viernes, 7 de marzo de 2025

Articles hebdomadaires de février 2025

 ÉLECTIONS : LE TRIOMPHE DE L'INCONSCIENCE, Pierre Pierre

                Le manque de conscience a été plus fort que la lutte pour la dignité, la vie et la souveraineté du peuple équatorien. La perversité d’un système de mort a été plus forte que la construction d’un avenir meilleur pour l’Équateur. La ‘poupée en carton’ dont faisait cadeau le candidat-président (sa propre image plus grande que lui !) a été plus forte que le désir d’un changement nécessaire. La cécité a succombé à une manipulation flagrante…

               Les données, non encore officielles, des élections du dimanche 9 février sont les suivantes. Pour la présidence, Daniel Noboa (parti ADN) a 44% des voix et Luisa González (parti RC) 43%. Pour les membres de l'assemblée législative, la Révolution Citoyenne (de l’ex-président Rafael Correa) en aurait 68, ADN (le parti de l’actuel président Noboa) : 65 ; PC : 9 ; PSC : 5 et 1 : PSP, Accord Citoyen, SUR, Construire et Nous sommes Carchenses. Votes blancs : 2,16% ; votes nuls : 6,8% et n'a pas voté : 17,73%.

Nous pouvons faire plusieurs commentaires. Premièrement, 2 candidats ont recueilli 80% des votes valides et 7 partis sur 16 n'ont eu que 18 députés sur 151. D'autre part, il est à noter que toutes les provinces de la Côte ont voté pour Luisa et que toutes les provinces de la Cordillère des Andes sauf Pichincha (où est la capitale) ont voté pour Noboa ; en Amazonie, 4 provinces ont voté pour Noboa et 2 (Sucumbíos et Orellana) ont voté pour Luisa.

On parle désormais des Alliances pour le 2e tour. Toute la droite va soutenir Noboa. Et qui de la ‘gauche’ va soutenir Luisa ? Les indigènes avec Pachakutik vont consulter leurs bases… Rappelons que ces bases ont rejeté l’Alliance avec la Révolution Citoyenne pour le 1er tour des élections : La Révolution Citoyenne avait offert a Leonidas Iza, candidat de Pachakutik, la vice-présidence du gouvernement et la présidence de l’Assemblée ! … Quelqu’un commentait qu’ ‘il n’y a plus de gauche parce que tout le monde s’est vendu à Moreno ou à Lasso’, les 2 précédents présidents de l’Equateur…

Revenons aux élections du 9 février. Les résultats révèlent un réel manque de conscience : il semble incroyable que Noboa ait plus de voix que Luisa ! J'ai aimé l'explication suivante : « Tous celles et ceux qui rêvent d'augmenter leur richesse financière votent pour Noboa parce qu’ils le considèrent comme symbole de la réussite financière individuelle ou parce qu’elles veulent satisfaire leur ego féminin qui veut ressembler à ladite ‘première dame de l’Equateur’ ... Bien sûr, c'est de l'« inconscience caractérisée » mais avec une motivation bien réelle que peu de personnes veut reconnaître. Cela devrait être un aspect à révéler et à combattre.

               Ce manque de conscience vient principalement de l’éducation scolaire, qui n’apprend pas à vivre ou à coexister, mais plutôt à rivaliser et à gagner à tout prix. Dans les familles, on encourage souvent les enfants à exercer une profession qui leur assurera beaucoup d’argent. Les Églises ont une grande responsabilité dans tout cela car, étant majoritairement conservatrices, elles soutiennent consciemment et inconsciemment la droite. Elles se réfugient dans un faux spiritualisme et un manque de solidarité avec les pauvres, ce qui les rend complices de leurs défaites électorales et de leur appauvrissement. Les évêques latino-américains avaient déjà souligné cette complicité inconsciente lors de leur réunion de Puebla (Mexique, 1979) : « Cette instrumentalisation (de l’Église)… peut venir des chrétiens eux-mêmes et même des prêtres et des religieux, quand ils annoncent un Évangile sans implications économiques, sociales, culturelles et politiques. En pratique, cette mutilation équivaut à une certaine collusion (ou complicité) – bien qu’inconsciente – avec l’ordre établi » (558).

              Reprenons notre bâton des « pèlerins de l’espérance ». Jésus de Nazareth nous dit que le salut vient des pauvres, unis, organisés, conscients, courageux, amoureux de Dieu. C'est ensemble avec ces gens pauvres et dignes que nous pouvons changer notre pays. Pour leur dignité et protagonisme, nous devons travailler et lutter sans relâche. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés ni regarder ailleurs, alors que les trois quarts de notre pays souffrent de la faim et de la pauvreté. Le chômage et l’inconscience sont les deux plus grands ennemis de notre pays… Au cours des 8 dernières années, nous les avons laissés prospérer de manière incontrôlée. Voici les batailles que nous devons mener si nous voulons parvenir à un changement significatif : donner aux pauvres les moyens de prendre leur destin en main. C’est la tâche qui nous attend. Le Parti de la Révolution Citoyenne est plus apte que celui de Noboa à progresser vers ces objectifs.

Tout cela exige de nous un plus grand engagement humain et chrétien dans les domaines sociaux et politiques. Nous devons dénoncer la perversité de la droite avec ses mensonges flagrants et son exploitation criminelle. Nous devons découvrir les motivations cachées et inconscientes qui nous poussent à avoir plus au lieu d’être plus et meilleur. Nous devons examiner les implications du Royaume dans les circonstances actuelles du pays, afin de ne pas devenir complices de malheurs plus pauvres. Nous devons continuer à aider les pauvres à ouvrir les yeux sur les causes structurelles de leur appauvrissement, à réveiller leur dignité endormie, à revendiquer leurs droits et à s’approprier le rôle qui leur revient, car « leur appartient le Royaume de Dieu » qui commence sur la terre.

 

AVEC HOMERO PARIANT EN GRAND, Pedro Pierre 

Mon meilleur ami équatorien, Homero Poveda Muñoz, qui fut mon maître tant dans le domaine ecclésiastique que social, vient de décéder. Il était originaire de Riobamba. Je l'ai rencontré il y a exactement 60 ans lorsqu'il est arrivé au grand séminaire où j'ai étudié pendant 5 ans. C'était dans la capitale de la région montagneuse du centre-sud de la France, l'Auvergne, où je suis né de parents petits paysans qui parlaient l'occitan. Je suis devenu ami de cœur avec Homero. Quelques années après avoir été ordonné prêtre, il m’a invité à aller travailler avec lui à Guayaquil, où je suis arrivé en 1976.

