martes, 10 de julio de 2012

LE ROYAUME dans la Bible


L E   R O Y A U M E   D A N S   L A   B I B L E



Haute Loire, juin 2012. PR.

Original en espagnol. Traducteur : Pierre B.

CONTENU

Introduction: l’Arbre du Royaume (Genèse 1-2).

1.      Le Royaume dans l’Ancien Testament

-          La double intuition d’Abraham

-          La triple mission de Moïse

-          Les premières bases de l’organisation sociale de Moïse

-          L’organisation tribale à l’époque des Juges

-          Les prophètes défendent le projet de Moïse contre les rois

-          Les livres sapientiaux sont une résistance idéologique

2.      Le Royaume dans le Nouveau Testament

-          L’organisation politique du pays de Jésus

-          Le Royaume qu’a voulu Jésus

-          La pratique de Jésus a repris le projet de Moïse

-          Les premiers chrétiens ont continué le projet de Royaume

Conclusion: Suivre Jésus personnellement et collectivement.

Annexe : « Le Royaume est l’unique absolu », pape Paul 6.



 INTRODUCTION :  LE  DESSIN  ET  L’ EXPLICATION  DE L’ ARBRE  DU  ROYAUME.



            En faisant le dessin, on explique, pas à pas, le sens de la création et du projet de Dieu (Genèse 1 y 2).

Cette description de la création fait partie des mythes bibliques pour trouver un sens aux grandes questions de la vie.

·         DIEU est à la racine et à l’origine de toute la création.

·         Avec la création, Dieu partage ce qu’il est, c’est-à-dire, vie, amour et communauté. A son image, l’HARMONIE est l’axe et le but de tout l’univers.

·         Dieu a d’abord créé les 4 éléments, puis les végétaux et les animaux: cela c’est la NATURE dont le destin est, selon Dieu, dêtre partagée pour le bien de tous. Tout cela va constituer le domaine de l’ÉCONOMIE, qui est l’organisation du partage de toutes les richesses naturelles et fabriquées. Dans ce domaine, le péché consiste à accumuler.

Voir Exode 16,14; Matthieu 20,1; Actes 2,42...

·         Ensuite, Dieu a créé l’HUMANITÉ dont l’objectif est de vivre bien ensemble. Cela va être le domaine de la POLITIQUE, qui est l’organisation des relations entre toutes les personnes, c’est-à-dire, cohabiter entre tous. Là le péché consiste à dominer.

Voir Exode 18,13; 1° Samuel 8; Marc 10,42…

·         Enfin, Dieu a communiqué à l’être humain sa SAGESSE pour que nous puissions nous exprimer de multiples manières et, ainsi, nous enrichir par l’apport de tous et de toutes. Cela va être le domaine des IDÉOLOGIES, qui est l’organisation des diverses façons de nous exprimer et d’organiser l’économie et la politique. Le péché dans ce domaine est la tromperie et le mensonge.

Voir Daniel 2; Luc 4,16; 1° Corinthiens 1,27…

Voilà le RÊVE DE DIEU, son plan de vie, d’amour et de bonheur en Communautés : le grand cadeau que nous fait la Bible. C’est le Royaume que Jésus va faire advenir et qu’il nous confie pour le continuer, le compléter, l’actualiser.

-          “Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. Ce que je te prescris aujourd’hui c’est d’aimer Yahvé, ton Dieu, et de marcher dans ses voies” (Deutéronome 30,15).

-          “Cherchez d’abord son Royaume et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît” (Matthieu 6.33).



 I .  LE  ROYAUME  DE  DIEU  DANS  L’ ANCIEN  TESTAMENT.



En cherchant bien, le Royaume a commencé avec Abraham et sa femme Sara, Moïse et sa sœur Myriam, puis a continué avec les Juges, les Prophètes et les Sages.

A. LA DOUBLE INTUITION D’ABRAHAM: Genèse 12.

Le projet du Royaume a commencé à se réaliser avec Abraham et Sara qui, en quittant leur pays, ont entrepris un double projet social et religieux. Il y a 4.000 ans, Abraham a ouvert un nouveau chemin d’organisation sociale liée à foi: l’intuition d’un Dieu unique et ami des pauvres qui nous veut  frères, c’est-à-dire, une manière de vivre en liberté, fraternité et égalité. Il y a une opposition radicale avec le système dominateur des rois de l’époque : il est à partir de la perspective des opprimés. L’intuition est belle, mais la réalité nous dit que les descendants d’Abraham ont fini esclaves en Egypte. Nous sommes ver 1850 ans avant Jésus-Christ.

