SÍNODE SUR L’
AMAZONIE : DÉFI POUR L’
ÉGLISE
Pierre Riouffrait, prêtre ‘Fidei donum’.
Equateur. Mars 2019.
Le
synode sur l'Amazonie arrive à un moment difficile pour l'Église. Il y a les
scandales de la pédophilie, les divisions et oppositions dans l'Église même;
les résultats plutôt médiocres du Synode sur la jeunesse… En ce qui concerne
l'Amazonie et l'environnement au niveau mondial, les informations sont de plus
en plus préoccupantes. Cette situation fait en sorte que les attentes du Synode
en Amazonie sont grandes et la nécessité de changements urgents dans
l'organisation ecclésiale.
A. QUELQUES
DONNÉES SUR LE SYNODE SUR L’AMAZONIE
1.
Le synode lui-même
La
date de réunion est prévue pour octobre 2019. La préparation du Synode a débuté
il y a 2 ans. L'année dernière, les réponses à un questionnaire ont été
unifiées dans un document servant de préparation immédiate au Synode.
Les
pays qui participent au Synode sont au nombre de neuf, car ils ont une partie
de l’Amazonie sur leur territoire. Ce sont le Brésil, le Pérou, la Bolivie,
l’Équateur, la Colombie, le Venezuela, le Paraguay, la Guyane et le Suriname. Le
Conseil Episcopal Latino-Américain (CELAM) dont le siège est à Bogotá a mis en
place une coordination ecclésiale appelée Réseau Pan-Amazonien (REPAM) pour
rendre le travail plus efficace.
2.
L'Amazonie
La
surface de l’Amazonie est d’environ 7 millions de km2. C'est la forêt la plus
vaste de notre monde qui, en raison de la quantité d'oxygène qu'elle produit est
reconnue comme le "poumon de la planète". C'est également la région
du monde où la biodiversité de la flore et de la faune est la plus importante
et la plus diversifiée. En 2011, elle a été déclarée l'une des 7 merveilles du
monde.
La
destruction de l'environnement est des plus sauvages et augmente chaque année
malgré les alarmes de plus en plus nombreuses, à cause de la déforestation, l’agriculture
à grande échelle, l’exploitation minière sans contrôle, les plantations de
drogue, le tourisme ...
Il
est difficile d'évaluer la population de l'Amazonie en raison de sa rareté et
de sa dispersion. Les 50 plus grandes villes des différents pays amazoniens
comptent plus de 15 millions d'habitants. Dans la jungle, quelques 170 ethnies
sont en situation d’isolement volontaire. La destruction des peuples
autochtones est progressive.
3. L'Église en Amazonie
Chaque pays s'efforce d'organiser
l'évangélisation de l'Amazonie par le biais de congrégations missionnaires qui se
chargent de la sacramentalisation et des œuvres sociales d'éducation et de
santé. Parce que ce sont des régions très étendues, très peu peuplées et avec
des groupes ethniques très différents, la pastorale permanente est très rare.
Depuis le Concile Vatican II, il y a
50 ans, la formation permis aux laïcs à prendre des responsabilités dans leurs
communautés. La réunion des évêques d’Amérique latine en 1992 à Saint-Domingue
(République dominicaine) a insisté sur l’inculturation dans cinq
domaines : la foi, l’Église, la liturgie, les sacrements, l’Évangile et
des dogmes. Peu de progrès ont été accomplis en raison du manque de ministres
et des réticences et orientations de la part des autorités vaticanes.
B. LE THÈME DU SYNODE EST "DE NOUVELLES
VOIES POUR L'ÉGLISE ET POUR UNE ÉCOLOGIE INTEGRALE".
Selon son thème,
le Synode de l’Amazone aura 3 axes principaux.
1. "Nouvelles voies..." par rapport à sa population autochtone, à la
mondialisation et au fossé de l'Église elle-même face à ces défis.
2. Nouvelles voies... "pour l'Eglise": Il s’agit de mettre en œuvre une
nouvelle conception de la mission.
a)
Au fil des ans, la valeur de chaque religion a été
découverte, sans aucune supériorité entre elles.
b)
L'inculturation est remplacée par
l'interculturalité, c'est-à-dire un enrichissement mutuel des cultures qui sont
la matrice des religions. L'Amazonie possède une grande diversité de cultures capables
de générer de nouvelles expressions religieuses pour le christianisme lui-même.
c)
Ces évolutions obligent l'Eglise catholique à
mettre à jour ses structures, ses normes, ses expressions liturgiques, ses
ministères, son centralisme et son patriarcat...
