" LA VIE C’EST
TA PAROLE ” -
Introduction
Lecture populaire de
la Bible depuis
l’Amérique Latine
Saint Hostien, juin 2012. PR.
Original
en espagnol. Traducteur : Julien S.
CONTENU
Présentation: Nous situer face à la
Bible (3 schémas de réunion). PR.
Première
partie: L'exode comme clé de
lecture de la Bible (6 schémas de réunion - Original : CLAR).
1.
Avec l'exode est né un nouveau Peuple.
2.
La conquête de la Terre Promise à la lumière de l'exode
(Josué 24.1 à 28).
3.
L'exode a permis au prophète Élie de se mettre à jour
avec Dieu (1 Rois 19,1-18).
4.
Les exilés de Babylone entreprirent un nouvel exode
(Isaïe 52,1-12)
5.
Jésus a accompli l’exode définitif (Jean 6).
6.
La vie chrétienne est un exode permanent (Apocalypse 7).
Deuxième
partie: Les 8 étapes de la
Bible (8 schémas de réunion - Original : CLAR).
1.
La Bible a concrétisé le rêve de Dieu
2.
Durant
l'Exode, Moïse a lancé le projet de Dieu
3.
Les prophètes convoquèrent le peuple afin de reconstruire l'alliance: 1000-6 A.C.
4.
La Parole est faite sagesse afin
de préserver l'harmonie et la foi du peuple
5.
En Jésus, la Parole est venue
confirmer le plan de Dieu, le Royaume
6.
Les premières communautés
chrétiennes nous ont légué le projet de Jésus
7.
L’extension
de l'Eglise dans l’ensemble du monde connu
8.
L'espérance indestructible qu’ont
léguée les premières communautés
Annexe:
Jésus Christ est le Seigneur. PR.
Introduction
1.
Jésus l’homme : son identité
et sa vie
2.
Jésus le Crist : le prophète
du Royaume
3.
Jésus-Christ est le Seigneur
ressuscité
Conclusion
Notas : « CLAR » est
Conférence Latino-Américaine de Religieux/ses.
« PR » c’est Pierre
Riouffrait.
PRÉSENTATION: Comment nous situer face à la
Bible, PR.
A. LA BIBLE EST SEULEMENT UNE PARTIE DE LA PAROLE DE DIEU
Commençons par nous
demander : Où rencontrons-nous la Parole de Dieu? Voici 5
« lieux » où nous pouvons la rencontrer.
1.
Dans l'univers en général, en
tant que création de Dieu, c’est-à-dire, dans la nature et les personnes, parce qu'elle
porte la marque et l’empreinte de Dieu. C’est ce que veut dire « Dieu est
partout ».
2.
Dans la nature, plus proche de nous: la beauté de la création
est le reflet de Dieu.
3.
Chez les personnes, prise individuellement et
collectivement.
a). Individuellement, parce que chacun de nous
sommes «image et ressemblance de Dieu»:
̵
En chacun de nous:
dans le miracle qu’est le corps humain.
̵
Chez chacun des
autres, comme nous, « temples de Dieu ».
b). Collectivement, c’est-à-dire au sein des
groupes humains:
-
Dans la famille: dans l'amour du couple dont la vocation
est, comme Dieu, de « créer » la vie. Pour cette raison, le mariage
est un sacrement, c'est-à-dire un signe de la présence aimante de Dieu.
-
Dans les organisations qui promeuvent la vie, la
fraternité, la justice, les droits de l´homme, la protection de l'environnement...
-
Dans les évènements qui construisent le Royaume.
-
Chez les peuples, pour leur sagesse, en particulier, pour
l’Amérique Latina, dans les communautés indigènes.
-
Plus particulièrement dans les pauvres, dans le peuple
des pauvres.
4.
Dans les religions
a). Les religions indigènes et
afro-américaines, parce que la religion est la recherche de Dieu qui se laisse
rencontrer.
b). La religion chrétienne, où l’on est né, avec ses
principales caractéristiques :
̵
La foi: l’appel et l’accueil de Dieu.
̵
La prière: la communion avec Dieu.
̵
La Communauté chrétienne ou Église, centré sur la
fraternité et les sacrements, comme lieu de discernement.
̵
La construction du Royaume, c’est-à-dire la création de
nouvelles relations.
5.
Dans la Bible qui nous raconte l'histoire d'un peuple qui a
reconnu la présence de Dieu au milieu de lui.
B. LES 3 ECRITS OU LIVRES QUI SOUTIENNENT NOTRE FOI CHRÉTIENNE
1.
"Avant-hier," le premier livre: la Bible.
-
Abraham et Sarah furent nos ancêtres dans la foi.
Ils cherchaient plus de liberté, de justice et de fraternité et reconnurent
Dieu était présent dans cette recherche (Genèse 12). D’eux, proviennent 3
religions: le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam (ou religion musulmane).
-
Avec Moïse, le projet de Dieu devient une réalité. Dans le
sillage d’Abraham et Sarah, leurs descendants, esclaves en Egypte décident
d’être un peuple libre (sans esclavage), fraternel (grâce à une
organisation sociale égalitaire ou mieux équitable) et croyant en Yahvé
le Dieu libérateur avec eux (Exode).
-
Jésus est le centre de notre foi, car il est le Prophète du
Royaume, le Messie d’un nouveau peuple (libre, fraternel et croyant) et le
Seigneur ressuscité. Il est le visage de Dieu et le modèle de l'humanité.
L'Ancien Testament doit être interprété à la lumière de Jésus.
2.
"Hier", le 2e livre : le livre
des Saints.
-
Les Saints furent ceux qui furent plus radicalement fidèles
au projet du Royaume.
-
Marie a collaboré de façon étroite au projet de Dieu en
l’accompagnant son fils Jésus tout au long de sa vie et en collaborant à la
naissance de l’Église. En Amérique Latine cela est particulièrement vrai avec
la dévotion à Notre-Dame de Guadeloupe, apparue à un indien aztèque depuis
1533.
-
Saint Juan Diego, témoin l’apparition de Notre Dame de Guadeloupe, est le premier saint
indigène d'Amérique latine, béatifié le 31 juillet 2002 par le pape Jean 23, le
pape du Concile Vatican 2.
3.
"Aujourd'hui,", le 3e livre :
les documents de notre Église.
-
Les documents du CELAM sont les plus importants pour
nous en Amérique Latine : c’est notre « Magistère ». Le «CELAM»
est le «Conseil Épiscopal Latino-Américain» fondé en 1955. Grâce à ce Conseil,
nos évêques se sont réunis à Medellín (Colombie, 1968), Puebla (Mexique, 1979),
Saint-Domingue (République dominicaine, 1992) et Aparecida (Brésil, 2007).
-
“Dieu parle aujourd'hui”: tel est le sens fondamental de ces 4 documents
latino-américains.
C. BIEN SITUER LA BIBLE
1.
La Bible est d'abord l'histoire d’un Peuple de taille
limitée et pauvre qui connut l'expérience de Yahvé comme Dieu libérateur avec
eux.
2.
La Bible est une Parole de Dieu, qui possède une
importance particulière car Jésus a confirmé, en personne, la présence de Dieu
libérateur des pauvres.
3.
La Bible est devenue la référence obligée des chrétiens
pour reconnaître Dieu aujourd'hui. Elle est à lire en communauté et pas
seulement individuellement.
4.
La Bible (d’avant-hier) est l'un des 3 livres du
christianisme, avec le livre des Saints (d’hier) et le Livre des Documents de
l'Église Latino-Américaine (d’aujourd’hui).
D. AVEC QUELLE INTENTION DIEU NOUS COMMUNIQUE-T-IL SA PAROLE?
1.
Dieu est reconnu comme Père
et Mère, ami et compagnon à travers Jésus, force invincible dans l'Esprit.
2.
Il alimente un projet
de vie pour les personnes, les organisations, l’environnement et le cosmos.
Il s’agit du Royaume inauguré par Jésus. «Le Royaume est le seul absolu» (Paul
VI, 1975). Cela nous encourage à le construire et à détruire tout ce qui le
détruit.
3.
Ce cheminement avec Dieu nous permet de mieux connaître
le sens de l’existence, du bonheur, de l’amour, du travail, de la mort...
E. NOTRE PROPRE FAÇON, EN TANT QUE PAUVRES, DE LIRE LA BIBLE
1.
Nous reconnaissons qu'elle a été écrite par un Peuple de pauvres.
2.
Noua nous identifions avec ce peuple de l'Ancien Testament.
3.
Nous mettons en relief les événements historiques de cette époque de l'histoire du Peuple
de la Bible.
4.
Nous insistons sur l’aspect
humain de Jésus.
5.
Nous lisons la Bible en Communauté.
6.
Nous la mettons en relation avec la réalité d'aujourd'hui.
7.
Nous reconnaissons que Dieu est le libérateur des pauvres, hier et aujourd'hui, si nous
nous organisons en Communautés et Organisations Populaires.
8.
Nous affirmons que toutes
les grandes religions ont leurs “Paroles de Dieu ».
9.
Nous soulignons qu'aujourd'hui, nous le Peuple des Pauvres, nous sommes Parole de Dieu: Dieu nous charge
de révéler son visage maternel, son nom libérateur et son projet de vie.
E. ENGAGEMENTS
1.
Avoir une Bible à notre disposition de façon permanente,
par exemple la Bible des Peuples,
dont la traduction est en relation avec l’Amérique Latine.
2.
Lire la Bible personnellement,
mais surtout en groupes et en
Communautés.
3.
La lire en
famille:
-
Avant les repas: avec par exemple «Le pain de
la Parole», 100 prières bibliques pour bénir la nourriture.
-
En couple, en
particulier en soirée.
-
En famille,
avec les enfants: Pourquoi ne pas avoir dans la maison un petit espace pour la
prière ?
-
Dans les dévotions:
retrouver les intuitions des origines et les mettre en relation la Bible et la
réalité…
TRAVAUX DE GROUPES
Groupe 1:
- Qu’est ce qui nous
paraît le plus important de ce que nous venons d’écouter?
Parole
de Dieu. Deutéronome 30,11-16 : «Ma parole est dans ton cœur et tes paroles».
- Qu’évoque pour nous
la Parole de Dieu dans cette lecture?
- Quels sont les
messages et les engagements que nous en tirons pour nous, notre vie, notre
foi?
Groupe 2:
1.
Qu’est ce qui nous paraît le plus important de ce que
nous venons d’écouter?
Parole
de Dieu. Jérémie
1,4-10: «Je mets mes paroles sur tes lèvres».
2.
Qu’évoque pour nous la Parole de Dieu dans cette lecture?
3.
Quels sont les messages et les engagements que nous
ressortons pour nous, notre vie, notre foi?
Groupe 3:
1.
Qu’est ce qui nous paraît le plus important de ce que
nous venons d’écouter?
Parole
de Dieu. Romains 1:19-21: «A travers la création, nous pouvons connaître Dieu».
2.
Qu’évoque pour nous la Parole de Dieu dans cette lecture?
3.
Quels sont les messages et les engagements que nous
ressortons pour nous, notre vie, notre foi?
Première
partie
(Original : CLAR).
L’EXODE EST
UNE CLÉ DE
TOUTE LECTURE DE
LA BIBLE.
OBJECTIF: Entreprendre
à une lecture systématique de la Bible, à partir de notre expérience
quotidienne. Nous découvrirons que, comme dans la Bible, notre vie est une
expérience « d’exodes » continus.
INTRODUCTION
L'exode de Moïse est
l’évènement constitutif du Peuple hébreu. C’est le fil invisible qui traverse
et unit tous les autres événements du peuple de Moïse. En regardant bien dans
toute la Bible, nous pouvons découvrir 5
exodes supplémentaires qui rythment l’histoire du Peuple de Jésus.
CONTENU
Présentation
7.
Avec l'exode est né un nouveau Peuple.
Nous sommes les disciples de « la saga » de
Moïse.
8.
La conquête de la Terre Promise à la lumière de l'exode
(Josué 24.1 à 28).
La Bible est un modèle d'interprétation historique.
9.
L'exode a permis au prophète Élie de se mettre à jour
avec Dieu (1 Rois 19,1-18).
La nouveauté de la «douce brise» comme manifestation de
Dieu.
10. Les exilés de Babylone entreprirent
un nouvel exode (Isaïe 52,1-12)
Le Peuple de Dieu renait sans cesse de ses difficultés.
11. Jésus a accompli l’exode définitif
(Jean 6).
Le nouvel exode, selon Jésus.
12. La vie chrétienne est un exode
permanent (Apocalypse 7).
Les premières Communautés ont assumé l’exode comme actuel,
de leur propre époque.
PRÉSENTATION
MESSAGE:
Pour le Peuple des Pauvres, les luttes de libération sont le lieu de la
révélation de Dieu. Nous sommes les héritiers des esclaves qui quittèrent
l'Egypte avec l'aide de Moïse et firent à travers tout cela l’expérience de
Dieu.
