L E R O Y A U M E D A N S
L A B I B L E
Haute Loire, juin 2012. PR.
Original en espagnol. Traducteur : Pierre B.
CONTENU
Introduction: l’Arbre du Royaume (Genèse 1-2).
1.
Le Royaume dans l’Ancien Testament
-
La double
intuition d’Abraham
-
La triple
mission de Moïse
-
Les premières
bases de l’organisation sociale de Moïse
-
L’organisation
tribale à l’époque des Juges
-
Les prophètes
défendent le projet de Moïse contre les rois
-
Les livres
sapientiaux sont une résistance idéologique
2.
Le Royaume dans le Nouveau Testament
-
L’organisation
politique du pays de Jésus
-
Le Royaume qu’a
voulu Jésus
-
La pratique de
Jésus a repris le projet de Moïse
-
Les premiers
chrétiens ont continué le projet de Royaume
Conclusion: Suivre Jésus personnellement et collectivement.
Annexe : « Le Royaume est l’unique absolu », pape
Paul 6.
INTRODUCTION
: LE
DESSIN ET L’ EXPLICATION DE L’ ARBRE
DU ROYAUME.
En
faisant le dessin, on explique, pas à pas, le sens de la création et du projet
de Dieu (Genèse 1 y 2).
Cette description de la création fait partie des mythes
bibliques pour trouver un sens aux grandes questions de la vie.
·
DIEU est à la
racine et à l’origine de toute la création.
·
Avec la création, Dieu partage ce qu’il est,
c’est-à-dire, vie, amour et communauté.
A son image, l’HARMONIE est l’axe et
le but de tout l’univers.
·
Dieu a d’abord
créé les 4 éléments, puis les végétaux et les animaux: cela c’est la NATURE
dont le destin est, selon Dieu, d’être partagée pour le bien de tous. Tout
cela va constituer le domaine de l’ÉCONOMIE,
qui est l’organisation du partage de toutes les
richesses naturelles et fabriquées. Dans ce domaine, le péché consiste à accumuler.
Voir Exode 16,14; Matthieu 20,1; Actes 2,42...
·
Ensuite, Dieu a
créé l’HUMANITÉ dont l’objectif est de vivre
bien ensemble. Cela va être le domaine de la POLITIQUE, qui est l’organisation des relations entre toutes les
personnes, c’est-à-dire, cohabiter entre tous. Là le
péché consiste à dominer.
Voir Exode 18,13; 1° Samuel 8; Marc 10,42…
·
Enfin, Dieu a
communiqué à l’être humain sa SAGESSE pour que nous puissions nous exprimer de multiples manières et,
ainsi, nous enrichir par l’apport de tous et de toutes. Cela va être le domaine
des IDÉOLOGIES, qui est
l’organisation des diverses façons de nous exprimer et d’organiser l’économie
et la politique. Le péché dans ce domaine est la tromperie et le mensonge.
Voir Daniel 2; Luc 4,16; 1° Corinthiens 1,27…
Voilà le RÊVE DE DIEU, son plan de vie, d’amour
et de bonheur en Communautés : le grand cadeau que nous fait la Bible.
C’est le Royaume que Jésus va faire advenir et qu’il nous confie pour le
continuer, le compléter, l’actualiser.
-
“Vois, je te
propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. Ce que je te prescris
aujourd’hui c’est d’aimer Yahvé, ton Dieu, et de marcher dans ses voies”
(Deutéronome 30,15).
-
“Cherchez
d’abord son Royaume et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît”
(Matthieu 6.33).
I .
LE ROYAUME DE
DIEU DANS L’ ANCIEN
TESTAMENT.
En cherchant
bien, le Royaume a commencé avec Abraham et sa femme Sara, Moïse et sa sœur
Myriam, puis a continué avec les Juges, les Prophètes et les Sages.
A. LA DOUBLE INTUITION D’ABRAHAM: Genèse 12.
Le projet du
Royaume a commencé à se réaliser avec Abraham et Sara qui, en quittant leur
pays, ont entrepris un double projet
social et religieux. Il y a 4.000 ans, Abraham a ouvert un nouveau chemin
d’organisation sociale liée à foi: l’intuition d’un Dieu unique et ami des
pauvres qui nous veut frères,
c’est-à-dire, une manière de vivre en liberté, fraternité et égalité. Il y a
une opposition radicale avec le système dominateur des rois de l’époque :
il est à partir de la perspective des opprimés. L’intuition est belle, mais la
réalité nous dit que les descendants d’Abraham ont fini esclaves en Egypte.
Nous sommes ver 1850 ans avant Jésus-Christ.
B. LA TRIPLE MISSION DE MOÏSE
Moïse fait
partie des descendants d’Abraham et Sara. C’est un hébreu de la tribu
sacerdotale de Levi. Dans le désert du Sinaï. Nous sommes dans les années 1200
avant Jésus-Christ. Moïse est élevé à la cour du Pharaon égyptien, mais reste
solidaires des siens. Ayant tué un fonctionnaire égyptien, il doit fuir au
désert. Là il sent que Dieu l’appelle dans le symbolisme d’un ‘buisson ardent
qui ne se consume pas’. Sa mission sera triple (Exode 3,1-15):
- Libérer ses compatriotes esclaves en Egypte (exigence
de liberté),
- Sceller une alliance du Peuple avec Dieu dans le désert (exigence
de foi) et
- Mettre en marche une
organisation égalitaire qui rende
impossible l’esclavage (exigence d’égalité ou plutôt d’équité), de telle
sorte que l’esclavage soit impossible entre eux (Exode 20-23).