3. Nouvelles voies... "pour une écologie intégrale" qui embrasse la nature et
les peuples qui y vivent. Aujourd'hui, les droits de la nature et des peuples
autochtones sont les drapeaux de la solidarité et de la lutte de l'Église
catholique.
C. DEFIS ET TACHES
En Amérique latine les cinq
réunions des Conférences Épiscopales Latino-américaines, les Communautés Ecclésiales
de Base et la Théologie de la Libération ont ouvert de nouvelles voies et de
nouvelles expressions de la foi. Le Synode de l’Amazonie est une occasion
unique pour la transformation de notre Église et de notre monde actuel à partir
de ce qui existe déjà.
1. Les grands défis. Le Synode doit affronter de nouveaux défis.
a)
Que ce soit un nouveau développement pour les
peuples amazoniens. Actuellement, leur survie, leur développement harmonieux et
leur intégration respectueuse dans la communauté internationale sont en jeu.
b)
Que ce soit une grande Pentecôte pour l'Église
catholique. Les Eglises d'Amazonie sont un "laboratoire" de
transformation ecclésiale si nous savons nous ouvrir à la nouveauté des
"signes des temps" et du Saint-Esprit.
c)
Que ce soit une relation d'amour avec la nature.
La grande nouveauté des peuples amazoniens est leur relation amicale avec la nature.
Ils peuvent beaucoup contribuer à la rénovation du reste du monde.
2. Trois grandes tâches
Notre église a besoin de grands changements
pour sortir d'un traditionaliste obsolète qui est incapable de répondre aux
défis actuels. Trois grandes taches a mette en marche s’inspirent des paroles
et des attitudes du pape François : « Remplacez cet actuel système de
mort - Soyez une Eglise sur en état de mission ».
a)
Première taches : L'exemple de Jésus et les
pratiques des premières communautés chrétiennes. « Revenons au ‘premier amour’ ».
Le Concile Vatican II et les différents
Synodes continentaux de la fin du siècle dernier nous guident tous pour revenir
à la nouveauté de Jésus et à sa Bonne Nouvelle du Royaume. La mission de Jésus
était de faire en sorte que le Royaume de Dieu se réalise. Les premières
communautés chrétiennes ont continué sur cette voie, c'est pourquoi elles nous
ont laissé les évangiles, c'est-à-dire la pratique de Jésus en relation avec le
Royaume.
b)
Affrontez et remplacez le système de mort
néolibérale.
Sur ce point, le pape François est
particulièrement clair et énergique, notamment dans ses trois Rencontres
Mondiales avec les organisations populaires à Rome et en Bolivie. Il appelle le
système capitaliste "terroriste" : il doit être
"changé". "Nous parlons de la nécessité d'un changement de
structures pour que la vie soit respectée... Rebellez-vous contre la tyrannie
de l'argent! Soyez courageux! Fuyez la corruption!"
c)
"Une église en sortie".
Dans son exhortation sur la joie de
l'Évangile, il écrivait: "Je rêve d'une option missionnaire capable de
tout transformer, afin que les coutumes, les styles, la langue et toutes les
structures ecclésiales deviennent un canal approprié pour l'évangélisation du
monde présent plus que pour la conservation de soi "(EG 27). Cela
signifie:
-
Abandonner une culture cléricale vers une culture
de dialogue et de respect.
-
Abandonner une Eglise ‘château fortifié’ pour être
un "hôpital de campagne".
-
Abandonner une Eglise fermée sur elle-même pour une
Eglise miséricordieuse, préoccupée pour les pauvres.
-
Cesser d’être une institution absolutiste pour une Eglise
communion et peuple de Dieu.
-
Abandonner le statu quo et la complicité avec
l’argent et le pouvoir pour être une église prophétique, défenseur de toutes
les victimes.
-
Abandonner une pastorale des grandes rencontres pour
redevenir une église domestique, une Eglise de Communautés...
Ces changements sont possibles car ils ont commencé à se
réaliser; ils sont nécessaires parce
que les populations pauvres vivent une très mauvaise période; ils sont urgents, car les crises ecclésiales
seront toujours plus fortes et plus dévastatrices.
Pierre Riouffrait, ‘prêtre sans frontière’.
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