B. LA TRIPLE MISSION DE MOÏSE

Moïse fait partie des descendants d’Abraham et Sara. C’est un hébreu de la tribu sacerdotale de Levi. Dans le désert du Sinaï. Nous sommes dans les années 1200 avant Jésus-Christ. Moïse est élevé à la cour du Pharaon égyptien, mais reste solidaires des siens. Ayant tué un fonctionnaire égyptien, il doit fuir au désert. Là il sent que Dieu l’appelle dans le symbolisme d’un ‘buisson ardent qui ne se consume pas’. Sa mission sera triple (Exode 3,1-15):

  1. Libérer ses compatriotes esclaves en Egypte (exigence de liberté),
  2. Sceller une alliance du Peuple avec Dieu dans le désert (exigence de foi) et
  3. Mettre en marche une organisation égalitaire qui rende impossible l’esclavage (exigence d’égalité ou plutôt d’équité), de telle sorte que l’esclavage soit impossible entre eux (Exode 20-23).

Les 10 commandements sont l’institutionnalisation, la légitimation de ce projet. Ce sont les bases de la Constitution de ce nouveau Peuple: le rejet de l’esclavage par la décision de vivre dans l’équité (à chacun selon ses besoins) au nom du Dieu avec qui ils venaient de faire alliance.

C. LES PREMIERES BASES DE L’ORGANISATION SOCIALE DE MOÏSE

Evidemment, cette organisation a été progressive tout au long du séjour au désert (quelques 40 ans, toute une génération) et a été reconnue comme venant de Dieu.

  1. L’expérience fondatrice de la ‘manne’ (Exode 16,1-36)

a)      L’expérience du désert fait découvrir aux Hébreux qu’il faut ‘recueillir de la manne, chacun selon ce qu’il a besoin pour manger. Vous en prendrez chacun selon le nombre de personnes qu’il a dans sa tente’ (v. 16). Et la réalité leur démontra que la manne ne se conservait pas d’un jour à l’autre, de telle façon que ‘ni ceux qui avaient amassé beaucoup avaient davantage, ni ceux qui avaient ramassé peu avaient moins. Chacun avait le nécessaire pour sa consommation’ (v. 18).

b)      La recommandation de Moïse était que ‘personne n’en mette en réserve jusqu’au lendemain’ (v. 19). De fait, pour ceux qui ne l’écoutèrent pas, ce qu’ils avaient gardé ‘devint infect’ (v. 20).

c)      Ce fut une longue expérience. Les versets 35-36 disent que ‘les fils d’Israël mangèrent de la manne pendant 40 ans, jusqu’à ce qu’ils parvinrent au pays de Canaan’.

d)      Ce fut une expérience fondatrice reprise par Jésus et saint Paul.

-          Jésus nous se réfère à la manne dans le Notre Père lorsqu’il nous fait demander: ‘Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour’ (Matthieu 6,11). Il compare l’Eucharistie à la manne (Jean 6,32).

-          Saint Paul s’est référé à la manne pour justifier la collecte au bénéfice des chrétiens de Jérusalem (1 Corinthiens 8,13).

Le grand souci était l’éradication de la pauvreté, signe et source de l’esclavage. Souci si important qu’ils le mirent en relation avec Dieu: “Qu’il n’y ait donc pas de pauvre chez toi” (Deutéronome 15,4). Aujourd’hui, l’Église des Pauvres témoigne de cette exigence.

  1. Dix lois stables

Les 10 commandements (Exode 20,1-17) constituent d’abord la défense et la promotion de cette organisation égalitaire sur une base religieuse. Les 10 commandements furent la manière institutionnalisée de dire ‘non à l’esclavage’ d’Égypte et de dire ‘oui’ à une nouvelle forme d’organisation égalitaire au nom de Dieu: ‘Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude’ (Exode 20,1). Dans ce ‘Décalogue’, 3 commandements se réfèrent à Dieu et 7 à la Communauté (voir dans la 3º partie: l’organisation politique).

1.      « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi ». L’intuition religieuse d’Abraham et Sara était celle d’un Dieu unique. La conséquence est que nous sommes tous égaux.

2.      « Tu ne feras pas de statue… et tu ne te prosterneras pas devant elles ». Le Dieu d’Abraham et Sara n’est pas représentable. Les statues étaient des représentations humaines des divinités qui justifiaient l’esclavage, l’oppression, l’injustice.

3.      « Tu ne feras pas un mauvais usage du nom de Yahvé ton Dieu ». On pourrait dire « Tu n’utiliseras pas à contresens le nom de Dieu ». Le Pharaon utilisait la religion pour justifier l’esclavage. Le Dieu d’Abraham et Sara est l’ami des pauvres, leur défenseur, leur libérateur avec eux. Dieu ne peut justifier l’injustice.

4.      « Souviens-toi du jour du sabbat et sanctifie-le… Que personne ne travaille ». En Egypte le travail des esclaves hébreux n’avait pas de limite : de jour, de nuit, sans repos. Pour les Hébreux, ne pas travailler un jour par semaine, c’était reconnaître qu’ils n’étaient plus des esclaves… « grâce à Dieu ».

5.      « Entoure d’égards ton père et ta mère ». Les parents sont les auteurs de la vie, le plus beau cadeau humain. En y joignant les « pères et mères » du peuples, ils sont les garants de la forme d’organisation. Renier ses parents, c’était renier le projet de Moïse.