Nous allons découvrir
dans ce livret l'exode permit la constitution d’un nouveau peuple qui cherchait plus de liberté, de fraternité et de
justice. Dans cet événement, qui fut un long processus, ils ont reconnu la
présence de Dieu que faisait avancer
leur projet et leur rêve: faire que
l’humanité soit une grande famille.
- Avec l'exode, un nouveau peuple est né...
Nous approfondirons l'expérience
fondamentale de l'exode dans la deuxième partie. Dans ce premier volet, nous
allons voir comment cet événement de l'exode fut la source de plusieurs réveils
pour le Peuple de Moïse. L'événement de l’exode a généré toute une ligne de
pensée et d'action pour le Peuple de la Bible, tandis qu’il faisait face à
certaines situations. Cet évènement a donné naissance au Peuple de Jésus. L’exode
a ensuite été repris et relu par les générations postérieures, leur permettant,
d'une part, de rester fidèle aux intuitions initiales, et, d'autre part,
d'apprendre à affronter le présent et l'avenir d'une façon créative.
- … pour vivre en plénitude.
Nous, en combinant l'expérience
du Peuple de la Bible avec notre réalité actuelle, nous pouvons discerner plus
clairement des critères d'action. Ainsi nous purifierons notre mode de vie afin
de rester fidèles au projet de Dieu: nous le rendrons plus réel, c’est-à-dire
efficace et créatif. Tous ces efforts nous aideront à découvrir l'immense
valeur de la Bible. L'approfondissement de l'Exode et la marche du Peuple de
Dieu représentent une sagesse millénaire dont nous sommes aujourd'hui les
héritiers, pour le bien de tous.
- Nous appellerons ce nouveau peuple, le Peuple de la
Bible.
A. IMPORTANCE DU PREMIER EXODE
Il y a 3200 ans, le
Peuple de Moïse était une masse d’esclaves. Leur rébellion
-« l’exode »- les projette comme un peuple nouveau, différent, par son origine, sa structuration et sa
relation avec Dieu. Tout au long de son histoire, l'événement de l'exode a non
seulement empêché ce Peuple de s’écrouler et disparaître ; il lui a permis
de toujours avancer et progresser. Les chrétiens d’aujourd’hui en sommes la
continuité. Jésus est venu confirmer ce projet et l’ouvrir à tous les peuples.
Le Peuple de la Bible
a commencé à se conformer pendant un processus de libération. Certains opprimés et asservis en Egypte décidèrent
rompre avec leur situation ; ils gardaient en mémoire l’expérience
d’Abraham et Sarah, leurs ancêtres épris de liberté et de justice. Dans cette
expérience ils ont reconnu une présence plus forte, Dieu, qui les aider à se
libérer et à préserver collectivement cette liberté à laquelle ils avaient
accédé.
Durant le processus de l’exode, ils reconnurent
que Dieu était leur compagnon de route et de libération. Ils l’appelèrent
«Yahvé», «JHW» en hébreu (en hébreu, on n’écrit pas les voyelles), qui
signifie« Dieu libérateur avec nous» (Exode 3,14-15). Ce Peuple perçut Dieu
comme une présence amicale, fidèle et
libératrice qui marchait à leurs côtés. Cette histoire a donné naissance à
un nouveau Peuple, le Peuple de la Bible.
B. L'EXODE EST UN PROCESSUS
PERMANENT
Ce qui est merveilleux
c’est que l’exode fut l’acte de
« création » d’un nouveau peuple, qui a eu lieu environ en 1250
avant JC. Mais cette nouveauté n’en est pas restée là: l’exode a eu lieu, a
lieu et aura lieu aussi longtemps que, au sein de l’Humanité, des groupes
d’hommes et de femmes opprimés, esclaves ou en errance feront appel à leur dignité
et reconnaîtront dans leur de libération la présence de ce même Dieu du premier exode. Et Dieu “descendra” toujours à leurs
secours, pour les aider à se libérer et à devenir un Peuple libre et
responsable de sa liberté. Dieu se manifestera comme Libérateur, remettant à
jour l’évènement de l’exode et recréant toujours un Peuple nouveau et fidèle
aux intuitions de ce commencement.
Aujourd'hui, nous, les chrétiens d’aujourd’hui,
nous nous réclamons de cette origine: ici sont les sources de notre foi et de
nos actions. Nous sommes appelés à vivre
notre exode -sans doute avec les Peuples indigènes- en étant sûr que Dieu
est présent comme libérateur parmi nous, les pauvres. Nous sommes cette
présence.
C. LES RÉNOVATIONS CRÉATIVES DU
PROCESSUS DE L’EXODE
Selon la même Bible, l'événement de l'exode
illumina, au moins, 5 autres moments
cruciaux qu’a connus le Peuple de Moïse et que nous allons approfondir
ci-après:
- La conquête de la
Terre Promise (Josué 24)
- La dénonciation
prophétique des erreurs de la monarchie (1 Rois 19)
- L'utopie des exilés
de Babylone (Isaïe 52)
- La découverte du
mystère de Jésus mort et ressuscité, par les premières Communautés
chrétiennes (Jean 6)
- L’espérance solide
d’Églises persécutées par l'Empire romain, (Apocalypse 7)
L'exode est le fil
invisible qui lie et conforte tous les livres bibliques. C’est un livre
«fondamental», c’est-à-dire « fondateur »:
il est la base, le fondement du projet du Peuple de Moïse, mais aussi celui de
Dieu, de Jésus, de la fondation de l'Eglise, de notre espérance et de notre
foi, de notre compréhension des autres religions. L’exode est la pierre
angulaire de la révélation de Dieu. Ce processus de l'Exode soutient et
encourage notre propre marche en avant.
Premier thème
AVEC LE PREMIER EXODE, EST NÉ UN PEUPLE NOUVEAU
DIALOGUE
1.
Racontons une expérience de libération collective
(groupale) ou de changement social à laquelle nous avons participé.
Parole de
Dieu.
Exode 3,1-22: La triple mission de Moïse.
2.
Quelle mission Dieu a-t-il confié à Moïse, et quelles en
sont les différentes étapes?
3.
Quelles conclusions pouvons-nous en extraire pour nos
engagements dans la société?
Commentaire 1: NOUS SOMMES LES
DISCIPLES DE LA SAGA DE MOÏSE.
Pour comprendre la
mission et le projet de Moïse, nous devons nous rappeler de l'expérience
d'Abraham et de Sarah, ancêtres des esclaves d’Egypte.
1.
Abraham et Sara sont nos
père et mère dans la foi
Avec
Abraham et Sara a commencé un nouveau processus social et religieux. Voyons
quelle a été l’expérience qu’il a vécue.
̵
Abraham, Sara et leur clan ont rejeté l'exploitation
sociale et religieuse dont ils étaient victimes.
̵
Lorsqu’ils ont quitté leur région, ils étaient à la
recherche d’un nouveau mode de vie, de travail et d'organisation qui était plus
égalitaire et ouvert à la transcendance.
̵
Durant cette expérience, Abraham et Sarah reconnurent la
présence de Dieu qui confirmait leur recherche et se
révélaient à eux comme le Dieu unique et comme leur ami.
Cette double initiative,
d'Abraham-Sarah et de Dieu, offre d'une part, une nouvelle possibilité
d'organisation sociale et, d'autre part, une nouvelle religion, la religion
monothéiste, c'est-à-dire, d’un Dieu unique. Elle est le point de départ d'un
Peuple nouveau que Dieu ne cessera d’accompagner, afin de révéler sa présence
libératrice dans l'histoire et son projet de vie pour l'humanité.
2.
Moïse fut l'organisateur
d'un peuple égalitaire
Avec
Moïse, un nouveau pas en avant est fait. Il ne s’agit pas seulement de
l’expérience de quelques personnes de l’entourage d’Abraham, Sarah et leur clan,
mais de la conformation d’un peuple qui développe leur projet. Rappelons-nous leur
histoire.
-
A cause de la famine, les descendants d'Abraham-les
hébreux- furent convertis en esclaves en Égypte.
-
Afin de limiter la croissance démographique de ce Peuple
qui maintenait sa cohésion et son identité, le Pharaon décida de tuer
tous leurs nouveau-nés mâles.
-
Moïse, dont le nom signifie «sauvé des eaux», était l’un
de ces nourrissons qui échappa à la mort par un artifice de sa mère. Elle le
cacha dans un panier à l'endroit où la fille de Pharaon se baignait. Adopté par
cette dernière, Moïse fut élevé dans la cour de Pharaon avec tous les
privilèges de la famille royale.
-
Mais Moïse n'oublia pas ses compatriotes. Il
alla jusqu’à tuer un égyptien qui maltraitait des hébreux. Obligé à fuir dans
le désert, Moïse, en plus de se marier, continuait à rêver à la possibilité
d’aider ses compatriotes. C’est dans cette situation qu’il fit l’expérience du
Dieu d’Abraham qui confirmait sa décision de secourir les hébreux esclaves en
Égypte.
3.
L’expérience du buisson
ardent
Moïse
vivait avec une tribu nomade du désert du Sinaï, préoccupé par le
sort de ses compatriotes restés en Egypte.
̵
Un jour, il reconnut la présence de Dieu à travers l’expérience
du feu, symbole de proximité et d’attraction mais également de distance
et de puissance.
̵
Moïse reconnut dans cette expérience l’appel de Dieu de libérer
le peuple des Hébreux. A ce moment, Moïse comprit que Dieu serait solidaire de
cette libération.
̵
En même temps commença à s’ébaucher le nom de ce Dieu
libérateur: “Yahvé”, c’est-à-dire « Je suis celui que tu
expérimenteras » comme Dieu libérateur avec les pauvres qui se rebellent
et décident de se libérer.
4.
Le long processus de
l'exode
L'exode
ne se réalisa pas du jour au lendemain. Moïse aura beaucoup de mal à convaincre
ses compatriotes de quitter l'Egypte. Il lui fallut également avoir recours à
beaucoup de ruses, de subterfuges et parfois de violence avec le Pharaon. Son
séjour dans le désert lui sera d’une grande aide pour se lancer dans cette aventure.
Ce processus se compose de trois
étapes complémentaires: l'exode d'Egypte, l'alliance avec Dieu et de
l'organisation égalitaire afin de survivre dans le désert. Ces 3
caractéristiques seront les pierres angulaires de l’identité de ce Peuple de la
Bible:
̵
Rester libre, c’est-à-dire, ne pas tomber
en esclavage, ni interne ni externe,
̵
Reconnaître la présence libératrice de Dieu en faisant alliance
avec lui et
̵
Structurer une organisation sociale basée sur le
partage des responsabilités et l'équité dans les relations.
Cette
triple expérience -liberté, alliance et équité- constituera la référence
permanente de ce nouveau Peuple né de l'Exode d'Égypte, de l'expérience de
purification du désert et de la foi en un Dieu libérateur. Bien que regroupant
peu de membres et vivant dans une région sujette à de nombreux conflits, ce
Peuple préserva les enseignements de l’exode et survivra aux grandes
difficultés, aussi bien internes qu’externes. Il découvrit, des siècles plus
tard, qu’il était chargé d’une mission spéciale : révéler à l’humanité le
visage et le projet de ce Dieu qui le guidait et le protégeait.
Cette
double expérience est parvenue jusqu’à nous:
̵
Tout d'abord, l'exode provoqua la renaissance permanente du
Peuple de la Bible, malgré les pires crises qu’il puisse connaître.
̵
Ensuite, Dieu est proche et solidaire de ceux qui se
libèrent, qu'il s'agisse d’individus ou de peuples, et qui l’invoquent
pour réussir cette libération.
̵
Disons enfin que la triple mission de Moïse est aussi la
nôtre : collaborer à la libération de tous les opprimés, sceller
une alliance avec Dieu et mettre en route une organisation sociale équitable.
Nous
devons rendre grâce pour faire partie de cette expérience, mais nous devons
également l’approfondir et la partager avec toutes les personnes et tous les
Peuples qui aspirent à une vie meilleure.
Les thèmes
suivants développent cette vérité : l'exode
provoqua la renaissance permanente du peuple de de la Bible. Nous le
verrons avec la nouveauté de la conquête et la division de la Terre Promise,
avec la crise du prophète Elie avec les rois, avec le Peuple des exilés de
Babylone, avec Jésus, le nouveau Moïse, et dans la confrontation des premières
communautés chrétiennes avec l'Empire romain. Aujourd’hui, c'est à nous de
renaître personnellement et collectivement et de manifester le Royaume de Dieu
dans notre monde.
Deuxième exode
LA CONQUÊTE DE LA TERRE PROMISE A LA LUMIERE DE L'EXODE
DIALOGUE
1.
Possédons-nous notre propre maison? Si non, pourquoi ? Si
oui, comment l’avons-nous obtenue?
Parole de
Dieu.
Joshua 24,1-28: la réunion du peuple de Moïse à Sichem.
2.
Comment les tribus réunies en Assemblée générale se
répartirent-elles la Terre Promise?
