LA SPIRITUALITÉ DES BAPTISÉS
A partir
de l’expérience des CEBs d’Amérique Latine
« La spiritualité est comme un feu qui
nous soulève pour la libération »
INDICE
Introduction
1e partie : Le sacerdoce des baptisés doit se
substituer au sacerdoce ordonné (septembre de 2019).
2e partie : La triple mission de chaque baptisés et de
toute la Communauté chrétienne.
-
Comme personnes individuelles nous sommes
des ‘prophètes’
et comme CEBs nous sommes un ‘prophétie’ vivante.
-
Comme personnes individuelles nous sommes
des ‘prêtres’
et comme CEBs nous sommes le ‘sacerdoce’ de Jésus-Christ.
-
Comme personnes individuelles nous sommes
des ‘rois-bergers’
et comme CEBs nous sommes le Royaume de Dieu.
Annexe : Lettre Encyclique du pape Paul VI ‘L’Annonce de
l’Evangile’ (1975 – Extraits).
3e partie : « Chère Amazonie », Lettre
pleine d’espérance du pape François sur l’Amazonie. (Commentaires).
Guayaquil, Pedro Pierre, avril de 2020.
‘CEBs’ signifie ‘Communautés Ecclésiales de Base’.
INTRODUCTION
La spiritualité chrétienne commence avec de notre baptême quand on nous a dit, en nous
marquant avec le chrisme sur nos fronts: "Vous êtes prophète, prêtre et
roi-berger." En plus d'être individuelle, la spiritualité a une dimension collective. En tant que CEB,
nous sommes une prophétie vivante, nous sommes le sacerdoce du Christ et nous
sommes le Royaume de Dieu. Nous allons développer ce thème selon 3 aspects:
1.
Le
sacerdoce baptismal doit remplacer
le sacerdoce ordonné. Septembre 2019.
2.
La
spiritualité qui nous guide est dans la triple
mission qui part de notre baptême.
3.
"Chère
Amazonie": Lettre pleine d'espoir
du Pape François sur l'Amazonie. Mars 2020.
1e partie : LE SACERDOCE
DES BAPTISÉS DOIT SUBSTITUER LA SACERDOCE ORDONNÉ
Aout 2019.
1.
REVENIR AU SACERDOCE DES BAPTISÉS.
Il y a quelques jours, le pape François a reçu une
délégation de l'Association internationale des prêtres mariés. D'un autre côté,
il y a le Synode sur l'Amazonie d'octobre prochain: le Document de travail fait
plusieurs propositions face à la pénurie de prêtres: ordonner prêtres des
hommes mariés et ordonner diacres des femmes. Peut-être devrions-nous
approfondir ces aspects parce que d'autres alternatives sont déjà en marche:
pourquoi continuer avec les prêtres ordonnés et tous les problèmes qui sont
apparu, si on peut résoudre les besoins avec le sacerdoce baptismal ...? Le
pape François a déclaré que, sur ces questions, il était ouvert aux
propositions des conférences épiscopales des différents pays et continents.
Voici quelques réflexions qui confirment de
nouvelles formes d'expression du sacerdoce.
1.
La crise de notre Église, principalement
du clergé, est très grave. Les temps changent rapidement et si nous restons dans le passé, nous nous
retrouverons avec des communautés chrétiennes marginalisées et marginalisées.
2.
Concernant la prêtrise, je demande: la prêtrise ordonnée telle que nous la
connaissons est-elle nécessaire? Je réponds personnellement non. Il me semble
que pour éliminer "le cancer du cléricalisme" (le pape François), il
faut éliminer le sacerdoce ordonné: c'est l'une des plus grandes conséquences
de l'assimilation de la hiérarchie à l'Empire romain à l'époque de Constantin
il y a 17 siècles. Le sacerdoce ordonné a épousé le pouvoir impérial:
"L'argent et le pouvoir corrompent". Nous sommes donc dans ce que
nous avons préparé !
3.
Doit cesser la marginalisation et
l’élimination du sacerdoce baptismal par le clergé… depuis l’empereur Constantin. Maintenant, le
cléricalisme est plus évident et destructif que jamais.
-
L'expérience
latino-américaine des CEBs nous fait voir que les prêtres ordonnés sont «un parmi d’autres» entre les
baptisés. Ceux-ci peuvent très bien assumer leur sacerdoce qui inclut le nôtre.