Les 10
commandements sont l’institutionnalisation, la légitimation de ce projet. Ce
sont les bases de la Constitution de ce nouveau Peuple: le rejet de l’esclavage
par la décision de vivre dans l’équité (à chacun selon ses besoins) au nom du
Dieu avec qui ils venaient de faire alliance.
C. LES PREMIERES BASES DE L’ORGANISATION SOCIALE DE
MOÏSE
Evidemment, cette organisation a été progressive tout
au long du séjour au désert (quelques 40 ans, toute une génération) et a été
reconnue comme venant de Dieu.
- L’expérience
fondatrice de la ‘manne’ (Exode 16,1-36)
a) L’expérience du désert fait découvrir aux Hébreux qu’il faut ‘recueillir de
la manne, chacun selon ce qu’il a besoin pour manger. Vous en prendrez chacun
selon le nombre de personnes qu’il a dans sa tente’ (v. 16). Et la réalité leur
démontra que la manne ne se conservait pas d’un jour à l’autre, de telle façon
que ‘ni ceux qui avaient amassé beaucoup avaient davantage, ni ceux qui avaient
ramassé peu avaient moins. Chacun avait le nécessaire pour sa consommation’
(v. 18).
b) La recommandation de Moïse était que ‘personne
n’en mette en réserve jusqu’au lendemain’ (v. 19). De fait, pour ceux
qui ne l’écoutèrent pas, ce qu’ils avaient gardé ‘devint infect’ (v. 20).
c) Ce fut une longue expérience. Les versets 35-36
disent que ‘les fils d’Israël mangèrent de la manne pendant 40 ans, jusqu’à ce
qu’ils parvinrent au pays de Canaan’.
d) Ce fut une expérience fondatrice reprise par Jésus
et saint Paul.
-
Jésus nous se réfère
à la manne dans le Notre Père
lorsqu’il nous fait demander: ‘Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour’
(Matthieu 6,11). Il compare l’Eucharistie
à la manne (Jean 6,32).
-
Saint Paul s’est référé à la manne pour justifier la collecte au bénéfice des chrétiens de
Jérusalem (1 Corinthiens 8,13).
Le grand souci était
l’éradication de la pauvreté, signe et source de l’esclavage. Souci si
important qu’ils le mirent en relation avec Dieu: “Qu’il n’y ait donc pas de pauvre
chez toi” (Deutéronome 15,4). Aujourd’hui, l’Église des Pauvres
témoigne de cette exigence.
- Dix lois stables
Les 10 commandements (Exode 20,1-17) constituent
d’abord la défense et la promotion de cette organisation égalitaire sur une
base religieuse. Les 10 commandements furent la manière institutionnalisée de
dire ‘non à l’esclavage’ d’Égypte et de dire ‘oui’ à une nouvelle forme
d’organisation égalitaire au nom de Dieu: ‘Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’ai
fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude’ (Exode 20,1). Dans ce
‘Décalogue’, 3 commandements se réfèrent à Dieu et 7 à la Communauté (voir dans
la 3º partie: l’organisation politique).
1. « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi ». L’intuition religieuse d’Abraham et Sara était
celle d’un Dieu unique. La conséquence est que nous sommes tous égaux.
2. « Tu ne feras pas de statue… et tu ne te
prosterneras pas devant elles ». Le Dieu d’Abraham et Sara n’est pas représentable.
Les statues étaient des représentations humaines des divinités qui justifiaient
l’esclavage, l’oppression, l’injustice.
3. « Tu ne feras pas un mauvais usage du nom de
Yahvé ton Dieu ». On pourrait
dire « Tu n’utiliseras pas à contresens le nom de Dieu ». Le Pharaon
utilisait la religion pour justifier l’esclavage. Le Dieu d’Abraham et Sara est
l’ami des pauvres, leur défenseur, leur libérateur avec eux. Dieu ne peut
justifier l’injustice.
4. « Souviens-toi du jour du sabbat et
sanctifie-le… Que personne ne travaille ». En Egypte le travail des esclaves hébreux n’avait pas
de limite : de jour, de nuit, sans repos. Pour les Hébreux, ne pas
travailler un jour par semaine, c’était reconnaître qu’ils n’étaient plus des
esclaves… « grâce à Dieu ».
5. « Entoure d’égards ton père et ta mère ». Les parents sont les auteurs de la vie, le plus
beau cadeau humain. En y joignant les « pères et mères » du peuples,
ils sont les garants de la forme d’organisation. Renier ses parents, c’était
renier le projet de Moïse.