Nous avons rejoint un groupe de 6 paroisses qui travaillaient dans la ligne pastorale de Monseigneur Leonidas Proaño. Le Concile Vatican II avait été pour lui l’occasion d’un grand changement : le service de l’Église des Pauvres en Amérique Latine. Avec Homero, nous avions vécu ce changement dans les dernières années du séminaire. Ensemble, nous approfondissions le Concile qui, sous la conduite du Pape Jean XXIII, a guidé l’Église catholique à revenir à ses sources : Jésus de Nazareth, le Royaume et les premières communautés chrétiennes. Jean 23 voulait que toute l’Église « soit l’Église des pauvres », dépouillée de toute richesse et au service de l’humanisation de toute l’Humanité.

Homero me fit rencontrer et connaître Monseigneur Proaño, qui s'engageait depuis son diocèse de Chimborazo à promouvoir les Communautés Ecclésiales de Base (CEBs) dans tout le pays. Son objectif était que l'Église d'Équateur fasse de l'option pour les pauvres, c'est-à-dire une option pour une pauvreté digne, pour les causes des pauvres et pour la lutte contre la misère. Monseigneur Proaño nous montrait le chemin : « Les CEBs marchent avec leurs deux pieds : celui de la Communauté Chrétienne et celui de l’Organisation Populaire ». En 1979, la première réunion nationale des CEBs urbaines avait lieu à Riobamba et, dans les années suivantes, s’intégraient les CEBs rurales, indiennes et noires. En 1984, la 2e Rencontre Continentale des CEBs avait lieu à Cuenca, en Equateur.

Homero et moi n’avons jamais cessé de nous soutenir mutuellement pour multiplier les CEBs au niveau national et aider les pauvres à sortir de leur misère. Les CEBs se sont développées dans 12 villes du pays et dans les campagnes de 12 provinces, dans les communautés indigènes du pays où elles s'appelant « Églises Vivantes », parmi les noirs d'Esmeraldas et partout où ils ont migré. En 2021, l’Assemblée ecclésiale d’Amérique Latine et des Caraïbes a reconnu que les CEBs sont « une expérience d’Église synodale », modèles pour le renouveau de l’Église entière. Cette année, nous allons célébrer le 50e anniversaire des CEB d'Équateur à Riobamba. Malheureusement, Homero ne sera pas physiquement présent…

Avec Homero nous avons développé l’engagement social de la foi et l’engagement politique des chrétiens. Depuis 1979, avec le retour de la démocratie en Équateur, les CEBs ont découvert l’importance de la politique comme service du bien commun et la coexistence nationale. Nous avons appris à connaître les partis politiques et leurs idéologies, la nouveauté de la vision indigène du Bien Vivre, la nécessité d’être « sel, lumière et levain » pour un Équateur plus fraternel, plus équitable et plus inclusif. Monseigneur Proaño reconnaissait que « les pauvres, avec les peuples indigènes, sont porteur d’un projet alternatif de société. »

Homero lisait beaucoup et connaissait plusieurs langues en plus du français. Il n’a jamais cessé de lire pour connaitre et partager l’actualité ecclésiastique et sociale. Il s'est montré enthousiasmé par la lettre des évêques nicaraguayens de novembre 1979 encourageant les chrétiens à soutenir le socialisme du gouvernement sandiniste :

« Si le socialisme signifie la prééminence des intérêts de la majorité des Nicaraguayens et un modèle d’économie nationale planifiée, solidaire et progressivement participative, nous n’avons aucune objection. Un projet de société qui garantisse le destin commun des biens et des ressources du pays et qui permet, sur cette base de satisfaction des besoins fondamentaux de tous, de progresser la qualité de vie humaine, nous paraît juste.

Si le socialisme implique un pouvoir exercé à partir de la perspective des grandes majorités et de plus en plus partagé par le peuple organisé, de sorte qu’il va vers un véritable transfert du pouvoir aux classes populaires, il ne trouvera à nouveau dans la foi que motivation et soutien.

Si le socialisme conduit à des processus culturels qui éveillent la dignité de nos masses et leur donnent le courage d’assumer leurs responsabilités et de revendiquer leurs droits, c’est une humanisation qui converge avec la dignité humaine proclamée par notre foi.

En ce qui concerne la lutte entre les classes sociales, nous croyons qu’une chose est le fait dynamique de la lutte des classes, qui doit conduire à une juste transformation des structures ; une autre est la haine de classe, qui est dirigée contre les personnes et contredit radicalement le devoir chrétien d’être gouverné par l’amour. »

               Homero nous laisse un grand héritage qui nous éclaire dans les temps actuels pour nous confirmer dans la nécessité de faire nôtres les causes des pauvres, à la fois pour renouveler nos Églises et pour construire un Équateur meilleur. Il éclaire notre engagement envers les pauvres et les peuples autochtones en faveur d’un éco-socialisme du Bien Vivre indien qui restitue à tous, et en particulier à la grande majorité, leur dignité et leurs droits à vivre mieux.

 

“G1, G2, G3 Y G4”, Pedro Pierre

L'expression originale est « G7 », qui désigne le « Groupe des 7 pays les plus industrialisés » de la planète, c'est-à-dire ceux qui décident de la direction de l'économie mondiale… pour leur propre bénéfice. Tout change lorsque Donald Trump devient président des États-Unis lorsqu’il déclare « Amérique du Nord, Première ! », car depuis plusieurs années, l’hégémonie américaine s’effondre dans tous les domaines : politiquement, de plus en plus de pays s’affranchissent de la domination nordaméricaine, économiquement, la Chine est devenue la première puissance commerciale; militairement, la Russie possède les armes les plus sophistiquées et les plus avancées ; et socialement, la situation est de plus en plus chaotique à cause du chômage, de la violence, du racisme, de la perte de valeur du dollar… Trump veut être le « G1 », c’est-à-dire celui tout seul qui rendra l’hégémonie mondiale à l’empire américain…

Les présidents américains précédents voulaient détruire l’économie russe avec le soutien de l’OTAN (Organisation du Traité -militaire- de l’Atlantique Nord) et de l’Europe. C’est pourquoi ils lancent une guerre entre l’Ukraine et la Russie, avec d’un côté l’aide militaire et financière des États-Unis et de l’Europe, et d’un autre avec des sanctions économiques contre la Russie, la destruction de l’oléoduc russe qui amenait le pétrole et le gaz en Europe, etc. … Mais la Russie montre que son économie est toujours en croissance, que les armes américaines et européennes sont le blanc toujours détruit de l’armée russe… et les Ukrainiens paient le prix fort en morts, en destruction et en perte de plusieurs régions pour la folie de leur président nazi… Trump promeut exclusivement le « G2 », c’est-à-dire, le « Groupe des 2 », lui et le président russe Poutine pour parvenir à la fin de la guerre, en humiliant les dirigeants européens qui ne participent pas aux pourparlers de paix (« Le diable paie toujours mal ses fidèles ! »)… Trump veut aussi rouvrir le commerce avec la Russie sur les « terres rares » nécessaires aux appareils technologiques actuels et à d’autres matériaux comme les diamants… et certaines technologies russes.

