sábado, 21 de diciembre de 2024

Témoignaage sur mon travail pastoral en Amérique Latine - 1e partie

 1e partie : MA PARTICIPATION A UNE RENCONTRE INTERNATIONALE

DES ORGANISATIONS POPULAIRES

Guayaquil, Pedro Pierre, novembre 2024.

Une Rencontre Internationale des Mouvements populaires contre le fascisme à Caracas au Vénézuéla, au mois de novembre, me donne l’occasion d’y expliquer ma présence, vu mon travail avec les Communautés Ecclésiales de bases (CEBs) en lien avec les Organisations Populaires. Ceci me permet de faire un bilan de mes engagements sociaux en Equateur.

2006 : UNE ANNEE D’INFLEXION EN HAUTE LOIRE

Je pense que l’année 2006, où nous avons célébré très bien mes 40 ans en Haute Loire, a été un sommet, ainsi que, d’une certaine manière pour moi, « le chant du cygne » … puisqu’il n’y a pas eu de continuité dans les relations en Haute Loire. J’ai cherché des traducteurs (en fait il s’agissait plus que de simples traductions) à mes écrits. Cela n’a pas connu un grand succès, sans doute parce ces documents étaient ‘trop radicaux et inadaptés à la situation française’. Je le reconnais : je suis devenu en France ‘étrange et étranger’…

Pour les mêmes raisons, mes circulaires, avec le passage des années, se sont faites de moins en moins nombreuses jusqu’à disparaitre, même si, récemment, j’essaye d’envoyer quelques documents en français. J’envoie plus régulièrement en France des documents en espagnol pour ceux qui comprennent cette langue.

Dans ma lettre circulaire en français pour mes 80 ans (en 2022), je regrette le peu de partage qu’il y a eu entre mon expérience en Amérique latine et l’Eglise de Haute Loire… alors que la raison principale de mon départ était justement cela : un partage entre Eglises, pour un enrichissement mutuel. Certainement des choses ont passé… mais ni moi ni la ‘Coopération missionnaire’ du diocèse n’avons su trouver les formes d’un enrichissement réciproque entre ‘missionnaires’ et ‘diocèse’… Je répéterai les mêmes raisons que plus haut : ‘Les prêtres français en Amérique Latina, nous sommes étranges et étrangers en France’. Il est vrai qu’en général les étrangers n’y ont pas grande côte… alors que le pape Francisco ne cesse d’inviter les chrétiens et les européens à accueillir les immigrants… pour payer la dette d’une colonisation destructrice des pays et bénéficiaire des richesses, qui continue encore aujourd’hui. Je vois que le pape préfère aller en Corse à une réunion sur les immigrants et non pas à l’inauguration de la cathédrale Notre Dame de Paris.

Equateur :  LE TRAVAIL SOCIAL DES COMMUNAUTES ECCLESIALES DE BASE (CEBs)

Mes premières années en Equateur (1976-1987) m’ont fait découvrir, grâce à monseigneur Léonidas Proaño, grand évêque équatorien, et aux Communautés Ecclésiales de Base (CEBs) qu’il promouvait, que le travail pastoral d’un prêtre est à la fois religieux et social : « Les CEBs avancent de leurs 2 pieds : le pied de la Communauté chrétienne et le pied des Organisations populaires ». Un évêque d’Argentine, assassiné, monseigneur Angelelli, disait de même : « Las CEBs ont un œil sur l’Évangile et un autre sur la réalité ». Monseigneur López, avec j’ai été un peu plus de 2 ans (2008-2011) dans l’Amazonie équatorienne, disait également : « Les CEBs sont l’Eglise dans le quartier et le quartier dans l’Eglise ». J’ai donc travaillé dans cette double ligne dans toutes les paroisses où je suis passé, plus particulièrement au Nicaragua, car il s’agissait d’une paroisse rurale, à la fin d’un conflit armé.

Durant mon passage à Rome j’ai approfondi le thème de « l’option prioritaire pour les pauvres » dans ma ‘thèse’ (ou ‘thésine’, d’une centaine de pages) pour obtenir la licence en théologie. ‘L’option prioritaire pour les pauvres’ à cette double priorité : l’aspect ecclésial et l’aspect social.

En revenant en Equateur en 1997, j’ai continué sur le chemin des CEBs avec ce double engagement : l’ecclésial et le social, tantôt à Quito comme en Amazonie, puis à Guayaquil à partir de 2011. Les CEBs d’Equateur m’avaient demandé, comme assesseur national, de les aider pour la formation des accompagnateurs (prêtres et religieuses) et des animateurs des CEBs. J’ai donc parcouru la moitié du pays puisqu’il y a des CEBs dans une douzaine de départements sur 25.