3.
Quel lien peut être fait entre cette Assemblée et
l'Alliance scellée après l'Exode d'Egypte?
4.
Quels arguments nous apporte cette façon de répartir la
terre afin d’aider chaque famille à avoir sa propre maison?
Commentaire 2: LA BIBLE EST UN
MODÈLE D’INTERPRÉTATION HISTORIQUE
L'expérience du peuple
de Dieu nous offre un moyen de lire notre propre histoire et d'orienter notre
mode de vie selon le projet de Dieu.
- La référence à partir de laquelle le peuple de la
Bible observait et relisait les faits importants de son passé
-
Il partait toujours de sa réalité en tant que Peuple.
-
Il conservait la mémoire de l’exode comme une référence
obligatoire.
-
L’exode lui `permettait de formuler des lignes d’action
afin de surmonter les difficultés.
- Les objectifs que le peuple de la Bible se donnait à
partir de l'exode
-
Percevoir Dieu et sa présence libératrice dans leur vie.
-
Trouver une illumination pour le présent de telle sorte
qu’il les entraîne vers le futur.
-
Parvenir à continuer leur marche en suivant la ligne de
l'Exode.
- Les conditions qui parurent nécessaires au peuple de
la Bible pour interpréter correctement les luttes à entreprendre
-
Se sentir comme le même Peuple né de l’exode.
-
Être unis dans les difficultés en s’identifiant à
l’espérance des ancêtres,
-
Avoir foi dans le fait que le Dieu de l’exode était à
leurs côtés, présent et libérateur.
-
Être ouvert à la nouveauté qui pouvait se présenter.
- Les découvertes du Peuple de la Bible au long de son
chemin, grâce à cette relation constante avec l'exode.
-
Ils découvrirent la grandeur d’être un peuple libre et
fraternel.
-
Ils réalisèrent que leur Dieu était Yahvé, c’est-à-dire
une présence libératrice parmi eux.
-
Ils assumèrent la mission de révéler collectivement que
Dieu est libérateur.
-
Ils réalisèrent que l'exode n'était pas un évènement
isolé et terminé, mais un processus de libération qu’ils devaient perfectionner
sans jamais se décourager.
- Le résultat obtenu
-
Récupérer la mémoire du passé comme source de sa propre
identité et dignité.
-
Considérer l’alliance avec Yahvé-Dieu comme un engagement
continu de fraternité
-
Anticiper le futur, c’est-à-dire représenter, à travers
leur mode de vie, l’exemple de ce que Dieu souhaite pour l’ensemble de
l’humanité.
Conclusions
-
L’interprétation de l'exode était la clé de lecture du
présent qui ouvrait la porte du futur.
-
L’étude de la Bible n'est pas d’abord une curiosité
intellectuelle, mais l'apprentissage à discerner le sens du présent à partir
d’une interprétation créative de notre propre passé.
-
En comparant l'expérience des communautés chrétiennes,
nous découvrons une grande similitude entre notre façon de penser et d'agir et
l'expérience du peuple de la Bible.
Nous nous rendons compte que la
vie d'aujourd'hui éclaire la Bible et que la Bible illumine la vie actuelle
dans un processus incessant d'enrichissement mutuel.
Troisième exode
L’EXODE AIDE LE PROPHETE ÉLIE À SE METTRE AVEC DIEU
DIALOGUE
1.
Qui, dans notre pays et sur notre continent, ont été
persécutés pour avoir défendu le Peuple des pauvres?
Parole de
Dieu. 1
Rois 19,1-18: La conversion du prophète Elie.
2.
Que fît et que dît Dieu au prophète Elie pour l'aider à
surmonter ses difficultés?
3.
Quelles sont les similitudes entre le pèlerinage d’Elie
et le pèlerinage du peuple de Dieu dans le désert du Sinaï?
4.
De quelle façon peut-on considérer les expériences de
l'Exode et d’Élie comme notre boussole lors des moments de crise et
d’obscurité?
Commentaire 3: LA NOUVEAUTÉ DE LA
«DOUCE BRISE" COMME MANIFESTATION DE DIEU.
« Que fais-tu
ici, Élie? – Je déploie mon zèle pour l'Éternel, le Dieu des armées; car les enfants
d'Israël ont abandonné son alliance avec lui... ». Il existe dans cette réponse
d’Élie à Dieu une contradiction entre ce qu’il dit et ce qu’il fait.
-
Élie pense qu’il est le
dernier à lutter, résister et être fidèle à l’Alliance. En réalité, ils
étaient beaucoup plus nombreux : Abdias et les cent prophètes, tous appelés par
Dieu (1 Rois 18,12; 19,18).
-
Élie se sentait plein de zèle pour la cause de l'Éternel,
capable d'affronter jusqu’à la mort. En fait, il avait peur de mourir et fuyait
les menaces de la reine Jézabel, ne pensant qu'à sauver sa vie (19,3).
-
Elie savait analyser la situation du Peuple,
mais n'était pas en mesure d'analyser son propre échec. Il ne se rendait pas
compte que la situation de défaite et de mort dans lequel il se trouvait, était
le lieu où Dieu voulait le rencontrer.
-
Élie pensait qu'il était en parfaite communion avec Dieu,
mais en réalité, son sentiment de sécurité erroné ne pouvait le
conduire à une réelle rencontre avec lui. Il se laissait guider par des
critères du passé, -tels que la tempête, la foudre ou le tremblement de terre-,
qui n’étaient pas exclusivement les manifestations de la présence de Dieu
(19,11-12).
A. DIEU EST TOUJOURS NOUVEAU
L’expérience qu’a
vécue le prophète Élie est basée sur le fait qu’il ne pouvait pas percevoir la
réalité telle qu'elle est, et qu’il n’était pas capable de se connaître
lui-même. Sa vision était perturbée par le fait de se considérer comme le seul
dépositaire de la lutte contre les divinités étrangères. Quel était le défaut
d’Élie qui entraînait cette distorsion entre la réalité et son discours? La
réponse réside dans l’histoire de la “douce brise”. Ce fut cette expérience-là, nouvelle et contradictoire
avec les précédentes, qui ouvrit les yeux à Élie. En effet, à cet instant, “il
se couvrit le visage de son manteau” (19,13), signal par lequel il
reconnaissait la présence de Dieu.
En quoi consista donc cette “douce brise”? Le
texte hébreu précise, littéralement : “voix calme et douce”. Sur la montagne du
Sinaï, après une forte tempête avec
des éclairs et des tremblements de terre -comme auparavant avec Moïse-, la
nature se calma soudain et Elie entendît le « murmure d'une douce
brise ». Il s'attendait à rencontrer Dieu dans la tempête, comme ce fut le
cas pour Moïse, mais Dieu n'était pas là. Elie ne s'attendait pas à le
reconnaître dans le calme et la douceur. Cela ne signifie pas que la présence
de Dieu devrait être associée uniquement à l'expérience tranquille, douce et
silencieuse. Cela signifie que Dieu est présent dans l'inattendu: là où on
l’attend le moins. Celui qui pense qu'il est sûr de sa capacité à contrôler les
signaux de la présence de Dieu au cours de sa vie personnelle, des événements
et de l'histoire en général, se trompe et court le risque de ne pas savoir lire
les faits et « interpréter les signes des temps ».
B. LA SIGNIFICATION DE LA «DOUCE
BRISE»
Le mot utilisé pour
caractériser «le calme» vient d'une racine signifiant «s’arrêter, rester
immobile et muet». La douce brise caractérise quelque chose qui tout à coup
rend muet, provoque le silence, rend immobile, créé le vide. En conséquence,
cette situation permet d’être à l’écoute et dans l’attente de ce qui va se
dérouler. En d'autres termes, la douce brise caractérise un processus interne, déclenché par
l'impact d'un événement, qui obligea le prophète à un changement radical: cela
lui l’obligea à une nouvelle vision des choses.
La «douce brise » peut symboliser des faits, des
événements, des individus qui interviennent sans grand bruit dans la vie de
chacun, qui modifient des sécurités établies et ouvrent une brèche. C'est
quelque chose de nouveau qui surgit dans la conscience et révèle une nouvelle
dimension importante de la vie, à ce jour inconnue. La «douce brise» est une
tendresse qui imprègne profondément l’âme. C’est l’idée que transmet un chant
populaire:
« Face à sa vie de souffrance, le Peuple ne savait
plus parler : il se taisait, il se taisait.
Soudain, ses yeux brillèrent : le Peuple oublia
ses idées du passé,
Il devînt humble et recommença à penser. Une
nouvelle vie commençait pour lui ».
Il s’agit de l’expérience de la «douce brise» :
grâce à elle, Élie a vécu l'expérience de Dieu. Il a reconnu la présence
toujours nouvelle et renouvelée du même Dieu qui accompagnait toujours son
peuple. C'est là qu'il ouvrît les yeux et retrouva le courage de continuer sa
mission.
C. UNE NOUVELLE EXPÉRIENCE DE
DIEU
Soulignons 3 aspects de cette expérience de Dieu à
travers la «douce brise», car aujourd'hui, la même chose se reproduire :
- Elie expérimenta que «Dieu est libre"
Dieu n’obéit à personne, ni
à Élie. Dieu ne se sentait pas obligé d'obéir à des critères que la «tradition»
avait établis afin qu’Elie puisse le reconnaître. Élie devait découvrir que
Dieu est libre de se manifester dans une tempête, à travers la foudre, le
tremblement de terre… et également en dehors d'eux. Cette liberté de Dieu est
la base de notre liberté et de notre libération. Dieu ne peut pas être utilisé
par n'importe qui, ni par les prophètes de Baal, ni par le prophète Élie :
« Tu n’utiliseras pas en vain le nom de Dieu ». Dieu est libre de se
communiquer comme il l’entend. Il attend que nous soyons ouverts à sa
nouveauté.
- Élie expérimenta que Dieu n’avait pas besoin qu’on
le défende
Malgré les autels détruits,
l'alliance brisée et les prophètes assassinés, la cause de Dieu n'était pas
perdue : Dieu ne cesse jamais d'être Dieu. Ce n'est pas Élie qui « défendait »
le sort de Dieu. Bien au contraire: c’est Dieu lui-même qui accueillait, soutenait
et défendait le pauvre Élie. Lorsqu’il découvre la sécurité qu’apporte Dieu, à
lui-même et à son peuple, Elie renaquit et retrouva le courage de continuer sa
mission: il retrouve le sens de la vie et de la lutte.
- Élie expérimenta la totale gratuité de Dieu et de sa
présence continue parmi son peuple
Si Dieu se manifesta par la douce
brise, ce ne fût pas par mérite d'Élie. Au contraire: Élie reconnût la présence
libératrice et renouvelée de Dieu au moment précis où il reconnaissait son
propre néant. Il laissa Dieu agir comme Dieu, de façon gratuite et inattendue.
Elie découvre le Dieu de
toujours: Yahvé, le Dieu des Anciens -les Pères et Mères du peuple-, celui de
l'Exode, hier, et celui des pauvres de son époque. Son pèlerinage -son « exode »-
lui avait apporté une nouvelle vision de Dieu, de nouveaux horizons pour le
Peuple et la capacité de reprendre confiance en lui : il vainquit la peur et
découvrit pleinement sa liberté d'action. Sa volonté se raffermît, de même que
sa capacité à continuer la lutte pour la cause de Dieu afin de défendre la vie
de son peuple. Dans le même temps, il prît clairement conscience qu’il n’était
pas le meneur, le dépositaire, ni de cette lutte ni de la cause de Dieu. Au
cours de cette expérience, Élie découvrit de nouveaux critères afin de relire
et de comprendre la signification de l’exode pour sa propre situation actuelle:
être ouvert pour entreprendre un nouvel exode avec son Peuple, soutenu par la
présence renouvelée de Dieu à ses côtés.
Quatrième exode
LES EXILÉS DE BABYLONE ENTREPRIRENT UN NOUVEL EXODE
DIALOGUE
1.
Au cours des 10 dernières années, quels sont les signes de
l'éveil des Peuples indigènes?
Parole de
Dieu.
Isaïe 52,1-12: «Réveille-toi et relève-toi!"
2.
A qui était adressée la Bonne nouvelle qu’annonçait le
prophète?
3.
Comment l'expérience de l'exode a-t-elle remotivé les
exilés de Babylone?
4.
De par notre passé biblique et le présent de nos luttes,
comment allons-nous nous motiver pour construire un avenir meilleur?
Commentaire 4: SANS CESSE LE
PEUPLE DE DIEU RENAÎT
La captivité du Peuple
de Dieu de Babylone dura environ 50 ans. Ce fut la plus grande crise que le
peuple de la Bible connut au cours de son histoire. En un instant, ils
perdirent tout ce qui avait été, jusque-là, le soutien et l'expression de leur
foi :
-
La Terre, dont la possession était
l'expression de la fidélité de Dieu à la promesse faite à Abraham,
-
Le Temple, signe
de la présence de Dieu parmi eux,
-
Les Prêtres, qui guidaient le peuple
au nom de Dieu.