Quant au « G3 », c’est avec la Chine. La guerre en Ukraine a été programmée pour affaiblir la Russie (et soumettre l’Europe), mais aussi pour obliger Poutine à mettre un terme à son alliance avec la Chine. En réalité, le lien entre la Chine et la Russie a été renforcé, par exemple grâce à l’oléoduc russe de 4 000 km qui transporte du pétrole et du gaz vers la Chine. Après la fin de la guerre en Ukraine, Trump prévoit de rencontrer la Chine pour harmoniser les tarifs douaniers et les échanges commerciaux entre les deux nations. C'est pourquoi Trump tente de déstabiliser leur économie en sa faveur... mais ce n'est pas si facile : jusqu'à présent, « beaucoup de bruit pour bien peu ! » La Chine est actuellement la plus grande puissance commerciale et diplomatique qui parvient à conclure des accords avec de nombreux pays. Le « G3 », USA-Russie-Chine, est plus que nécessaire en ce moment pour les États-Unis.

Et le « G4 » ? Les États-Unis devront faire face à un nouveau groupe commercial et économique composé à l'origine de quatre pays : les « BRICS », conformés par la Chine, la Russie, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud. Ces pays paient déjà leurs échanges en monnaies nationales ou avec le yuan chinois… ce qui élimine le dollar. Une dizaine de pays supplémentaires rejoignent le groupe des « BRICS » (le Venezuela, Cuba... ont demandé leur inclusion). Nous ne sommes plus dans un monde « unipolaire », c’est-à-dire avec un seul pôle, qui serait les États-Unis. Le monde a changé et Trump ne pourra guère inverser la marche en avant d'un monde « multipolaire », c'est-à-dire de plusieurs « pôles », rivaux entre eux : la Chine, la Russie, les BRICS et les USA. Le « G4 » est déjà une réalité.

Les mêmes tendances se dessinent en Équateur. Le « sauveur » d’un « Nouvel Équateur » est le porte-parole de la « minorité prétendument blanche », la plus riche du pays. L'ennemi à éliminer à tout prix est le corréisme, d'où les campagnes de haine, de mensonges, de calomnies, de persécutions, de procès, d'emprisonnements, d'exils... en abusant du pouvoir, des lois, de la Constitution et en achetant la soumission des différentes entités étatiques et des médias commerciaux. Parallèlement, de nouveaux pouvoirs émergent à travers la coordination des mouvements sociaux et populaires, de l’information alternative et de la recherche dans les médias numériques, ainsi que des Églises engagées auprès des secteurs populaires, par exemple l’Église des pauvres de Communautés Ecclésiales de Base et certains secteurs des Églises anglicanes et évangéliques. La droite et l’extrême droite équatoriennes deviennent plus violentes et fascistes à mesure que la résistance et les propositions alternatives pour la société augmentent et les déplacent.

Nous sommes dans un pays en dispute : D’un côté, la domination et l'exploitation des grands riches représentés par Daniel Noboa continuent et s'approfondissent, de l’autre, l’option pour une société alternative où il y a une plus grande distribution des biens et des richesses nationales, où les services sociaux de santé et d'éducation sont renforcés, où les emplois sont multipliés grâce aux investissements étatiques, privés et internationaux, où la corruption et le trafic de drogue sont stoppés en luttant contre le blanchiment d'argent dans les banques et la fuite des dollars vers les paradis fiscaux... comme le propose le plan de gouvernement de la Révolution Citoyenne avec Luisa González et Diego Borja.

Nous, chrétiens, cessons de soutenir ceux que Jésus dénonçait : « Ils se croient chefs des nations et agissent en dictateurs ; ils occupent des positions élevées et abusent de leur autorité. » Cessons de confirmer nos exploiteurs qui se déguisent en « doux moutons » alors qu’ils sont en fait des « loups féroces ». Comme le dit le cardinal évêque de Guayaquil, monseigneur Gerardo Cabrera, lorsque nous irons voter : « Faisons une bonne croix au bon endroit, car ensuite nous devrons la porter ! »

 

CARÊME POUR TOUS, Pierre Pierre

                Le pape François, dans son bref « Message de Carême », pose très justement le défi du moment à toute personne qui cherche un sens à sa vie : « Nous sommes tous des pèlerins dans la vie… (sur) le difficile chemin de l'esclavage à la liberté… Chacun peut se demander : suis-je vraiment en chemin ou un peu paralysé, statique, apeuré et sans espoir ; ou satisfait dans ma zone de confort ? Est-ce que je cherche des chemins de libération des situations de péché et de manque de dignité ? » Le Pape nous pose la question que nous nous sommes tous posés, chrétiens et non-chrétiens, à un moment donné : Que vais-je faire de ma vie ? Si nous ne réagissons pas clairement, d’autres réagiront à notre place afin de nous conduire dans une direction qui leur est bénéfique.

               « Nous sommes de la poussière d'étoiles ! » Durant le temps du Carême, les chrétiens se donnent environ 40 jours par an pour répondre à la question sur le sens de la vie à la lumière de Jésus-Christ. Les musulmans, deuxième religion du monde avec 1,9 milliard de fidèles, prennent un mois de jeune chaque année. En tant que chrétiens, nous centrons notre foi sur la Pâques de Jésus, c'est-à-dire sur son expérience de mort et de résurrection. « Mort et résurrection » sont les deux pôles de toute vie, tant pour les humains que pour la nature et le cosmos. Nous sommes en état de création permanente, un renouvellement constant de notre personne et de notre existence : les cellules meurent pour faire place à de nouvelles. C'est un processus permanent de « mort et de résurrection ». C'est pour la continuité de la vie sur la planète et l'univers, c'est le sens du mot « Pâques ».