6. « Tu ne tueras pas ». En Egypte, la vie n’avait aucune valeur. Pour les
Hébreux toute vie avait une origine divine, à respecter dans toutes ses
dimensions : humaine, animale, végétale et cosmique. Il s’agit de dire non
au crime, à la guerre, à la faim, à l’accumulation, à l’analphabétisme, aux
maladies, aux conditions de vie inhumaines, au manque d’amour…
7. « Tu ne commettras pas d’adultère ». Accepter l’adultère c’était réduire la femme à un
objet de plaisir. Les Hébreux reconnaissaient l’égale dignité de l’homme et de
la femme, les 2 sujets des mêmes droits.
8. « Tu ne voleras pas ». Voler c’est non seulement détruire la vie des
personnes, en leur quittant par exemple ce qui leur permet de travailler, mais
aussi détruire la Communauté et les bonnes relations.
9. « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre
ton prochain ». En Egypte, les
« grands » avaient tous les droits : voler, mentir, corrompre,
tuer, tromper, humilier… Les Hébreux voulaient des relations transparentes,
pures, vraies dans la famille, entre voisins, dans les décisions, la justice…
10. « Tu ne resteras pas à désirer la maison de
ton prochain… ni rien de ce qui lui appartient ». La propriété de la terre et l’accumulation
illimitée des biens étaient les bases du pouvoir et de la domination du Pharaon
et de sa cour. Au contraire, les Hébreux cherchaient l’équité, le partage, la
solidarité…
On le voit, les
10 commandements de Moïse et les 7 critères des Juges ont une dimension
sociale, matérielle, économique, communautaire évidente. Ils ne sont ni
exclusivement individuels ni spirituels. Ce sont les exigences d’une nouvelle
manière de vivre personnellement et collectivement, en société et dans
l’Eglise. Il s’agit de la construction d’une utopie qui nous guide vers le but
qui est le nôtre.
C. L’ORGANISATION TRIBALE DE
L’ÉPOQUE DES JUGES
Quelques 7
principes ou critères naissent peu à peu de la pratique du Peuple de Moïse en
fonction de son souvenir de l’époque de ses ancêtres. Ils s’opposent à l’esclavage
vécu en Égypte et profitent des expériences libératrices de Peuples rencontrés
lors de la traversée du désert.
- Contre la hiérarchie des dieux égyptiens
qui justifiait la domination des uns sur les autres, les Hébreux confirment
la foi en un seul Dieu qui fonde l’égalité
entre tous et toutes.
- En Égypte, les terres étaient aux mains de
quelques-uns, qui contrôlaient tout. Pour les Hébreux, la terre appartient à Dieu qui l’a
donnée à chaque famille pour vivre et cohabiter. Celle-ci ne se marchande
pas et si une famille avait été contrainte de s’en dessaisir, tous les 50
ans elle lui revenait comme propriétaire inaliénable: ceci empêchait
l’accumulation de terre et de richesses (Lévitique 25).
- Le Pharaon détenait seul tout les pouvoirs
sur tout et sur tous. Les Hébreux s’organisèrent en clans (plusieurs familles) et tribus (plusieurs clans), avec leurs représentants respectifs.
Un ‘juge’, doté de pouvoir moral, était élu lors d’Assemblées générales de tout le peuple (Josué 24). Ceci empêchait la possibilité de dictateurs.
- En Égypte, les lois changeaient avec
chaque Pharaon selon ses intérêts du moment. Moïse donna à son Peuple 10 lois permanentes qui étaient la
défense institutionnalisée de sa liberté, de sa foi et son organisation
égalitaire.
- En Égypte, l’éducation n’était
accessible qu’à la famille et aux proches du Pharaon. Chez les Hébreux,
pour que chaque famille puisse accéder à l’éducation (les femmes restèrent
marginalisées), on créa un nouvel
abécédaire qui permit une conscience commune, une identité propre et
une cohésion de tout le Peuple.
- L’armée égyptienne était permanente, mercenaire et salariée,
c’est-à-dire, ouverte à tous, égyptiens et étrangers, et rémunérée. Au
contraire, les Hébreux s’organisaient, quand c’était nécessaire, en autodéfense volontaire par clans,
tribu et entre tribus. Tous défendaient ce qui était à tous et il n’y
avait pas de possibilité d’une guerre d’agression.
- En Égypte, les prêtres faisaient partie
de la cour du Pharaon ; c’étaient de grands propriétaires terriens et
ils célébraient un culte basé sur les sacrifices, humains inclus. Chez les
Hébreux, les prêtres, issus de la tribu de Levi, n’avaient pas de propriétés, mais, en revanche, ils étaient
soutenus par les dîmes et les prémices. Leur culte consistait
principalement à faire mémoire
des actes fondateurs du Peuple et célébrer la présence libératrice de Dieu
en eux.
Cette
présentation sociale et religieuse du temps de Moïse et des Juges est
idéalisée ; cela va de soi. Mais cela ne signifie pas que ses intuitions
et ses réalisations n’étaient pas ni ne sont plus valables… Bien au contraire.
On voit comment le peuple de la Bible sut imaginer et construire en même temps
une autre organisation sociale animée par une autre religion.