Avec l’exil, il douta de sa propre identité comme
Peuple de Dieu. Il avait perdu tout espoir de revenir sur sa terre, la terre de
Dieu. Il paraissait se déliter sans parvenir à se recomposer, comme une
assiette qui tombe et se brise en mille morceaux. La pensée traditionnelle
issue de leur glorieux passé ne leur permettait pas d’interpréter positivement
la situation dans laquelle ils se trouvaient. Au contraire, ils s’exclamaient :
«Mes forces m’ont abandonné et j’ai perdu espoir dans le Seigneur» (Lamentation
3.18), «Je ne me souviens plus du bonheur” (3,17), « Le Seigneur m’a abandonné»
(Isaïe 49,14), « La fille de Sion (c’est-à-dire le Peuple de Jérusalem)
est veuve» (Lamentations 1,1), «elle a perdu son mari, elle a perdu Dieu»
(Isaïe 40,27 ; 54,8 et Psaume 22, 2).
A. «A DIEU, RIEN D’IMPOSSIBLE »
Cependant, au sein de ce Peuple battu et
désagrégé, un groupe parvint à développer une pensée nouvelle. Cet état de fait
est présenté dans les chapitres 40 à 66 du livre d'Isaïe, comme un élément
novateur. Grâce à une nouvelle expérience intérieure de Dieu -analyser le passé
sous une nouvelle optique-, ils avaient acquis un nouveau regard sur les faits
du présent. C’est pour cela qu’ils réussirent à surpasser l’immédiateté de leur
situation et découvrir en elle les
nouveaux signes de la présence de Dieu et la nouvelle direction qu'ils
devaient adopter en tant que Peuple de l'Exode : Dieu était toujours là, le
même et différent, Dieu libérateur des pauvres, qui leur demandait de continuer
le chemin de l’alliance en faisant preuve de créativité. Ils furent capables de
découvrir, au milieu de la rupture violente qu’ils vivaient, la continuité avec
le passé et la porte de sortie vers le futur. Ils avaient besoin de dépasser
les limites de l’expérience antérieure, caractérisée à un lieu et un temps limités
-l’exode-, afin d’entreprendre un nouveau chemin qui n’avait pas encore été
emprunté au cours de l’histoire passée. Ils parvinrent à se préparer à
l’aventure d’un nouvel exode.
Étudions certains signes propres à ce nouveau
chemin, un œcuménisme incroyable et
courageux, qui nous fait ressentir l’atmosphère propre à cette époque
pendant laquelle le texte d’Isaïe apparut (40-66).
-
Le Peuple de Dieu ne se limite pas à une seule race
-celle de la Bible- ; les étrangers en constituent une autre
partie, ce dont ils doivent prendre consciente grâce au peuple de la Bible
(56,3-6).
-
La Terre va être redistribuée à nouveau
mais, cette fois, les étrangers qui y résident auront leur part (Ezéchiel 47.22
à 23).
-
Le Temple n'appartient pas aux seuls
Juifs ; el est de tous les peuples (56,7).
-
Le Culte est universel, parce tous vont
y participer (56,7 et 66,20).
-
Le Sacerdoce n'est pas seulement de
Lévi, les étrangers y participent également (66,21).
-
Le Royaume n'est pas la propriété exclusive
de la dynastie de David ni se limite à un territoire : Yahvé règne sur la terre
entière (40,1 ; 52,7 et 43,15).
-
Etre un Peuple appelé ne doit pas être
considérée comme un privilège, mais un service: le peuple de Moïse doit être le
modèle du «serviteur» de Dieu pour toutes les nations (42,1-9).
-
La mission à laquelle ce Peuple est
appelé, est un ministère de justice et de «lumière pour tous les Peuples”, car
tous ont les mêmes droits (42,6 et 49,9).
-
Les messagers de cette Bonne Nouvelle ne
seront pas seulement les Juifs, mais également les païens convertis qui
proclameront la gloire de Dieu auprès de toutes les nations (66,19).
-
La Loi sera recherchée et observée par
tous les peuples, parce qu'ils y trouveront la lumière pour éclairer leur
chemin ; elle surgira de leur propre cœur (2,1-5 et Zacharie 8,23).
-
La pureté de cœur et de race ne vient
pas d’abord du respect de la loi, mais de l'acceptation de Dieu qui considère
comme purs les sacrifices des païens, si ceux-ci sont le fait d’un cœur sincère
(66,20, voir Matthieu 1,11).
-
La Prophétie n'est pas un don réservé à
une personne en particulier sinon que tous, hommes et femmes, seront prophètes
comme communauté de croyants (Joël 3:1-3).
-
La ville de Jérusalem est le centre symbolique
de tous les Peuples (60,1 à 7).
-
Yahvé ne sera pas seulement le Dieu des Juifs, mais il
dirigera les destinées de tous les peuples de la terre (40,15 et 41,4).
Ces éléments sont quelques-uns des signes de ce
chemin d'ouverture, difficilement inimaginable à cette époque. A travers ces
textes, transparaît tout le courage dont les disciples d’Isaïe firent preuve
afin de repenser toute la vie en se basant sur la mémoire vivante de l’exode.
Ils franchirent les frontières de la connaissance et de la tradition (monarchie,
temple, sacerdoce, loi, territoire, race, etc.) et ouvrirent des perspectives
totalement nouvelles. Cela leur permît de construire un projet qui n’était pas
inscrit dans les prémisses du premier exode. Ils surent être créatifs, ils
voulaient que tout soit nouveau, de par la nouveauté même de Dieu. Ils
voulaient un ciel nouveau, une terre nouvelle, une nouvelle création (66, 17),
un nouvel exode (41, 18-20 et 43, 16-20), une nouvelle alliance (54,10; 55,3 et
61,18), un nouveau Peuple (43, 21), un nouveau cœur et un nouvel esprit
(Ezéquiel, 36, 26), une nouvelle loi imprimée dans le cœur de chacun (Jérémie
31:33)… Ceci constituait la mystique et l’utopie qui guidaient le chemin et
donnaient le courage d’innover : “Quand arrivera le jour de la paix, tout sera
possible…”.
B. LA GRANDE AVANCÉE QUALITATIVE
DU PEUPLE DE DIEU
Face à cela, nous pouvons nous demander comment
expliquer une nouveauté aussi importante : d'où vient cette nouvelle
conscience, cette nouvelle façon de lire le passé pour affronter l'avenir avec
autant de créativité. Voici ci-après 3 brèves réflexions:
- La
nouvelle expérience de Dieu
Une nouvelle création est
toujours possible. La captivité a été l'obscurité (Lamentations de 3,2 à 6),
l'expérience du néant. Le chaos était comparé aux eaux destructrices, au désert
comme lors de la création du monde (Genèse 1,2). Dieu semblait avoir rejeté son
Peuple pour toujours (Lamentations 3.43-45), mais ce n'était pas vrai (3,31).
Dieu était toujours présent, faisant preuve du même amour que toujours (Isaïe
49,15). Yahvé ne souhaite pas le vide, le chaos (de 45,18-19), mais il s’y
confronte et le vainc par la puissance de sa parole (Genèse 1,3). Il est plus
grand et plus fort que la puissance qui écrase le peuple (Isaïe 40,12-31). Il sauve,
libère et conduit son peuple grâce à sa puissance créatrice éternelle. Notons
que c'est à ce moment-là que le livre de la Genèse commença à prendre forme.
L'exode est une expérience
permanente. Le nom de Yahvé reprend une fois de plus toute sa force :
il est Père (Isaïe 63,16 et 64,7), Mère (49,15, 46,3), parrain, c’est-à-dire
protecteur et sauveur (41,14 ; 43,14 ; 44,6), il est le fiancé du
Peuple (62,5 et 54,5), qui lui apporter de la joie (62,5). Dieu ressemble à un
vendeur ambulant (de 55,1-3) qui porte la photo du peuple (49,16). Il est une
présence fidèle. En un mot Dieu est Yahvé, qui est, «toujours proche et
libérateur». C'est cette nouvelle expérience de Dieu en tant que créateur (Genèse)
et libérateur (Exode), vécue à partir du néant de l'exil, qui donne la liberté
aux premiers disciples du prophète Isaïe. Elle leur apporte la créativité et le
courage de réfléchir sur le passé et de rêver à un nouvel exode.
- La
nouvelle Jérusalem
Jérusalem était détruite, avec
ses murs en ruine, sans portes : une ville en ruine, incapable
d’accueillir autrui. Le pays avait été dévasté et occupé (Jérémie 39,10).
D’autres personnes pratiquaient d'autres religions sur l’ancien site du temple
(41,5). Les Juifs qui étaient restés n'avaient pas de pouvoir, ni politique ni
militaire, pour changer cette situation. Qu'ils le veuillent ou non, les
circonstances ont forcés les disciples d’Isaïe à réfléchir sur l'avenir à
partir de nouveaux points de vue, à la fois en Palestine et au sein de la
diaspora. N'y avait-il pas d’autre solution ? En analysant cette situation
désastreuse, à la lumière des grands prophètes, les disciples d'Isaïe virent le
début heureux d'une nouvelle étape. Ils ne restèrent pas à se lamenter sur le
passé. Ils souhaitèrent la bienvenue à l’avenir, né d’un
accouchement très douloureux. De la même façon que le vent de la tempête agite
la fleur mûre et éparpille sa semence, les évènements violents de l’exil secouèrent
le Peuple et l’entrainaient vers de nouvelles situations afin qu’il devienne la
“lumière des Peuples” du monde entier. Dieu le libèrerait de sa captivité et
l’enverrait dans le monde afin qu’il devienne la Bonne Nouvelle de Dieu (Isaïe
40,9, 52,7, 61,1) et son Serviteur (42,1 à 9, de 49,1 à 6) auprès de tous les
peuples.
- La
pédagogie d’Isaïe
Le prophète de l'exil, un
disciple du grand Isaïe, a pu, en premier lieu, aider le Peuple démoralisé afin
qu’il puisse percevoir que les signes de Dieu se manifestaient au milieu de
l'échec et, ensuite, transformer cet échec en un chemin
menant à la victoire. Ainsi, cette pédagogie basée sur la lecture du présent à
la lumière du passé, ne fut pas seulement une question technique, mais plutôt
une manière de transmettre une expérience spirituelle pour recréer le présent
et s’ouvrir au futur. Le Prophète a obtenu du Peuple qu’il commence à percevoir
le progrès et l’amélioration apportés par la Bonne Nouvelle de Dieu au cours et
au cœur des événements défavorables qu’il connût à ce moment-là. Il annonça une
Bonne Nouvelle en proclamant que Dieu ne s’arrêterait pas sur le chemin de la
libération de son Peuple et de la réalisation de son projet universel. Il est
intéressant de procéder à une lecture attentive de Isaïe 40-66 afin de
découvrir et systématiser tous les aspects de sa pédagogie de libération, et
pour la confronter à notre propre pédagogie ainsi qu’à celle de nos
Communautés.
Cinquième exode
JÉSUS ACCOMPLÎT L’EXODE DÉFINITIF
DIALOGUE
- Quels sont les changements
personnels provoqués en nous du fait d’intégrer une CEB ?
- Quel lien faisons-nous entre
tout cela et l’Exode : libération, alliance et organisation égalitaire?
Parole de
Dieu.
Jean 6: Jésus est la nouvelle «manne».
- Quels sont les points
communs que nous identifions entre cette lecture et l'expérience de
l'Exode?
- Comment l'Eucharistie nous
pousse-t-elle à expérimenter l’Exode une nouvelle fois : libération,
alliance et organisation communautaire ?
Commentaire 5 : LE NOUVEL EXODE
SELON JESUS.
Les chercheurs divisent l'évangile de Jean en
plusieurs grandes sections. L'une d’entre elles est celle qui va du chapitre 5
au chapitre 12. Dans chaque section, nous retrouvons presque toujours le même
schéma :
-
Jésus se manifeste par les signes qu’il laisse et les prodiges qu’il accomplit.
-
Malgré le fait qu’ils prennent connaissance des signes
laissés par Jésus et des prodiges qu’il réalise, les juifs ne croient pas en lui.
-
Au contraire, ils entrent ouvertement en conflit avec lui.
Ces signes que Jésus laisse sont toujours associés
à une fête juive (Jean 5.1, 6.4, 7.2, 10.22, 11.55). En réalité, toutes les
fêtes juives étaient associées à l’Exode. Notre chapitre 6 de Saint Jean était
associé à Pâques. Pâques était la fête familiale pendant laquelle on célébrait
le processus de l’Exode : libération, alliance et organisation égalitaire. A
travers sa mort et sa résurrection, Jésus a mené ce processus à son apogée,
pour nous et pour l’ensemble de l’humanité.
A. SENS DE LA LECTURE
D’AUJOURD’HUI
Nous pouvons diviser cette lecture en plusieurs
étapes.