-
Le
Concile Vatican II
nous a dit que le sacerdoce baptismal était le premier (LG 9) et que le
sacerdoce ordonné était à son service: un grand pas pour l'époque, qui à mon
avis n'a pas été mis en pratique. On entend dire que le prêtre ordonné, étant
un sacrement, est garant et confirmation du sacerdoce baptismal.
-
Le
sacerdoce baptismal n'a besoin ni de garantie ni de confirmation, il suffit de le laisser s'exprimer pour
ce qu'il est: un sacerdoce complet, tel qu'il était pratiqué dans les premières
communautés chrétiennes et tel qu'il se pratique dans les groupes chrétiens où,
parmi les baptisés, "la Cène du Seigneur" est célébrée sans la
présence d'un prêtre ordonné.
4.
L’ordination d’hommes mariés, selon certaines propositions du Synode
sur l'Amazonie, sont un palliatif qui reporte le problème sans le résoudre, car
il retombe dans les limites actuelles. Pourquoi, une fois pour toutes, les
baptisés ne sont-ils pas reconnus, hommes et femmes, avec leur sacerdoce originel
qui leur permet de présider à la «fraction du pain», ou l'Eucharistie, comme le
faisaient les premiers chrétiens?
5.
Il en va de même pour l'ordination de
femmes prêtres ...
-
Disons
d’abord que c’est une grande injustice que les femmes aient été éliminées
en tant que prêtres, car elles ont présidé la «Cène du Seigneur» dans l’Eglise
primitive. C'est un autre outrage du cléricalisme patriarcal.
-
La
dite justification de réserver le sacerdoce exclusivement à des hommes parce
que Jésus était un homme est une erreur, car être un homme n'est
pas un caractère essentiel pour la prêtrise. Jésus était juif: selon la même
logique, seuls les juifs pouvaient être acceptés comme prêtres catholiques !
-
Dans
les premières communautés, les femmes ont célébré la « fraction du
pain – Eucharistie » dans les maisons, et on nous dit même
récemment dans un livre, qu'elles ont assumé la charge de l'évêque, selon
diverses mosaïques des premiers siècles.
-
Le
sacerdoce actuellement ordonné arrête l'avancée de l'Église et de sa mission
de libération en raison de son cléricalisme, de son patriarcat, son
autoritarisme ... et d'autres abus scandaleux. L'ordination de femmes avec les
mêmes caractéristiques que le sacerdoce ordonné actuel, aggraverait la
situation des femmes et des communautés chrétiennes.
-
Il en
va de même pour l'ordination des femmes diacres. Le diaconat actuel n'est pas
baptismal, mais clérical : le diacre remplace presque toujours le prêtre
ordonné. Il ne valorise pas les femmes mais continue de la reconnaître comme
inférieure aux hommes.
CONCLUSION
La proposition alternative reprend le vrai traditionalisme: réévaluer et
exprimer la dimension sacerdotale de tous les baptisés comme aux origines. Nous
devons prendre conscience de l’identité profonde de notre baptême et l'exercer
dans son intégralité, c'est-à-dire, entre autre, présider l'Eucharistie.
Ainsi s’ouvrirait la voie vers un avenir en toute fidélité au Mouvement de Jésus pour le
Royaume. De plus en plus, il est admis que Jésus n'a pas ordonné de prêtres
ni n'a fondé aucune Église. Jésus est venu pour le Royaume. Si, jadis, les
chrétiens pensaient que le sacerdoce ordonné et les Églises telles qu'ils se
sont organisés jusqu'à présent pouvaient être des moyens adéquats de construire
le Royaume, nous constatons aujourd'hui que cette réalité existe de moins en
moins et est une erreur. Il est temps de revenir aux pratiques de Jésus et des
premières communautés chrétiennes. Le Synode pour l'Amazonie est une bonne
occasion de surmonter le cléricalisme et l'enfermement ecclésial aujourd'hui.
Nous sommes dans une nouvelle ère: "A vin nouveau,
outres neuves!" (Marc 2:22).
2.
