L I R E L A
B I B L E U N E P R E M I E R E F O I S
Guide de lecture
à partir de
l’Amérique Latine
Equateur, 2011. PR.
INDEX
Introduction
1.
Le temps des
ancêtres
2.
La Terre Promise
3.
Le temps des rois
et des prophètes
4.
Le temps des sages
5.
Le temps de Jésus
et des Premières Communautés chrétiennes
Annexe :
Jésus-Christ est le Seigneur. PR.
Que ceci nous aide à découvrir que le temps des hommes
n’est autre que le temps de Dieu, hier, aujourd’hui et demain, parce que son
Royaume est notre héritage, si nous le voulons ainsi.
INTRODUCTION.
- La Bible est divisée en 2 parties à partir de
Jésus : avant et avec lui.
-
Avant lui, c’est l’Ancien
Testament ou Ancienne Alliance, en référence à l’Alliance de Dieu avec
Moïse.
-
Avec Jésus, c’est
le Nouveau
Testament ou Nouvelle Alliance.
- A leur tour chacune de ces 2 parties a différentes
sections, appelées « livres ».
-
Ces livres sont
divisés en chapitres et versets (ou ligne).
-
Les titres de
chaque livre sont souvent abrégés.
-
Exemple : Gn
11,1, signifie : livre de la Genèse chapitre 11, verset 1.
I . LE TEMPS DES ANCÊTRES, DES FONDATEURS ET DES LÉGENDES CORRESPONDANTES.
A. LES 5
PREMIERS LIVRES DE LA BIBLES ONT ÉTÉ COMPOSÉS À PARTIR DE LÉGENDES
- Ce sont les
libres de la Genèse, l’Exode, le
Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.
- Ce sont des légendes à partir de souvenirs historiques.
- Ils racontent
les origines du peuple de Jésus
avec le souci d’expliquer et de justifier les croyances.
- Ce bloc de 5
livres est appelé le « Pentateuque ». Ils ont été écrits dans
les années 600 avant
Jésus-Christ (aC.).
B. LES
PREMIERS ANCÊTRES : Genèse 12-50
- Les fondateurs et fondatrices
a) Abraham et
Sara
-
Il s’agit des patriarches et matriarches. Abraham,
Sara et leurs descendants vécurent entre les fleuves Le Tigre et l’Euphrate,
dans les pays qui s’appelle aujourd’hui l’Iran et l’Irak.
-
Nous sommes dans
les années 1850 aC. (Genèse 12…).
Bien avant existaient les premières grandes civilisations.
-
Abraham et Sara
sont le signe d’une rupture dans les
croyances et l’organisation sociale de l’époque.
. Dieu a l’initiative de la communication.
. Il se révèle comme une divinité unique et exclusive.
. La conséquence est l’égalité entre les membres du
« clan » (plusieurs familles) d’Abraham.
. La foi d’Abraham est partagée par d’autres clans, comme
par exemple, celui de Melquisédec (Gn. 14,14).
-
Abraham a d’abord
eu un fils avec son esclave, Agar : c’est Ismaël (Gn. 16). Cette naissance explique l’origine des Arabes,
peuple frère des Juifs, mais de mère différente.
-
Le fils
« légitime » d’Abraham et de Sara s’appelle Isaac (Gn. 21).
-
Ce sont des « Hébreux », c’est-à-dire des
« gens du désert ».
- Isaac et Rebecca (Gn. 25,1)
-
Ils eurent des jumeaux : Esaü et Jacob.
-
Esaü est le
« père » des Edomites, peuple voisin des Juifs.
-
Jacob eut 12 fils qui
sont reconnus comme les ancêtres des 12 tribus du peuple juif.
-
Joseph (Gn. 37), l’un des
fils de Jacob, est le plus connu : vendu par ses frères il devient le
premier ministre du Pharaon (roi) d’Egypte.
-
C’est du temps de
Joseph que les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob -les Hébreux-,
s’établissent en Egypte où, après la
mort de Joseph, ils deviennent esclaves
durant plus de 2 siècles.
- Les mythes de l’origine du monde selon les Hébreux
(et leurs voisins)
a). Ce sont les premiers chapitres de la Genèse : 1 à 11.
b). Ce sont des mythes, c’est-à-dire des
constructions imaginaires qui cherchent à expliquer les grandes questions sur
la personne humaine, Dieu, la vie, le mal, la mort… à partir des cultures du
Moyen-Orient :
-
Qui est Dieu et
quel son projet sur l’humanité et le monde : ce sont les 2 poèmes de la
création (Gn 1-2).
-
L’origine du mal
avec le mythe du premier péché… qui n’a jamais existé vu que la création est en
fait un processus d’évolution incessante (Gn. 3).
-
Autres mythes pour
interpréter la violence (Caïn et Abel : Gn 4), les catastrophes naturelles
(le déluge : Gn 6,5), les révoltes des esclaves (la tour de Babel :
Gn. 11).
B. MOÏSE, LE
FONDATEUR DU PEUPLE JUIF : livre de l’Exode
- Quelques précisions
a). L’esclavage des
Hébreux
-
Nous sommes en
Egypte, pays de l’esclavage, vers les années 1200 aC.
-
Jusqu’à Moïse, les
Hébreux restent esclaves plus de 200 ans en Egypte.
b). Moïse
-
Rappelons qu’il
s’agit de souvenirs légendaires à base historique.
-
Moïse fut un
hébreux adopté par le Pharaon comme son fils, mais qui conserva ses racines y
la solidarité avec son peuple d’origine (assassinat d’un égyptien).
-
La triple mission
de Moïse : 1. Libérer son peuple de l’esclavage. 2. Renouveler l’alliance
avec Dieu (libérateur). 3. S’organiser équitablement pour exclure l’esclavage.
Cette dernière est sans doute la plus importante.
c). L’Exode est un
montage religieux…
-
L’Exode ou plutôt des Exodes successifs ont bien eut lieu.
Dieu est certainement intervenu. Moïse a dû exister comme leader d’un de ces
groupes… Ces groupes de « déserteurs » (c’est le cas de le
dire : ceux qui fuient au « désert ») n’étaient sans doute pas
très nombreux. Ils allaient se réfugier en Canaan, ou Palestine.
-
C’est bien plus
tard que ces exodes se sont unifiés autour d’un personnage emblématique : Moïse.
-
Il s’agit d’un montage théologique : l’auteur veut
d’abord confirmer l’origine religieuse du peuple hébreu, insister sur l’aspect
libérateur de Dieu, magnifier la geste du fondateur du peuple hébreu (Moïse),
justifier les lois qui en naquirent lors de l’Alliance du Sinaï (les 10
commandements)…
- Les principaux thèmes du livre de l’Exode
a). La situation
d’esclavages en Egypte (Ex 1). Remarquer les
formes de résistance : la sagacité des femmes, et plus loin le culte de
l’agneau pascal.
b). Moïse, pour défendre un hébreu, assassine l’égyptien qui le maltraitait (Ex 2,11). Pour cette
raison il doit fuir au désert du Sinaï, où il rencontre femme, Dieu (et sa
mission) et un espace pour organiser son peuple.
c). Le processus
de libération
-
Le Dieu de Moïse (et d’Abraham) se solidarise avec un peuple qui décide de se libérer (Ex
3). Son nom signifie « je suis avec toi » comme libérateur :
Dieu n’est pas neutre ; il se solidarise aves les victimes de l’injustice.