D. LES PROPHETES DÉFENDENT CE PROJET DE MOÏSE CONTRE
LES ROIS
Le temps des
Rois a marqué une rupture dans la réalisation, même imparfaite, du projet de
Dieu mis en marche par Moïse et poursuivi par les Juges. Les Prophètes vont
être les gardiens de la fidélité et la mémoire ce projet. Les prophètes sont
les sentinelles du projet de Dieu, les sentinelles du Royaume.
- Isaïe est le prophète du Messie: un “nouveau Moïse”
viendra réaliser le projet de Dieu.
- Ezéchiel est le prophète de l’espérance pour les
exilés à Babylone.
- Jérémie est le prophète de la vérité: il dénonce les
fausses assurances comme le temple et les rites vides.
- Osée est le prophète de la tendresse de
Dieu : celui-ci est toujours fidèle à son peuple malgré ses
infidélités.
- Amos est le prophète de la justice sociale: on ne
peut aimer Dieu si on ne pratique pas la justice entre compatriotes.
- Déborah est la grande femme prophétesse: elle sait
réveiller et entraîner son peuple dans les moments de désespoir.
- Daniel est le prophète du Royaume de Dieu: ce
Royaume naît du peuple des pauvres.
- Habacuc est le prophète des opprimés « ¿Pourquoi
me fais-tu voir l’iniquité? » (1,1-3).
- Sophonie est le prophète de l’espérance: l’Église des
Pauvres est l’héritière et la détentrice du projet de Dieu (3,12).
E. LES LIVRES SAPIENTIAUX SONT UNE RÉSISTANCE
IDÉOLOGIQUE
Durant les 5
derniers siècles avant Jésus, les invasions et dominations étrangères vont se
succéder de la part de l’Egypte, la
Perse, l’Assyrie, Damas, la Grèce, Rome… Par contre le Peuple hébreu a toujours
su conserver des espaces de fraternité interne, de foi vive et de solidarité
ouverte. A une époque où nous-mêmes sommes envahis par les images culturelles
des empires modernes, en particulier l’américain, la méditation des livres
sapientiaux peut nous apporter de nombreux éléments de conscience critique, de
résistance, d’alternatives et d’espérance. Ceci nous aidera peut-être à
apprécier les proverbes d’aujourd’hui pour ne pas nous laisser tromper. Les
expressions de notre identité nous donnent des éléments pour résister et
construire un autre avenir.
Les livres
sapientiaux sont d’une grande richesse.
- Daniel: le Peuples des Pauvres est capable de
renverser tous les empires (2).
- Sirach: La gloire de Dieu se manifeste dans la nature
et dans l’histoire du Peuple de Dieu.
- Sagesse: C’est un traité destiné aux Juifs exilés en
Egypte pour les aider à résister aux persécutions et à conserver la foi
des ancêtres.
- Les contes
populaires furent l’expression de la
vie et de la résistance du Peuple de Dieu.
-
Rôle protagoniste
de la femme: Ruth, Judith, Esther, les femmes
paysannes (Néhémie 5,1-5), la Sulamite du Cantique des Cantiques, Suzanne
(Daniel 13).
-
La Communauté
comme lieu de renouvellement. La famille, la
maison et la Communauté sont les lieux à partir desquels se renforce le projet
original de Dieu.
- Les
Psaumes nous offrent des prières en abondance. Longues ou courtes, ces prières personnelles et
collectives expriment la foi en la présence immédiate de Dieu parce qu’il
‘écoute la clameur des affligés’ dans le temple et n’importe où.
II .
LE ROYAUME DE DIEU DANS
LE NOUVEAU TESTAMENT.
A. L’ORGANISATION POLITIQUE DU PAYS DE JÉSUS
Á l’époque de
Jésus, l’empire romain avait envahi la Palestine.
- Les Romains occupaient le pays de Jésus, percevant de
lourds impôts et contrôlant toutes les décisions. L’empereur, à Rome, « le
César », était considéré comme dieu. Son représentant en Palestine
était Ponce Pilate.
- Les Autorités juives devaient toujours en référer au gouverneur
romain avant de prendre une décision.
-
Le roi Hérode
était chargé par les Romains de la province du nord appelée Galilée.
-
Les grands
propriétaires formaient le Conseil des Anciens qui était
consulté en certaines occasions.
-
Les prêtres
élisaient, avec le consentement de Rome, le Grand Prêtre qui était la plus
haute autorité, soutenu par une police et un tribunal appelé Sanhédrin.
-
Tout tournait
autour du temple de Jérusalem: religion, lois, finances, justice. Les
Romains permettaient une certaine indépendance religieuse.
- Le message et la pratique de
Jésus. Dans son premier discours à
Nazareth Jésus reprit l’alliance du Sinaï et le projet de Moïse (Luc
4,16-21) ; il l’appelle le Royaume de Dieu.
- Avec Jean Baptiste et les
Apôtres
a) Jean Baptiste préparait l’accueil de Jésus: il prêchait la
conversion, la justice, le partage (Luc 3,11) afin d’éviter le châtiment divin.
b) Jésus va plus loin
et est plus concret:
-
Le salut vient
des pauvres et de ceux qui se font
pauvres avec eux, seuls capables de construire le Royaume de Dieu.