L’ÉGLISE – PEUPLE DE DIEU AUX MAINS DES LAÏQUES
Dans nos Églises depuis le Concile Vatican II, le protagonisme des laïcs s’est exprimé
avec force, en particulier de la part des femmes, malgré les limites imposées
par le clergé et l'organisation institutionnelle de l'Église. Cette place des
laïques doit être généralisée pour une plus grande fidélité à Jésus, une plus
grande croissance ecclésiale et une plus grande gloire de Dieu. C'est ainsi
qu’apparaitra l’Eglise telle qu’elle est définie par le Concile Vatican II: « Peuple de Dieu ».
A. LES 3 MALADIES INDIQUEES PAR
MARTÍN LASARTE DURANT LE SYNODE DOIVENT ETRE GUÉRIES
1.
L'anthropologie religieuse, ou réduction de l'évangélisation aux
services sociaux, sera combattue par la centralité de Jésus à la fois dans la
vie personnelle et dans l'Église.
2.
Le moralisme social, ou réduction de l'évangélisation à un
catalogue de lois à accomplir, sera combattue pour la priorité absolue du
Royaume.
3.
La sécularisation, ou réduction de l'évangélisation à un
humanisme sans spiritualité, sera combattue par le renforcement de la
spiritualité chrétienne et du dialogue interculturel.
B. LES LAÏCS SERONT LES
PROTAGONISTES DE CES TROIS CONVERSIONS
-
La centralité de Jésus unit l'action à la contemplation et la
foi à l'engagement politique. Jésus est le modèle de tous les évangélisateurs.
-
La priorité absolue du Royaume oblige à tout mettre, dans l’Eglise, au
service de sa croissance. "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et le reste
viendra en plus" (Matthieu 6.33).
-
L'interculturalité ou dialogue et partage des cultures,
consiste à se concentrer sur la spiritualité chrétienne qui place les pauvres
comme sujets à la fois dans l'Église et dans la société. Grace au dialogue et
au partage avec d’autres cultures, nous nous enrichissons des spiritualités des
autres religions.
C. JÉSUS ÉTAIT LAÏC ET, DANS SON
MOUVEMENT POUR LE ROYAUME, LES LAÏQUES DOIVENT ÊTRE SES PROTAGONISTES.
Les ministères à développer partent de notre
baptême qui nous fait prophètes, prêtres et rois-bergers. De cette triple
identité naissent 3 classes de ministères.
1.
Les ministères prophétiques sont au service de la parole. Celui-ci,
d'une part, en paroles et en actes, dénonce tout ce qui empêche ou détruit le
Royaume de Dieu et, d'autre part, annonce tout ce qui le révèle et le favorise.
2.
Les ministères sacerdotaux sont au service de la relation
individuelle et collective avec Dieu: prières, célébrations, sacrements,
dévotions populaires ...
3.
Les ministères royaux, c'est-à-dire les ministères pastoraux,
sont au service de l'organisation, de la fraternité, de la justice, de la
participation politique, des droits de l'homme, des peuples et de la nature.
Malgré les fortes résistances, ce processus d'une
Eglise - Peuple de Dieu avance. Les laïcs sont le cœur de l'Église. Il faut
ajouter plus de collaborateurs laïques soucieux du présent et de l'avenir que
du passé. Dieu est toujours nouveau et son Esprit ne cesse de fonctionner.
2e partie : LA SPIRITUALITÉ PROVIENT DE
NOTRE TRIPLE MISSION DE BAPTISÉS
Revu en avril de 2020.
La triple
mission que nait de notre baptême nous donne ‘l’esprit’ dans lequel nous devons
travailler. Nous sommes tout à la fois prophètes et prophétie, prêtres et
sacerdoce, et rois-pasteurs et Royaume de Dieu.
A. COMME
PERSONNES INDIVIDUELLES NOUS SOMMES ‘PROPHETES’ ET COMME CEBs NOUS SOMMES UNE
‘PROPHÉTIE’
1. INDIVIDUELLEMENT NOUS SOMMES PROPHETES
a)
Apprendre à discerner
-
Le
prophète est celui qui parle, mais pour parler, il faut savoir discerner.
C'est pourquoi Jésus a invité ses disciples à discerner «les signes des temps»,
expression reprise par le pape Jean 23 au début du Concile Vatican II (1962).
"Vous connaissez et interprétez donc les aspects du ciel, et n'avez-vous
pas la capacité pour les signes des temps?" (Matthieu 16.3). Nous
apprenons à discerner en regardant, en écoutant, en réfléchissant, en priant,
en lisant ... et surtout grâce à la Communauté.