-
Moïse reçoit l’appui de son frère (prêtre : Ex
4,10) Aaron pour convaincre les Hébreux et obliger Pharaon (Ex 5) à les laisser
partir pour réaliser un culte à leur Dieu.
-
La violence avant la sortie d’Egypte :
l’assassinat systématique des premiers-nés (Ex 12,29).
-
Les astuces du passage de la mer
Rouge : des gués qui se transforment en sépulture pour les chars de guerre
du Pharaon (Ex 14).
-
Myriam (même mot
que Marie), la sœur de Moïse, prend l’initiative de la célébration de la sortie
victorieuse d’Egypte (Ex 15,20).
d). Le processus
d’organisation sociale
-
Equité au niveau
économique : l’expérience de la « manne » (Ex 16,18 :
reprise dans la prière du Notre Père -Matthieu 6,11-, le sens de l’Eucharistie
-Jean 6,58-, la première Communauté chrétienne (Actes 2,45 et 4,35 et le
partage entre Eglises avec saint Paul -2 Corinthiens 8,15) : permettre que
chacun accède à ce dont il a besoin, ce qui empêche l’accaparement et
l’accumulation par la propriété privée (… de tout contrôle).
-
Partage et séparation du pouvoir de décision au niveau politique (Ex 18,15) : avec le principe
que nous appelons de « subsidiarité » qui veut que chacun décide à
son niveau de responsabilité sans intromission du niveau
« supérieur ». Cette organisation politique est copiée sur l’organisation
du peuple dont est originaire la femme de Moïse.
-
Légalité juridique qui confirme le projet populaire nouveau : les 10 commandements (Ex
20). Ce projet s’est construit peu à peu et s’est institutionnalisé comme
« la Constitution » du peuple hébreu. C’est un résumé des premiers
« droits de l’homme ». Les « droits de Dieu » rappellent la
dimension transcendantale de l’existence collective.
-
Célébration religieuse populaire (Ex 24,3) : célébration de la vie, participation de tous, symboles,
engagement…
e). Les difficultés et les joies du chemin
-
Le veau d’or (Ex 32) : la tentation de se faire une religion et une divinité à taille humaine.
-
« Dieu de tendresse et d’amour » (Ex
34,6) : Dieu est à la fois le « Très-Haut » et le
« Très-Bas », le Tout-Proche et le Tout-Autre.
-
La mort de Moïse est racontée à la fin du livre du Deutéronome (34) : il y est appelé
« prophète » que Dieu « connaissait face à face ».
f). Les 10 commandements ont d’abord un objectif
collectif : la défense du projet
égalitaire et équitable de Moïse (20,1-17), opposé à l’esclavage connu en
Egypte (20,2), esclavage justifiée par la religion. Trois commandements
traitent des relations avec Dieu et 7 des relations entre les personnes
1. « Tu ne feras pas de statue
et tu ne te prosterneras pas devant elles ». Tu ne te feras pas une
religion à ton image et selon tes intérêts.
2. « Tu ne feras pas mauvais
usage du nom de Dieu ». Pharaon utilisait la religion pour justifier une
organisation sociale esclavagiste. Yahvé est le Dieu libérateur des opprimés.
Tu n’utiliseras pas le nom de Dieu pour exploiter personne.
3. « Souviens-toi du jour du
sabbat (samedi) et sanctifie-le : pendant 6 jours tu feras ton travail,
mais le 7e jour est un repos en l’honneur de Yahvé ». En
Egypte, il n’y avait pas de jour de repos : il fallait produire sans
cesse. Parce que tu es libre, tu ne travailleras pas 7 jours sur 7, mais tu te
reposeras et tu te rappelleras de Dieu qui t’a appelé et aidé à être libre. Le
travail n’est pas le plus important de la vie…
4. « Entoure d’égard ton père
et ta mère ». En Egypte, Pharaon était le père de tous, à obéir en toute
circonstance. Tu respecteras les pères et mères de familles car ils
t’enseignent une nouvelle manière de croire et de vivre personnellement et en
société.
5. « Tu ne tueras pas ».
En Egypte, Pharaon avait droit de vie et de mort sur tous ses sujets. Tu
respecteras la vie sous toutes ses formes, car la vie est détruite non
seulement par les crimes et la violence individuelle, mais aussi par la faim,
les maladies, l’analphabétisme, l’humiliation, le manque d’amour…
6. « Tu ne commettras pas
d’adultère », car tu ne respectes pas la femme. Ce commandement est un
rappel de l’égalité entre l’homme et la femme.
7. « Tu ne voleras pas ».
En Egypte, les esclaves n’avaient aucun droit : on pouvait tout leur
quitter. Tu n’enlèveras à personne ses moyens de vivre dignement : ses
biens les plus indispensables, ni ses instruments de travail.
8. « Tu ne porteras pas de faux
témoignage ». Les bases du système social égyptien étaient le mensonge, la
tromperie et la corruption. Dans tes relations, tu respecteras la vérité, la
transparence et la dignité de chaque personne, en particulier dans les procès
et devant les tribunaux.
9. y 10. « Tu ne désireras rien de ce
qui appartient à ton prochain ». La domination, la possession et
accumulation des biens et propriétés étaient la règle en Egypte. Tu partageras
et vivra dans l’égalité, en évitant l’accumulation et la possession
indéfinies : tu désireras que tous aient autant que toi.
Il serait bon de reprendre la
traduction française pour voir comment les 10 commandements originaux ont été
trahis de diverses manières.
C. DEUX
LIVRES DE LOIS ET UN DE COMPTABILITÉ…
… Avec quelques passages bien
intéressants.
- Dans le Lévitique
a). La raison d’une coutume juive : « Personne ne
mangera du sang… car l’âme de tout être vivant est dans le sang »
(17,11).
b). Une leçon d’humanité (19,9).
c). L’offrande des « prémices » ou des
premiers fruits de la récolte (23,9)… pour ne pas oublier les dons de Dieu.
d). Les Lois sociales : les Dix
Commandements avaient une dimension collective mais ne précisaient pas les
critères pour conserver la pratique de l’équité et l’égalité. Les lois
sabbatiques et jubilaires s’en chargent.
-
Il y avait 3 « lois sabbatiques »
s’appliquaient tous les 7 ans (en principe) : la terre cessait d’être
cultivée pendant un an, les dettes étaient pardonnées et les étrangers esclaves
pouvaient rentrer chez eux.
-
La « loi jubilaire » (tous les 50
ans, soit 7 semaines d’années : 7 x 7) reprenait les lois sabbatiques et
organisait la révision de la propriété familiale qui ne pouvait se perdre ni se
vendre.