               Chez l’homme, ce processus « pascal » s’applique à notre mode de vie : comment renforcer les forces de vie et de résurrection sur les forces de mort et de destruction. Notre défi est d’être « poussières d’étoiles ». D'un côté, nous sommes « poussières », c'est-à-dire faibles, limités, mauvais, mortels... De l'autre, nous sommes « poussières d'étoile », c'est-à-dire partie du processus créatif de l'univers en mouvement constant pour donner naissance à la vie et l'améliorer. C’est à cela que nous sommes appelés. C'est notre vocation ou notre défi : vivre consciemment et collectivement le processus vital de création permanente vers une vie meilleure. C'est « la mort et la résurrection », pour notre bonheur ou notre malheur si nous laissons la « mort » éteindre la « résurrection ».

               « Nous sommes des pèlerins », dit le pape François, « sur le chemin difficile de l’esclavage à la liberté » : « L’esclavage », c’est lorsque nous nous laissons vaincre par les forces du mal et de la mort ; la « liberté », c’est lorsque nous collaborons avec les forces de vie et de résurrection qui nous habitent et qui habitent l’univers. Ce progrès créatif constant est contredit et combattu par les forces du mal en chacun de nous et dans la société. À quoi et à qui donnons-nous la priorité ? Ou bien nous suivons le mode de vie ambient ou bien nous choisissons le processus de la vie et du bonheur ? La réalité est qu’il existe de nombreux courants mauvais : les projets de mort sont très bien implantés en nous, parmi nous, dans la société et dans le monde dans son ensemble. Ce sont des « structures de péché » et des « péchés sociaux » qui nous dominent si nous ne les combattons pas individuellement et collectivement.

               Soit nous choisissons consciemment et collectivement un projet de vie, soit nous nous laissons emporter et nous nous perdons dans des projets de mort dont nous nous faisons complices. Un projet de vie implique de défendre notre dignité d’êtres humains et de renforcer les relations de fraternité et de justice. C’est « l’appel des étoiles », de l’univers pour que la vie naisse et progresse sans cesse… Des appels qui attendent notre réponse, notre décision d’entrer dans cette dynamique de vie, de fraternité et de justice. La vie est une lutte continue pour la préserver et l’améliorer. Celui qui ne lutte pas pour cela a déjà perdu la bataille car il se laisse pousser par les forces et les projets de mort.

C’est pourquoi la vie de beaucoup est « une vie sans vie ! », parce qu’ils ont fait le mauvais choix ou qui permettent que d’autres choisissent peur eux ; ainsi ils restent dans des situations de destruction et de mort. Le christianisme est né d'une lutte pour la liberté, lorsque Moïse et sa masse d'esclaves décidèrent de quitter l'esclavage de l'Égypte et s’organisèrent pour conformer un peuple libre et équitable. Dans cette dynamique, ils ont fait l’expérience d’un Dieu proche, ami et compagnon de leur libération. Jésus de Nazareth a repris cette histoire et l’a confirmée dans son projet du Royaume. Telle était sa mission : construire un monde fraternel et équitable au nom du Dieu trouvé par ses ancêtres et suivi par ses compatriotes. Dans ce processus, Jésus a dû affronter les forces de la mort, tant religieuses juives que militaires romaines... qui ont gagné la bataille en le crucifiant, mais ont « perdu la guerre » parce qu'il est ressuscité dans les premières communautés chrétiennes qui ont continué son projet de Royaume... jusqu'à aujourd'hui.

« Mort et résurrection », tel est le défi actuel : un défi individuel qu’il faut assumer contre les forces du mal qui habitent en nous ainsi qu’un défi collectif, car les forces de mort sont collectivement organisées en structures et systèmes de domination. Le message du pape François est clair : « Chacun peut se demander : suis-je vraiment sur le chemin ou suis-je un peu paralysé, statique, apeuré et sans espoir ? ou satisfait dans ma zone de confort ? Est-ce que je cherche des chemins de libération des situations de péché et de manque de dignité ? »

La foi chrétienne est à la fois spirituelle et temporelle, c’est-à-dire propre au temps dans lequel nous vivons. Elle est aussi individuelle et collective : elle est personnelle et sociale avec une dimension et un impact politique, car la politique est le soin et le renforcement du bien commun d’une nation. Choisissons les forces de la vie, de la fraternité et de l’équité… ainsi nous rencontrerons Dieu qui nous aidera à faire de notre vie un chemin de résurrection permanente.

 

Articles hedomadaires du mois de janvier 2025

SOIT NOUS NOUS SAUVONS ENSEMBLE, SOIT NOUS NOUS PERDONS TOUS, Pedro Pierre

Avec l’année 2025 nous entrons dans 8 années de désastres et de désastres croissants. Avec les élections présidentielles et législatives en février, nous avons la possibilité de changer de cap sur le plan personnel et national ou de nous enfoncer davantage dans de nouvelles calamités. Pour trouver des remèdes à notre situation catastrophique actuelle, nous devons reconnaître les causes et les responsables qui ont produit une telle situation, ceux qui y ont collaboré et ceux qui ont été complices d'une telle tragédie.

               Le pire malheur dont nous souffrons est le manque d’emploi : 3 personnes en âge de travailler sur 4

n’ont pas d’emploi. Ceci est là la cause majeure de la situation actuelle. Le principal responsable de ce chômage est le système capitaliste néolibéral mis en place dans le pays et confirmé par nos votes successifs. C’est nous l’avons appuyé parce que, d'une part, nous avons permis au président Moreno de trahir sa campagne électorale, de trahir le parti politique qui lui a permis d'être élu et de trahir le vote majoritaire des Équatoriens. Nous ne l’avons pas renvoyé chez lui… et nous avons confirmé par un référendum la suppression des garanties qui nous protégeaient en tant que citoyens : le comble de notre aveuglement. Nous avons ensuite élu un banquier puis la plus grande fortune du pays. Nous les avons laissés piller notre pays, tandis qu’ils envoyaient leur argent dans les paradis fiscaux. Nous avons laissé le gouvernement de Moreno conclure des accords avec les responsables du crime organisé. Nous avons permis au gouvernement de Lasso de conclure une alliance avec les mafias internationales de la drogue. Et nous laissons le gouvernement de Noboa faire ce qu'il veut avec la constitution, les différents pouvoirs de l'État et avec les massacres de jeunes et d'enfants. Durant ces 3 derniers gouvernements nous avons aussi permis aux grands médias de nous mentir, de nous manipuler et de nous maltraiter...