-
Il forme, avec
un groupe de disciples, une Communauté stable qui vit ce qu’il prêche.
-
Il insiste
beaucoup sur l’usage de l’argent. Son
groupe faisait bourse commune (Jean 12,6). A plusieurs reprises, il multiplia
les pains (Matthieu 14,13 et 15,32), pour bien montrer que toute personne a le
droit de manger et de manger selon ses besoins (Matthieu 6,11). Pour Jésus,
l’argent est quelque chose de ‘maudit’ (Luc 6,24-25) qu’il faut utiliser pour
se faire des amis (Luc 16,9). Le salaire doit couvrir les besoins familiaux
(Matthieu 20,1-16).
c). Les apôtres et les premiers chrétiens mirent leurs
biens en commun et se les répartissaient selon leurs besoins (Actes
2,42 y 4,32). Saint Paul insista sur la solidarité et le partage entre
communautés et Églises (2° Corinthiens 8 y 9), et invita à éliminer l’esclavage
dans la lettre à son ami Philémon.
- Jésus eut à affronter de
nombreux conflits à cause
de sa prédication et de la réalisation du Royaume.
-
En plus de sa famille
et de ses apôtres, Jésus entra en conflit avec ces différents pouvoirs:
le pouvoir militaire avec les
envahisseurs romains et le pouvoir religieux
avec les autorités juives, parce qu’ils n’étaient pas au service du Peuple,
mais qu’au contraire ils le dominaient, l’exploitaient et le trompaient.
-
Jésus annonçait
un Dieu
qui aime tout le monde, mais qui défend prioritairement les pauvres, les
femmes, les maltraités car ils sont victimes de l’injustice: c’est le
protecteur et le libérateur des pauvres, des orphelins, des veuves...
-
Son Royaume
appartient aux pauvres (Luc 6,20) et
à ceux qui choisissent d’avoir l’esprit des pauvres et de faire leur leurs
causes (Matthieu 5,3).
- Marie a confirmé cette vision du plan de Dieu dans son chant
du Magnificat (Luc 1,51-54).
B. LE ROYAUME QU’A VOULU JÉSUS
- Les
conceptions du Royaume selon les différents groupes religieux
contemporains de Jésus
-
Pour les
Prêtres, les Pharisiens, les Docteurs de la Loi, le Royaume consistait dans la
stricte application de la Loi.
-
Pour les
Esséniens, le Royaume était purement spirituel et allait arriver d’un
moment à l’autre.
-
Pour les
Zélotes, le Royaume appartenait exclusivement aux juifs et il fallait
expulser les Romains qui salissaient ce projet divin: Simon le Zélote et Simon
Pierre avaient des contacts avec ces groupes.
-
Pour Jean
Baptiste, le Royaume supposait la conversion personnelle et la
pratique de la justice.
- La
conception originale de Jésus par rapport au Royaume
a) Jésus est le Prophète du Royaume: c’est le mot que les évangélistes mettent le plus
dans la bouche de Jésus (quelque 100 fois).
-
La plupart de
ses paraboles concernent le Royaume.
-
Pour Jésus il
était évident que le Royaume appartenait aux
pauvres.
-
La loi du
Royaume est l’amour personnel, collectif
et social (Jean 13,34 y 15,17), à partir de la compassion.
-
Le Royaume a
une triple dimension: il est en nous,
entre nous et doit se manifester dans sa plénitude. C’est une façon de
vivre: en nous valorisant personnellement et collectivement -le Royaume est dignité-, en partageant
équitablement les biens de la création -il
est justice-, en vivant ensemble comme frères et sœurs -il est fraternité-, et en célébrant sa
présence au milieu de nous -il est
beauté.
b) Le Royaume est décrit dans l’Apocalypse comme le triomphe d’une femme sur le mal (12,1-10)
-dont le fruit est l’Église des Pauvres-
et comme une cité de fraternité et d’allégresse (21,1-8) -la nouvelle société dont nous sommes le fruit -; le centre de tout
est Dieu. Les pouvoirs du mal ne parviendront pas à détruire ce Royaume de
Dieu, lequel triomphera définitivement de tous. L’Arbre de la Vie, central dans
la Genèse et signe de destruction du mal sur la croix de Jésus, est évoqué à la
fin de l’Apocalypse comme récompense de ceux qui auront été fidèles à Dieu, à
son projet, à son Royaume (22,14).
Le Royaume
c’est nous lorsque nous vivons ce qu’a inauguré Jésus, personnellement,
collectivement et socialement: ‘en anticipant déjà l’avenir la fête que vient’,
comme Moïse l’a imaginé, comme Jésus l’a réalisé et comme l’Apocalypse le
prophétise.
C. LA PRATIQUE DE JÉSUS A REPRIS LE PROJET DE MOÏSE
Jésus a résume
à 2 les 10 commandements de l’Ancien Testament: « Tu aimeras le Seigneur,
ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. - Tu
aimeras ton prochain comme toi-même’ » (Matthieu 22,37 y 39). Par
ailleurs, Jésus nous a donné son propre commandement: ‘Je vous donne un
commandement nouveau: aimez-vous les uns les autres: vous devez vous aimer
comme moi je vous ai aimé. C’est à cela que l’on reconnaîtra que vous êtes mes
disciples: au fait que vous vous aimez
les uns les autres’ (répété 3 fois chez Jean 13,34-35, et 15,12 et 17).