- Dans le Deutéronome
-
Le nom de ce livre
signifie « 2e loi » ou 2e série de lois.
-
La loi la plus
importante : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de
toute ton âme et de toutes des forces » (6,5).
-
« L’homme ne
vit pas seulement de pain ; tout ce qui sort de la bouche de Dieu est vie
pour l’homme » (8,3b).
-
« Si un homme
vient tout juste de se marier, il ne partira pas à la guerre » (24,5).
-
« On ne
prendra pas en gage le moulin ni même la meule de dessus, car ce serait prendre
ne gage la vie elle-même » (24,6)… « Si c’est un homme pauvre, tu lui
rendras son gage avant le coucher du soleil (24,12)… et tu lui verseras son
salaire le jour même » (24,15)
-
« Mon père
était un araméen nomade… » (26,5).
-
« Cette parole
est toute proche de toi… Je place devant toi la vie et la mort… Choisis donc la
vie » (30,14,15,19).
- Dans les Nombres
a). Il s’agit d’un livre de « recensements »
et de souvenirs du temps de Moïse. Parmi ces souvenirs, il faut noter
les moments de résistance et d’opposition à Moïse, ainsi que les
déviations : visions réalistes d’un projet de société qui se construit au
milieu de difficultés… normales.
b). Curieux épisodes
-
« Le serpent
de bronze (21,4-8) » qui avait la capacité de guérir ceux qui étaient
mordue par un serpent. Aucune religion n’est totalement pure. Cette image du
« serpent de bronze » est appliquée à Jésus en croix (Jean 3,14).
-
« L’ânesse »
d’un « sorcier » étranger au peuple hébreu et qui lui voulait du mal,
« voit » un ange envoyé par Dieu (22,23)… Et la malédiction termine
par une bénédiction (24,15) ! Une façon surprenante de dire que le mal
n’aura pas le dernier mot.
II . LE
TEMPS DE L’INVASION ET ORGANISATION DE LA TERRE PROMISE.
A. LES
LIVRES APPELÉS « HISTORIQUES »
-
Ce sont les 4
livres de Josué, des Juges et les 2 livres de Samuel.
-
C’est l’époque où
le projet
socio-économique et politique de Moïse se met en route et arrive à un
avoir un certain succès.
-
Cette histoire est
enjolivée pour justifier une certaine idée du projet politique et religieux de
l’époque où ces livres ont été écrits.
B. LE LIVRE
DE JOSUÉ
- Aspects importants
-
Josué, l’adjoint de Moïse (1) fut l’auteur du début de la
conquête de la Terre Promise
-
Lorsque les Hébreux
arrivèrent –par vagues successives– à la Terre dite « Promise » par
Dieu, celle-ci était habitée, cultivée et organisée :
c’était le pays de Canaan. Il s’agit donc d’une conquête progressive ou d’une
invasion larvée et souvent violente.
-
Les premières
lignes du livre de Josué (chapitre 1) sont la justification religieuse
de la conquête du pays de Canaan.
-
De la prise de
Jéricho (6) et de Gabaon (10), villes fortifiées qui barraient l’entrée au pays
des Cananéens, on ne retient souvent que les murailles qui tombent comme par enchantement
et du soleil qui s’arrête pour permettre la victoire des Hébreux. On oublie les
massacres sin pitié (6,1 et 10,20,26).
-
Le renouvellement
de l’Alliance (24) organisé par Josué a un double but : l’alliance avec
Dieu ne peut être séparée de l’alliance entre les personnes. Ces assemblées
populaires étaient également des lieux de décision.
- Leçons à tirer
a). Pour exister comme nation, il faut 3 conditions. Ces mêmes
conditions sont nécessaires si l’on veut changer la société et l’Eglise
catholique.
-
Avoir un projet suffisamment défini pour mettre
en marche une organisation différente de celle qui existe.
-
Etre un peuple suffisamment uni et motivé pour
se donner les moyens de mettre en marche un projet commun.
-
Avoir un espace géographique ou physique pour la
réalisation, organisation et structuration du projet en question.
b). On peut faire un lien entre cette conquête par Josué et la
conquête-invasion des Amériques par les pays européens il y a 400 ans.
Les morts et les assassinats se
justifiaient « parce que les habitants n’étaient pas chrétiens » ou
parce qu’on avait décidé « qu’ils n’étaient pas des personnes
humaines »…
c). Quant aux massacres fait au nom de Dieu… ce
sont bien sûr des justifications a posteriori. On prête à Dieu des intentions…
pas très catholiques. Rappelons les corrections qu’a apportées Jésus :
« Celui qui frappe par l’épée, mourra par l’épée » (Matthieu 26,52).
d). Un nouveau projet de société a besoin d’une base
collective qui commence à le vivre et d’une spiritualité qui le motive
et le justifie.
C. LE LIVRE
DES JUGES
-
On pourrait appeler
ces personnages des « héros et héroïnes », c’est-à-dire ceux et celles
qui ont permis au peuple de Moïse de garder ou de retrouver le cap ou ses
objectifs fondamentaux de liberté, foi et égalité-équité.
-
La
« conquête » de la Terre Promise s’est faite progressivement, au long
de plusieurs siècles.
-
Comme ailleurs, ces
récits mêlent histoires et légendes.
-
Notons la place
d’une héroïne (4), Déborah, appelée prophétesse,
à côté d’une autre femme présentée comme un danger (Dalila pour Sanson, 16).
D. LES 2
LIVRES DE SAMUEL
-
Ce livre marque la fin d’une étape qui est en même temps
la fin du projet socio-économique et politico-religieux de Moïse.
-
Samuel est le dernier des héros de l’époque tribale,
qui me peut empêcher l’échec de la continuité du rêve de Moïse.
-
C’est le début de
la monarchie avec Saül et David, les
premiers rois, qui reviendront au projet hiérarchique de Pharaon et ses
divinités.
- La fin d’une époque qui a su s’organiser -avec bien des erreurs- autour de 7 critères
fondamentaux.
1. Face à la hiérarchie des divinités égyptiennes qui
justifiaient la domination de quelques-uns sur une masse d’esclave, se confirme
la foi en un Dieu unique qui, à son tour, fonde l’égalité des personnes
et l’équité dans les relations.
2. En Egypte les terres étaient aux de quelques
propriétaires (ou du seul Pharaon). Pour les Hébreux, la terre appartient à
Dieu seul qui la donne, la prête à chaque famille : cela lui
permet de vivre dignement et de n’être esclave de personne. La propriété
familiale ne peut se perdre ; si elle est donnée en gage, elle est
récupérée au bout d’une génération (50 ans : année jubilaire). Cela
empêchait l’accumulation et l’exploitation.
3. Pharaon avait lui seul tous les pouvoirs et tous les
droits. Les Hébreux, en s’organisant en clans (plusieurs familles) et en tribus
(plusieurs clans), avaient leurs représentants à différents niveaux
de décision. Cela empêchait tout dictateur, les pouvoirs absolus et les
décisions sans control.