- La
multiplication des pains (6,1-15)
Le parallèle avec l'Exode est
très clair : Jésus gravit la colline (v. 3), l'approche de Pâques (4). La foule
affamée et le défi que représente le fait de tous les alimenter (5-7) évoquent
un épisode similaire qui a eu lieu lors des pérégrinations du Peuple dans le
désert (Nombres 11.18-23). La reconnaissance de Jésus comme le seul vrai
prophète (14 b) nous rappelle la loi de l’Alliance (Deutéronome 18.15 à 22).
- Jésus
marchant sur la mer (6,16-11)
Dans l'esprit du Peuple de la
Bible, la mer était le symbole de l'abîme, du mal. Durant l'Exode, Dieu, en
ayant recours à un vent fort, sécha la Mer Rouge et les Israélites purent
passer à sec (Exode 14-15). Dans d'autres textes de la Bible également, nous
découvrons les victoires de Dieu face à la mer (Genèse 1 ; Psaume 104,6-9 ;
Proverbes 8,27 et suivants). Vaincre la mer signifiait imposer une limite au
mal et l’empêcher de tout envahir. Dans ce passage, Jésus contrôle la mer et
l’empêche d’engloutir ses disciples.
- Le
discours sur le Pain de la Vie (6, 22-58)
Ce discours et ce débat ressemblent
à l'épisode de la manne. Il est intéressant de lire ce chapitre 16 de l'Exode
pour comprendre certaines phrases et expressions utilisées par Jésus, comme la
«nourriture d’une journée» (v. 27 = Exode 16,2), qui évoque l'individualisme et
le matérialisme. Lorsque le texte évoque le fait que les Juifs commencèrent à
parler à voix basse et à critiquer (41), il établit un parallèle avec le moment
où les hébreux complotèrent contre Dieu et Moïse dans le désert (Exode 16,2;
17.3; Nombres 11,1), en raison du manque de nourriture.
- Les
disciples rejettent Jésus (6, 59-66)
Jésus est présenté comme un
aliment qui comble la faim et étanche la soif. A ce niveau, il existe un
parallèle avec les chapitres 16 et 17 de l'Exode, lorsque la nourriture et
l’eau vinrent à manquer. La sensation de faim et de soif suscita au sein du
Peuple la tentation de douter de la présence du Dieu libérateur à leurs côtés.
Certains disciples de Jésus succombèrent même à cette tentation lorsqu’ils
entendirent ses paroles relatives à la vraie nourriture : “ils firent un pas en
arrière et ne le suivirent plus” (66).
- La
profession de foi de Pierre (6, 59 -66).
Face à la crise provoquée par ses
paroles, Jésus demanda au groupe de ses disciples les plus fidèles s’ils
souhaitaient l’abandonner (67). Pierre répondit, accomplissant sa profession de
foi dans le Pain et la Parole : “Jésus est la Parole et le Pain qui nourrit le
Peuple Nouveau”, et il n’existe personne d’autre qui puisse donner la vie
éternelle (Deutéronome 8,3).
B. JÉSUS EST LA NOUVELLE “MANNE”
QUI MET L’EXODE FINAL À LA PORTÉE DE TOUS
- La
signification de la «manne» pour le Peuple de la Bible (Éxode 16,18)
̵
Ce fût la nourriture du le désert qui permit de
satisfaire la faim du Peuple de Moïse, pour qu'il puisse continuer son périple
vers la Terre Promise : Ce signe fut perçu comme la présence protectrice de
Dieu aux côtés de son peuple.
̵
C’était une nourriture frugale, mais suffisante pour répondre
aux besoins quotidiens de chaque famille : Dieu voulait enseigner à vivre de
peu et à partager ce qui n’était pas nécessaire, afin que personne ne souffre
de l’excès ou du manque.
̵
Ce fût un symbole de Communauté et d’Égalité (ou mieux Equité)
: on ne pouvait la conserver, car la nourriture pourrissait. De plus, « pour
celui qui avait ramassé beaucoup, rien ne débordait, et pour celui qui avait
ramassé moins, la mesure était complète ». Il s’agissait de l’expérience
du partage selon les besoins (donc sans accumuler) afin de survivre dans le
désert, précepte qui deviendrait une règle de vie du Peuple de Dieu.
Suivre Dieu n’était pas chose
aisée, bien au contraire, mais il assurait la fourniture aussi bien de la
nourriture nécessaire que de la façon de la partager afin que tous y aient
accès. C’est ainsi que le processus de l’Exode pouvait suivre son cours.
- Jésus
a donné tout son sens à la notion de «manne» (Jean 6,32)
̵
Jésus représente lui-même le cadeau que Dieu fît à l’humanité
afin qu’elle puisse satisfaire sa soif, aussi bien matérielle que spirituelle.
La “manne” est, par excellence, l’aliment nécessaire à la construction du
Royaume de Dieu, la nouvelle Terre Promise, Jésus représentait la
manifestation efficace de la présence protectrice de Dieu aux côtés des hommes
et des femmes de son temps et de tous les temps.
̵
En nous offrant Jésus, Dieu nous a donné ce «pain
quotidien», et en quantité suffisante pour tous et pour toutes. Si le pain manque
aujourd'hui, c’est parce qu’il n’existe pas de véritable Communauté : certains
meurent de faim parce que d'autres engrangent et accumulent. L'accumulation
détruit la Communauté et représente la négation du projet de Dieu.
̵
Jésus a atteint le point culminant du processus de
l’Exode : il l’a fait lors de son “passage réussi” de sa mort à sa
résurrection. C’est ainsi que nous avons la certitude de pouvoir, à la
suite de Jésus, vaincre le mal et la racine de tous les maux, le péché. C’est
de cette façon que nous pouvons développer une nouvelle et éternelle alliance
avec Dieu. Jésus créa un Peuple Nouveau destiné à vivre dans l’amour, la
justice et l’égalité.
̵
Jésus a continué l'épopée libératrice de Dieu. L'Eucharistie
est la «nouvelle manne», c'est-à-dire la nourriture nécessaire pour que nous
continuions à vivre le processus de l’Exode vécu expérimenté par Jésus, mais pas
encore terminé : le Royaume.
Les premiers chrétiens avaient très bien compris la signification de la
“manne” ainsi que celle du compromis qui était le leur envers le nouveau Peuple
qu’ils commençaient à former. Ils s’appliquèrent les objectifs de l’exode:
s’unir pour se libérer de tout mal, se réunir en Communautés afin de s’allier
avec Dieu, et vivre dans l’équité afin d’être le Peuple que Dieu désirait
qu’ils soient (Actes 2.42 à 47 et 4,32 à 35).
La voie est libre afin que nous
aussi puissions entreprendre notre exode
: l’Eucharistie est l’aliment indispensable afin que nous puissions nous
libérer de tout esclavage, développer une alliance avec Dieu et conformer ce
Peuple nouveau, témoin du projet de Dieu pour tous les Peuples.
Sixième exode
LA VIE CHRÉTIENNE EST UN EXODE PERMANENT
DIALOGUE
- En même temps que les
persécutions dont nous sommes victimes en tant que CEBs, quel exode
libérateur sommes-nous en train d’expérimenter?
Parole de
Dieu.
Apocalypse 7: Un recensement qui prend en compte tous et toutes.
- Quels étaient les motifs de
la persécution menée par l'Empire romain?
- Quels points communs
pouvons-nous établir entre la situation des premières communautés et
l'expérience de l'exode?
- De quelle façon devons-nous
continuer à concevoir et vivre l'expérience de l’Exode en tant qu’Église
des pauvres?
Commentaire 6
LES PREMIÈRES COMMUNAUTÉS
ADAPTÈRENT LE CONCEPT D’EXODE À LEUR ÉPOQUE
- Le
recensement dans le désert, afin de s'organiser de façon égalitaire
Ce chapitre traite de la vision
du sixième sceau. Jean accroche un tableau de plus sur le mur de l'Apocalypse
(cap. 7). C'est un joli tableau, antique, datant de l’exode. Dans le passé,
après la fuite d’Égypte, un recensement des tribus fut organisé
(Nombres 1, 20-43). Cette liste de personnes appartenant au Peuple, réalisée
dans le désert, fut le début de la nouvelle organisation égalitaire et
fraternelle du peuple, suivant la loi de Dieu. Il représentait l’antithèse de
l'organisation oppressive du Pharaon d'Egypte.
Par la suite, avec le sixième
sceau, Dieu ordonna un nouveau recensement des «serfs ou
serviteurs de notre Dieu» (7,3), qui endurèrent la persécution et ne cédèrent
pas aux sirènes des faux dieux de l'Empire (14,5). Un ange fût envoyé afin de
les identifier. (7,3). Ils reçurent tous la marque de Dieu, qui est un signe de
protection (9,4). Leur nombre atteignît 144.000 personnes. (7,6). 12 000 pour
chaque tribu (7,5-8). Le nombre nécessaire avait donc été atteint : Il ne
manquait personne ! (6.11).
En fait, avec le sixième sceau,
la situation changea complètement. Les oppresseurs fuirent, pris de terreur (6,15-17).
Le Peuple qui vivait auparavant sous le joug de l’oppresseur et qui s’était
dispersé (6,9-10) apparaissait désormais au regard de tous comme une organisation
parfaite, unie (7,5-8). Quel est donc le sens de tout cela?
- La
leçon du recensement: imiter le Peuple du premier exode
Le peuple des communautés
découvre son futur en regardant dans le miroir du passé. Grâce à la «colère de
Dieu» (6,17), le sixième sceau va détruire le pouvoir des puissants. Avec la « marque
de Dieu» (7,3), il protègera la vie du petit peuple. C’est pourquoi le petit
peuple n’a à craindre ni la calamité qui s’abat sur les puissants (6,12-15) ni
le pouvoir qui opprime les communautés. Au lieu de perdre son énergie en
combattant le pouvoir dominant, le peuple des humbles doit focaliser ses
efforts sur la préparation de l’avenir, de la même façon que le fît le peuple
de l’exode initial. Cela signifie qu’ils doivent s’organiser rapidement,
fraternellement et égalitairement, en suivant la Loi de Dieu, c’est-à-dire
l’exemple de l’exode. Ainsi, quand, lors du sixième sceau, le pouvoir des
puissants s’effondrera, détruit par les plaies de l’histoire (6,15-17), le
peuple des humbles doit être prêt à se présenter au monde, unis entre eux au
sein d’une organisation qui s'oppose à celle, oppressive, de l'Empire romain.
- La
multitude que personne ne pouvait recenser (7,9-17)
Voici la vision : Jean vit
"une foule immense dont le nombre était impossible à estimer" (7,9).
Vêtus de blanc, avec des palmes dans les mains, ils faisaient chorus avec les
anges du ciel (7,9-12). Jean ne sait pas qui ils sont. Il trouve cela étrange
et demande des explications (7,13-14), car cette foule immense n’appartient pas
aux douze tribus marquées du sceau de Dieu (7,3-8). Elle est issue de toute
l’humanité, "de toute nation, race, peuple et langue" (7,9). Il
s’agissait de ceux qui venaient de la tribulation (7,14), qui avaient subis la
persécution de l'Empire. Ils ont lavé leurs vêtements avec le sang de l'Agneau
(7.14). Comme les douze tribus, ils avaient quitté l'Egypte et étaient
maintenant dans le désert devant le trône de Dieu (7,15) qui étend sa tente sur
eux (7,15) et essuie toutes leurs larmes (7,17). Sous la protection de
l'Agneau, ils ne souffriront ni de la faim ni de la soif ni de la chaleur du
soleil (7,16), car l'Agneau les conduira aux sources de la vie (7,17). Le sens
de leur vie est la louange quotidienne de Dieu (7,15).
Cela signifie que le nouvel exode
n'est pas le fait des seules Communautés mais de toute l’humanité : tous
les groupes et associations populaires, tous les peuples qui ont entrepris une
nouvelle vie vivent l’exode. Les membres des Communautés ne peuvent penser être
le seul groupe qui résiste face à l’Empire, ni prétendre représenter
exclusivement l’action de Dieu dans le monde. Yahvé, le Dieu Libérateur, n’est
pas la propriété des Communautés. Au contraire, les Communautés sont la
propriété de Yahvé (Exode 19,5). Elles doivent représenter le signe de Dieu au
milieu de l’humanité opprimée, qui résiste à l’empire de la mort, qui lutte
face à l’oppression, et qui construit une vie nouvelle. Elles doivent se
présenter au monde comme un service, au travers de leur organisation
fraternelle, née de la volonté de Dieu, comme une alternative possible en
faveur de la liberté et de la justice, aux côtés de ceux qui luttent pour ces
mêmes idéaux. C’est pour cela que, aussi longtemps que dure la persécution du
cinquième seau, les Communautés doivent tenir bon (Apocalypse 2,13 à 25, 3.11,
6.11). Elles doivent résister jusqu’à la mort (2.10). Grâce à leur résistance,
leur lutte et leur martyre, elles préparent le futur que le monde abordera avec
le sixième seau. Il est temps de réaliser cette mission (6,11), qui est celle
prophétisée par le message du Serviteur souffrant d’Isaïe (52,13-53,12).