               Cela se produit parce que deux Équatoriens sur trois souffrent de pauvreté, tandis qu'un tiers réussit plus mal que bien à s'en sortir. La survie des deux tiers les empêche de connaître la réalité et de lutter contre l’oppression : cette survie détruit leurs corps et leurs esprits. C’est ce tiers qui reste, le principal responsable des malheurs actuels, car nous avons égoïstement appliqué le « chacun pour soi » et nous n’avons pas empêché les 2 tiers des Équatoriens de tomber dans la pire situation qu’une nation puisse souffrir. Il s'agit maintenant de sauver ces 2 tiers, car si nous ne le faisons pas, nous allons continuer de mal en pis. Nous soutenons le 1% qui nous gouverne, ou plutôt qui gouverne pour lui. Tout cela doit nous aider à découvrir que nous sommes responsables de la pauvreté physique et mentale de 2 tiers des Équatoriens, par omission, égoïsme, indifférence, mépris, passivité, conformisme...

               Nous sommes tous la nation même si la majorité d’entre ne s’en rendent pas compte, en particulier parce que nous les avons abandonnés à leur sort et à leur mort. S’ils sont ignorants, c’est parce que nous ne les avons pas aidés à ouvrir les yeux, à aller à l’école et à l’université. S’ils sont ignorants, c’est parce que nous ne les avons pas aidés à comprendre que ceux qui nous gouvernent nous veulent ignorants, malades, au chômage, sans maison, sans droits fondamentaux. C'est cela qu'il faut bannir. Tant que nous ne nous engagerons pas sur la voie d’un Équateur différent, plus inclusif de tous ses citoyens, plus participatif dans les décisions, plus équitable dans la répartition des richesses, nos malheurs augmenteront. Ensemble, nous devons nous responsabiliser avec ce qui nous appartient, c'est-à-dire l'organisation de notre pays.

               Décidons-nous à élire un gouvernement qui redonne leur place à la santé, l'éducation, le logement, l'emploi, mais surtout à l'organisation de notre pays. Il s’agit de l'organisation dans notre famille, entre voisins, avec nos collègues de travail. Ainsi nous apprendrons a partager nos connaissances, notre pouvoir et nos avoirs afin de construire l'Équateur que nous voulons et méritons. Il n'y a pas de temps à perdre : soit nous avançons dans ces voies, soit nous continuerons de nous critiquer et de nous opposer les uns aux autres, jusqu'à disparaître en tant que pays... tout comme ce qui se passe en Haïti. Soit nous travaillons à nous sauver ensemble, soit nous courons tous à notre perte. C'est le défi du moment et des élections à venir.

               Le pape François invite les catholiques et les hommes et femmes de bonne volonté à faire de 2025 une « année d'espérance ». La transformation radicale de l’Équateur est une tâche urgente pour faire naitre l’espoir et la réalité d’une vie meilleure pour tous.

 

L'ESPÉRANCE QUI NE TROMPE PAS, Pedro Pierre

            Avez-vous une espérance qui ne meurt pas ? Cela vaut la peine de réfléchir si nous nous sommes posés une telle question. Quelle est la plus grande certitude dont nous disposons ? La crise mondiale et multiple actuelle qui balaie nombre de nos certitudes, nous impose de disposer de bases solides qui nous soutiennent, nous guident, nous encouragent. Notre époque apparait sans beaucoup d’espérance : c’est tout un « système de péché » qui nous assiège.

               L’agonie du système capitaliste, principal responsable de nos maux, va être longue. Il cherche tous les moyens à sa disposition, notamment les pires, pour survivre. Son hégémonie est partout remise en question : jamais le gouvernement américain n’a eu autant de pays contre lui. Il n’a aucun problème à fomenter des guerres dans n’importe quel pays pour éviter de passer à un monde multipolaire, c’est-à-dire avec plusieurs équipiers, afin de maintenir sa domination sur le commerce mondial. Il déclenche la guerre en Ukraine pour affaiblir la Russie, après avoir soumis et affaibli l’Europe. Contre l’humanité entière, il soutient le génocide à Gaza et au Moyen-Orient pour continuer à contrôler le pétrole et le gaz des pays arabes. Il veut monopoliser le pétrole du Venezuela. Il cherche à perturber l'alliance des « BRICS » : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Il renforce ses bases militaires – quelque 800 – sur toute la planète ; organise des traités avec les pays asiatiques et océaniques pour encercler la Chine. Il revient contrôler les gouvernements d'Amérique latine après une étape progressive : nous le voyons au Pérou et nous le subissons en Équateur.

               Au niveau ecclésial, le pape François dénonce tous les impérialismes : de l'argent, des armes, de la communication, de la culture... qui veulent uniformiser tout le monde à travers une seule pensée résumée dans le projet de Donald Trump : « L'Amérique d'abord ! » Ils sont considérés comme les « États-Unis d'Amérique du Nord » et leur président à la tête dérangée multiplie les affirmations les plus insolites : assumer l'administration du canal de Panama, acheter le Groenland, intégrer le Canada aux États-Unis, faire la guerre à la Chine, expulser des millions de Latino-Américains, occuper Les Galapagos, comme pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l'approbation du président Noboa, bombarder l'Iran...

              Les temps nouveaux exigent une Église renouvelée, mais le Synode sur la Synodalité, au cours d'un processus de trois ans, « a donné naissance à une souris » parce que la dynamique de la majorité du clergé et les réponses des catholiques ont été très faibles et souvent contraires. Face à cette situation plutôt catastrophique, le pape François nous propose de faire de 2025 « l’année de l’espérance ». Il reprend l’expression de saint Paul qui écrivait : « Notre espérance ne déçoit pas ». En outre, il la relie a la réalisation d'une année jubilaire, selon la tradition biblique et le projet de Jésus proclamé par Jésus dans son premier discours programmatique à Nazareth. Le « Jubilé » confirmait « l'espérance » du Peuple de Jésus dans un monde plus juste. Les chrétiens sont-ils déterminés à relever un tel défi ? comme l’écrivait saint Pierre : « Sachez donner raison à votre espérance ».

               Mais de quelle espérance parlons-nous dans une société et une l’Église où règnent beaucoup d’indifférence, d’individualisme, de conformisme, da passivité avec le mal qui en résulte ? Quels sont les groupes chrétiens qui sont des témoignages d’espérance ? Quelles sont les organisations sociales nationales et les institutions internationales qui sont des signes d’espoir ?