Notons que tous les commandements se réduisent ou s’ouvrent sur un seul:
celui d’un amour collectif entre les humains et dont le modèle est l’amour que
Jésus a montré envers nous.
- La
pratique libératrice de Jésus
Jésus a grandi et a vécu dans une réalité très
conflictuelle. Il a décidé d’aider tout le monde à se libérer de toutes les
formes d’oppression et de destruction: spirituelle, individuelle, collective,
sociale.
- Jésus
s’est présenté comme le ‘Prophète du Royaume’
Toute sa
prédication, tous ses miracles, sa vie et sa mort ont eu comme axe principal
l’inauguration du Royaume de Dieu.
- Pour
construire le Royaume, Jésus s’est mis du côté des exclus.
C’est parmi eux
qu’il a choisi ses apôtres et ses disciples.
- Jésus a
refusé et combattu toutes les divisions créées par les hommes
Divisions entre
pauvres et exploiteurs, entre juifs et païens, entre profane et sacré, entre
pur et impur; il a proclamé que les lois étaient au service de l’être humain et
non le contraire…
- Jésus a
combattu les maux qui affectent la vie humaine
C’est tout le
sens de sa vie : détruire ce qui détruit les personnes : la faim, les
maladies, la peur, les mauvais esprits, la mort…Il a affronté les difficultés
de la nature, comme la tempête… Il a lutté contre l’ignorance, le mensonge,
l’hypocrisie, la prépotence, la mauvaise interprétation de Dieu…
- Jésus a
ouvert le chemin d’un nouvel ordre social
̵
Si Dieu est
notre Père, nous devons tous vivre en égaux,
̵
Le pouvoir
est service du bien commun, et favorise prioritairement les plus nécessiteux,
̵
Les lois
sont au service du bien-être de tous les êtres humains,
̵
L’amour de Dieu
et du prochain sont comme les 2 faces d’une même monnaie,
̵
El Royaume,
c’est-à-dire le salut, appartient aux pauvres conscients, unis et
organisés, et à ceux qui ont l’esprit des pauvres,
̵
Pour Jésus, les
derniers
sont les premiers, et les premiers les derniers…
- Avec
Jésus, tout a été rénové pour notre bonheur:
Jésus donne un
nouveau sens à la manière de croire en Dieu -‘Père de tous’-, aux relations humaines -nous sommes tous égaux- et à la société -dont les pauvres organisés sont les bases et son avenir…
D. LES PREMIERS CHRÉTIENS ONT POURSUIVI LE PROJET DU
ROYAUME
- Les
Premières Communautés ont une
organisation propre conforme au projet de Jésus.
-
Actes 2,42 y
4,32: La Première Communauté a repris le projet de Moïse, confirmé par Jésus,
en particulier le partage des biens.
-
Actes 6.5-6:
Les diacres sont nommés par la Communauté et présentés aux apôtres.
- Les
Apôtres sont les animateurs du Royaume
-
Corinthiens
1,27-29: Dieu a choisi les pauvres pour son projet.
-
Ephésiens
6,10-17: Notre combat est contre les forces surnaturelles du mal qui
s’incarnent dans les autorités du monde.
-
2 Corinthiens
8,7: La collecte pour les chrétiens de Jérusalem se fait en référence à la
manne.
-
Jacques 5,1-6:
¡Malheur à vous les riches!
- Les
Communautés Chrétiennes à la fin du premier siècle: l’Apocalypse chante la force victorieuse des pauvres
sur l’empire romain, capables de construire un monde selon Dieu.
IIIª partie :
AUJOURD’HUI NOUS, PERSONNELLEMENT ET
COMME ÉGLISE
A. NOUS SOMMES TÉMOINS DU ROYAUME DE DIEU
Notre mission,
comme chrétiens, disciple de Jésus, est triple:
-
D’abord reconnaître Jésus et son Royaume
présents parmi nous, comme l’ont reconnu les disciples d’Emmaüs et Paul
lui-même sur le chemin de Damas.
-
Ensuite, communiquer cette reconnaissance du
ressuscité et cette force du Royaume aujourd’hui.
-
Enfin, le célébrer humainement et chrétiennement.
B. ÊTRE ARTISANS DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
- La vieille
évangélisation a trépassé (Document
de Saint Domingue 24): Quel est le modèle d’évangélisation qui est devenu
vieux et inutile? En voici quelques caractéristiques:
-
Penser que nous
apportons aux autres au Dieu et son Royaume : il est avec eux bien avant nous.
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Aller rechercher
la conversion des ‘païens’.
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Vouloir à tout
prix implanter des églises et des institutions catholiques.
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Etre arrogants
en pensant que nous sommes les meilleurs ou les seuls élus.
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Condamner ce
que nous ne comprenons pas encore.