4. Les lois égyptiennes changeaient selon les besoins du
Pharaon. Les Hébreux se donnèrent le Décalogue, c’est-à-dire une dizaine de lois
permanentes qui soutenaient leur organisation sociale et religieuse.
5. En Egypte, l’éducation étaient le fait d’une minorité :
la famille du Pharaon et de sa cour. Pour que chaque famille puisse accéder à
« l’école » (les femmes en furent exclues), les Hébreux inventèrent
une nouvelle
écriture à l’exemple et grâce aux peuples voisins.
6. L’armée égyptienne était une organisation permanente de
soldats payés qui pouvaient être égyptiens ou étrangers. Les Hébreux
s’organisaient pour une autodéfense volontaire dans chaque
clan, puis par tribu et enfin entre tribus, lorsqu’il y avait danger d’invasion
et sujet de guerre. Tous défendaient ce qui était à tous, et il n’y avait pas
de guerre d’agression.
7. En Egypte, les prêtres étaient des fonctionnaires
rétribués par Pharaon ; ils possédaient de grandes propriétés et
intégraient dans leur culte les sacrifices humains. Entre les Hébreux, les
prêtres étaient originaires d’une des tribus, celle de Lévi (d’où les
« lévites ») ; ils n’avaient pas de propriété terrienne, mais
recevaient « dîmes et prémices ». Leur culte consistait à rappeler
les récits fondateurs et célébrer la présence libératrice de leur Dieu.
- Les raisons des changements de cap et de l’échec du
projet de Moïse
Une double organisation s’est fait sentir pour des besoins internes et des
situations externes nouvelles.
-
Il fallait une résistance
plus forte aux invasions des peuples voisins, et
-
La mise en route du
commerce
des produits avec les peuples voisins, vue l’augmentation de la production
agricole et minière.
-
Ceci provoqua une centralisation
des pouvoirs, des décisions et du culte. Le nouveau modèle n’assumait plus les
mêmes orientations équitables, participatives et religieuses du projet de
Moïse.
- Le prophète Samuel et les premiers rois
-
Le cantique
d’Anne (2) inspira le Magnificat, la profession de foi que Luc (1,46) a
mise sur les lèvres de Marie.
-
L’appel
de Samuel, encore jeune, à être prophète (3) est une belle page.
-
Dans un premier
temps (8), Samuel refuse la demande des anciens du peuple d’avoir en roi pour
toutes les conséquences négatives qui peuvent en découler.
-
Samuel consacre Saül
(9,11) comme premier roi. On est ver l’an 1000 aC.
-
Vient l’histoire de
David
(16) qui sera le 2e roi. C’est lui qui refera l’unité des tribus, la
capitale et le temple Jérusalem. Est bien connue l’amitié entre David et
Jonathan (2e livre de Samuel 1,5).
- Les 2 livres des Chroniques sont une nouvelle façon de présenter l’histoire du peuple de Jésus
depuis le livre de la Genèse jusqu’au temps des rois.
III . LE TEMPS DES
ROIS ET DES PROPHÈTES.
A. HISTOIRE
DES ROIS
-
Cette période
durera quelques 4 siècles.
-
La plupart des rois
ne respecteront pas l’alliance
conclue avec Moïse au Sinaï.
-
Les prophètes seront les gardiens du projet
de l’alliance.
-
A la mort de
Salomon (931 aC.), le 3e roi, fils de David, a lieu une division en 2 royaumes.
-
Le royaume du nord prend pour capitale Samarie. Il
cessera d’exister 2 siècles plus tard.
-
Le royaume du sud, appelé « Juda » se
maintiendra jusqu’en 587 aC., année de la destruction de Jérusalem par les
Babyloniens et de l’exil à Babylone.
-
Cette division est
à l’origine de l’opposition,
jusqu’aux temps de Jésus, entre les juifs de Jérusalem et les Samaritains.
B. ASPECTS
IMPORTANTS
-
La sagesse de Salomon est bien connue (2
Rois 3,4-28).
-
Le temple décidé par David fut construit
par Salomon (2 Rois 1,6).
-
Salomon fut celui
qui entreprit de favoriser le commerce
avec les peuples voisins. La reine de Saba (2 Rois 10) vient du sud de l’Arabie
(Yémen actuel).
-
L’exil
à Babylone est la grande épreuve : sont déportés les autorités et les
artisans. Il durera 50 ans : 587-538 aC.
C. MESSAGES
DES PROPHÈTES ET DES PROPHÉTESSES
- Les premiers prophètes
-
Le prophète Elie
était considéré, au temps de Jésus, comme le plus grand des prophètes.
-
On voit son souci
des pauvres
dans l’épisode de la veuve de Sarepta (1 Rois 17).
-
Sa rencontre au
Sinaï avec Dieu par le signe d’une brise légère est célèbre (1 Rois
19,12).
-
C’est pour cette
raison qu’il apparait dans l’épisode de la transfiguration de Jésus
(Marcos 9,4).
-
C’est le prophète Elisée
qui succède à Elie (2 Rois 2,13).
- Les « grands » prophètes
Les prophètes furent
« les sentinelles et les gardiens de l’alliance”. Ils préparaient ainsi le
Royaume de Dieu annoncé par Jésus qui reprendra le projet de Moïse.
a). Isaïe fut le
prophète du Messie.
-
« De leurs
épées ils feront des socs de charrue… » (2,4).
-
« Mon ami
avait une vigne sur un coteau fertile… » (5,1).
-
« Malheur à
vous les riches… » (5,1 et 10,1).
-
« Je suis un
homme aux lèvres impures… » (6,5).
-
« Une jeune
fille enfante un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel… » (7,14).
-
« Oui, un
enfant nous est né… » (9,5).
-
« Le loup habitera
avec l’agneau… » (11,6).
-
« Le Seigneur
effacera les larmes sur tous les visages… ».
b). Jérémie fut le prophète de la vérité.
-
Sa vocation :
« Tu construiras y tu détruiras » (1,4-10).
-
Ne pas se tromper
de religion (7,1-24) : « le temple : refuge de voleurs ? –
Je n’ai pas demandé des holocaustes ni des sacrifices ».
-
« Pourquoi
donc ma douleur est-elle continuelle ? » (15,10-21).
-
« Tu m’as
séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire » (20,7-13).
-
Une nouvelle
alliance (31,31-34 y 32,36-44).
c). Ezéquiel fut
le prophète de l’espérance parmi les exilés.
-
« Prophétise
contre les bergers d’Israël » (34,1…).
-
« Ces
ossements sont la maison d’Israël » (37.1…).
-
« Je vous
donnerai un cœur nouveau » (36,24-30).
d). Daniel est le
prophète de l’annonce du royaume de Dieu.
-
Cette pierre qui
détruit ce système de mort, c’est le Peuple des pauvres (2,44-45).
-
Prophétie du
« Fils de l’homme » (7,9-14).
-
L’histoire de la
belle Suzanne (13).
e). Osée fut le
prophète de la tendresse de Dieu.