               L'enfant de Bethléem est venu nous apporter une Bonne Nouvelle, tout comme les anges l'annonçaient aux bergers. La Bonne Nouvelle de Jésus est l'arrivée du Royaume de Dieu, c'est-à-dire la mise marche avec lui d'un Mouvement qui sera fondé sur l'amour sans frontières, le partage équitable, le respect de la nature, la libération des opprimés... parce que Dieu est père et mère et veut tout rendre nouveau. Jésus incarne la volonté de Dieu qui part des petits, des humbles, des pauvres et de ceux qui choisissent leur cause. C'est le message déposé dans l'Enfant de Bethléem et qu’il a confirmé dans la synagogue de Nazareth quand il avait 30 ans.

Les autorités religieuses et militaires de Palestine n'ont pas pu supporter ce Mouvement pendant plus de 3 ans... alors qu'il était enraciné dans la tradition biblique du Jubilé et dans le cœur humain. Le Jubilée était une grande célébration qui eut lieu, de manière irrégulière, tous les 50 ans selon les lois en vigueur dans « l'Ancien Testament ». Il consistait en 4 actions majeures : Libérer les esclaves, remettre les dettes, laisser la terre reposer pendant un an et, pour ceux qui l'avaient perdue, récupérer leur propriété familial… car, Dieu dit dans la Bible : « Je vous ai sortis de la maison d’esclavage (Égypte) » – « Il ne devrait y avoir aucun pauvre parmi vous » – « La terre ne peut être achetée ni vendue parce qu’elle est à moi » – « N’ayez pas peur et ne soyez pas consternés, car l’Éternel, votre Dieu, est avec vous " …

C’est le projet que Jésus a commencé à concrétiser. Plusieurs groupes de ses compatriotes dans les 3 provinces de Palestine, menés par une douzaine de ses apôtres et plusieurs centaines de ses disciples, ont cru en lui et ont eu confiance dans la capacité de ce projet de Royaume biblique à réussir. Ils ont décidé de s'unir en Communautés pour témoigner de Jésus et mettre en pratique son projet du Royaume : c'était leur espérance la plus sûrs. Alors ils se sont répandus dans tout l'Empire romain. Les chrétiens d’Amérique Latine sommes les héritiers de ce projet triplement millénaire. Est-ce toujours notre plus grande espérance ? Ou l’avons-nous ignoré, rejeté, reporté ? Le Pape François frappe une fois de plus aux portes de nos cœurs, de nos familles, de nos groupes et de nos Églises. « C'est l'espérance qui ne déçoit pas », nous dit-il... Ou sommes-nous occupés à autre chose, désillusionnés par les grandes causes de l'humanité et par nos propres vies ? Réveillons en nous « l'espérance qui ne déçoit pas » ; Vivons pour le Royaume, ce projet de société dont nous avons tant besoin. Bonne année 2025 pleine d'espérance !

 

CHRÉTIENS POUR UN MEILLEUR ÉQUATEUR, Pierre-Pierre

                En Amérique Latine, la théologie de la libération a assumé les options d'une Église née des Communautés Ecclésiales de Base (CEBs), l'Église des Pauvres, rêvée par le Pape du Concile, Jean 23. Les CEBs représentent une plus grande fidélité au projet de Jésus de Nazareth, continué par les premières communautés chrétiennes : construire le Royaume de Dieu -c’est-à-dire la fraternité universelle- à partir des pauvres et de ceux d'entre nous qui choisissent de faire siennes les causes des pauvres. En 2021, l’Assemblée ecclésiale de l’Amérique latine et des Caraïbes, réunie au Mexique, a reconnu les CEBs comme « un exemple d’Église synodale », c’est-à-dire plus conforme à la parole, au témoignage de Jésus et a l’Evangile du Royaume.

               Depuis leurs débuts il y a 70 ans au Brésil, les CEBs témoignent de leur option pour les pauvres, du bien-fondé de la pauvreté lorsqu’elle est digne et de leur lutte contre la misère. C’est pour cette raison qu’à l’occasion des élections nationales, les CEBs se sont toujours identifiés aux mouvements sociaux et aux partis politiques opposés au néolibéralisme qui appauvrit et saigne notre peuple. Face aux prochaines élections présidentielles et législatives, la CEB « Abel Tacuri » de Guayaquil vient de publier une « Communication » pour faire connaître son point de vue et son option de vote. Voici le texte de ladite « Communication ».

« Nos salutations cordiales et solidaires à ceux qui rêvent et travaillent pour un Équateur meilleur.

NOUS NE POUVONS PAS CONTINUER COMME NOUS SOMMES AUJOURD’HUI

Nous nous trouvons dans une situation de plus en plus catastrophique en raison du néolibéralisme appliqué par les 3 derniers gouvernements. Pour construire un Équateur différent, nous nous unissons à ceux qui se reconnaissent comme humanistes, militants sociaux, chrétiens engagés pour la cause des pauvres, hommes et femmes de bonne volonté.

Nous accusons le néolibéralisme d’être la principale cause de nos malheurs. Sur les 16 partis qui présentent des candidats, seuls 3 ne sont pas basés sur le néolibéralisme : la Révolution citoyenne (5), Pachakutik (18) et le Parti socialiste équatorien (17).

Avec l'assassinat, l’an dernier, du candidat Fernando Villavicencio, nous savons que les néolibéraux sont capables de tout pour gagner à nouveau.

UN SEUL PARTI EST CAPABLE DE VAINCRE LE NÉOLIBÉRALISME

Le seul parti capable de vaincre Daniel Noboa à l’heure actuelle est la « Révolution Citoyenne ».

Si le parti du président gagne, il approfondira le chemin qu'il a suivi depuis un an : plus de pauvreté, plus de violence, plus de chômage, plus de non-respect des lois et de la Constitution, plus de mensonges, plus de promesses trompeuses, plus de migration, plus de mépris envers les femmes, davantage de capitulation du pays face aux sociétés transnationales, davantage de disparitions, davantage de répression et davantage de morts.

Les évêques brésiliens du « Dialogue pour le Royaume », lors des dernières élections, ont invité les  brésiliens à voter pour Lula da Silva. Ils ont écrit : ‘Nous sommes confrontés à « deux projets au Brésil, l'un démocratique et l'autre autoritaire ; l'un engagé dans la défense de la vie, à partir des pauvres, l'autre engagé dans « l'économie qui tue » (Pape François) ; un qui s'occupe de l'éducation, de la santé, du travail, de l'alimentation, de la culture, un autre qui méprise les politiques publiques, parce qu'il méprise les pauvres. Nous devons choisir consciemment et sereinement, car il n’y a pas de place pour la neutralité.’