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Vivre dans le
luxe ou dans des postes de pouvoir ou de service dominateurs…
- Brève
histoire de la Nouvelle Évangélisation (N.E.)
a) La N.E. est née au concile Vatican II (1962 à 1965). Il nous a été demandé d’être
ouverts à toutes les valeurs humaines; on a parlé de la valeur qu’avait toute
religion -les ‘Semences du Verbe’-,
comme rencontre de Dieu et chemin de salut.
b) A Medellín (1968), pour appliquer le Concile dans la situation de
l’Amérique Latine, les évêques invitaient les catholiques d’Amérique Latine à
‘mettre en marche une nouvelle manière d’annoncer l’Évangile, que parte de la
réalité, spécialement des secteurs pauvres’ (Catéchèse).
c) A Puebla (1979) les évêques réitèrent la dénonciation de la pauvreté
faite à Medellín, et expliquent que cet appauvrissement a des causes
personnelles et structurelles, et que tant la misère que les mécanismes qui la
produisent sont des péchés: c’est le péché social. L’option pour les pauvres est
l’objectif de la pratique de toute l’Église (1134).
d) En 1984, le Pape Jean-Paul II, lors de son voyage à Saint Domingue (République
Dominicaine), a invité officiellement à ‘une Nouvelle Évangélisation’ en
Amérique Latine, et a expliqué en quoi elle doit être nouvelle “dans son
ardeur, dans sa méthode et dans son expression”.
- Les trois
orientations papales pour réussir la Nouvelle Évangélisation
a) Elle doit être ‘nouvelle dans son ardeur’
-
En
approfondissant la pratique de Jésus et des Apôtres, en particulier vis-à-vis
des Romains, des Samaritains et des étrangers.
-
En redécouvrant
la pratique exemplaire de tel ou tel des premiers évangélisateurs du continent
(Bartolomé de las Casas).
b) Elle doit être ‘nouvelle dans sa méthode’ avec ses 4 temps: ‘Voir, Juger, Agir et Célébrer
(Luc 24,13-35).
c) Elle doit être ‘nouvelle dans son expression’. Pour évangéliser d’une manière nouvelle, il faut
tout ré-exprimer à partir de l’histoire, les cultures et la réalité
latino-américaine. Il faut inculturer la liturgie, l’Église, l’Évangile et la
foi (Document de Saint Domingue), processus déjà en marche parmi nous.
C. LA NOUVELLE EVANGELISATION EXIGE QUE NOUS SOYONS
L’ÉGLISE DES PAUVRES
- Origine
récente de l’expression ‘Église des pauvres’
-
Le pape
Jean XXIII fut le premier à reprendre cette expression à la veille du
Concile (1961): ‘Face aux pays sous-développés, l’Église se présente telle
quelle est et veut être: l’Église de tous et plus particulièrement l’Église des Pauvres’.
-
Pendant le
Concile Vatican II (1962-65), quelques 40 évêques latino-américains plus
engagés se sont autoproclamés ‘Église des Pauvres’ et ont signé le “Pacte des
Catacombes” pour vivre pauvres et au service des pauvres.
-
Le pape Jean-Paul
II a confirmé l’expression dans sa Lettre Encyclique sur “Le travail
humain’ (1981): ‘L’Église est vivement engagée dans cette cause (de la
solidarité), parce qu’elle la considère comme sa mission, son service, comme
l’illustration de sa fidélité au Christ, pour pouvoir être vraiment ´Église des
pauvres´” (8).
-
Nous ne pouvons
oublier tous nos héros et martyrs latino-américains: le plus connu est Monseigneur
Oscar Romero du Salvador, le défenseur des opprimés. Souvenons-nous aussi de
Monseigneur Leonidas Proaño, d’Equateur, le prophète de l’Église des Pauvres,
et de combien d’autres chrétiens et chrétiennes, martyrs inconnus dont nous
garder vivant le souvenir.
- La
spiritualité de l’Église des Pauvres, dans les documents de l’Église latino-américaine.
Les évêques latino-américains les plus lucides ont su
exprimer la foi et la spiritualité à partir de la réalité de leur continent.
a) A Medellín (Colombie, 1968), les évêques définissent les pauvres
comme les appauvris par le système
capitaliste, et avec lesquels ils nous invitent à nous solidariser pour
combattre la misère définie comme « péché social ».
b) A Puebla (Mexique, 1979), ils nous invitent à “faire nôtre la cause des pauvres parce
que c’est la cause de Jésus-Christ” et à faire le choix des Communautés
Ecclésiales de Base (Message 8 et nº 1134).
c) A Saint Domingue (République Dominicaine, 1992), les 3 thèmes de leur
réunion sont ‘la Nouvelle Évangélisation, la Promotion de l’Homme et
l’Inculturation’.
d) A Aparecida (Brésil, 2007), ils confirment la validité des CEBs
(178) et de l’option pour les pauvres pour entreprendre une grande mission de
renouvellement de toute l’Église.
Gustavo
Gutierrez a résumé cette spiritualité dans son célèbre livre:
‘Boire à son propre puits’ (Lima 1983).
- Les
paroles du prophète Sophonie sont très éclairantes (3,11-17).