Au même moment, je participais à des rencontres continentales des CEBs. Plus tard, les responsables de l’Articulation Continentale des CEBs (fondée en 1980) m’ont demandé de faire partie de cette Équipe. A cause de cela je suis allé à des réunions au Brésil, en Colombie et au Guatemala. Lorsque cette Articulation a organisé, en 2008, une Ecole virtuelle Latinoaméricaine de formation pour les accompagnateurs et animateurs de CEBs en lien avec l’Université de Puebla au Mexique, elle m’a demandé d’en être un des professeurs. J’ai fait cela durant 10 ans. Chaque étape durait environ 2 ans et demi et donnait droit à un diplôme universitaire. La ligne de formation était toujours ecclésiale et sociale.

En revenant à Guayaquil en 2012, j’avais donc 70 ans. J’ai alors demandé à l’évêque de ne pas avoir la charge d’une paroisse afin de pouvoir continuer d’accompagner les CEBs, en particulier pour la formation. A ce moment-là, depuis 2008, j’écrivais un article hebdomadaire -de contenu religieux et social- dans un journal national ‘El Telégrafo’, ce qui m’a valu de nouveaux contacts au niveau national et international. Sur Guayaquil, les CEBs travaillaient en lien avec des Organisations de quartier, des Associations locales, des Mouvements populaires et politiques départementaux et nationaux.

D’autre part, après mon retour en Equateur depuis 1997, je participais à des rencontres avec une Associations de Théologiens de la Libération dont le siège est en Uruguay : Ils appréciaient les documents que j’écrivais après mes rencontres de formation avec les CEBs d’Equateur et les publiaient dans leur ‘Revue digitale Amérindia’.

C’était l’époque du gouvernement de Rafael Corréa (2007-2017) qui a fait beaucoup pour les gens pauvres : 20% sont sortis de la pauvreté ! Pour écrire dans un journal de l’Etat, j’ai eu la chance de partager (à sa gauche !) un repas avec le président Corréa… qui me connaissait, car, m’a-t-il dit, il lisait régulièrement mes articles hebdomadaires…

2018 : AVEC L’EQUIPE DE COORDINATION DES MOUVEMENTS SOCIAUX DE GUAYAQUIL

Il y a 5 ou 6 ans, l’Equipe de Coordination des Mouvements Sociaux de Guayaquil, -qui connaissaient mes articles-, avec lesquels les CEBs avaient des liens, m’a demandé de les accompagner dans leurs réunions mensuelles. J’ai accepté et, depuis cette époque-là, ces réunions se font dans ma maison avec une douzaine de personnes, dont certaines appartiennent à des CEBs.

Je ne m’éloigne pas du Vénézuéla… car il y a 3 ans, un lecteur de mes articles à Caracas, me demanda s’il pouvait les publier dans son ‘Agence d’Information Nationale’. Il me disait qu’il s’était formé dans la JOC avec un prêtre français (que je connaissais : Paul Riou, qui est décédé depuis). J’acceptais. Peu de temps après, il me réécrit pour me dire qu’il venait d’être nommé consul à… Guayaquil ! Dès notre première rencontre, nous avons sympathisé. Il m'a demandé de lui permettre de rentrer en contact avec les Organisations Sociales de Guayaquil pour les connaître et partager leurs expériences communes. Il participe de temps à autres à nos réunions mensuelles de l’Equipe de Coordination

Cela dure depuis 3 ans… lorsque je reçois une invitation du ministère des Relations Extérieures du Vénézuéla pour une Rencontre Internationale des Mouvements populaires contre le fascisme. Nous étions une quinzaine de personnes d’Equateur que je connaissais presque toutes. C’est comme cela que j’ai passé 3 jours à Caracas avec un groupe de 1.100 personnes d'organisations populaires de 73 pays différents ! J’ai trouvé le Vénézuéla en plein développement (9% annuel de croissance économique), sa capitale propre et tranquille, beaucoup d’organisations sociales, en particulier municipales, qui insiste en la production agricole (suffisante pour l’alimentation nationale, puisqu’ils exportent certains produits), appuyées par un gouvernement socialiste pas de tout dictatorial (évidemment pas du goût des dirigeants des Etats-Unis, de l’Europe et de leurs grands moyens de communication).