-
« C’est
l’amour sincère que je veux et non les sacrifices » (6,6).
-
« Je les
conduisais avec des liens d’amour » (11,4 et 14,5).
f). Amos fut le
prophète de la justice sociale.
-
« Malheur à qui prononce, au lieu du droit, une
sentence amère, et qui piétine la justice » (5,10).
-
« Fais que le jugement coule comme l’eau et la
justice comme un torrent jamais à sec » (5,24).
- Les autres prophètes appelés « mineurs », ceux dont les écrits sont moins importants.
-
Joël : « Je répandrai mon Esprit sur tous les
vivants » (3,1), ce qui eut lieu le jour de Pentecôte.
-
Michée : Bethleem, ville du bon pasteur (5,1-4). « Yahvé attend de toi
rien d’autre que ceci : accomplir la justice, aimer la bonté et marcher
humblement avec ton Dieu » (6,8).
-
Habacuc : « Pourquoi me fais-tu voir l’injustice »
(1,3).
-
Sophonie : « Je laisserai subsister au milieu de toi un peuple
humble et pauvre qui mettra sa confiance en Dieu » (3,12) : c’est
l’Eglise des Pauvres souhaitée par le pape Jean 23.
-
Zacharie : « Ton roi vient à toi, humble, monté sur un ânon »
(9,9) : Jésus entrera dans Jérusalem monté sur un âne.
-
Malachie : « Voici que j’envoie mon messager pour aplanir le chemin
devant moi » (3,1) : annonce appliquée à Jean Baptiste.
- Conclusions
-
Jésus fut le plus grand prophète : celui de la
réalisation du Royaume de Dieu à partir des pauvres.
-
Par notre baptême,
nous avons la triple mission d’être « prophètes, prêtres et
rois-pasteurs ». Nos groupes et nos Communautés chrétiennes ont également
la mission d’être collectivement « une prophétie, un sacerdoce y les
témoins du Royaume ».
-
Depuis Esdras et
Néhémie les juifs d’Israël n’ont guère changé de statut
« religieux » : il s’agit encore malheureusement d’une
théocratie fondamentaliste et raciste.
IV . LE
TEMPS DES SAGES.
Peut-être
que les sages sont aussi importants que les prophètes… La sagesse est
l’héritage et l’identité d’un peuple, l’expression vivante de sa culture. C’est
ce qui lui permet de résister et d’être créatif. Rappelons ce qu’écrit saint
Jacques : « La sagesse est noble, pacifique, capable de comprendre les autres et
d’obéir, pleine d’indulgence et de bonnes initiatives ; elle est
impartiale et jamais hypocrite » (3,17).
La Bible regroupe en 2 parties
la Sagesse et la Poésie du peuple de Jésus : une série de 6 livres
sapientiaux et une autre de 6 contes. Elle y inclut 4 livres d’histoire.
-
Les 6 livres de Sagesse sont : les Proverbes, la Sagesse, l’Ecclésiaste
ou Quohélet, le Cantique des Cantiques, le Siracide ou Ecclésiastique et les Psaumes,
-
Les 6 livres de contes sont : Job, Judith, Ester, Ruth, Jonas et Tobie.
-
Les 4 livres d’histoire sont ceux d’Esdras et Néhémie, ainsi que les 2 livres des
Macchabées.
A. COMMENÇONS PAR QUELQUES DATES
538 : Retour
de l’exil de Babylone.
330 : Invasion d’Alexandre
le Grand (Grèce).
167 : Résistance
armée des Macchabées.
63 : Invasion
romaine avec le général Pompée.
44-4 : Règne d’Hérode, nommé
par les Romains.
6 : Naissance
probable de Jésus.
B. LES LIVRES DE SAGESSE
- Le livre des Proverbes réunit des dictons, des
sentences, des présentations littéraires d’origine populaire, mais aussi
empruntés à d’autres peuples : égyptiens et arabes.
-
Le mot juif « Quohélet » signifie
« voix de la communauté ». Il s’agit d’un long discours qui anime la
résistance aux impositions culturelles et religieuses des grecs.
-
« Sois fidèles à la compagne de tes premières
amours » (4,15.20).
-
« Marchez sur les sentiers de la vérité »
(9,1-6).
- Le livre de la Sagesse (70
aC.) veut aider à un
discernement des évènements à la lumière de la foi.
-
« Les âmes des justes sont entre les mains de
Dieu » (3,1-12).
-
« La beauté des créatures révèle la grandeur de
Dieu » (13,1-5).
-
« Seigneur, donne-moi la sagesse » (9,1-18).
- Le Quohélet ou Ecclésiaste
(250 aC.)
rejette la sagesse intellectuelle des grecs pour approfondir la fraternité (11,2) et la relation avec
Dieu.
-
« Tout est vanité » (3,1-9).
-
« Profite du moment présent » (8,7-12).
-
« N’oublie jamais ton créateur » (12).
- Le Cantique des cantiques est un hymne à
l’amour : un livre « érotique » (1,2) de 2 amoureux qui
s’expriment en toute liberté et poésie, où le nom de Dieu n’apparaît pas…
C’est la valorisation de la femme et de l’amour physique.
- Le Siracide ou
Ecclésiastique (180 aC.) insiste sur l’importance de l’identité religieuse.
-
« N’oublie jamais les pauvres » (4,1-10).
-
« L’ami fidèle est un vrai trésor »
(6,5-17).
-
« Ne sois pas l’ami des riches » (13,1-14).
-
« faisons l’éloge des aïeux » (44,1-15).
- Les Psaumes
-
Nous y trouvons l’expression de la prière
juive : se rappeler les merveilles de Dieu, crier son désarroi,
rendre grâce, supplier.
-
On peut regrouper ces psaumes autour de 10
thèmes : l’histoire, le conflit entre la foi et la réalité, la
souffrance, la loi de Dieu, les fêtes populaires, la recherche de Dieu, la
nostalgie, le repentir, la nature et l’espérance.
-
Notons que le 1º psaume nous invite à la recherche
du bien et le dernier à la fête.
C. LES LIVRES DE CONTES
- Judith (100 aC.). C’est l’histoire d’une
femme qui n’accepte pas passivement les revers de la vie et de l’histoire
(8,24 et chap. 13).
- Esther. Une femme juive, concubine
du roi des perses, sauve les juifs exilés à Babylone de l’extermination. L’auteur
veut confirmer la confiance en Dieu.
- Ruth nous raconte l’histoire de
cette étrangère au peuple juif qui assume la religion juive pour les liens
qui l’unissent à son amie (juive) Noémie : « Là où tu iras
j’irai, là où tu resteras je resterai. Ton peuple sera mon peuple et ton
Dieu sera mon Dieu » (1,16).
- Job, qui n’appartient pas au
peuple juif (1,1), nous aide à réfléchir sur le problème de la souffrance
des innocents. Est particulièrement surprenante pour l’époque la
déclaration de Job sur la
résurrection des morts (19,23-29).