-
Le
prophète n'est pas celui qui devine le futur, mais celui qui regarde plus loin et
plus profondément, pour comprendre le sens de la vie et des événements:
Où est le Royaume? Où est-il absent et détruit ? Où sont les appels de
Dieu? Où la résurrection de Jésus est-elle rendue présente aujourd’hui? Où
travaille l'Esprit? Et moi où suis-je?
b)
Mission du prophète
-
Nous
sommes tous des prophètes: les pères et mères avec leur famille, nous entre frères, amis, voisins,
professionnels, dans les activités ecclésiales et sociales ... Telle est notre
vocation et notre première mission.
-
Le
prophète a trois tâches devant lui:
1. Reconnaitre la voix de Dieu dans la vie de tous
les jours
2. Dénoncer ce qui appauvrit, empêche et détruit
le Royaume de Dieu.
3. Annoncer ce Royaume en paroles, en actes, en
témoignage de vie et dans nos célébrations.
Conclusion: En tant que prophètes, nous sommes une
voix d'alerte, de dénonciation et d'annonce, par rapport au Royaume.
2. EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES UNE PROPHÉTIE VIVANTE
-
Les autres nous regardent et écoutent non seulement en tant que
personnes, mais aussi en tant que communauté:
ensemble, que faisons-nous, que disons-nous, que montrons-nous?
-
Demandons-nous: quel est le témoignage collectif que nous donnons
pour nos actions communes, nos activités communautaires, nos positions
collectives ...? En tant que CEBs, sommes-nous la voix de Jésus, la présence du
Royaume de Dieu, la manifestation d'une Église renouvelée et d'une nouvelle
société?
B. COMME
PERSONNES INDIVIDUELLES NOUS SOMMES ‘PRETRES’ ET COMME CEBs NOUS SOMMES UNE
PROPHÉTIE
1. JESUS FUT LAÏQUE TOUTE SA VIE
Il n’était pas de la tribu des ‘lévites’ ni
faisait partie des prêtres du Temple de Jérusalem.
a)
Le sacerdoce dans le peuple de Jésus
-
Aux
origines, le père de famille assumait le rôle de prêtre, dans sa maison:
il priait, annonçait la Parole de Dieu (les Écritures), vivait la volonté de
Dieu…
-
Lorsque
les Hébreux sont sortis de l'esclavage en Égypte, s’est mise en place une
organisation sacerdotale. Les responsables de la foi, de la prière et des actes
religieux étaient les hommes de la tribu Lévi, appelés «Lévites». Notons que
les Lévites n'avaient aucune propriété; ils étaient entretenus par la dîme et
les prémices.
-
Avec
la construction du temple de Jérusalem (vers l'an 1.000 avant Jésus), une nouvelle
organisation sacerdotale est apparue. Après l'exil babylonien (vers 500 ans
avant Jésus), ils ont entrepris la reconstruction de Jérusalem et de la Palestine…
et ils ont gardé le pouvoir, l’argent et les privilèges.
b)
Le sacerdoce dans le Nouveau Testament
-
Le
mot ‘prêtre’ appliqué individuellement aux premiers chrétiens n’apparait
pas dans le Nouveau Testament. Les auteurs parlent collectivement d’une
Communauté sacerdotale.
-
Les
apôtres ne sont pas appelés "prêtres", afin de ne pas être identifiés
aux
prêtres juifs qui avaient participé à la condamnation à mort de Jésus.
-
Seulement
dans les dernières lettres de Paul (ou plutôt de ses disciples),
les coordinateurs des Communautés sont appelés «évêques et prêtres».
-
Pour
les célébrations de la «fraction du pain» ou de l’eucharistie, le ‘maitre ou la
maitresse de maison’, homme ou femme indistinctement, présidait la ‘fraction du
pain’.
c)
Le
sacerdoce tel que nous le connaissons est développé avec l'empereur Constantin
au IIIe siècle de notre ère
-
Les
évêques et les prêtres alliés de l’empereur sont devenus responsables du culte et
des actes religieux lorsque le christianisme est devenu la religion de l'Empire
romain avec Constantin.
-
Les
empereurs leur ont
donné les temples, les vêtements, les privilèges de la religion païenne et le
droit de l'empire.