IL N’Y A QU’UNE SEULE VOIE CONTRE LE FASCISME

Que Dieu nous éclaire pour que nous votions pour notre dignité personnelle, la grandeur de notre Peuple et la souveraineté nationale afin de bannir le système de mort qui nous tue lentement et violemment. »

En Équateur, au cours de 50 ans de marche en tant que CEBs et Église des pauvres, nous nous sentons confirmés par nos évêques, le Pape François et Jésus lui-même. Saint Paul écrivait aux chrétiens de Corinthe : « Dieu a choisi ce que le monde considère comme insensé pour confondre les sages, et il a pris ce qui est faible dans ce monde pour confondre ce qui est fort. Dieu a choisi ce qui est commun et méprisé dans ce monde, ce qui n’est rien, pour réduire à néant ce qui est ».

En manifestant la dimension politique de la foi chrétienne, nous concrétisons ce que nos évêques latino-américains ont dit à Puebla (Mexique, 1979) : « Nous invitons chacun, sans distinction de classe, à accepter et à prendre en charge la cause des pauvres, comme s’il acceptait et reprenait sa propre cause, qui est la cause même du même Jésus-Christ ». Le Pape François a confirmé une telle option : « Nous devons nous impliquer dans la politique parce que la politique est l'une des formes les plus élevées de la charité, parce qu'elle recherche le bien commun. Les laïcs chrétiens doivent travailler en politique ».

 

UNE GRANDE PERSONNALITE SUDAMERICAINE SE RETIRE, Pierre-Pierre

Il s’agit de l’ex-président uruguayen José Mujica dont la mort a été faussement annoncée il y a quelques jours. Il est vrai qu'à 89 ans, il souffre d'un cancer qui s'est aggravé ces derniers mois. En outre, il a lui-même indiqué qu'il se retirait de la vie publique et qu'il ne pouvait plus donner d'interviews. Voici ce qu’il a récemment communiqués :

"La vie m'a donné de nombreuses récompenses.  La principale est que je suis à quatre mois d'avoir 90 ans. Regardez la vie que j'ai eue."

"La vie est une belle aventure et un miracle. Nous sommes trop concentrés sur la richesse et non sur le bonheur. Nous nous concentrons uniquement sur les choses et, quand vous voulez vous en souvenir, votre vie est allée en enfer."

"Je vais mourir ici. Il y a un gros séquoia là-bas. Manuela [sa chienne] est enterrée à ses pieds. Je fais des démarches pour qu'on puisse m'enterrer là-bas aussi."

"Mes admirateurs doivent comprendre que le temps est inexorable et qu'il y a un moment où il faut ouvrir la porte aux autres générations et ne pas gêner. Ma seule préoccupation est qu'ils aient une attitude de renouveau permanent, car ce qui vient est très différent de ce qu'il y avait hier."

"Ce que je veux, c'est dire au revoir à mes compatriotes. Je veux leur laisser un feu nouveau. Il est facile d'avoir du respect pour ceux qui pensent comme vous, mais il faut apprendre que le fondement de la démocratie est le respect de ceux qui pensent différemment de vous. La première catégorie est constituée de mes compatriotes et je leur dis à tous au revoir. »

Face à la fausse nouvelle de sa mort, Gustavo Petro, président de la Colombie, et Claudia Sheinbaum, présidente du Mexique, ont exprimé leurs sentiments de gratitude qui révèlent le caractère extraordinaire de José Mujica. Ils ont dit respectivement : "Au revoir, ami Pepe, et toujours jusqu'à la victoire". Et "Merci pour ta simplicité, ta modestie, ta sagesse, tes réflexions. Merci également de représenter un symbole pour toute l'Amérique latine et, je crois, pour le monde entier".

La vie politique de Pepe Mujica a commencé au début des années 1960 lorsqu'il a fondé « l'Union populaire » avec d'autres collègues, ainsi que le ‘Parti socialiste d'Uruguay’ et le groupe ‘Nouvelles Bases’. Il avait alors environ 30 ans. Au cours de cette décennie, il entra dans le « Mouvement de libération nationale (MLN)-Tupamaros ». Ayant participé à des opérations de guérilla, il passa à la clandestinité. Blessé, il fut arrêté et incarcéré à la prison de Punta Carretas. Evadé à plusieurs reprises, il retourna dans cette prison ou il resta 15 ans.

Libéré en 1985 il a créé avec des membres du MLN et des partis de gauche, le « Mouvement de participation populaire » (MPP), au sein du ‘Front de gauche’. Aux élections de 1994, il fut élu député de Montevideo et aux élections de 1999, sénateur. En 2005, il est nommé ministre de l'Élevage, de l'Agriculture et de la Pêche par le Président de la République, Tabaré Vásquez, ministère qu’il quitte en 2008.

C'est en 2005 qu'il épouse Lucía Topolansky, leader historique du ‘Mouvement de participation populaire’, qui sera vice-présidente de l'Uruguay entre 2017 et 2020. Ils vivent ensemble dans une ferme de la région de Rincón del Cerro dans des conditions modestes, 45 mètres carrés construits, et ils se consacrent à la culture des fleurs pour gagner leur vie.

En 2008, après avoir été élu président de la République jusqu'en 2015, Pepe et son épouse décident de rester chez eux. Il voyageait toujours en deuxième classe lors de ses transferts officiels. Sa fortune personnelle en 2010, lorsqu'il a pris ses fonctions, était une voiture Volkswagen de 1987 évalué à 1 800 dollars. Il faisait don de 90% de son salaire de président. Il a lui-même commenté : « Je ne suis pas pauvre, je suis sobre, léger de bagages. Je vis avec juste ce qu'il faut pour que mes biens ne me volent pas ma liberté ».