- Jonas : Sa mission, contre son gré, est de
sauver une ville étrangère : Ninive (1,2…), car Dieu aime tous les
peuples (4,11). Jésus reprendra cela avec la Samaritaine (Juan 4,23).
- Tobie est l’exemple de fidélité
dans la foi. Belle prière du couple la première nuit de noce : 8,4-9.
D. LES
LIVRES D’ESDRAS ET DE NEHEMIE
-
Ce sont 2 livres
historiques qui nous racontent la reconstruction du pays après le retour de l’exil à Babylone (538 aC.).
Celui-ci dura une cinquantaine d’années. Un certain nombre de juifs restèrent à
Babylone. D’autres revinrent et se mirent à reconstruire Jérusalem et le
temple.
-
Ce travail fut
organisé par 2 prêtres : Esdras et
Néhémie. La loi de Moïse fut
prise comme le centre de toute l’organisation sociale. C’est le début d’une
théocratie : le pouvoir est centralisé par les prêtres, les lois sont
exclusivement religieuses, l’insistance est mise sur la pureté de la race
juive.
-
Notons que Néhémie utilisa les lois sabbatiques et
jubilaires (chapitre 5) pour que soient possibles non seulement la
reconstruction du pays mais aussi l’unité nationales entre ceux, les plus
pauvres, qui étaient restés et ceux qui revenaient de l’exil : remise des
dettes, libération des esclaves, récupération de la propriété familiale,
-
C’est cette
situation que rencontrera Jésus et à
laquelle il s’affrontera, car elle s’était transformée en domination et
exploitation de l’immense majorité de la population.
E. LES 2
LIVRES DES MACCHABÉES
-
Il s’agit de la résistance armée (3,1-3) à l’invasion
grecque (170-130 aC.).
-
La Bible fait de
cette famille de résistant juifs des héros
nationaux (2e livre 8,1-7).
V . LE TEMPS DE JÉSUS ET DES PREMIÈRES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES.
A. JÉSUS EST
AVANT TOUT LE PROHÈTE DU ROYAUME
- Revenir au Jésus des Evangiles et des premières
Communautés chrétiennes
-
L’Eglise
telle que nous la connaissons aujourd’hui a été fondée par l’Empereur
Constantin au 4e siècle.
-
Jésus est venu pour
l’établissement du Royaume de Dieu, c’est-à-dire un monde fraternel, juste et
libre, à la suite du projet de Moïse. Le pape Paul 6 rappela clairement cet
aspect dans sa lettre encyclique « L’Evangélisation des peuples » (8)
en 1975 : « le Royaume est l’unique absolu ; tout le reste est
relatif (Matthieu 6,33) ».
-
Les Evangiles sont
le miroir de ce que vécurent 4 Communautés chrétiennes du premier
siècle de notre ère en fidélité à la parole et la vie de Jésus.
-
A l’exemple des
premières Communautés chrétiennes, nous avons à inventer notre manière
personnelle et collective de suivre Jésus pour continuer sa mission : la
croissance du Royaume à partir des pauvres (Luc 6,21) et de ceux qui optons
pour leurs causes (Matthieu 5,3).
- Quatre manières de suivre Jésus en construisant le
Royaume : les 4 Evangiles
-
Il nous est resté
seulement 4 exemples écrits de la manière de suivre Jésus et construire son
Royaume : les Communautés de Pierre (Evangile de Marc), de Paul
(Evangile de Luc), de Jérusalem (Evangile de Matthieu) et
de Jean.
Les expériences des autres apôtres se sont perdues, encore qu’il reste au Moyen
Orient (de l’Egypte à Irak) beaucoup d’Eglise en lien avec Rome qui se
réclament descendants des apôtres.
-
Ces écrits furent
rédigés 50 ans et plus après la mort et résurrection de Jésus. Ils
reflètent l’expérience des Communautés correspondantes à leurs auteurs. Il ne
s’agit pas d’une vie de Jésus, mais de 4 formes différentes de construire son
Royaume.
-
C’est une manière
de suivre le Jésus historique, pour corriger les présentations intellectuelles
de saint Paul… qui ne parle pas du Royaume ni du Jésus
historique !! (sauf quand il écrit « né d’une femme » Galates
4,4).
a)
L’Evangile de Marc
-
C’est le plus simple à lire, le plus ancien et le plus court.
-
Il reprend surtout
l’itinéraire de Pierre, c’est-à- dire, la Communauté
chrétienne de Rome.
-
Voici un plan de lecture : 1. Qui est Jésus
(1,2-13). 2. Jésus au milieu du peuple (1,14-5,43). 3. Jésus défend la vie
(8,22-9,12). 4. Jésus prépare ses disciples (9,11-10,52). 5. Les grands axes du
Royaume: la vie et l’amour (11,1-13,33). 6 Jésus est le Messie et le Serviteur
souffrant (14,1-15,47). 7. La mort n’est pas la fin de l’histoire (16,1-20).
b)
L’Evangile de
Matthieu
-
Il s’adresse aux Juifs de Palestine pour démontrer que
Jésus est le Messie annoncé dans l’Ancien Testament.
-
Il retrace, ainsi
que Luc, la naissance et les premières années de Jésus, mais tous les 2 ont un
but théologique et non pas historique.
-
Voici un plan de lecture : 1. La justice du
royaume (les béatitudes ; 3-7). 2. Une justice qui libère les pauvres
(8-10). 3. Une justice qui provoque des conflits (11,1-13,52). 4. Le nouveau
peuple de Dieu (13,53-18,35). 5. L’entrée définitive du Royaume (19.25). 6. La
pâque qui libère (26-28).
c)
L’Evangile de Luc
-
Les Communautés de
saint Paul sont dispersées dans tout l’empire romain : elles sont surtout urbaines, réunissent des riches et des pauvres, où il y a beaucoup de convertis,
où les femmes ont un rôle
important ; à une époque de découragement
et de rébellion.
-
Voici un plan de lecture : 1. Mission de
Jésus en Galilée (4,13-9,50). 2. La montée à Jérusalem (comment suivre
Jésus : 9,51-18,27). 3. A Jérusalem (le conflit mortel et les
apparitions : 19,28-24,53).
d)
L’Evangile de Jean
-
La Communauté de
Jean est itinérante, pauvre,
pluriculturelle, persécutée ; elle s’organise autour du « disciple bien-aimé » dont
l’autorité est indépendante et même supérieure à celle de Pierre.
-
Voici un plan de lecture : 1. Les signes de
Dieu (au nombre de 7 :1,19-11,54). 2. L’exaltation (« l’heure »
de Jésus de se révéler -« Je suis… »- : 13,1-20,31). 3. Le prologue
(1,1-18) et l’épilogue (21,1-25) sont des ajouts postérieurs intéressants.
Voir en Annexe un « Profil de Jésus » :
Jésus-Christ est le Seigneur du Royaume.
B. LES
PREMIERES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES
- La foi de des premières Communautés :
« Jésus-Christ est le Seigneur ».
-
Le point de départ
des premières Communautés chrétiennes a été une relecture de la
passion et la mort de Jésus.