Deuxième partie
LES 8 ETAPES DE LA BIBLE (Original :
CLAR).
Voici
une présentation plus
« classique » de la Bible qui suit le déroulement historique du
Peuple de Jésus. Celle-ci a été divisée en 8 étapes qui représentent les
moments les plus importants de l'histoire du Peuple de Jésus. Pour des réflexions
en groupes, ces 8 étapes sont accompagnées par 8 schémas de réunion agrémentés
de leurs commentaires respectifs.
CONTENU
- La Bible a
concrétisé le rêve de Dieu
- Durant l'Exode, Moïse a lancé le projet de
Dieu
- Les prophètes
convoquèrent le peuple afin de reconstruire
l'alliance: 1000-6 a.C.
- La
Parole se fait sagesse afin de préserver l'harmonie et la foi du peuple
- En
Jésus, la Parole est venue confirmer le plan de Dieu, le Royaume
- Les
premières communautés chrétiennes nous ont légué le projet de Jésus
- L’extension de l'Eglise dans l’ensemble du
monde connu
- L'espérance
indestructible qu’ont léguée les premières communautés
Première étape :
Introduction
LA BIBLE CONCRÉTISE LE RÊVE
DE DIEU.
« A travers le Christ, Dieu nous a choisis avant qu'il ait créé le monde
pour que nous soyons saints et
immaculés devant lui » (Ephésiens 1,4).
Le livre de la Genèse nous explique la signification
du monde, de l’être humain, de la vie, de la souffrance, de la mort, du
bonheur. Il a été écrit à partir de l'an 1000 avant Jésus-Christ.
Message: Dieu rêve pour nous toutes et tous un monde
d'harmonie.
Dialogue : Rêves d’un monde harmonieux.
- Comment est ce
monde auquel nous rêvons et pour lequel nous nous battons?
Parole de Dieu. Genèse 2.4-25: Le rêve
de Dieu.
- Selon cette
lecture, comment sont présentés le monde et l'humanité auxquels Dieu rêve
?
- De quelle façon
commençons-nous à réaliser le rêve de Dieu dans notre vie quotidienne?
Commentaire
Cette harmonie universelle voulue par Dieu dispose
de nombreuses facettes:
̵
Dieu nous a donné la nature afin que nous « en
prenions soi et que nous la cultivions » (Genèse 2,15). Les biens de la
création sont destinés au bien-être de tous et de toutes en fonction de leur
besoin : le but est le
partage;
le péché réside dans l'accumulation de biens.
̵
Dieu nous a créés « à son image et à sa
ressemblance ”: notre dignité en est
issue. En tant qu’hommes et femmes, nous sommes différents mais égaux. De notre dignité divine naissent tous nos droits personnels, collectifs, sociaux, économiques, politiques, religieux;
le péché réside dans la négation ou la destruction de ces droits.
̵
Dieu nous a donné une intelligence, une volonté et un cœur afin de les mettre au
service de notre dignité, du bien-être de nos frères et du développement du
projet de Dieu. Nous devons nous exprimer dans la vérité et le respect mutuel;
le péché réside dans le fait de tromper et de nous induire en erreur.
Deuxième étape
DURANT L’EXODE, MOÏSE A LANCÉ
LE PROJET DE DIEU
«Quand Israël était jeune, je l'aimais et j’ai emmené mon fils hors
d'Egypte"
(Osée 11,1).
Cet
épisode se déroule sur plusieurs siècles, entre 1650 et 1000 avant JC. C'est le
moment de l'Exode (esclavage,
libération, traversée du désert) et des Juges
(expérience égalitaire) ou Chefs du Peuple de Moïse.
Message: Dans le même temps, Dieu a confié une mission à
Moïse et s'est révélé à lui en tant que «Yahvé», c’est-à-dire, en tant que Dieu
libérateur des pauvres qui s’organisent pour vivre mieux.
Dialogue : Un Dieu qui s’unit à ceux qui se libèrent.
- Que
découvrons-nous quand nous nous organisons?
Parole de Dieu. Exode 3,7-15: «J'ai vu
... Je t’envoie ... Je suis Yahvé».
- Dans cette
lecture, quelles sont les différentes attitudes et manifestations de Dieu
?
- Quels sont les
messages et conclusions que nous pouvons en tirer pour nous tous et toutes
?
Commentaire
La mission de Moïse était triple:
1. Libérer son peuple du joug de
l'esclavage de l’Egypte,
- Sceller une alliance avec Dieu
- Mettre en place
une organisation
équitable, afin de bannir l'esclavage.
C’est ainsi que Moïse et son Peuple montrèrent qui
est Yahvé, le Dieu de ce Peuple:
- Dieu
est libérateur avec les pauvres; il est
le détenteur d’un projet de vie.
- Dieu
est ami et proche; il est le
détenteur d’un projet de fraternité.
- Dieu
est Père et
Mère; il est le détenteur d’un projet d'égalité équitable.
Dans la foi, nous célébrons cette présence aimante
et libératrice de Dieu. En tant que Peuple des Pauvres, conscient, organisé et
croyant, nous sommes chargés de faire prospérer le projet de Dieu.
Troisième étape
LES PROPHÈTES CONVOQUÈRENT LE PEUPLE A
LA FIDÉLITÉ À
LA ALLIANCE
"Plus je les appelais, plus
ils s'éloignaient de moi.
Mais je les attirais vers moi en
tissant des liens humains et d'amour "(Osée 11.2 et 4).
Vers l’an 1000 avant JC, au cours d’une époque
confuse, les rois arrivèrent : Saül, David... dont la majorité gouverna
mal pendant environ 5 siècles. L'infidélité et la corruption des rois
provoquèrent l'émergence des prophètes afin que le projet de Dieu ne
disparaisse pas. Cette époque des rois a pris fin avec l'exil du peuple vers un
pays étranger, Babylone.
Message: Avec l’arrivée des prophètes, Dieu a permis que son
projet, incarné par les juges, aille de l'avant. Ils furent les gardiens du
projet de Dieu : Héraults de la liberté, prédicateurs de l'alliance et
défenseurs des pauvres.
Dialogue : Les prophètes furent les gardiens du projet de
Dieu.
- Aujourd’hui, qui considérons-nous
comme prophètes ? Expliquons pour quelles raisons.
Parole de Dieu. Jérémie 1,4-10: La
mission confiée au prophète.
- Selon cette
lecture, quelle fut la mission que Dieu confia au prophète Jérémie ?
- Quels messages et
enseignements pouvons-nous en tirer pour nous tous et toutes ?
Commentaire
Les
prophètes furent les «sentinelles de l'Alliance» : ils nous préparent à
comprendre le Royaume de Dieu.
- Jérémie
fut le prophète de la vérité.
- Osée
fut le prophète de la tendresse de Dieu.
- Amos
fut le prophète de la justice sociale.
- Ezéchiel
fut le prophète de l'espérance.
- Isaïe
fut le prophète du Messie.
- Deborah
fut une grande prophétesse, leader de son peuple.
- Daniel
était le prophète du Royaume de Dieu.
Depuis notre baptême, Dieu nous a fait
"prophètes, prêtres et pasteurs (rois) du Royaume". Aidons-nous à
remplir cette triple mission. Nos communautés doivent collectivement être des
«prophéties vivantes du Royaume, un sacerdoce grâce à notre religiosité et un
témoignage exemplaire du Royaume de Dieu”.
Quatrième étape :
LA PAROLE SE FAIT
SAGESSE
AFIN DE
PRÉSERVER L’HARMONIE ET LA FOI DU
PEUPLE.
«La sagesse qui vient d'en haut
est droite et pacifique, capable de comprendre les autres ...»
(Jacques 3, 17).
Les manifestations de sagesse se multiplièrent au
cours de l'histoire du Peuple de Jésus. Par contre, le temps où les sages
furent les plus actifs fut après l'exil (587-538 a.C.) et jusqu'à l'arrivée de
Jésus. Ce fut un temps où le Peuple de la Bible dût faire face à de nombreuses
invasions militaires, mais aussi culturelles et religieuses. Pour aider le
Peuple à préserver son identité et à résister à ces invasions, les livres de la
Sagesse furent écrits et rédigés à partir des pratiques et des expressions du
Peuple lui-même. Les sages renforcèrent
l’identité et la capacité de résistance du Peuple.
Message
: La sagesse de Dieu est
dissimulée dans la sagesse du peuple des pauvres. En nous identifiant à nos racines et notre religiosité
populaire, nous apprendrons à valoriser notre sagesse, à défendre notre
identité et à résister aux invasions culturelles opposées à notre coexistence.
Dialogue : La sagesse des gens simples.
- Remémorons-nous
des proverbes, des refrains, des poèmes ou chants populaires, des contes,
des symboles, des chansons... qui reflètent notre sagesse populaire.
Parole de Dieu. Siracide 24,1-29:
Chanson de la sagesse.
- Dans cette
lecture consacrée à la sagesse, quel est le passage qui attire le plus
notre attention ? Expliquons pourquoi.
- Quels sont les
messages et conclusions que nous pouvons en tirer pour nous tous et toutes
?
Commentaire
Dans la Bible, la Sagesse et la Poésie du Peuple de la
Bible sont réunies au sein de 2 séries de livres : les livres « de la Sagesse
»et « les contes populaires ».
̵
Les livres de la Sagesse.
Ils sont appelés ainsi parce qu'ils sont nés à une époque où l’on « cultivait »
la sagesse. Ces livres sont au nombre de 7: Job, les Psaumes, l'Ecclésiaste ou
Quohélet, le Cantique des Cantiques, la Sagesse et Siracide ou
l'Ecclésiastique.
̵
Les contes populaires.
Outre les livres de la sagesse à proprement parler, il existe un certain nombre
d’histoires ou contes populaires, pleins de poésie et de sagesse, qui trouvent
leur origine dans la même époque. Il s’agit des 5 livres de Judith, Esther,
Ruth, Jonas et Tobias.
Curieusement,
Dieu a voulu que, dans la Bible, apparaisse la sagesse d’autres peuples. Dans
le livre des Proverbes, les spécialistes ont identifié des textes des livres de
la sagesse d'Egypte et d'Arabie. De la même façon, dans les livres de Job et de
Jonas, des étrangers enseignent au prophète comment prier (1,5-6).
Pour nous aujourd´hui, il
s'agit d'une invitation de Dieu afin de sauver notre propre sagesse, celle des
Indiens et des Noirs en particulier. C’est ainsi que nous préserverons notre identité
et que nous serons en mesure de construire un monde plus digne et heureux.
Cinquième étape :
LE ROYAUME
EN JÉSUS, LA PAROLE EST VENUE CONFIRMER
LE PROJET DE
DIEU
«Cherchez d’abord le Royaume de
Dieu, le reste suivra»
(Matthieu 6,33).
Avec la venue de Jésus, le projet de Dieu que Jésus
dénomma “Le Royaume de Dieu”, se confirme et se purifie. Nous savons que Jésus
a vécu seulement 33 ans et que les Evangiles ont été écrits environ 50 ans
après sa mort et sa résurrection. Dans
les Évangiles, Jésus a été révélé en tant que prophète du Royaume.
Message: Le Royaume de Dieu est notre but et notre travail
commun, le legs que Jésus nous a laissé. «Seul le Royaume est absolu» (Pape
Paul VI).
Dialogue : Jésus fut le Messie du Royaume.
- Expliquons-nous,
d’une part, où grandit le Royaume en nous et, d'autre part, où il est
détruit.
Parole de Dieu. Matthieu 13.44 à 50:
Deux comparaisons de Jésus pour nous faire comprendre comment est le Royaume de
Dieu.
- Pourquoi Jésus a
comparé le Royaume à un trésor, une perle et un filet de pêche ?
- Quels messages et
enseignements pouvons-nous en tirer de cette réunion pour nous tous et
toutes ?
Commentaire
Jésus est venu pour inaugurer le Royaume de
Dieu en sa personne, ses paroles et ses actes. C’est la parole que les
évangélistes lui attribuent le plus.
1.
Jésus considérait clairement que le
Royaume appartient aux pauvres (Luc 6,20) et de ceux qui choisissent
d'avoir l'esprit des pauvres et de défendre leurs causes (Matthieu 5.3). Ils
sont les héritiers et les successeurs de ce Royaume (1 Corinthiens 1.22 à 29).
2.
La loi du Royaume est l'amour
personnel et collectif (Jean 13,34 et 15,17). Seuls ceux qui se mettent
au service des autres peuvent y entrer (Jean 13,6 à 17).
3.