6.      « Tu ne tueras pas ». En Egypte, la vie n’avait aucune valeur. Pour les Hébreux toute vie avait une origine divine, à respecter dans toutes ses dimensions : humaine, animale, végétale et cosmique. Il s’agit de dire non au crime, à la guerre, à la faim, à l’accumulation, à l’analphabétisme, aux maladies, aux conditions de vie inhumaines, au manque d’amour…

7.      « Tu ne commettras pas d’adultère ». Accepter l’adultère c’était réduire la femme à un objet de plaisir. Les Hébreux reconnaissaient l’égale dignité de l’homme et de la femme, les 2 sujets des mêmes droits.

8.      « Tu ne voleras pas ». Voler c’est non seulement détruire la vie des personnes, en leur quittant par exemple ce qui leur permet de travailler, mais aussi détruire la Communauté et les bonnes relations.

9.      « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain ». En Egypte, les « grands » avaient tous les droits : voler, mentir, corrompre, tuer, tromper, humilier… Les Hébreux voulaient des relations transparentes, pures, vraies dans la famille, entre voisins, dans les décisions, la justice…

10.  « Tu ne resteras pas à désirer la maison de ton prochain… ni rien de ce qui lui appartient ». La propriété de la terre et l’accumulation illimitée des biens étaient les bases du pouvoir et de la domination du Pharaon et de sa cour. Au contraire, les Hébreux cherchaient l’équité, le partage, la solidarité…

On le voit, les 10 commandements de Moïse et les 7 critères des Juges ont une dimension sociale, matérielle, économique, communautaire évidente. Ils ne sont ni exclusivement individuels ni spirituels. Ce sont les exigences d’une nouvelle manière de vivre personnellement et collectivement, en société et dans l’Eglise. Il s’agit de la construction d’une utopie qui nous guide vers le but qui est le nôtre.

C. L’ORGANISATION TRIBALE DE L’ÉPOQUE DES JUGES

Quelques 7 principes ou critères naissent peu à peu de la pratique du Peuple de Moïse en fonction de son souvenir de l’époque de ses ancêtres. Ils s’opposent à l’esclavage vécu en Égypte et profitent des expériences libératrices de Peuples rencontrés lors de la traversée du désert.

  1. Contre la hiérarchie des dieux égyptiens qui justifiait la domination des uns sur les autres, les Hébreux confirment la foi en un seul Dieu qui fonde l’égalité entre tous et toutes.
  2. En Égypte, les terres étaient aux mains de quelques-uns, qui contrôlaient tout. Pour les Hébreux, la terre appartient à Dieu qui l’a donnée à chaque famille pour vivre et cohabiter. Celle-ci ne se marchande pas et si une famille avait été contrainte de s’en dessaisir, tous les 50 ans elle lui revenait comme propriétaire inaliénable: ceci empêchait l’accumulation de terre et de richesses (Lévitique 25).
  3. Le Pharaon détenait seul tout les pouvoirs sur tout et sur tous. Les Hébreux s’organisèrent en clans (plusieurs familles) et tribus (plusieurs clans), avec leurs représentants respectifs. Un ‘juge’, doté de pouvoir moral, était élu lors d’Assemblées générales de tout le peuple (Josué 24). Ceci empêchait la possibilité de dictateurs.
  4. En Égypte, les lois changeaient avec chaque Pharaon selon ses intérêts du moment. Moïse donna à son Peuple 10 lois permanentes qui étaient la défense institutionnalisée de sa liberté, de sa foi et son organisation égalitaire.
  5. En Égypte, l’éducation n’était accessible qu’à la famille et aux proches du Pharaon. Chez les Hébreux, pour que chaque famille puisse accéder à l’éducation (les femmes restèrent marginalisées), on créa un nouvel abécédaire qui permit une conscience commune, une identité propre et une cohésion de tout le Peuple.
  6. L’armée égyptienne était permanente, mercenaire et salariée, c’est-à-dire, ouverte à tous, égyptiens et étrangers, et rémunérée. Au contraire, les Hébreux s’organisaient, quand c’était nécessaire, en autodéfense volontaire par clans, tribu et entre tribus. Tous défendaient ce qui était à tous et il n’y avait pas de possibilité d’une guerre d’agression.
  7. En Égypte, les prêtres faisaient partie de la cour du Pharaon ; c’étaient de grands propriétaires terriens et ils célébraient un culte basé sur les sacrifices, humains inclus. Chez les Hébreux, les prêtres, issus de la tribu de Levi, n’avaient pas de propriétés, mais, en revanche, ils étaient soutenus par les dîmes et les prémices. Leur culte consistait principalement à faire mémoire des actes fondateurs du Peuple et célébrer la présence libératrice de Dieu en eux.

Cette présentation sociale et religieuse du temps de Moïse et des Juges est idéalisée ; cela va de soi. Mais cela ne signifie pas que ses intuitions et ses réalisations n’étaient pas ni ne sont plus valables… Bien au contraire. On voit comment le peuple de la Bible sut imaginer et construire en même temps une autre organisation sociale animée par une autre religion.