Conclusion: Avec Constantin, il y a eu,
scandaleusement, un pacte de la hiérarchie chrétienne avec ceux qui avaient condamné
Jésus à mort sur une croix. Au même moment ils sont retournés au sacerdoce juif
de l'Ancien Testament. Telle est aujourd’hui encore la réalité du sacerdoce
ordonné !!
2. LA VIE DE JÉSUS AVAIT UN CARACTÈRE SACERDOTAL
C'est le thème de la Lettre aux Hébreux.
-
Dans
la Lettre aux Hébreux, Jésus est reconnu prêtre, ou plus exactement ‘Grand Prêtre’ : "Nous avons un
souverain sacrificateur exceptionnel" (5,14): "Vous êtes prêtre pour
toujours à l'image de Melchisédech" (5,6 et Genèse 14,18-20).
-
C'est
la vie et la mort de Jésus qui avaient un caractère sacerdotal parce que ce fut une offrande agréable à Dieu. C'est
pourquoi Paul a écrit aux Romains: "Offrez-vous comme un culte agréable à
Dieu" (12,1).
-
La
lettre aux Hébreux affirme que Jésus a l’exclusivité
de ce sacerdoce et que son offrande sur la croix est unique et ne peut pas se répéter. Par sa vie, sa mort et sa
résurrection, Jésus nous a ouvert la voie du salut: c'est le Royaume. Jésus
nous sauve si nous suivons son exemple.
-
L'adoration
que Dieu veut est notre façon de vivre communautaire agréable à Dieu,
c'est-à-dire, être sa famille, une fraternité
universelle.
3.
INDIVIDUELLEMENT NOUS SOMME
TOUS PRETRES
-
Jésus
nous a fait découvrir que nous sommes directement liés à Dieu, sans le besoin
d’intermédiaires: "Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité" (Jean
4,23-24), sans avoir besoin de prêtres ni de rites comme intermédiaires
obligés.
-
Jésus
lui-même a dit: "Quand 2 ou 3 sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu de vous" (Matthieu
18:20).
-
Nous
sommes prêtres lorsque nous nous aidons
à nous relier à Dieu, à prier ensemble, à nous bénir, à bénir le pain et la
nourriture, à réaliser nos dévotions, à fraterniser avec tous, à bâtir le
Royaume, à nous présenter comme une offrande agréable en famille... Cela n’est
réservé à personne en particulier ; c’est propriété et exigence de tous
les baptisés.
4. EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES LE SACERDOCE DU CHRIST
-
Collectivement,
nous continuons la vie, la mission, la mort et la résurrection de Jésus: nous
sommes le "corps mystique"
du Christ.
-
Nous
sommes collectivement le sacerdoce du Christ lorsque, dans nos communautés ou
organisations, nous nous unissons pour nous
offrir au Père comme l’unique culte agréable à Dieu.
-
La
fraternité est le meilleur culte que
nous pouvons présenter à Dieu: Les prêtres que Dieu veut, sont tous les
baptisés que construisent et offrent la fraternité à Dieu, c'est-à-dire, quand
nous nous offrons comme Royaume de Dieu sur cette terre.
-
C'est
pourquoi nous sommes individuellement et collectivement une bénédiction de
Dieu: un autre acte sacerdotal.
CONCLUSION
Le sacerdoce ordonné n'a d'autre mission que
d'édifier le Royaume, d'éveiller le sacerdoce des baptisés et d'établir des
Communautés fraternelles sans frontières qui s'offrent comme le meilleur culte
de Dieu.
C. EN
TANT QUE PERSONNES INDIVIDUELLES NOUS SOMMES ‘ROIS PASTEURS’ ET COMME CEBs NOUS
SOMMES LE ROYAUME DE DIEU AUJOURD’HUI
Nous nous souvenons que Jésus n’aimait pas qu’il
soit fait ou nommé «roi». «Es-tu roi?» avait demandé Pilate. Ce a quoi Jésus
répondit : "Oui, mais pas à la manière des rois de ce monde"
(Jean 18:36). Jésus préférait le terme "berger": "Je suis le bon
berger" (Jean 10,11). Cette comparaison nous aide à comprendre notre
mission aujourd'hui: nous organiser en Communautés au service du Royaume.
1. DANS L’ANCIEN TESTAMENT, ÊTRE «ROI BERGER», C’ÉTAIT
DÉFENDRE LES PAUVRES
a)
Psaume 72: Le roi est le défenseur des pauvres.