Le Royaume possède trois
dimensions: il est en nous, entre nous et il se manifestera dans sa plénitude. Il
s'agit d'une manière harmonieuse de vivre avec soi-même, entre êtres humains,
avec la création et avec Dieu :
-
Pour les personnes prises
individuellement et collectivement, le Royaume est dignité,
-
Vis-à-vis de la création, au
travers du partage équitable des biens: le Royaume est justice,
-
Entre nous, en vivant ensemble
comme des frères et sœurs, le Royaume est fraternité,
-
Par la célébration sa présence
parmi nous, le Royaume est beauté.
4.
Le Royaume est décrit dans
l'Apocalypse est comparable au triomphe d'une femme -l'Eglise des pauvres- sur le mal (12,1 à 10) et à une ville de
fraternité et joie -la nouvelle société dont nous sommes la semence- dont le
centre est Dieu (21,1 à 8).
Nous sommes le Royaume quand nous vivons
ce que Jésus a inauguré, personnellement et collectivement, « en commençant dès
maintenant la fête qui viendra en plénitude».
Sixième étape :
LES PREMIÈRES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES
NOUS LÉGUÈRENT LE PROJET DE JÉSUS
«Vous
êtes une race élue, un royaume de prêtres,
un
peuple que Dieu a fait sien afin de proclamer ses merveilles» (1 Pierre
2:9-10).
Les premières communautés chrétiennes furent les nouveaux
fidèles qui intégrèrent le projet de Dieu initié par Moïse. Ils surent
reconnaître en Jésus l’envoyé de Dieu, l'inaugurateur de son Royaume, le
libérateur des pauvres. En Communautés, ils continuèrent l'œuvre de Jésus. Tout
au long des siècles, grâce à la Bible et à sa fidélité à Jésus, l'Eglise nous a
transmis ce témoignage. Aujourd’hui, nous sommes toutes et tous chargés de sa
transmission aux futures générations.
Message: Les premières communautés chrétiennes naquirent
dans le grand Peuple des pauvres qui sut accueillir le Royaume. Aujourd’hui,
nous sommes les héritiers du projet de Dieu, les protagonistes du Royaume, les
responsables chargés de manifester le visage libérateur de Dieu.
Dialogue : Les intuitions des commencements.
- Quelles sont les principales
nouveautés que nous avons découvertes au sein de nos communautés ?
Parole de Dieu. Actes 2.42-47: Le
témoignage de l'Église primitive.
- Selon cette
lecture, comment vivaient les premiers chrétiens ?
- Quels messages et
enseignements pouvons-nous en tirer pour nous tous et toutes ?
Commentaire
Les premières communautés chrétiennes représentent
pour nous tous et toutes le modèle de ce que nous avons à vivre
aujourd'hui en tant qu’Église des Pauvres. Nous avons à actualiser aujourd’hui
le projet du Royaume de diverses manières.
-
La
vie de foi. Il y a 4 devoirs liés à notre foi:
l'approfondissement de la Parole de Dieu, la participation aux sacrements, la
pratique de la prière personnelle et communautaire, la célébration de la
croissance du Royaume.
-
La
vie de compagnonnage entre chrétiens. Notre engagement commun
est de renforcer l'unité, le partage, la participation, l'égalité à l’intérieur
des Eglises chrétiennes...
-
La
vie de solidarité avec les autres. Nous devons faire nôtres
les besoins d'autrui ; en nous organisant, nous luttons pour un projet de
vie et contre tout projet de mort, aussi bien chez les personnes et dans les
organisations et les institutions.
-
La
vie de communion avec la nature. Nous venons de la Nature, et nous en dépendons
pour la vie, la nourriture, le bonheur. Nous avons non seulement à la cultiver
pour la production, mais aussi à en prendre soin (Genèse 2,15).
Dans cette Église vivante que Jésus est venu
fonder, nous sommes ses membres actifs pour le bien-être et le salut de tous.
Septième étape
L’EXTENSION DE L’ÉGLISE DANS L’ENSEMBLE DU MONDE
CONNU
«L'Évangile se développe et porte
ses fruits partout dans le monde»
(Colossiens 1,6).
A
partir de 70 après JC, les premiers chrétiens se chargèrent la Bonne Nouvelle
du Royaume aux peuples voisins de la Palestine et dans tout l’empire romain
autour de la Méditerranée. Saint-Paul fut le grand missionnaire chargé de cette
tâche. Ses nombreux écrits nous en laissent le témoignage et l'exemple à
suivre. Saint-Paul a encouragé les premiers chrétiens à affronter les
puissances de la mort.
Message: L'Empire romain a été, au début de l'ère
chrétienne, la principale puissance de mort : il vivait de l'esclavage, des
impôts et de la religion ; la répression était sans pitié pour tous ceux
qui remettaient en cause l’ordre injuste qui était le sien. Les chrétiens
trouvèrent dans leur foi la force et le chemin pour faire face et, d’une
certaine façon, vaincre cet empire.
Dialogue : « Le Royaume est l’unique absolu » (pape
Paul VI).
- Comment se manifestent
aujourd'hui les puissances de la mort parmi nous tous et toutes ?
Parole de Dieu. Ephésiens 6.10 à 17: «
Nous faisons face aux forces obscures de ce monde ».
- Selon Paul,
quelles étaient les forces de la mort qu’il fallait combattre et les
“armes” qu’il fallait utiliser ?
- Quels messages et
enseignements pouvons-nous en tirer pour nous tous et toutes ?
Commentaire
-
Les lettres du Nouveau Testament sont
le trésor de l'Eglise primitive qui sont parvenues jusqu’à nous tous et toutes.
Ces lettres sont principalement celles de Saint-Paul, mais également celles de
Pierre, de Jean, de Jacques, de Judas et de certains auteurs inconnus.
-
Saint Paul se considérait lui-même
comme l’«Apôtre des Gentils», c'est à dire des Peuples non-juifs. Pierre se
chargea principalement d’évangéliser les juifs, présents non seulement en
Palestine, mais également jusqu’à Rome, la capitale de l'empire.
-
Aujourd'hui, nous continuons à écrire de nouvelles
lettres afin de transmettre notre propre témoignage. Saint Paul
l’écrivait déjà : « Nul ne peut nier que vous êtes une lettre du Christ, écrite
non avec de l'encre, mais avec l'Esprit de vie, une lettre non enregistrée sur
des tablettes de pierre, mais dans le cœur de l'homme » (2 Corinthiens 3.3).
Cela nous encourage à poursuivre notre ouvrage au service du projet de Dieu.
Huitième étape
L’ESPÉRANCE INDESTRUCTIBLE QU’ONT LÉGUÉE LES PREMIÈRES
COMMUNAUTÉS
« Enfin, le salut, la puissance et le royaume de notre
Dieu sont acquis à notre Dieu »
(Apocalypse
12.10).
L’écriture du Nouveau Testament se prolongea jusqu’à
la fin du premier siècle (et peut-être plus tard), souvent après la mort des
apôtres et de ceux qui avaient connu personnellement Jésus de Nazareth.
L’écriture de la Bible avait commencé environ 1000 ans auparavant. Ainsi se
terminait une étape très importante de la communication de ce que nous appelons
« la Parole de Dieu ». En même temps que la Bible s’écrivait, Dieu se
communiquait avec chacun des Peuples de la planète et il continua à le faire
après que cette dernière ait été achevée, et ce de multiples façons. Pour les
chrétiens, la Bible est devenue la référence obligatoire de leur foi. Aujourd’hui
Dieu continue de nous parler et tout au long de notre vie, en accord avec ce
qui est écrit dans la Bible et en complémentarité avec ce qu’on découvert les
autres religions. L’Apocalypse nous révèle que le Royaume de Dieu, le grand
message de la Bible, aura le dernier mot.
Message: L’Apocalypse nous donne
la révélation finale du projet de Dieu : le triomphe définitif du Royaume.
Le témoignage qu’il apporte est d’espérance. Au milieu d'innombrables difficultés,
les premiers chrétiens voulurent nous léguer un témoignage d'espoir: le Royaume
ne s’arrêtera pas ; au contraire, il vaincra tous les empires et même la
mort.
Dialogue : Le rêve fou est déjà là devant nous
- A court terme,
quel est notre plus grand espoir ?
Parole de Dieu. Apocalypse 21.1 à 8: Le
nouveau ciel et la nouvelle terre.
- Selon cette
lecture, comment nous est présenté le Royaume de Dieu ?
- Quels messages et
enseignements pouvons-nous en tirer pour nous tous et toutes ?
Commentaire
Cette étape de l'Apocalypse est pour nous
tous et toutes une grande source d'espoir et de motivation.
-
C’est
une étape d’espérance. Le Royaume de Dieu nous est décrit comme une ville
sainte, c’est-à-dire une grande assemblée autour de Dieu. Cette belle ville,
fraternelle, de paix et de joie est le rêve que Dieu a semé dans l’humanité
entière. Là, les pleurs, la douleur, la mort auront disparus. D'une part, nous
aspirons à tout cela, et, d'autre part, nous avons déjà commencé à en profiter,
même si ce n’est que partiellement. «Nous avons déjà commencé la fête à venir».
-
Il
s'agit d’une étape de motivation. Ce Royaume est une promesse inachevée de Dieu.
Nous en profitons dès demain si nous avons déjà commencé à construire ce
Royaume, dans nos vies, nos communautés grâce à nos luttes avec tous les hommes
et les femmes de bonne volonté qui participent à ce projet de vie.
Gardons courage face à cette noble tâche qui est
celle de nos communautés chrétiennes : Nous sommes le nouveau Peuple des
Pauvres, la nouvelle Bible, la véritable manifestation du visage de Dieu !
Telle est la mission que Dieu nous confie. Continuons, unis, afin de jouir des
bienfaits cette utopie.
A N N E X E
JESUS CHRIST EST LE SEIGNEUR. PR.
CONTENU
Introduction
1.
Jésus l’homme : son identité
et sa vie
2.
Jésus le Crist : le prophète
du Royaume
3.
Jésus-Christ est le Seigneur
ressuscité
Conclusion
INTRODUCTION
Notre
expérience de Jésus se déroule avec Jésus ressuscité, comme ce fut le cas pour
Saint-Paul : Paul n'avait pas connu le Jésus humain, en terre de Palestine,
mais il le reconnut sur le chemin de Damas. « Pourquoi me persécutes-tu ? - Qui
êtes-vous, Seigneur ? » (Actes 9:4-5) Pour Paul, Jésus était le Seigneur ressuscité
qu’il identifia avec ses disciples. Aujourd'hui, nous vivons notre expérience
de Jésus-Christ avec les personnes que nous rencontrons. Il ne s’agit pas
simplement de le connaître comme l’on peut connaître un personnage historique
du passé mais plutôt de le reconnaître, vivant à travers les autres, et plus
spécialement à travers les pauvres et les Peuples marginalisés. C’est cela être
chrétien : nous sommes ceux qui suivons Jésus car nous le découvrons vivant
parmi nous aujourd’hui. A partir de là, nous nous interrogeons et nous
cherchons à savoir qui était ce Jésus de Palestine, humain comme nous, ce que
fît et dît comme Christ, Prophète du Royaume, pourquoi est-il mort et
ressuscité et pourquoi a-t-il envoyé ses disciples afin qu’ils continuent son œuvre.
Nous y parvenons grâce à l’éclairage que nous apporte l’Esprit, à travers la
lecture de l’Évangile, individuellement et ensemble dans la construction du
Royaume, en communautés, mais également grâce à l’aide de spécialistes.
Maintenant, nous allons suivre trois étapes afin d’accéder à cette connaissance
et reconnaissance de Jésus : l’homme, le prophète du royaume et le Seigneur
ressuscité.
A. JESUS, L’HOMME: SON IDENTITÉ ET SA VIE
Afin
de connaître le Jésus historique, nous devons observer comment les Évangiles
nous le présentent, afin d’y découvrir
son visage humain. Avec l'aide de spécialistes, nous trouvons ce qui
suit.
- Sa famille était originaire de Galilée
La
Galilée est située au nord de la Palestine : c’était une région marginalisée par
les habitants de la capitale située au sud. Ses terres étaient fertiles et son
peuple rebelle et turbulent. La famille de Jésus était de condition humble :
Marie était une femme de la campagne et Joseph un artisan charpentier, un
travailleur manuel. Jésus n'est pas né ni ne vécut dans la capitale ou dans une
famille riche ou reconnue, il a passé sa vie dans « la périphérie », en
toute simplicité et durant plus de 15 ans comme charpentier ambulant.
- Jésus est né au cours d’un voyage
Jésus est
né à Bethléem, loin de Nazareth et de Jérusalem, dans la campagne, parmi les
bergers, des personnes peu recommandables à cette époque. La tradition
chrétienne nous raconte qu’il reçût la visite de « Mages », des sages
et prêtres étrangers, qui avaient détecté dans le ciel le signe de sa
naissance. Elle raconte aussi qu’en raison de la volonté du roi Hérode de tuer
Jésus enfant, sa famille dût fuir et vivre dans un pays étranger, l'Egypte.
Jésus a souffert très jeune les conséquences de la pauvreté et de la réalité
des pauvres.