En 2013, le journal nord-américain The Economist a déclaré l'Uruguay « pays de l'année » et a qualifié d'admirables les réformes libérales adoptées cette année-là par le gouvernement du président José Mujica : le mariage homosexuel, la légalisation et réglementation de la production, la vente et la consommation de marijuana.
               José Mujica fait partie de ces grands présidents des 2 premières décennies du nouveau millénaire aux côtés de Lula da Silva du Brésil, Manuel Zelaya du Honduras, Hugo Chávez et Nicolás Maduro du Venezuela, Evo Morales de Bolivie, Rafael Correa de l'Équateur… qui ont transformé leur pays et réalisé de grands progrès sociaux, réduisant dans leurs pays la pauvreté de 20 % en moyenne. Ils ont réussi à initier l’intégration latino-américaine avec l’ALBA (Alliance bolivarienne des Amériques), la CELAC (Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes) et d’autres projets financiers et de sécurité communs. Au fil des années, seul le Venezuela a maintenu cette ligne de progrès pour la grande majorité, malgré le blocus nord-américain. Sa croissance nationale en 2024 était de 9 % et elle exporte des produits alimentaires. La violence et le trafic de drogue n'ont pas envahi le pays comme c'est le cas en Équateur avec la complicité des 3 derniers gouvernements.

               Espérons que les prochaines élections marqueront un retour sur la voie ouverte par José Mujica et Rafael Correa !

 

NOUS SOMMES TROMPHANTS ! Pierre-Pierre

               "Triomphants! Telle est la situation dans laquelle se trouvent les candidats de la Révolution Citoyenne (parti politique de Rafael Correa, ancien président) en ce moment, à 10 jours des élections nationales : Nous triomphons ! Les sondages du parti de Luisa González et Diego Borja et des sondeurs équatoriens fiables reconnaissent que Luisa et Diego ont une moyenne de 47% d'intention de vote tandis que le candidat-présidentielle actuel ne dépasse pas 32%. Cela signifie que la Révolution citoyenne remporte les élections du 9 février le premier tour. Les médias gouvernementaux veulent nous faire croire le contraire tandis que président- candidat dépense des millions en publicité... avec l’argent des contribuables équatoriens.

               Telle était la réalité lors des élections de l'année dernière, lorsque le candidat présidentiel Fernando Villavicencio a été assassiné. Le binôme de la Revolution Citoyenne, comme aujourd’hui, s’imposait dès le premier tour. Mais les assassinats de Villavicencio et de 10 de ses tueurs en prison, étaient imputés a Rafael Correa comme auteur intellectuel, alors que la candidature de Villavicencio ne représentait pas un danger pour le binôme de la Révolution Citoyenne. Ce mensonge grossier a fait chuter le nombre d'électeurs en sa faveur, permettant ainsi au président actuel de l'emporter. C'est la « fraude émotionnelle » dont a profité Daniel Noboa. C'est pourquoi il est un président illégitime. De plus, si en un an il a détruit le pays, que serons-nous s’il reste encore 4 ans ?

               Dans la situation présente, la candidate qui enlève des points au président-candidat est Andrea González. C'est pourquoi elle subit des pressions pour se retirer et reçoit des menaces de mort, comme cela vient de se produire Machala où elle a dû quitter une caravane dans laquelle elle faisait la promotion de sa candidature. Que vont faire les assesseurs de Noboa pour le faire gagner a nouveau, vu que l'année dernière ils ont fait tuer 11 personnes pour atteindre leur objectif ?... Mais les gens sont préparés pour ne pas se laisser tromper par une nouvelle surprise. D’un autre côté, le procureur n’enquête sur personne pour ces crimes horribles. Qui est-il en train de protéger ?

               Rosita, une voisine, est très claire sur la campagne électorale en cours : « Arrêtons de parler de Correa 8 ans après son départ pour la Belgique ! Arrêtons de parler contre le Venezuela, car ils sont bien mieux lotis que nous ! Notre problème est le désastre que nous subissons à cause des 3 derniers chefs d’Etat : traîtres, voleurs, menteurs et trafiquants de drogue. Je ne suis pas Correísta, mais je vais voter pour Luisa et pour la liste 5, car je ne veux pas perdre ma voix ni permettre au président actuel de continuer à détruire le pays. Il n’y a pas d’autre alternative pour remettre l’Équateur sur la voie du progrès. Il faut passer d’un vote émotionnel à un vote utile pour le pays. »

               Ouvrons la réflexion : « Les partis d'extrême droite ne peuvent pas être élus par les chrétiens. Le nationalisme ethnique est incompatible avec les valeurs fondamentales du christianisme", ont écrit les évêques allemands lors de leur dernière élection présidentielle. Le coq ne chante pas plus clairement ! En Équateur, le « nationalisme ethnique » est le fascisme dictatorial actuel du gouvernement qui ne respecte ni la loi, ni la Constitution, ni sa propre parole, mais les ‘valeurs fondamentales du christianisme’ qui sont le respect des personnes et le service de la convivialité citoyenne. En ce mois de janvier en Equateur, nous avons dépassé tous les niveaux de violence, de chômage, d’assassinats à gages, d’extorsion, de récession économique, de désastre en matière de santé et d’éducation. Où vont finir les 30 000 migrants équatoriens qui sont expulsés des États-Unis et qui ont commencé à arriver dans notre pays ?

               Personnellement, je fais confiance à la sagesse du peuple équatorien... Il subit de nombreux abus, mais il ne se laisse pas submerger. Il l'a démontré au début du siècle en défenestrant 3 présidents et en ne laissant pas approuver l'Accord de Libre-Echange favorable aux États-Unis. Il a confirmé Rafael Correa lors de plus de 10 élections. Il l'a également démontré l'année dernière en faisant pression sur l'Assemblée pour qu'elle poursuive le président Lasso qui a préféré quitter le palais présidentiel. Il l'a démontré l’an dernier lors de la Consultation populaire en votant ‘non’ sur deux questions qui allaient nuire à la majorité des Équatoriens. Il le démontre actuellement dans les sondages actuels en donnant un avantage de 15 points à Luisa González et Diego Borja. Il le confirme également en prévoyant de voter pour les membres de l'Assemblée de la liste 5.

               Restons confiants qu’un avenir meilleur s’offre à nous, où la peur et la tromperie ne seront plus que de mauvais souvenirs. Continuons à être conscients que nous gagnons ces élections en luttons contre l'ignorance qui nous rend stupides. C'est ce que veulent la plupart des candidats : un peuple ignorant et stupide qu'ils peuvent manipuler à leur guise. Confirmons le chemin qui construit un Équateur meilleur auquel nous participerons et collaborerons pour qu'il nous apporte des jours meilleurs et une vie plus heureuse. D’autres pays – y compris les chrétiens – rejettent le fascisme néolibéral et vivent bien mieux que nous. Nous reprenons le chemin que nous méritons parce que ‘nous sommes triomphants’.