D. LES PROPHETES DÉFENDENT CE PROJET DE MOÏSE CONTRE LES ROIS

Le temps des Rois a marqué une rupture dans la réalisation, même imparfaite, du projet de Dieu mis en marche par Moïse et poursuivi par les Juges. Les Prophètes vont être les gardiens de la fidélité et la mémoire ce projet. Les prophètes sont les sentinelles du projet de Dieu, les sentinelles du Royaume.

  1. Isaïe est le prophète du Messie: un “nouveau Moïse” viendra réaliser le projet de Dieu.
  2. Ezéchiel est le prophète de l’espérance pour les exilés à Babylone.
  3. Jérémie est le prophète de la vérité: il dénonce les fausses assurances comme le temple et les rites vides.
  4. Osée est le prophète de la tendresse de Dieu : celui-ci est toujours fidèle à son peuple malgré ses infidélités.
  5. Amos est le prophète de la justice sociale: on ne peut aimer Dieu si on ne pratique pas la justice entre compatriotes.
  6. Déborah est la grande femme prophétesse: elle sait réveiller et entraîner son peuple dans les moments de désespoir.
  7. Daniel est le prophète du Royaume de Dieu: ce Royaume naît du peuple des pauvres.
  8. Habacuc est le prophète des opprimés « ¿Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité? » (1,1-3).
  9. Sophonie est le prophète de l’espérance: l’Église des Pauvres est l’héritière et la détentrice du projet de Dieu (3,12).

E. LES LIVRES SAPIENTIAUX SONT UNE RÉSISTANCE IDÉOLOGIQUE

Durant les 5 derniers siècles avant Jésus, les invasions et dominations étrangères vont se succéder de la part  de l’Egypte, la Perse, l’Assyrie, Damas, la Grèce, Rome… Par contre le Peuple hébreu a toujours su conserver des espaces de fraternité interne, de foi vive et de solidarité ouverte. A une époque où nous-mêmes sommes envahis par les images culturelles des empires modernes, en particulier l’américain, la méditation des livres sapientiaux peut nous apporter de nombreux éléments de conscience critique, de résistance, d’alternatives et d’espérance. Ceci nous aidera peut-être à apprécier les proverbes d’aujourd’hui pour ne pas nous laisser tromper. Les expressions de notre identité nous donnent des éléments pour résister et construire un autre avenir.

Les livres sapientiaux sont d’une grande richesse.

  1. Daniel: le Peuples des Pauvres est capable de renverser tous les empires (2).
  2. Sirach: La gloire de Dieu se manifeste dans la nature et dans l’histoire du Peuple de Dieu.
  3. Sagesse: C’est un traité destiné aux Juifs exilés en Egypte pour les aider à résister aux persécutions et à conserver la foi des ancêtres.
  4. Les contes populaires furent l’expression de la vie et de la résistance du Peuple de Dieu.

-          Rôle protagoniste de la femme: Ruth, Judith, Esther, les femmes paysannes (Néhémie 5,1-5), la Sulamite du Cantique des Cantiques, Suzanne (Daniel 13).

-          La Communauté comme lieu de renouvellement. La famille, la maison et la Communauté sont les lieux à partir desquels se renforce le projet original de Dieu.

  1. Les Psaumes nous offrent des prières en abondance. Longues ou courtes, ces prières personnelles et collectives expriment la foi en la présence immédiate de Dieu parce qu’il ‘écoute la clameur des affligés’ dans le temple et n’importe où.



 II .  LE  ROYAUME DE DIEU  DANS  LE  NOUVEAU  TESTAMENT.



A. L’ORGANISATION POLITIQUE DU PAYS DE JÉSUS

Á l’époque de Jésus, l’empire romain avait envahi la Palestine.

  1. Les Romains occupaient le pays de Jésus, percevant de lourds impôts et contrôlant toutes les décisions. L’empereur, à Rome, « le César », était considéré comme dieu. Son représentant en Palestine était Ponce Pilate.
  2. Les Autorités juives devaient toujours en référer au gouverneur romain avant de prendre une décision.

-          Le roi Hérode était chargé par les Romains de la province du nord appelée Galilée.

-          Les grands propriétaires formaient le Conseil des Anciens qui était consulté en certaines occasions.

-          Les prêtres élisaient, avec le consentement de Rome, le Grand Prêtre qui était la plus haute autorité, soutenu par une police et un tribunal appelé Sanhédrin.

-          Tout tournait autour du temple de Jérusalem: religion, lois, finances, justice. Les Romains permettaient une certaine indépendance religieuse.

  1. Le message et la pratique de Jésus. Dans son premier discours à Nazareth Jésus reprit l’alliance du Sinaï et le projet de Moïse (Luc 4,16-21) ; il l’appelle le Royaume de Dieu.
  2. Avec Jean Baptiste et les Apôtres

a)      Jean Baptiste préparait l’accueil de Jésus: il prêchait la conversion, la justice, le partage (Luc 3,11) afin d’éviter le châtiment divin.

b)      Jésus va plus loin et est plus concret:

-          Le salut vient des pauvres et de ceux qui se font pauvres avec eux, seuls capables de construire le Royaume de Dieu.