-
La 2e
étape fut le souvenir de ses paroles qu’elles écrivirent, mais
qui se sont perdues (on en retrouve quelques-unes dans les Evangiles).
-
C’est seulement
avec la 2e génération de chrétiens (après la mort des
témoins directs de Jésus) que des auteurs écrivirent ce qui, de Jésus, les
inspirait le plus pour suivre son exemple.
- La rupture des années 70
-
C’est en 70 que
l’armée romaine détruit Jérusalem et oblige les juifs et les chrétiens à émigrer
dans différents pays du bassin méditerranéen. C’est la fin la nation juive
(reconstruite artificiellement en 1948 par les occidentaux).
-
C’est la destruction
des Communautés chrétiennes de Palestine (Jérusalem, Samarie et Galilée).
-
Cette situation
donne plus de force et d’importance aux Communautés fondées par saint
Paul.
- Les formes d’Eglises de ces Communautés
-
Ce qui frappe le
plus dans les Actes des Apôtres et les lettres de saint Paul, c’est la créativité
et la diversité des formes d’Eglises et de ministères, où
l’initiative des femmes fut prépondérante.
-
L’Apocalypse est
encore un exemple de la diversité des Eglises d’Asie Mineure en proie aux
persécutions romaines.
- Une invitation à la créativité
-
Laisser de côté les
dogmes, les définitions, les morales… Le Concile de Nicée (325) curieusement ne
dit rien de la vie de Jésus comme prophète du Royaume.
-
Construire ensemble
le Royaume à partir des Evangiles, des expériences des premières Communautés et
des exemples de 20 siècles qui peuvent nous servir aujourd’hui.
C. LES
EGLISES DES ACTES DES APÔTRES
- Saint Luc nous présente une réflexion sur la vitalité et les difficultés (internes et
externes) des premières Communautés chrétiennes, en particulier leur
expansion progressive.
- Voici un plan de lecture
-
La Communauté
chrétienne modèle (1-5) : c’est l’idéal des commencements.
-
La première
évangélisation (6-9) : la Parole s’ouvre un chemin.
-
L’échec de l’évangélisation
des juifs de la diaspora (10-13).
-
La fondation des
premières Communautés en Europe (Grèce ; 14-18).
-
La croissance dans
tout l’empire romain (19-22) : à Rome et en Espagne.
- Réflexions
-
Le modèle
de Communauté chrétienne est toujours la référence incontournable :
2,42-47 et 4,32-37.
-
Les élections
d’un remplaçant à Judas et des premiers diacres sont également une référence
obligatoire, même si elle a été oubliée depuis : 1,15-26 et 6,1-7.
-
L’ouverture aux étrangers
est notoire : Philippe baptise un éthiopien (8,26) et Pierre un romain
(10,1).
-
Un Concile, le
premier, confirme la caducité des lois juives (15,23-29) : le Concile est l’autorité
suprême de l’Eglise.
-
La 2e
partie du livre a Paul comme protagoniste presque unique, pour l’extension de l’Eglise
dans le monde méditerranéen.
-
Les maisons
particulières sont les lieux naturels de rencontres des premières Communautés
chrétiennes.
-
Signalons le conflit
entre Pierre et Paul qui permet à Pierre de corriger son erreur (Galates 2,10).
-
Notons également
qu’il n’y avait pas de « culte » rendu à Jésus comme personne :
l’important était la continuité de sa mission.
D. LES
EGLISES DE SAINT PAUL
Voici,
à partir d’une neuvaine faite pour les Communautés Ecclésiales de Base, la vie
et la mission de saint Paul…
- La vie et la mission de Paul (Philipiens 3,4-11).
- Un converti passionné de Jésus-Christ (28-41 ans).
-
La conversion de
Paul : rupture et continuité (Actes 9,1 ; 22,4 ; 26,9).
-
Sa spiritualité grandit
dans l’Eglise de Damas (Actes 9,1-19).
- Un missionnaire infatigable (durant 12 ans)
-
Ses 3 grands
voyages missionnaires (Romains 15,18-21 ; 2 Corinthiens 11,23-30).
-
Un évangélisateur
qui vivait du travail de ses mains (1 Corinthiens 4,10-14 ; 1
Thessaloniciens 4,11-12).
-
Le premier Concile
à Jérusalem confirme les options de Paul (Actes 15).
-
Les femmes dans les
communautés chrétiennes fondées par Paul (1 Tes. 2,7 ; Gal. 4,19 ; 1
Cor. 3,2 ; 2 Cor. 12,15 ; Php. 1,18).
- Prisonnier en Palestine et à Rome, il continue la
coordination des Eglises qu’il a fondées (53 à 62 ans).
-
Grand organisateur
des Communautés chrétiennes (Galates 2,8-10 ; 2 Cor. 11,28-29 ; 1
Cor. 9,22-23).
-
Ses conflits avec
l’empire romain et son exécution à Rome (Actes 23,25-35).
E. LES
EGLISES DE L’APOCALYPSE
- Précisions
-
Il s’agit d’un
message d’espérance aux Eglises d’Asie Mineure, la Turquie actuelle, fondées
par Jean, un disciple autre que l’évangéliste.
-
Ces Eglises
s’affrontent aux terribles persécutions de l’empire romain dont elles
réussiront à triompher par leur foi, leur résistance et le martyre.
- Poème d’Adelino Cordeiro, paysan brésilien, sur
l’Apocalypse
« Regardons le futur que nous
présente Jean:
Il est la création en ses
commencements.
Ont disparu les pleurs, la mort et
ses malédictions;
Notre fraternité, fruit
d'organisation,
Est notre paradis en alliance avec
Dieu.
Cette ville bénie est plus belle à
ses yeux
Que la fiancée parée, aux bras de
son époux:
Victorieuse du mal et du diable
jaloux.
La douleur et la mort, le mal et
la tristesse
Ont fait place à la vie, l'amour
et la sagesse.
L'oppresseur offrira tout son or,
mais en vain;
Pour lui un triste jour se lèvera
demain.
Nous sommes Apocalypse, cité d'un
Peuple fier,
Heureux, pauvre, frère et grand
comme la mer.
Dieu veille, maternel, et Jésus,
le Seigneur,
Etendent sur nous la paix, la fête
et le bonheur.
Luttons tous bien unis, mais sans
peur et sans haine;
Dieu couronne déjà nos efforts et
nos peines ».
3.
Conclusion de Carlos
Mesters,
grand bibliste latino-américain (du Brésil).
« Jean a eu beaucoup
de talent, de foi et de courage pour avoir su interpréter ainsi les évènements
de son temps et en délivrer le message d'espérance et de lutte: il y voyait le
Dieu de Jésus-Christ, fidèle et libérateur. Il sait que ce livre va rencontrer
des interprétations erronées et des oppositions farouches, en particulier de la
part de tous les empires et leurs complices. Mais heureux sommes-nous de
pouvoir, avec le peuple des pauvres, comprendre un tel message et nous
bénéficier! ».