"Ô Dieu, communique au roi ton
jugement et ta justice à ce fils du roi,
afin qu'il juge votre peuple avec justice
et vos pauvres dans les jugements qu'ils exigent ...
Il jugera le petit peuple avec justice, il
sauvera les enfants des pauvres, car il écrasera l'oppresseur ...
Car il délivrera le mendiant qui crie vers
lui, le petit qui n'a de soutien pour personne;
il a pitié des faibles et des pauvres, il
sauvera la vie des pauvres;
de l'oppression violente sauve sa vie et
son sang précieux sous ses yeux.
2. LES TÂCHES DU BERGER (Jean 10,1-16)
-
Entrer
par la porte de la bergerie… pour que les moutons entendent sa voix et le
suivent.
-
Appeler
chacun par son nom.
-
Aller
faire paitre en marchant au premier rang.
-
...
pour que tous aient la vie et la vie en abondance.
-
Donner
sa vie pour les autres.
-
Avoir
le souci de ceux que sont ailleurs.
Le pape François a dit que le berger-pasteur
devait être "non seulement devant, mais aussi au milieu et derrière le
troupeau".
3. ÊTRE «ROI-BERGER», C’EST CONSTRUIRE LE ROYAUME DE DIEU.
Extraits de la conférence du père Joseph
Comblin au Chili, décembre 2010 ...
« Participant: Enfin, j'ai besoin de savoir ... Une
dernière question : Qu'est-ce que le royaume de Dieu? Qu'est-ce que le
Royaume de Dieu? S'il vous plait...
Joseph Comblin: Bon, c’est-à-dire… Qu'est-ce que ‘règner’
dans la Bible? Régner, c'est combattre les dirigeants pour sauver les pauvres.
C'est ce qui justifie l'autorité. Le rôle de l'autorité est de combattre les
puissants pour sauver les dominés. Dans le psaume 72, le rôle du roi est donc
clair. Et le Royaume de Dieu c’est que Dieu vient pour faire cela. Et maintenant,
Dieu commence à faire cela : Combattre les dominateurs, être contre les
puissants et soulever les opprimés, les rejetés. Voilà donc ce qu’est le
Royaume de Dieu. « (Applaudissements). »
4. NOUS SOMMES
INDIVIDUELLEMENT DES ROIS BERGERS AU SERVICE DU ROYAUME
a)
La première mission de chaque baptisé est
de bâtir le Royaume de Dieu.
-
Jésus nous dit: «Cherchez d'abord le Royaume de
Dieu. Le reste viendra en plus » (Matthieu 6.33).
-
Pape Paul
VI: «L'annonce du royaume de Dieu. 8.… Seul le royaume est donc absolu
et tout le reste est relatif (Cf. Matthieu 6.33). »
b)
Le Royaume est le résultat de nouvelles
relations à tous les niveaux
-
De
nouvelles relations avec soi-même: Le Royaume est dignité et croissance.
-
De
nouvelles relations entre nous: Le Royaume est fraternité.
-
De
nouvelles relations dans les structures: le Royaume est justice.
-
De
nouvelles relations avec la nature: Le Royaume est l'harmonie.
-
De
nouvelles relations avec Dieu: le Royaume est communion.
5. EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES LE ROYAUME DE DIEU: C'EST
NOTRE TÂCHE COLLECTIVE.
Paul VI: «L'annonce de la libération du
salut. 30. L'Église, répètent les évêques, a le devoir d'annoncer la libération
de millions d'êtres humains, parmi lesquels il y a beaucoup de leurs enfants;
le devoir d'aider à réaliser cette libération, d'en témoigner, de la rendre
totale. Tout cela n'est pas étranger à l'évangélisation. » (L’Annonce de
l’Evangile)
6. EN TANT QUE CEBs, NOUS SOMMES L'ÉGLISE DES PAUVRES.
-
Nous
sommes l'Église à la base de la société, une Église complète, sœur autonome de la paroisse: «La communauté
chrétienne de base est donc le premier et le noyau ecclésial fondamental, qui
doit, à son niveau, être responsable de la richesse et de l'expansion de la
foi, ainsi que l'adoration qui en est l'expression. Elle est donc la cellule
initiale de la structuration ecclésiale, le foyer de l'évangélisation, et
actuellement un facteur primordial de promotion et de développement humains »
(1968, Document de Medellín 15,10).