-          Il forme, avec un groupe de disciples, une Communauté stable qui vit ce qu’il prêche.

-          Il insiste beaucoup sur l’usage de l’argent. Son groupe faisait bourse commune (Jean 12,6). A plusieurs reprises, il multiplia les pains (Matthieu 14,13 et 15,32), pour bien montrer que toute personne a le droit de manger et de manger selon ses besoins (Matthieu 6,11). Pour Jésus, l’argent est quelque chose de ‘maudit’ (Luc 6,24-25) qu’il faut utiliser pour se faire des amis (Luc 16,9). Le salaire doit couvrir les besoins familiaux (Matthieu 20,1-16).

c).  Les apôtres et les premiers chrétiens mirent leurs biens en commun et se les répartissaient selon leurs besoins (Actes 2,42 y 4,32). Saint Paul insista sur la solidarité et le partage entre communautés et Églises (2° Corinthiens 8 y 9), et invita à éliminer l’esclavage dans la lettre à son ami Philémon.

  1. Jésus eut à affronter de nombreux conflits à cause de sa prédication et de la réalisation du Royaume.

-          En plus de sa famille et de ses apôtres, Jésus entra en conflit avec ces différents pouvoirs: le pouvoir militaire avec les envahisseurs romains et le pouvoir religieux avec les autorités juives, parce qu’ils n’étaient pas au service du Peuple, mais qu’au contraire ils le dominaient, l’exploitaient et le trompaient.

-          Jésus annonçait un Dieu qui aime tout le monde, mais qui défend prioritairement les pauvres, les femmes, les maltraités car ils sont victimes de l’injustice: c’est le protecteur et le libérateur des pauvres, des orphelins, des veuves...

-          Son Royaume appartient aux pauvres (Luc 6,20) et à ceux qui choisissent d’avoir l’esprit des pauvres et de faire leur leurs causes (Matthieu 5,3).

  1. Marie a confirmé cette vision du plan de Dieu dans son chant du Magnificat (Luc 1,51-54).

B. LE ROYAUME QU’A VOULU JÉSUS

  1. Les conceptions du Royaume selon les différents groupes religieux contemporains de Jésus

-          Pour les Prêtres, les Pharisiens, les Docteurs de la Loi, le Royaume consistait dans la stricte application de la Loi.

-          Pour les Esséniens, le Royaume était purement spirituel et allait arriver d’un moment à l’autre.

-          Pour les Zélotes, le Royaume appartenait exclusivement aux juifs et il fallait expulser les Romains qui salissaient ce projet divin: Simon le Zélote et Simon Pierre avaient des contacts avec ces groupes.

-          Pour Jean Baptiste, le Royaume supposait la conversion personnelle et la pratique de la justice.

  1. La conception originale de Jésus par rapport au Royaume

a)      Jésus est le Prophète du Royaume: c’est le mot que les évangélistes mettent le plus dans la bouche de Jésus (quelque 100 fois).

-          La plupart de ses paraboles concernent le Royaume.

-          Pour Jésus il était évident que le Royaume appartenait aux pauvres.

-          La loi du Royaume est l’amour personnel, collectif et social (Jean 13,34 y 15,17), à partir de la compassion.

-          Le Royaume a une triple dimension: il est en nous, entre nous et doit se manifester dans sa plénitude. C’est une façon de vivre: en nous valorisant personnellement et collectivement -le Royaume est dignité-, en partageant équitablement les biens de la création -il est justice-, en vivant ensemble comme frères et sœurs -il est fraternité-, et en célébrant sa présence au milieu de nous -il est beauté.

b)      Le Royaume est décrit dans l’Apocalypse comme le triomphe d’une femme sur le mal (12,1-10) -dont le fruit est l’Église des Pauvres- et comme une cité de fraternité et d’allégresse (21,1-8) -la nouvelle société dont nous sommes le fruit -; le centre de tout est Dieu. Les pouvoirs du mal ne parviendront pas à détruire ce Royaume de Dieu, lequel triomphera définitivement de tous. L’Arbre de la Vie, central dans la Genèse et signe de destruction du mal sur la croix de Jésus, est évoqué à la fin de l’Apocalypse comme récompense de ceux qui auront été fidèles à Dieu, à son projet, à son Royaume (22,14).

Le Royaume c’est nous lorsque nous vivons ce qu’a inauguré Jésus, personnellement, collectivement et socialement: ‘en anticipant déjà l’avenir la fête que vient’, comme Moïse l’a imaginé, comme Jésus l’a réalisé et comme l’Apocalypse le prophétise.