CONCLUSION GÉNÉRALE
Notre
plus grand défi est d’être une Communauté chrétienne qui soit une expression
vivante du Royaume inauguré par Jésus : il se construit avec tous les
hommes et les femmes de bonne volonté comme la fraternité universelle à partir
des pauvres et à l’exemple de Jésus.
Annexe : JESUS – CHRIST
EST LE SEIGNEUR
DU ROYAUME.
Il ne s’agit pas
seulement de connaître qui fut Jésus, mais surtout de le reconnaître vivant
aujourd’hui dans toutes celles et tous ceux qui construisent son Royaume. A
partir de cette expérience on peut mieux comprendre qui fut Jésus il y a 2000
ans, en quoi il a été le prophète du Royaume et que veut dire sa résurrection.
- L’homme Jésus de Nazareth
-
Il est originaire de Galilée,
une région marginal de Palestine, connue pour son indépendance et ses
nombreuses rébellions. Sa famille est pauvre : Joseph est
menuisier de village en village.
-
Il continue le métier
de son père, ce qui lui permet de connaître la géographie de sa région, ses
gens, leurs coutumes, la domination romaine, la pauvreté des paysans sans
terre, la religion juive et ses excès, les nombreux mouvements de résistance…
-
Le témoignage de Jean
Baptiste est décisif : il continuera ce qu’il a commencé, non pour
condamner, mais pour faire des pauvres les protagonistes du Royaume.
Humain, Jésus le
restera toute sa vie, connaissant la soif, la fatigue, la solitude, l’amitié,
les pleurs, la trahition, la torture et une mort ignoble, à cause de son option
pour le Royaume de Dieu à partir des pauvres…
- Le Messie-Prophète du Royaume
Jésus se caractérise par la compassion, la miséricorde en faveur des
pauvres. Cela lui révèle le sens de sa mission : construire le Royaume
avec les pauvres. Un Royaume qui change les personnes, les relations entre
personnes, en particulier avec les autorités religieuses (les juifs) et militaires
(les romains) et l’organisation sociale en général. On ne lui laissera que 3
ans pour ce ministère itinérant.
-
Trois ans de paroles. Des paroles et des paraboles simples et profondes qui disent qui est Dieu
-un père maternel-, ce qu’il veut -une peuple de frères et sœurs entre tous les
humains. Pour lui, c’est cela être heureux dès aujourd’hui : c’est sa
Bonne Nouvelle. Il va à la rencontre des plus pauvres ; il accueille tous
ceux qu’il croise en chemin ou qui viennent à lui ; il parle de la vie, de
la nature, des évènements ; il s’exprime surtout en paraboles, avec leurs
images simples et toujours ouvertes ; il ne condamne personne ; il
invite à vivre personnellement et en groupe ce qu’il annonce.
-
Trois ans de
« miracles » comme présences du Royaume. Le projet de
Dieu fait son chemin toujours et partout. Jésus va le manifester par ses
miracles, c’est-à-dire, son activité transformatrice des personnes et
libératrice de tout ce qui nous limite et nous détruit. Les miracles nous
disent qu’une autre manière de vie personnelle, sociale et religieuse est
possible, et que le mal n’aura pas le dernier mot. Ils nous montrent comment
Dieu veut un monde de partage, de justice et de vie. Ceci sera le résultat
d’une conversion personnelle et de changements socio-politiques et économiques
qui permettent l’harmonie avec soi-même, les autres, la nature et Dieu. Les
miracles de Jésus anticipent cette réalité.
-
Trois ans de conflits qui
terminent par sa mort violente et injuste. Le mal et la
méchanceté des hommes et des institutions ne se laissent pas vaincre sans
luttes acharnées. Tout au long de sa vie Jésus affronte des conflits :
avec sa famille qui le croit fou, avec ses voisins de Nazareth qui veulent le
lancer dans un ravin, avec ses apôtres qui ne comprennent pas un royaume qui se
construit à partir des pauvres, avec les autorités religieuses qui n’acceptent
pas perdre leurs privilèges, avec l’envahisseur romain qui préfère la paix des
cimetières…
Ces 3 ans de conflits, de miracles et de bonne nouvelles terminent par la
mort en croix, qui n’est en fait qu’un échec apparent.
- Jésus-Christ est le Seigneur… du Royaume
Après la mort de Jésus, l’expérience de ses apôtres et disciples fut que
l’amour était plus fort que la mort, la vérité plus que le mensonge, le service
plus que l’injustice, la pardon plus que la haine… Jésus avait permis tout
cela : il était ressuscité, vivant et actif dans les Communautés qui
continuait son message, son exemple et sa mission. A partir de cette foi-là,
tout change : il n’y plus de place pour le désespoir et la tristesse, ni
pour des vies et des morts inutiles. Le mieux vivre est possible : c’est
la culture de l’espérance, la foi, la fraternité, la justice, la paix, la joie…
Jésus est à jamais le Seigneur de la vie et le chemin du Royaume. La présence
de l’Esprit de Jésus transforme tout : le sens de la Bible, des paroles et
des actions de Jésus, sa mort et sa vision du Royaume. C’est donc cela qu’il
faut continuer pour vivre et faire vivre vraiment.
- Ensemble avec Jésus ressuscité nous sommes les témoins de son Royaume
C’est à nous maintenant d’être l’expression de Jésus et de sa Communauté de
témoins. Ensemble nous pouvons être sa Bonne Nouvelle, renouveler ses miracles,
passer de la mort à la vie, célébrer sa résurrection et manifester la présence
de son Esprit. Cela se réalise d’une triple manière :
-
D’abord rencontrer ce Jésus à la
manière de Paul sur le chemin de Damas : dans les exclus d’aujourd’hui et
tous les groupes et les organisations qui construisent une monde meilleur.
C’est là qu’il nous donne rendez-vous.
-
Ensuite communiquer cette foi-là :
Jésus est vivant parmi nous et continue la construction de son Royaume grâce à
nous et à toutes les femmes et les hommes engagés dans la défense et la
promotion de la vie sous toutes ses formes : individuelle, collective et
institutionnelle. Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin du Royaume qui n’a pas
d’autre frontière que le mal sous toutes ses formes… L’Esprit est à l’œuvre
partout où naît et croît la vie, l’amour, la justice…
-
Enfin célébrer les avancées du Royaume,
dans des signes humains, chrétiens et religieux, adaptés à notre époque et à
toutes les cultures. Ces avancées sont grandes et petites, visibles et cachées,
quotidiennes et surprenantes… Elles sont le fruit de nos efforts et de nos
luttes. C’est le temps de la fête, de l’amitié célébrée, du pain rompu sur la
table du monde, de la vie donnée. Ces célébrations révèlent la dimension
transcendantale de nos vies, de nos paroles et de nos activités ; elles
nous réunissent dans une communauté humaine et croyante au-delà de toute
barrière.
Aujourd’hui et chaque jour, Jésus-Christ nous dit et redit:
« Confiance, j’ai vaincu le monde »… Construisons ensemble et avec
lui le Royaume, parce que nous savons qu’il est le Seigneur du Royaume.
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