‘Je ne laisserai subsister en ton sein qu’un peuple
humble et modeste’ (3,12). L’Église des
pauvres est ce Peuple humble et modeste qui reste fidèle à Dieu et manifeste su
présence libératrice, tout comme hier et avant-hier. Nous pouvons dire que, en
Amérique Latine, ceux qui constituent cette Église des Pauvres, ce sont
principalement le Peuple des chrétiens pauvres qui s’organise en Communautés
Ecclésiales de Base et en Groupes Chrétiens qui font le choix de la pauvreté et
qui s’identifient avec les causes des pauvres.
D. NOUS, LES CEBs, SOMMES FERMENT D’UN MONDE NOUVEAU
- Nous
sommes la classe populaire, la classe opprimée, capable de renouveler l’Église et la société.
- Nos
évêques appellent à un changement personnel, religieux et social.
- Nous
vivons déjà quelque chose de différent comme Église et comme société: nous sommes l’Église des Pauvres qu’a voulu
Jésus et la semence du monde nouveau plus conforme au Royaume.
- Nous
sommes un Royaume de fraternité et de liberté, par notre propre baptême qui nous fait
prophètes, prêtres et rois-pasteurs.
CONCLUSION : SUIVRE JÉSUS PERSONNELLEMENT ET COLLECTIVEMENT
A. SUIVRE PERSONNELLEMENT LE CHRIST COMME BAPTISÉ ET
BAPTISÉE
Notre
baptême est la source de notre mission dans l’Eglise et dans le monde :
être individuellement et collectivement prophète et prophétie, prêtre et
sacerdoce, roi et pasteur du Royaume.
-
D’abord, nous sommes individuellement prophètes. Le prophète est celui qui parle au nom de Dieu, que
ce soit pour annoncer et être bonne nouvelle ou pour dénoncer la méchanceté,
sans crainte, parce qu’il sent que c’est son devoir (Jérémie 1,7-19).
-
Ensuite, nous sommes individuellement prêtres. Le prêtre est celui qui offre, bénit, consacre.
C’est aussi notre tâche, à chacune et chacun d’entre nous (Exode 19,6).
-
Enfin, nous somme individuellement roi-pasteur au
service du Royaume de Dieu. Au titre de
« roi », Jésus préférait celui de ‘Pasteur’, moins ambigu. Le Pasteur
est celui que rassemble son troupeau et veille sur lui, en le défendant au prix
de sa propre vie (Jean 10,11).
B. SUIVRE JÉSUS COLLECTIVEMENT, EN ÉGLISE
Notre
mission de baptisés ne se limite pas au niveau individuel ; elle devient
un témoignage collectif grâce à notre participation dans une Communauté
chrétienne active et solidaire. La Parole de Dieu nous confirme dans cette
dimension communautaire.
-
Isaïe 52,13-53,12: Le « Serviteur souffrant » ne représente
pas seulement Jésus, mais tout le Peuple de Jésus, et aujourd’hui les femmes et
les hommes de notre temps: c’est le Peuple des Pauvres qui, d’une part, à
travers nos souffrances, annonçons un salut et, par ailleurs, dénonçons le
mystère du mal présent dans notre monde. Dans nos Communautés, nous sommes
collectivement une prophétie vivante.
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Romains 12,1: ‘Offrez vos personnes en hostie vivante, sainte,
agréable à Dieu: c’est là le culte spirituel que nous avons à rendre’. Tous
ensemble nous nous offrons au Seigneur avec toute notre vie et notre activité
communautaire; nous offrons toutes les personnes avec qui nous travaillons.
Dans les Communautés, ensemble nous actualisons le sacerdoce du Christ.
-
Apocalypse 1,6 et 1 Pierre 2,9-10: ‘Il nous a purifiés faisant de nous un royaume…
Avant vous n’étiez pas son Peuple, mais maintenant vous êtes le Peuple de
Dieu…’. Comme chrétiens, notre caractéristique est d’être un Peuple,
c’est-à-dire une fraternité, une seule famille qui montre que Dieu est Père à
travers notre fraternité. Dans nos communautés, collectivement nous rendons
présent le Royaume de Dieu.
A N N E X E
“ LE ROYAUME EST L’UNIQUE ABSOLU”, pape Paul VI, 1975.
“Christ,
en tant qu’évangélisateur, annonce avant tout un Royaume, le Royaume de Dieu;
si important que, par rapport à lui, tout devient ‘le reste’ qui est donné par
surcroît (Matthieu 6,33). Seul le Royaume est donc absolu et tout le reste est
relatif. Le Seigneur se complaira à décrire de bien des manières le bonheur
d’appartenir à ce Royaume, un bonheur paradoxal fait de choses que le monde
rejette (Matthieu 5,3-12); les exigences du Royaume et ses préceptes (Matthieu
5-7), les porte-parole du Royaume (Matthieu 10), les mystères de ce dernier
(Matthieu 13), ses enfants (Matthieu 18), la vigilance et la fidélité requise
de qui attend son retour définitif (Matthieu 24-25)”.
Lettre
encyclique “L’Évangélisation des Peuples”, 8.
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