C. LA PRATIQUE DE JÉSUS A REPRIS LE PROJET DE MOÏSE

Jésus a résume à 2 les 10 commandements de l’Ancien Testament: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. - Tu aimeras ton prochain comme toi-même’ » (Matthieu 22,37 y 39). Par ailleurs, Jésus nous a donné son propre commandement: ‘Je vous donne un commandement nouveau: aimez-vous les uns les autres: vous devez vous aimer comme moi je vous ai aimé. C’est à cela que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples: au fait que vous vous aimez les uns les autres’ (répété 3 fois chez Jean 13,34-35, et 15,12 et 17). Notons que tous les commandements se réduisent ou s’ouvrent sur un seul: celui d’un amour collectif entre les humains et dont le modèle est l’amour que Jésus a montré envers nous.

  1. La pratique libératrice de Jésus

Jésus a grandi et a vécu dans une réalité très conflictuelle. Il a décidé d’aider tout le monde à se libérer de toutes les formes d’oppression et de destruction: spirituelle, individuelle, collective, sociale.

  1. Jésus s’est présenté comme le ‘Prophète du Royaume’

Toute sa prédication, tous ses miracles, sa vie et sa mort ont eu comme axe principal l’inauguration du Royaume de Dieu.

  1. Pour construire le Royaume, Jésus s’est mis du côté des exclus.

C’est parmi eux qu’il a choisi ses apôtres et ses disciples.

  1. Jésus a refusé et combattu toutes les divisions créées par les hommes

Divisions entre pauvres et exploiteurs, entre juifs et païens, entre profane et sacré, entre pur et impur; il a proclamé que les lois étaient au service de l’être humain et non le contraire…

  1. Jésus a combattu les maux qui affectent la vie humaine

C’est tout le sens de sa vie : détruire ce qui détruit les personnes : la faim, les maladies, la peur, les mauvais esprits, la mort…Il a affronté les difficultés de la nature, comme la tempête… Il a lutté contre l’ignorance, le mensonge, l’hypocrisie, la prépotence, la mauvaise interprétation de Dieu…

  1. Jésus a ouvert le chemin d’un nouvel ordre social

̵            Si Dieu est notre Père, nous devons tous vivre en égaux,

̵            Le pouvoir est service du bien commun, et favorise prioritairement les plus nécessiteux,

̵            Les lois sont au service du bien-être de tous les êtres humains,

̵            L’amour de Dieu et du prochain sont comme les 2 faces d’une même monnaie,

̵            El Royaume, c’est-à-dire le salut, appartient aux pauvres conscients, unis et organisés, et à ceux qui ont l’esprit des pauvres,

̵            Pour Jésus, les derniers sont les premiers, et les premiers les derniers…

  1. Avec Jésus, tout a été rénové pour notre bonheur:

Jésus donne un nouveau sens à la manière de croire en Dieu -‘Père de tous’-, aux relations humaines -nous sommes tous égaux- et à la société -dont les pauvres organisés sont les bases et son avenir…

D. LES PREMIERS CHRÉTIENS ONT POURSUIVI LE PROJET DU ROYAUME

  1. Les Premières Communautés ont une organisation propre conforme au projet de Jésus.

-          Actes 2,42 y 4,32: La Première Communauté a repris le projet de Moïse, confirmé par Jésus, en particulier le partage des biens.

-          Actes 6.5-6: Les diacres sont nommés par la Communauté et présentés aux apôtres.

  1. Les Apôtres sont les animateurs du Royaume

-          Corinthiens 1,27-29: Dieu a choisi les pauvres pour son projet.

-          Ephésiens 6,10-17: Notre combat est contre les forces surnaturelles du mal qui s’incarnent dans les autorités du monde.

-          2 Corinthiens 8,7: La collecte pour les chrétiens de Jérusalem se fait en référence à la manne.

-          Jacques 5,1-6: ¡Malheur à vous les riches!

  1. Les Communautés Chrétiennes à la fin du premier siècle: l’Apocalypse chante la force victorieuse des pauvres sur l’empire romain, capables de construire un monde selon Dieu.



IIIª  partie :  AUJOURD’HUI  NOUS,  PERSONNELLEMENT  ET  COMME  ÉGLISE



A. NOUS SOMMES TÉMOINS DU ROYAUME DE DIEU

Notre mission, comme chrétiens, disciple de Jésus, est triple:

-          D’abord reconnaître Jésus et son Royaume présents parmi nous, comme l’ont reconnu les disciples d’Emmaüs et Paul lui-même sur le chemin de Damas.

-          Ensuite, communiquer cette reconnaissance du ressuscité et cette force du Royaume aujourd’hui.

-          Enfin, le célébrer humainement et chrétiennement.

B. ÊTRE ARTISANS DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION

  1. La vieille évangélisation a trépassé (Document de Saint Domingue 24): Quel est le modèle d’évangélisation qui est devenu vieux et inutile? En voici quelques caractéristiques:

-          Penser que nous apportons aux autres au Dieu et son Royaume : il est avec eux bien avant nous.

-          Aller rechercher la conversion des ‘païens’.

-          Vouloir à tout prix implanter des églises et des institutions catholiques.

-          Etre arrogants en pensant que nous sommes les meilleurs ou les seuls élus.

-          Condamner ce que nous ne comprenons pas encore.