-
Pape
Jean XXIII: "L'Église est et doit
être l'Église des pauvres" (1961, à la veille du Concile Vatican II).
-
Pape
Jean-Paul II (1981) «L'Église est profondément attachée à cette cause
(solidarité), car elle la considère comme sa mission, son service, comme vérification de sa fidélité au Christ,
afin d'être véritablement« l'Église de la pauvres »» (Lettre «Le travail
humain», 8).
CONCLUSION
1.
A
l'exemple de Jésus, la spiritualité de
libération nous provoque de l'intérieur de nous-mêmes.
2.
Cette
spiritualité a une dimension individuelle
et collective.
3.
Les
CEBs réunissent ceux d'entre nous qui vivons cette spiritualité libératrice
pour nous-mêmes, les autres, notre
Eglise et l'ensemble de la société.
4.
La
passion pour le Royaume est au cœur
de cette spiritualité.
5.
La
spiritualité libératrice est la caractéristique de l'Église des pauvres.
Annexe:
ROYAUME ET LIBÉRATION selon Paul VI (‘L’Annonce de l’Evangile’, 1975).
Le pape Paul 6 ° dans sa
lettre encyclique ‘L’Annonce de l’Evangile’ (1975) écrit:
-
8:
«Seul le Royaume est donc absolu»…
-
9:
«Le salut… est la libération de tout ce qui opprime l'homme»…
-
30:
«L’Eglise… a le devoir d’annoncer… et de faire que cette libération naisse»…
-
58:
«Les CEBs… s'épanouissent»…
1.
«L'annonce du Royaume de Dieu
8. Le Christ, en tant qu'évangélisateur, annonce
tout d'abord un royaume, si important que, par rapport à lui, tout devient
"le reste", qui est donné en plus (Matthieu 6.33). Seul le royaume
est donc absolu et tout le reste est relatif. Le Seigneur se fera un plaisir de
le décrire de différentes manières… »
2.
« L'annonce de la libération du salut
9. En tant que noyau et centre de sa Bonne
Nouvelle, Jésus annonce le salut, ce grand don de Dieu qui est la libération de
tout ce qui opprime l'homme, mais qui est avant tout la libération du péché et
du mal, dans la joie de connaitre Dieu et d’être connu de lui, de le voir, de
s'abandonner à lui ; tout cela prend son origine dans la vie de Christ et
se réalise définitivement par sa mort et sa résurrection; mais doit être
patiemment poursuivi au long de l'histoire jusqu'à ce que ce soit pleinement
réalisé le jour de la venue définitive du Christ lui-même… »
3.
« Un message de libération
30. Il est bien connu en quels termes de nombreux
évêques de tous les continents et surtout les évêques du Tiers-Monde, ont pris
la parole lors du récent synode, avec un accent pastoral dans lequel
s’expriment les voix de millions d'enfants de l'Église… Ces peuples, nous le
savons déjà, sont engagés avec toutes leurs énergies dans l'effort et dans la
lutte pour vaincre tout ce qui les condamne à être en marge de la vie: faim,
maladies chroniques, analphabétisme, appauvrissement, injustice dans les
relations internationales et, surtout, dans les échanges commerciaux, les situations
de néocolonialisme économique et culturel, parfois aussi tant cruelles comme
celles de la politique, etc. »
4.
« Communautés ecclésiales de base
58. Le Synode a largement traité de ces
"petites communautés" ou "communautés de base", car elles
sont fréquemment mentionnées dans l'Église aujourd'hui. Que sont-elles et
pourquoi devraient-elles être les destinataires privilégies de l'évangélisation
et en même temps qu’elles sont évangélisatrices? Elles fleurissent un peu
partout dans l'Église, selon les différents témoignages entendus lors du
Synode, et elles sont assez différents les uns des autres même au sein d'une
même région, et bien plus d'une région à l'autre… »
3e
partie: « CHERE AMAZONIE », LETTRE D’ESPÉRANCE DU PAPE FRANCOIS SUR
L’AMAZONIE
Mars 2020.
Les grands moyens de communications ont réduit la
récente lettre apostolique du pape François sur l'Amazonie à un titre négatif:
"Le pape dit ‘non’ au sacerdoce des couples mariés, au diaconat des femmes
et aux rites amazoniens." Le pape laisse plutôt la porte ouverte et
préfère que les suggestions viennent de ceux qui travaillent en Amazonie.
