatif: "Le pape dit ‘non’ au sacerdoce des couples mariés, au diaconat des femmes et aux rites amazoniens." Le pape laisse plutôt la porte ouverte et préfère que les suggestions viennent de ceux qui travaillent en Amazonie. Ceux-ci ont exprimé leurs angoisses, leurs joies, leurs réflexions et leurs propositions dans le Document final du Synode (ou Rencontre Ecclésiales) que des évêques ont eu avec le pape en octobre dernier. Le pape lui-même présente sa lettre comme un «complément» dudit document, invite à le lire attentivement, le confirme et exprime ses rêves sur l’Amazonie. Souvenons-nous que le thème du Synode et de la Lettre pontificale est: "Amazonie, nouvelles voies pour l'Église et pour une écologie intégrale".
La Lettre du Pape est surprenante car, généralement, les critères et les directives viennent du Vatican et sont ensuite remplis dans les différentes Églises. Il n'y a rien de tel dans cette Lettre : le pape propose plutôt de s'inspirer du Document final du Synode et de prendre des décisions avec "audace". Le pape laisse l'initiative aux Églises des 9 pays qui ont un territoire amazonien. C’est un changement, pourrait-on dire, «capital» dans la tradition de l’Église catholique, où tout part toujours «d’en haut». Cette nouvelle pratique voulue par le pape François a également été une caractéristique du Synode sur l'Amazonie où il avait une grande liberté de parole qui a permis de présenter des propositions pastorales très concrètes. C'est ce qu'on appelle, dans le langage ecclésiastique, la "synodalité", c'est-à-dire, "marcher ensemble, en se laissant guider par les pauvres": c’est l'une des grandes nouveautés du pontificat du pape François. Dans l'Église catholique, le terme «démocratie» est un mot tabou. Imaginez : «Laissez-vous guider par le peuple des pauvres!»… Et pourtant c’est ce que Jésus a fait. Vivons donc la «synodalité» dans l'Église et la société!
Dans sa lettre, le pape François insiste sur 4 aspects où il faut intervenir fermement et audacieusement.  En plus de l'aspect ecclésial, il y a le social, le culturel et l'écologique. Pour l’aspect social, le pape invite à être prophètes et prophétie, selon l'exemple de Jésus, en parole et en action. Cela signifie, d'une part, dénoncer tout ce qui détruit à la nature et la vie, la dignité et l'identité des peuples amazoniens et, d'autre part, annoncer que le ‘Bien vivre’ est une bonne nouvelle remplie de l'Évangile de Jésus de Nazareth, parce qu’il met en premier les gens, le bien commun et la protection de la nature. Pour l’aspect culturel, il y a les tâches d'inculturation et d'interculturalité, c'est-à-dire, en tant qu'Église, il s’agit de s’incarner dans les cultures amazoniennes et de se laisser guider par la sagesse et les expressions religieuses des peuples amazoniens. De cette façon, il sera possible, avec le protagonisme des mêmes habitants de l'Amazonie, de sauver les peuples en voie de disparition, de sauver les visions du monde indigènes et d'entreprendre de nouvelles manières de se constituer l'Église et de se construire comme société. Sur le plan écologique, comme l'écrit le pape François, les peuples amazoniens ont beaucoup à apporter à l'humanité tout entière en marche, car nous sommes en marche vers le suicide mondial. Le «Vien vivre» de ces peuples est un exemple de relations humaines respectueuses des personnes et de la nature. Ils nous offrent leur spiritualité pour nous aider à nous sauver ensemble de l'effondrement dans lequel nous nous trouvons partout sur la planète, consciemment ou inconsciemment.
Tout cela implique d'entreprendre une nouvelle manière d'être Église au service de l'Amazonie, des peuples qui l'habitent et de leur nature, mais avec une nouvelle méthode: en synodalité, c'est-à-dire, ensemble au sein de l'Église, avec les peuples les amazoniens, ainsi que tous ceux qui travaillent en leur faveur. En regardant la lettre papale de ce point de vue, elle est très optimiste, car ce qui est fait et sera fait en Amazonie conformément aux rêves du pape François se répercutera dans toute l'église et la société. C'est une invitation pour tous les "hommes et les femmes de bonne volonté" (les destinataires de la Lettre du Pape), à être protagonistes dans les Églises et dans les lieux où nous vivons, d’une Église renouvelée et d’une société inclusive et participative.


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