-          Vivre dans le luxe ou dans des postes de pouvoir ou de service dominateurs…

  1. Brève histoire de la Nouvelle Évangélisation (N.E.)

a)      La N.E. est née au concile Vatican II (1962 à 1965). Il nous a été demandé d’être ouverts à toutes les valeurs humaines; on a parlé de la valeur qu’avait toute religion -les ‘Semences du Verbe’-, comme rencontre de Dieu et chemin de salut.

b)      A Medellín (1968), pour appliquer le Concile dans la situation de l’Amérique Latine, les évêques invitaient les catholiques d’Amérique Latine à ‘mettre en marche une nouvelle manière d’annoncer l’Évangile, que parte de la réalité, spécialement des secteurs pauvres’ (Catéchèse).

c)      A Puebla (1979) les évêques réitèrent la dénonciation de la pauvreté faite à Medellín, et expliquent que cet appauvrissement a des causes personnelles et structurelles, et que tant la misère que les mécanismes qui la produisent sont des péchés: c’est le péché social. L’option pour les pauvres est l’objectif de la pratique de toute l’Église (1134).

d)      En 1984, le Pape Jean-Paul II, lors de son voyage à Saint Domingue (République Dominicaine), a invité officiellement à ‘une Nouvelle Évangélisation’ en Amérique Latine, et a expliqué en quoi elle doit être nouvelle “dans son ardeur, dans sa méthode et dans son expression”.

  1. Les trois orientations papales pour réussir la Nouvelle Évangélisation

a)      Elle doit être ‘nouvelle dans son ardeur’

-          En approfondissant la pratique de Jésus et des Apôtres, en particulier vis-à-vis des Romains, des Samaritains et des étrangers.

-          En redécouvrant la pratique exemplaire de tel ou tel des premiers évangélisateurs du continent (Bartolomé de las Casas).

b)      Elle doit être ‘nouvelle dans sa méthode’ avec ses 4 temps: ‘Voir, Juger, Agir et Célébrer (Luc 24,13-35).

c)      Elle doit être ‘nouvelle dans son expression’. Pour évangéliser d’une manière nouvelle, il faut tout ré-exprimer à partir de l’histoire, les cultures et la réalité latino-américaine. Il faut inculturer la liturgie, l’Église, l’Évangile et la foi (Document de Saint Domingue), processus déjà en marche parmi nous.

C. LA NOUVELLE EVANGELISATION EXIGE QUE NOUS SOYONS L’ÉGLISE DES PAUVRES

  1. Origine récente de l’expression ‘Église des pauvres’

-          Le pape Jean XXIII fut le premier à reprendre cette expression à la veille du Concile (1961): ‘Face aux pays sous-développés, l’Église se présente telle quelle est et veut être: l’Église de tous et plus particulièrement l’Église des Pauvres’.

-          Pendant le Concile Vatican II (1962-65), quelques 40 évêques latino-américains plus engagés se sont autoproclamés ‘Église des Pauvres’ et ont signé le “Pacte des Catacombes” pour vivre pauvres et au service des pauvres.

-          Le pape Jean-Paul II a confirmé l’expression dans sa Lettre Encyclique sur “Le travail humain’ (1981): ‘L’Église est vivement engagée dans cette cause (de la solidarité), parce qu’elle la considère comme sa mission, son service, comme l’illustration de sa fidélité au Christ, pour pouvoir être vraiment ´Église des pauvres´” (8).

-          Nous ne pouvons oublier tous nos héros et martyrs latino-américains: le plus connu est Monseigneur Oscar Romero du Salvador, le défenseur des opprimés. Souvenons-nous aussi de Monseigneur Leonidas Proaño, d’Equateur, le prophète de l’Église des Pauvres, et de combien d’autres chrétiens et chrétiennes, martyrs inconnus dont nous garder vivant le souvenir.

  1. La spiritualité de l’Église des Pauvres, dans les documents de l’Église latino-américaine.

Les évêques latino-américains les plus lucides ont su exprimer la foi et la spiritualité à partir de la réalité de leur continent.

a)      A Medellín (Colombie, 1968), les évêques définissent les pauvres comme les appauvris par le système capitaliste, et avec lesquels ils nous invitent à nous solidariser pour combattre la misère définie comme « péché social ».

b)      A Puebla (Mexique, 1979), ils nous invitent à “faire nôtre la cause des pauvres parce que c’est la cause de Jésus-Christ” et à faire le choix des Communautés Ecclésiales de Base (Message 8 et nº 1134).

c)      A Saint Domingue (République Dominicaine, 1992), les 3 thèmes de leur réunion sont ‘la Nouvelle Évangélisation, la Promotion de l’Homme et l’Inculturation’.

d)      A Aparecida (Brésil, 2007), ils confirment la validité des CEBs (178) et de l’option pour les pauvres pour entreprendre une grande mission de renouvellement de toute l’Église.

Gustavo Gutierrez a résumé cette spiritualité dans son célèbre livre: ‘Boire à son propre puits’ (Lima 1983).