- À 12 ans, il a pris sa première initiative en tant que jeune homme
Au cours d’un pèlerinage,
Jésus resta plusieurs jours à Jérusalem, la capitale, sans l'autorisation de
ses parents. Il avait, nous dit-on, à peine 12 ans. Le Temple était le centre
de toute la vie nationale : aussi bien de l’organisation du pays que de la foi
de son Peuple. Toutes les décisions étaient prises en son sein : les prêtres
assumaient les fonctions de gouvernants, de faiseur de lois ; ils géraient
la police, les finances... Jésus avait beaucoup à apprendre à Jérusalem: une
simple visite de passage s’était pas suffisante.
- Ensuite, vinrent 18 années de silence bien remplies
Jésus
s'incarna dans la vie de son peuple et de son pays, afin de tout apprendre et
de tout savoir.
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Il découvrit la nature,
les couchers de soleil, les montagnes, les rivières, la mer, les oiseaux, les
fleurs...
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Il découvrit les différentes professions
exercées par son peuple : celle de paysan, d’artisan, de pêcheur, mais aussi
les travaux des femmes...
̵
Il connut la domination des Romains,
du simple soldat aux capitaines, leurs impôts, leurs sévices inhumains...
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Il découvrit les mouvements
religieux de son temps, chacun avec sa propre vision du Royaume:
. Pour les
prêtres, le Royaume se confondait avec le pouvoir
sous toutes ses formes,
. Pour les
Pharisiens et les Sadducéens, le Royaume consistait à appliquer la loi: eux étaient chargés de
l'expliquer,
. Pour les Zélotes, le Royaume appartenait aux Juifs,
et c’est pour cela qu’il fallait chasser
les Romains du pays, en ayant même recours à la violence,
. Pour les
Esséniens, le Royaume consistait à prendre retraite dans le désert et à se
limiter à la spiritualité monacale,
. Pour Jean-Baptiste, le Royaume exigeait un changement de vie afin d’échapper à la condamnation
divine. C’est à ce dernier que Jésus s’est le plus identifié.
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Il a également découvert le
projet de Dieu, en allant, samedi après samedi, à la synagogue, et
chaque année -à partir de 12 ans- à Jérusalem... Jésus intégra et fit sien
l'Ancien Testament, découvrit le projet de Moïse, le message des Prophètes, la
force des Sages, l'espoir des pauvres...
Homme, Jésus le resta
toute sa vie : il ressentit la soif, comme dans le puits de Jacob, où il
demanda à une Samaritaine un peu d'eau; fatigué, il s'endormit dans la barque
alors qu'une tempête faisait rage sur le lac de Galilée; il savoura l'amitié de
ses 12 amis les plus proches et celle d'autres amis tels que Lazare, Marthe et
Marie, Marie-Madeleine et les femmes qui l’accompagnèrent jusqu’au pied de la
croix; il découvrit peu à peu sa mission et les moyens de l'accomplir; il
tressaillit de joie en voyant comment les pauvres accueillaient son message; il
pleura la mort de Lazare ainsi que pour Jérusalem qui n’avait pas «su entendre
le message de paix» qu'il apportait; il sua même du sang au jardin de
Gethsémani, avant d'affronter les mauvais traitements, les humiliations, les
tortures et la mort sur la croix ; jusqu’au bout il resta fidèle à sa
mission d’être solidaire des pauvres : la croix était le prix à payer pour
cette solidarité; il se sentît abandonné par son Père quand il était crucifié,
mais il termina par lui faire confiance : «J'ai rempli ma mission. Je laisse
mon esprit dans tes mains».
Jésus, humain jusqu’au
bout, est aujourd'hui notre compagnon de voyage.
B. JÉSUS LE CHRIST: LE PROPHÈTE DU ROYAUME
Ce
Jésus, homme comme nous, est devenu le Christ, le Messie, l'Oint de Dieu, la
Parole de Dieu, le Maître, le Bon Pasteur, le Fils de l'Homme... Jésus fut Emmanuel,
c’est-à-dire «Dieu avec nous», et Emmanuel fut Jésus, c’est-à-dire, le
«Sauveur». Son ministère itinérant dura seulement 3 ans parce que les grands de
son temps ne lui laissèrent pas plus de temps pour parler, faire des miracles
et s’opposer à tout ce qui détruisait la vie, c’est-à-dire tout ce qui n'était
pas en faveur du Royaume.
- Trois ans de discussions à
la fois simples et profondes
Jésus a voulu révéler le vrai visage de son Père, manifester
son projet de vie, son rêve : que son Royaume devienne réalité. Il voulut
aussi montrer comment les êtres humains doivent vivre afin d’être heureux dès
aujourd’hui et pour toujours. Jésus aimait rencontrer tous ceux qui ont croisé
sa route, en particulier les pauvres, abandonnés des autorités religieuses, les
femmes discriminées, les enfants marginalisés, tous les condamnés de son pays...
Il a encouragé tous ceux qui cherchaient la lumière et il les invitait à faire
un pas de plus en avant. Il parla de la vie, de ses problèmes, de la nature,
des événements... afin que chacun puisse le comprendre et le suivre.
2. Trois
ans de miracles afin de montrer que le Royaume est déjà présent
Pour Jésus, le rêve de Dieu n'était pas une tromperie ou une
promesse faite pour demain : ce rêve était déjà présent à travers lui. Ses
miracles prouvaient qu'un nouveau mode de vie était possible et que le mal
n’avait pas le dernier mot. Pour lui, Dieu a voulu un monde sans faim, sans
maladies, sans larmes, sans mort. Avec lui, Dieu a cherché à établir l'harmonie
de l'homme avec lui-même, avec les autres, avec la nature, afin que la
communion avec son Père soit une réalité. En lui et pour tous, Dieu a voulu
faire triompher la vie, l'amour, le bonheur. Les miracles de Jésus ont anticipé
cette réalité.
3. Trois
années de conflit qui ont abouti à sa mort injuste
Le péché et le mal ne renoncèrent pas pour autant à faire
leur chemin. Jésus dût passer par de nombreux conflits au cours de sa mission:
le mal se mettait sur sa route sans arrêt, car il fait partie de la vie toute
entière.
-
Conflits avec sa propre famille
: cette dernière le croyait fou et ils envoyèrent sa mère Marie afin que Jésus
revienne à la maison et reste tranquille. «Qui est ma mère, qui sont mes
frères? Quiconque accomplit la volonté de mon Père est ma mère et mes frères ».
-
Conflits avec les gens de sa
région, Nazareth : ils ne croyaient pas en lui et voulurent même le
jeter dans un ravin. «Mais lui, passant au milieu d’eux, continua son chemin ».
-
Conflits avec ses apôtres
: ils se disputaient la première place, ils doutaient de lui et ne
comprenaient ni la notion de Royaume, ni sa mort, ni sa résurrection ;
Pierre lui bloqua la route de Jérusalem et il le renia 3 fois ; Judas le
trahît ; tous s'endormirent quand on vînt l'arrêter, puis tous s’enfuirent
de peur.
-
Conflit avec les autorités
religieuses et militaires de son temps: Jésus venait présenter un Dieu
libérateur du peuple et promoteur de relations d'égalité et de justice. Les
prêtres avaient pris le contrôle de la religion et du peuple pour en tirer
pouvoirs et privilèges : Jésus remettait en question leur autorité et
leurs privilèges. La solution des chefs religieux et civil (Hérode) fût de le
supprimer, en manipulant le peuple et en faisant pression sur Pilate, le
gouverneur romain, envahisseur et exploiteur sans pitié. Pilate était bien content
de se débarrasser, grâce aux chefs juifs, d’un gêneur ami des pauvres.
Pour Jésus, ces 3 années
de relations, de miracles et de conflits prirent fin avec sa mort, en un échec
apparent.
C. JÉSUS CHRIST EST LE SEIGNEUR RESSUSCITÉ
Dieu
ne laissa pas le mal triompher de l'amour, ni le mensonge de la vérité,
l'injustice du service, la haine du pardon, la mort de la vie. Alors il
ressuscita Jésus. A partir de là, tout changea: le désespoir, la peur, la
tristesse disparurent et la mort affrontait son premier échec. Les portes de
l'espoir, la fenêtre de la confiance et le chemin du bonheur s’ouvraient. Tout
pouvait recommencer à nouveau : la vie et l’amour désormais
l’emporteraient.
- Jésus ressuscité passa 40 jours supplémentaires avec ses apôtres
Il fallait finaliser le travail
afin que le projet du Royaume aille de l’avant. Jésus allait rétablir la
confiance de ses apôtres en pleine confusion: le temps d’un nouvel
exode pour ses disciples.
-
Jésus dût marcher 30 kilomètres avec deux disciples
d'Emmaüs afin qu’ils comprennent que «le Messie devait souffrir et mourir pour
entrer dans sa gloire», comme le Serviteur souffrant du prophète
Isaïe.
-
Jésus dût continuer à manifester son
amitié et sa tendresse à ses amis : à Madeleine qui, la première, le
vit ressuscité, afin que les apôtres découvrent la valeur des petites gens, la
force de la ténacité grâce à une nuit de pêche en vain qui termina bien, afin que
le déjeuner sur la plage scelle un engagement sans faille.
-
Jésus dût demander 3 fois à Pierre s’il l’aimait vraiment
afin qu’il puisse conforter des frères dans la foi et être la Pierre angulaire
de l’Eglise…
- Jésus ressuscité
envoya l'Esprit
Avant
de quitter ses disciples il leur dit : «N'ayez pas peur. Je serai avec vous
jusqu'à la fin des temps. Je ne vous laisserai pas orphelins, mais je vous
enverrai l’Esprit ». L'Esprit allait incarner la nouvelle présence de Jésus
auprès de ses disciples. Chacun d'eux le recevra afin d'accéder à la lumière,
la force et la sagesse nécessaires afin de continuer la tâche de la
construction du Royaume. Cet Esprit ne sera pas l’apanage d’aucun groupe en
particulier. Au contraire, il sera le moteur du bien qui est fait dans le monde
entier. L'Esprit précéda Pierre quand il allait prêcher l'Évangile aux Gentils
et il précéda Paul quand il évangélisait les étrangers afin que leurs cœurs
s’ouvrent à l'Évangile.
Aujourd'hui, le
ressuscité continue à marcher à nos côtés grâce à son Esprit afin que nous
collaborions à l'œuvre du Royaume.
CONCLUSION: NOUS SOMMES LES TÉMOINS DU RESSUSCITÉ.
En
tant que nouveaux disciples de Jésus, nous devons communiquer la présence du
ressuscité et aider les autres à la percevoir afin de poursuivre ensemble son
œuvre : la continuation du Royaume. Désormais, nous sommes sa Parole, nous
actualisons ses miracles, nous complétons à travers nos souffrances “ce qui
manque à sa passion”, nous faisons que sa résurrection soit réelle et vivante,
par la force de son Esprit. Notre tâche est donc triple : le reconnaître en tant
que ressuscité, manifester sa présence vivante, et le célébrer dans la joie.
- D'abord reconnaître Jésus, comme Paul le fît sur le chemin de Damas
Paul
n'a jamais connu l'homme Jésus comme les autres apôtres, mais il l’a reconnu
ressuscité. A nous, de la même façon, Jésus se révèle non seulement dans la
prière, la Parole de Dieu et les sacrements, mais surtout dans les événements
et les personnes qui nous entourent, en particulier les pauvres et les
organisations humaines qui vivent les valeurs du Royaume. Aidons-nous à
percevoir cette présence constante du Christ ressuscité avec nous et
nourrissons notre prière de cette présence vivifiante.
2. Ensuite,
communiquer cette reconnaissance du Ressuscité
Nous
ne pouvons pas nous limiter uniquement à reconnaître Jésus ressuscité. Nous
devons le confesser, le communiquer, d'abord entre nous, ensuite à ceux qui
nous entourent. Cela nous permet de renforcer notre espérance et nos efforts
pour vivre suivant l'Evangile de Jésus, et cela aidera nos frères et sœurs à
revivre dans leur foi et leur engagement.
- Enfin, célébrer Jésus, humainement et chrétiennement
C'est cette troisième étape qui
donne à notre vie chrétienne sa pleine dimension : celle de la fête et des
célébrations à partir de notre foi. Spontanément, notre peuple humble sait
comment célébrer les réalisations des petites réussites et des petits succès de
leur vie, de leurs efforts et de leurs luttes. Et lors de ces célébrations, il
est fréquent que la prière et la Parole de Dieu soient présentes. C’est une
façon de faire qui doit être mise en valeur et
qui doit devenir une habitude. Ces célébrations donnent une dimension
transcendantale à ce que nous faisons, à ce que nous cherchons et à ce que nous
sommes: comme si nous touchions du doigt le ciel et le Ressuscité. Il nous sera
plus facile ensuite de prier, de discerner la vocation et la mission qui est la
nôtre, de nous intégrer en tant que communauté vivante et de continuer à
travailler pour le Royaume.
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