 

Voilà mon bonhomme de chemin avec ‘un pied dans les CEBs et l’autre dans les Mouvements populaires’ que le pape François a rencontré à 4 occasions au Vatican et en Bolivie. Alors, est-ce que je reste ‘étrange et étranger’ ? Peu de temps avant de décéder, monseigneur Henri Brincard, de ligne plutôt traditionaliste, me félicitait pour mon travail en Equateur. En effet la foi en Jésus-Christ n’implique-t-elle pas une conversion personnelle et une transformation sociale pour que grandisse le Royaume inauguré par le même Jésus-Christ ? Le pape François, venu du bout du monde qu’est l’Argentine, insiste beaucoup sur l’engagement social des chrétiens.

Bonne route à vous tous au milieu de bien des difficultés. Je suis heureux de vivre et de vous partager tout cela.

Annexe

Bref rapport de la « Rencontre Internationale Antifasciste pour un Monde Nouveau »

Caracas, Venezuela, 27-28 novembre 2024.

DONNÉES DE LA RENCONTRE

1.      Objectif : Renforcer les équipes nationales antifascistes, comme convenu lors de la réunion précédente, de septembre 2024.

2.      Participants : Equipes nationales et autres membres d'Organisations sociales. Quelques 1 100 participants venus de 76 pays d'Amérique Latine, d'Afrique, d'Asie et d'Europe.

3.      Environnement fraternel et ouvert qui permet un partage facile d'informations et d'expériences, ce qui fait beaucoup de bien.

4.      Thèmes :

-        Jour 27 : Présentations sur le fascisme : Histoire, actualité, conséquences, réponses.

Sept réunions de groupes sur les formes du fascisme et des propositions pour y faire face et le surmonter.

Groupes : Mouvements populaires, Femmes, Droits de l'Homme, Médias, Cadre juridique, Art et culture…

-        Jour 28 : Présentations sur les sujets les plus abordés dans les groupes.

Sept réunions de groupes sur les points à aborder pour une Déclaration finale avec engagements.

Rédaction de la Déclaration finale en 20 points.

Lecture de la Déclaration.

5.      Clôture : Intervention du ministre des Affaires Etrangères.

-        Renforcer et amplifier les Equipes nationales pour ne pas disparaitre.

-        Ce qui nous unit est plus important que nos différences.

-        Dans la lutte contre le fascisme il n'y a pas de place pour la tiédeur.

-        Nous allons mettre en route une Ecole mondiale contre le fascisme.

-        Dénoncer les gouvernements fascistes : Trump, Netanyahu, Zelenski, Milei, Meloni, Macron, Noboa, Boluarte...

-        Solidarité avec la Palestine, la Russie, Jorge Glas d’Equateur (prisonnier politique) ...

-        Nous allons rester en contact à travers un secrétariat à Caracas, autonome par rapport aux partis politiques.

-        Soyons une Ligue de fraternité mondiale contre le fascisme.

6.      Prochaine réunion à Caracas en janvier, pour l'investiture présidentielle de Nicolas Maduro.

 QUELQUES COMMENTAIRES

1.       Le Venezuela compte 916 400 km2 et 27 millions d'habitants. Il possède la plus grande réserve de pétrole au monde. Le pays est autosuffisant pour l’alimentation… dont il exporte les surplus.

2.       Sa croissance économique actuelle est de 9 % du PIB (Produit intérieur brut).

3.       L'une de ses priorités est le renforcement du pouvoir communal : le gouvernement soutient les efforts des Municipalités : de 48 000 communes organisées et articulées entre elles pour répondre à leurs besoins et à la production agricole.

4.       La nouveauté de la Rencontre est de réunir autant de représentants d'organisations sociales de 4 continents. Ce que les partis politiques parviennent difficilement à réaliser, c’est le gouvernement du Venezuela qui le réalise.

5.       Il a été décidé de créer un Secrétariat basé à Caracas... Les représentants des différents continents sont invités à participer virtuellement.

6.       La pétition en faveur de la liberté de Jorge Glas a été notoire.

7.       Par contre Haïti n'a pas été nommé en Assemblée générale.

8.       La Carte du monde du logo devrait s’inspirer de celle réalisée par l’allemand Peters, dans laquelle les surfaces sont égales dans tous les pays.

9.       Comment organiser, en Equateur, une représentation nationale plus ample des Organisations populaires ?... vu que le chemin est ouvert.

CONTRE LA FASCISME ET POUR UN MONDE NOUVEAU

CONSTRUISONS  L’HUMANISME !

PS. Mon blog peut vous aider à suivre mon travail ecclésial et social : http://padrepedropierre.blogspot.com

 

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