  1. Les paroles du prophète Sophonie sont très éclairantes (3,11-17).

‘Je ne laisserai subsister en ton sein qu’un peuple humble et modeste’ (3,12). L’Église des pauvres est ce Peuple humble et modeste qui reste fidèle à Dieu et manifeste su présence libératrice, tout comme hier et avant-hier. Nous pouvons dire que, en Amérique Latine, ceux qui constituent cette Église des Pauvres, ce sont principalement le Peuple des chrétiens pauvres qui s’organise en Communautés Ecclésiales de Base et en Groupes Chrétiens qui font le choix de la pauvreté et qui s’identifient avec les causes des pauvres.

D. NOUS, LES CEBs, SOMMES FERMENT D’UN MONDE NOUVEAU

  1. Nous sommes la classe populaire, la classe opprimée, capable de renouveler l’Église et la société.
  2. Nos évêques appellent à un changement personnel, religieux et social.
  3. Nous vivons déjà quelque chose de différent comme Église et comme société: nous sommes l’Église des Pauvres qu’a voulu Jésus et la semence du monde nouveau plus conforme au Royaume.
  4. Nous sommes un Royaume de fraternité et de liberté, par notre propre baptême qui nous fait prophètes, prêtres et rois-pasteurs.



CONCLUSION : SUIVRE JÉSUS PERSONNELLEMENT ET COLLECTIVEMENT

A. SUIVRE PERSONNELLEMENT LE CHRIST COMME BAPTISÉ ET BAPTISÉE

            Notre baptême est la source de notre mission dans l’Eglise et dans le monde : être individuellement et collectivement prophète et prophétie, prêtre et sacerdoce, roi et pasteur du Royaume.

-          D’abord, nous sommes individuellement prophètes. Le prophète est celui qui parle au nom de Dieu, que ce soit pour annoncer et être bonne nouvelle ou pour dénoncer la méchanceté, sans crainte, parce qu’il sent que c’est son devoir (Jérémie 1,7-19).

-          Ensuite, nous sommes individuellement prêtres. Le prêtre est celui qui offre, bénit, consacre. C’est aussi notre tâche, à chacune et chacun d’entre nous (Exode 19,6).

-          Enfin, nous somme individuellement roi-pasteur au service du Royaume de Dieu. Au titre de « roi », Jésus préférait celui de ‘Pasteur’, moins ambigu. Le Pasteur est celui que rassemble son troupeau et veille sur lui, en le défendant au prix de sa propre vie (Jean 10,11).

B. SUIVRE JÉSUS COLLECTIVEMENT, EN ÉGLISE

            Notre mission de baptisés ne se limite pas au niveau individuel ; elle devient un témoignage collectif grâce à notre participation dans une Communauté chrétienne active et solidaire. La Parole de Dieu nous confirme dans cette dimension communautaire.

-          Isaïe 52,13-53,12: Le « Serviteur souffrant » ne représente pas seulement Jésus, mais tout le Peuple de Jésus, et aujourd’hui les femmes et les hommes de notre temps: c’est le Peuple des Pauvres qui, d’une part, à travers nos souffrances, annonçons un salut et, par ailleurs, dénonçons le mystère du mal présent dans notre monde. Dans nos Communautés, nous sommes collectivement une prophétie vivante.

-          Romains 12,1: ‘Offrez vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu: c’est là le culte spirituel que nous avons à rendre’. Tous ensemble nous nous offrons au Seigneur avec toute notre vie et notre activité communautaire; nous offrons toutes les personnes avec qui nous travaillons. Dans les Communautés, ensemble nous actualisons le sacerdoce du Christ.

-          Apocalypse 1,6 et 1 Pierre 2,9-10: ‘Il nous a purifiés faisant de nous un royaume… Avant vous n’étiez pas son Peuple, mais maintenant vous êtes le Peuple de Dieu…’. Comme chrétiens, notre caractéristique est d’être un Peuple, c’est-à-dire une fraternité, une seule famille qui montre que Dieu est Père à travers notre fraternité. Dans nos communautés, collectivement nous rendons présent le Royaume de Dieu.



A N N E X E

“ LE  ROYAUME  EST  L’UNIQUE  ABSOLU”,  pape  Paul  VI,  1975.



            “Christ, en tant qu’évangélisateur, annonce avant tout un Royaume, le Royaume de Dieu; si important que, par rapport à lui, tout devient ‘le reste’ qui est donné par surcroît (Matthieu 6,33). Seul le Royaume est donc absolu et tout le reste est relatif. Le Seigneur se complaira à décrire de bien des manières le bonheur d’appartenir à ce Royaume, un bonheur paradoxal fait de choses que le monde rejette (Matthieu 5,3-12); les exigences du Royaume et ses préceptes (Matthieu 5-7), les porte-parole du Royaume (Matthieu 10), les mystères de ce dernier (Matthieu 13), ses enfants (Matthieu 18), la vigilance et la fidélité requise de qui attend son retour définitif (Matthieu 24-25)”.
Lettre encyclique “L’Évangélisation des Peuples”, 8.


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