Ceux-ci ont exprimé leurs angoisses, leurs joies, leurs réflexions et leurs
propositions dans le Document final du Synode (ou Rencontre Ecclésiales) que
des évêques ont eu avec le pape en octobre dernier. Le pape lui-même présente
sa lettre comme un «complément» dudit document, invite à le lire attentivement,
le confirme et exprime ses rêves sur l’Amazonie. Souvenons-nous que le thème du
Synode et de la Lettre pontificale est: "Amazonie, nouvelles voies pour
l'Église et pour une écologie intégrale".
La Lettre du Pape est surprenante car,
généralement, les critères et les directives viennent du Vatican et sont
ensuite remplis dans les différentes Églises. Il n'y a rien de tel dans cette
Lettre : le pape propose plutôt de s'inspirer du Document final du Synode
et de prendre des décisions avec "audace". Le pape laisse
l'initiative aux Églises des 9 pays qui ont un territoire amazonien. C’est un
changement, pourrait-on dire, «capital» dans la tradition de l’Église
catholique, où tout part toujours «d’en haut». Cette nouvelle pratique voulue
par le pape François a également été une caractéristique du Synode sur
l'Amazonie où il avait une grande liberté de parole qui a permis de présenter
des propositions pastorales très concrètes. C'est ce qu'on appelle, dans le
langage ecclésiastique, la "synodalité", c'est-à-dire, "marcher
ensemble, en se laissant guider par les pauvres": c’est l'une des grandes
nouveautés du pontificat du pape François. Dans l'Église catholique, le terme
«démocratie» est un mot tabou. Imaginez : «Laissez-vous guider par le
peuple des pauvres!»… Et pourtant c’est ce que Jésus a fait. Vivons donc la
«synodalité» dans l'Église et la société!
Dans sa lettre, le pape François insiste sur 4
aspects où il faut intervenir fermement et audacieusement. En plus de l'aspect ecclésial, il y a le
social, le culturel et l'écologique. Pour l’aspect social, le pape invite à
être prophètes et prophétie, selon l'exemple de Jésus, en parole et en action.
Cela signifie, d'une part, dénoncer tout ce qui détruit à la nature et la vie,
la dignité et l'identité des peuples amazoniens et, d'autre part, annoncer que
le ‘Bien vivre’ est une bonne nouvelle remplie de l'Évangile de Jésus de
Nazareth, parce qu’il met en premier les gens, le bien commun et la protection
de la nature. Pour l’aspect culturel, il y a les tâches d'inculturation et
d'interculturalité, c'est-à-dire, en tant qu'Église, il s’agit de s’incarner
dans les cultures amazoniennes et de se laisser guider par la sagesse et les
expressions religieuses des peuples amazoniens. De cette façon, il sera
possible, avec le protagonisme des mêmes habitants de l'Amazonie, de sauver les
peuples en voie de disparition, de sauver les visions du monde indigènes et
d'entreprendre de nouvelles manières de se constituer l'Église et de se
construire comme société. Sur le plan écologique, comme l'écrit le pape
François, les peuples amazoniens ont beaucoup à apporter à l'humanité tout
entière en marche, car nous sommes en marche vers le suicide mondial. Le «Vien
vivre» de ces peuples est un exemple de relations humaines respectueuses des
personnes et de la nature. Ils nous offrent leur spiritualité pour nous aider à
nous sauver ensemble de l'effondrement dans lequel nous nous trouvons partout
sur la planète, consciemment ou inconsciemment.
Tout cela implique d'entreprendre une nouvelle
manière d'être Église au service de l'Amazonie, des peuples qui l'habitent et
de leur nature, mais avec une nouvelle méthode: en synodalité, c'est-à-dire,
ensemble au sein de l'Église, avec les peuples les amazoniens, ainsi que tous
ceux qui travaillent en leur faveur. En regardant la lettre papale de ce point
de vue, elle est très optimiste, car ce qui est fait et sera fait en Amazonie
conformément aux rêves du pape François se répercutera dans toute l'église et
la société. C'est une invitation pour tous les "hommes et les femmes de
bonne volonté" (les destinataires de la Lettre du Pape), à être protagonistes
dans les Églises et dans les lieux où nous vivons, d’une Église renouvelée et
d’une société inclusive et participative.
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